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Pierre Puget. Portrait, biographie, vie et oeuvre du sculpteur

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Puget (Pierre)
(D’après un article paru en 1836)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Comme Michel-Ange Buonarotti, avec lequel il a de frappants rapports, Pierre Puget, appartenait à une illustre famille qui joua un grand rôle à la cour des comtes de Provence de la première branche d’Anjou ; comme le célèbre artiste florentin, il fut peintre, architecte et sculpteur ; comme lui il n’eut d’autre modèle que la nature ; comme lui encore il refusa d’encenser le pouvoir, et de soumettre son génie à d’autres inspirations que les siennes propres.

Il naquit à Marseille, le 31 octobre 1622, et triompha d’une mauvaise éducation et des obstacles de toutes sortes qui contrarièrent sa vocation, obstacles parmi lesquels il faut compter en première ligne la misère à laquelle il ne parvint à se soustraire qu’après bien des années d’une noble et courageuse persistance. Pendant sa première jeunesse, la France n’offrait point encore les établissements utiles fondés par Louis XIV pour aplanir au génie la route des beaux-arts, et l’Italie, lorsqu’il y alla chercher un maître et des modèles, était tombée dans une décadence dont elle ne devait plus se relever.

A l’âge de quatorze ans, il fut placé auprès d’un constructeur de galères nommé Roman qui, au bout d’une année, ne trouvant plus rien à lui enseigner, se reposa entièrement sur lui de la construction d’une galère qui fut regardée comme un chef-d’oeuvre de construction et de sculpture navale. Si Puget eût voulu continuer de marcher dans la route que lui ouvrait un si brillant début, il fut sans doute parvenu plus rapidement à l’honorable aisance qu’il ne put acquérir que longtemps après ; mais il brûlait du désir de voir l’Italie, et de continuer ses études de peinture dont la nécessité avait pu seule le détourner pour un moment ; il partit donc presque sans ressources, et fut arrêté à Florence par le manque absolu d’argent.

Forcé d’entrer dans l’atelier d’un sculpteur en bois, il se rendit bientôt nécessaire à son maître qui le retint pendant un an, le traita comme son fils, et lui donna enfin les moyens de se rendre à Rome, où, recommandé à Pierre de Cortone, il fut promptement accueilli dans l’atelier de ce maître. Mais Puget reconnut bientôt qu’il s’était engagé dans une fausse voie ; ni l’affection que lui témoignait de Cortone, ni l’offre qu’il lui fit de la main de sa fille, ne purent alors le retenir, et, en 1643, Puget était de retour à Marseille.

Milon de Crotone, par Pierre Puget

Milon de Crotone, par Pierre Puget

Il n’y fut pas plus tôt arrivé, que le duc de Brézé, amiral de France, le chargea de dessiner et de faire exécuter un vaisseau de guerre qui surpassât en magnificence tout ce qu’on avait vu de plus beau en ce genre. Ce fut alors que Puget, âgé de vingt-et-un ans, inventa ces poupes colossales, ornées d’un double rang de galeries saillantes, et de figures en bas-relief et de ronde bosse qu’on imita promptement dans les divers ports, et qui ont fait pendant longtemps l’admiration de toute l’Europe.

Ce bâtiment, dont la décoration présentait des allégories en l’honneur d’Anne d’Autriche, fut appelé la Reine, et fut terminé en 1646. Puget fit encore un voyage en Italie, et continua de se livrer à la peinture jusqu’en 1655, époque où, atteint d’une maladie grave, il fut contraint de renoncer à cet art que les médecins jugeaient contraire à sa santé ; il se voua alors tout entier à la sculpture en marbre dont il ne s’était pas encore occupé d’une manière suivie.

La porte et le balcon de l’Hôtel de Ville de Toulon furent son premier ouvrage ; cet édifice est entièrement de lui, il en a été l’architecte et le sculpteur. Le Bernin, lorsqu’il vint en France, eut la générosité de dire, après avoir vu ce monument, qu’il s’étonnait d’avoir été appelé puisque le roi possédait un si habile artiste. Disons à ce propos que fort heureusement le roi ne possédait pas notre illustre Pierre Puget.

Cette expression, si applicable à Lebrun, à Girardon, et à d’autres habiles et ingénieux talents du grand siècle, est repoussée par la vie entière du grand artiste, de l’artiste fier et indépendant qui répondait à Louvois : « Le roi peut facilement trouver des généraux parmi le grand nombre d’excellents officiers qu’il a dans ses troupes ; mais il sait bien qu’il n’y a pas en France plusieurs Puget. Ne vous étonnez donc pas, monsieur, de me voir exiger un traitement égal à celui d’un général d’armée. » Au reste, Louis XIV appréciait le caractère et le mérite de Puget beaucoup mieux que M. Louvois. « Monsieur, disait le prince à François Puget, votre frère est grand et illustre ; il n’y a personne dans l’Europe qui le puisse égaler. »

Puget n’eut point de vie privée, c’est-à-dire que l’amour de l’art absorba ses autres affections, et que la postérité compte ses années par ses ouvrages ; il est cependant un sentiment dans lequel il porta toute l’ardeur, tout l’enthousiasme dont regorge sa vie d’artiste. Puget aima Marseille, sa patrie, comme il aima son art. Toujours entraîné en Italie par les séductions que cette belle contrée exerce sur tant d’organisations opposées, il ne pouvait y être retenu par la vogue qu’y obtenaient ses ouvrages, et par les avantages pécuniaires dont il y jouissait, et on le revoyait bientôt à Marseille, discutant, avec des administrateurs incapables de l’apprécier, les plans d’embellissement qu’il était forcé de leur soumettre, et faisant bon marché de ses intérêts, pourvu qu’il lui fût permis de parer sa chère patrie de quelque merveille de plus.

En peinture, on admire parmi les chefs-d’oeuvre de Puget, surtout le tableau du Sauveur, en présence duquel Pierre Julien disait que Puget était aussi grand peintre que grand sculpteur. En architecture, on ne peut citer, outre l’Hôtel de Ville de Toulon, que l’église de l’hospice de la Charité, la halle, et quelques grands hôtels de Marseille, car ce fut surtout par ses plans que Puget se montra grand architecte. Il ne fut appelé à exécuter que ceux qui exigeaient le moins de génie et de dépense. Il n’en fut pas ainsi de la sculpture dont il a laissé de nombreux et admirables monuments. Les plus remarquables sont ; le Milon de Crotone, acquis par Louis XIV, et placé alors dans le parc de Versailles ainsi que son groupe d’Andromède. L’Hercule français, commencé pour le surintendant Fouquet. Une statue de saint Sébastien, dans l’église de Carignan à Gênes. Les plus beaux ouvrages de Puget sont encore aujourd’hui dans cette ville, où il fut toujours dignement accueilli. La famille Sanli et la famille Lomellini le gratifiaient chacune d’une pension de trois cents louis, et lui payaient en outre ses ouvrages. La maison Doria l’avait chargé de la construction d’une église quand, sur les conseils de Bernin, Colbert le rappela en France, où il lui donna 3600 francs d’appointements en le nommant directeur de la décoration des vaisseaux à Toulon.

Puget avait pris pour devise ce proverbe : Nul bien sans peine, et il ne passa jamais un jour sans travailler. Voici, à ce propos, ce qu’il écrivait en 1683 à Louvois, et dont nous avons précédemment rapporté quelques mots : « Je suis dans ma soixantième année, mais j’ai des forces et de la vigueur, Dieu merci, pour servir encore longtemps. Je suis nourri aux grands ouvrages, je nage quand j’y travaille, et le marbre tremble devant moi, pour grosse que soit la pièce. »

En 1694, année de sa mort, Puget travaillait avec toute l’énergie de son talent au bas-relief de la peste de Milan. La ville de Marseille a fait élever à ce grand homme devant la maison qu’il habitait, rue de Rome, une colonne surmontée de son buste, et portant cette inscription : A Pierre Puget, sculpteur, peintre et architecte, Marseille sa patrie qu’il embellit et honora.

 
 
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