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Tout de go. Origine, étymologie mots de la langue française

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Savoir : Mots, Locutions
L’étymologie de mots et l’origine de locutions de la langue française. Racines, évolution de locutions et mots usuels ou méconnus
Tout de go
(D’après « Le Courrier de Vaugelas », paru en 1879)
Publié / Mis à jour le samedi 14 mai 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
Où l’on apprend que cette locution qui signifie librement, sans façon, sans cérémonie, ou encore sans préambule, et que d’aucuns estiment tirée de tout de gob que l’on rencontre au XVIe siècle, serait en réalité issue d’un verbe que les Normands amenèrent avec eux lorsqu’ils conquirent la Neustrie

Cette singulière expression a été un temps expliquée de plusieurs manières, les uns prétendant que de go vient du latin gaudium ; les autres disant qu’il a été formé de gobe, venu, lui, du verbe gober ; certains autres encore n’y voyant autre chose que le verbe anglais to go, aller. Apprécions la valeur de chacune de ces opinions.

Dans l’expression dont il s’agit, de go vient-il du latin gaudium ? Les meilleurs lexicographes consultés, on trouve que de go (car tout n’est ici qu’un modificatif formant une espèce de superlatif) se joint à un verbe d’action pour signifier librement, sans façon, sans cérémonie. Or, gaudium, qui n’a jamais signifié que joie, contentement, et qui n’a jamais paru en français que sous des formes terminées par un e muet, ne peut, pour cette double raison, être l’étymologie de notre de go.

Le terme go a-t-il été tiré de gob ? De la Monnoye, sur la 74e nouvelle de Bonaventure Des Periers, explique de go par gobe, opinion que partage Littré ; ce serait la corruption de gob. En effet, des textes du XVIe siècle portent « avaler de gob » :

« Le print subitement et l’avalla tout de gob. » (rapporté par Francisque Michel dans ses Études de philologie comparée sur l’argot et sur les idiomes analogues parlés en Europe et en Asie, 1856)

« Une boure [la femelle du canard] qui là estoit, le print et l’avala de gob. » (Idem)

« Au moyen de quoy s’assit [l’oiseau] en la vallée de Préaux, où il avalla le pauvre berger tout de gob. » (Philippe d’Alcripe (1531-1581), Nouvelle fabrique des excellents traits de vérité)

Or, comme ce qui est avalé tout de gob est avalé sans être mâché, préparé, on aurait employé l’expression au figuré pour signifier sans façon, sans préambule, sans cérémonie, sans réflexion. Cette nouvelle explication n’est semble-t-il pas encore la vraie, parce qu’elle ne résiste point aux objections qui peuvent être soulevées contre elle, et qui sont les suivantes, suivant le philologue et grammairien du XIXe siècle Éman Martin :

1° Attendu que le substantif gobe, venu du verbe gober, s’écrit par un e final, tout de gob a dû faire entendre son b, comme s’il était écrit gobe. Or, s’il en est ainsi, quelle certitude peut-on avoir que le go de tout de go, où il n’y a de b ni dans l’écriture ni dans la prononciation, vient du verbe gober ?

Tout de gob n’a jamais été rencontré qu’en compagnie du verbe avaler, et tout de go, qu’en celle des verbes aller et entrer. Or, l’emploi de ces expressions devrait être indifférent avec les susdits verbes, si go venait de gob, puisqu’elles auraient même signification.

Tout de gob, avec un b, ne se trouve qu’avec le verbe avaler, et tout de go, sans b, ne se trouve qu’avec aller et entrer. Pourquoi, s’il s’agit d’une même expression, n’a-t-on pas adopté la même orthographe de part et d’autre ?

4° Si tout de go est bien le même que tout de gob, il veut dire tout d’une pièce, tout d’une bouchée. Mais alors, comment cette signification peut-elle s’accommoder du verbe aller et du verbe entrer, les seuls auxquels de go s’ajuste ordinairement ? Quand on va, quand on entre quelque part, il est évident que ce n’est pas en se fractionnant, et que cette circonstance n’a nul besoin d’être exprimée.

Enfin de go vient-il du verbe anglais to go ? Pas précisément ; mais il vient semble-t-il d’un verbe qui lui correspond dans un autre idiome, comme nous allons le voir. Quand les Normands, composés en grande partie d’habitants du Danemark, eurent fait la conquête de la Neustrie, ils y introduisirent naturellement leur verbe aller, qui était gaae (allemand gehen, hollandais gaan, flamand gaen), et dont la 2e personne de l’impératif était gaa (prononcé ), personne qui est restée dans l’arrondissement de Valognes, où elle s’emploie encore pour donner le signal du départ à certains jeux.

Or, c’est sans doute ce verbe gaae (en sanscrit ), d’abord écrit gau, et qu’à l’instar des Anglais, on a probablement écrit ensuite go, qui est l’étymologie de tout de go. En effet, on aura pris comme substantif l’infinitif gaae (prononcé go), faculté qui n’avait aucune restriction, comme on sait, dans la langue du Moyen Age ; et, au lieu de dire : Entrer quelque part sans autre peine, sans autre précaution que d’y aller, on aura dit : Entrer de go quelque part, c’est-à-dire, littéralement, entrer d’aller, expression presque faite sur le patron de d’emblée, qui accompagne le verbe prendre ou l’un de ses synonymes.

 
 
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