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8 juin 1376 : mort d'Edouard, prince de Galles, surnommé le prince Noir

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8 juin 1376 : mort d’Edouard,
prince de Galles, surnommé le prince Noir
Publié / Mis à jour le jeudi 6 juin 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

C’est le héros que l’Angleterre honore le plus, après Alfred. Sa gloire est toute chevaleresque, et on ne la voit cependant jamais achetée aux dépens d’une sage politique. Fils d’Edouard III, roi d’Angleterre, et de Philippine de Hainaut, épouse de ce monarque, il naquit en octobre 1330. Dès l’âge de quinze ans, il fut conduit en France et armé chevalier par son père qui découvrait le héros dans ce prince à peine adolescent.

L’Angleterre était si pauvre alors, que l’héritier présomptif du trône ne recevait pour solde que vingt schillings par jour. Comme il arrive souvent, les plus pauvres triomphèrent des plus riches. La bataille de Crécy fut gagnée le 26 août 1346 par les Anglais, qui décernèrent le principal honneur de cette victoire au fils de leur souverain. Peut-être était-ce une flatterie délicate pour Edouard III ; mais ce qui est du moins attesté par l’histoire, c’est que le jeune prince paya de sa personne et courut de grands dangers. Les officiers qui l’environnaient, effrayés de l’ardeur avec laquelle ils le voyaient s’engager dans les rangs ennemis à la tête du premier corps d’armée, envoyèrent dire au roi que le prince de Galles était enveloppé et avait besoin d’être secouru. Edouard III répondit en Spartiate. Il demanda d’abord si son fils était mort ou blessé, et rassuré sur cette crainte : « Dites à mes généraux, ajouta-t-il, que tant que mon fils vivra, ils ne me demandent point de secours ; car il faut qu’il ait tout l’honneur de cette journée, et qu’il se montre digne d’être chevalier. »

Ce mot, rapporté au héros de quinze ans, doubla ses forces, en lui montrant qu’il n’avait de ressource qu’en lui-même. Il rompit les rangs ennemis avec toute l’impétuosité du désespoir, et fut après la bataille récompensé de sa valeur, quand son père se précipitant dans ses bras, l’exhorta à persévérer dans la carrière où il venait de se montrer digne du trône. Parmi les morts de l’armée française, était le roi de Bohême, qui avait pour cimier trois plumes d’autruche avec cette devise en allemand : Ich diene (Je sers). En souvenir de son premier fait d’armes, le jeune vainqueur s’appropria cette devise, qui devint plus tard comme un emblème de sa destinée, puisqu’il vécut et mourut toujours utile à son roi et à son pays, mais sans avoir cessé d’être sujet.

L’admiration populaire l’environna dès lors ; peut-être lui-même chercha-t-il à se distinguer par un costume sombre et sévère qui lui valut son surnom. A une époque où l’éclat des armes était un luxe et une parure, il adopta une cuirasse brune, et on ne l’appela plus que le prince Noir. Son père l’investit du duché de Guyenne, et lui confia la conduite d’une guerre nouvelle contre la France. En 1355, il envahit et dévasta le Languedoc, et après avoir pris Carcassonne et Narbonne, il se retira dans Bordeaux. Un plus grand triomphe lui était réservé pour l’année suivante. Il avait ravagé l’Agenois, le Quercy et le Limousin, et était entré dans le Berry, lorsque sa marche aventureuse fut arrêtée par la nouvelle que le roi Jean II le Bon accourait à la tête de près de soixante mille hommes.

Les deux armées, si la petite troupe du prince Noir pouvait recevoir ce nom, se trouvèrent en présence à Maupertuis, près de Poitiers. La retraite était devenue impossible pour les Anglais, et le roi de France en temporisant pouvait les réduire par la lamine. Deux légats du pape négocièrent un accommodement, auquel le prince, convaincu de son danger, se prêta d’abord avec empressement. Il offrit la restitution de toutes les conquêtes qu’il avait faites l’année dernière et pendant sa campagne actuelle, et il y joignit l’engagement de rester sept ans sans porter les armes contre la France. Le monarque voulut l’avoir prisonnier, et le prince Noir déclara avec fierté que l’Angleterre ne serait jamais réduite à payer sa rançon.

On sait quel fut le résultat de la célèbre bataille de Poitiers, livrée le 19 septembre 1356. Là, comme à Crécy, il semble que le prince Noir n’ait dû la plénitude de son triomphe qu’à l’absence de toute ressource, et qu’à son désespoir même. Ce roi, qui avait voulu lui donner des fers, il le tenait dans les siens. Il ne lui restait plus qu’un moyen d’ajouter à sa grandeur, c’était de l’abaisser volontairement devant une grande infortune. Il quitta sa tente pour aller au-devant de son royal prisonnier, et pendant le repas qu’il fit servir, il se tint debout derrière sa chaise, et refusa constamment de s’asseoir.

Le prince Noir, afin de pouvoir mener sans obstacle le roi Jean en Angleterre, conclut avec la France une trêve de deux ans. A son entrée à Londres, tandis que son prisonnier, magnifiquement vêtu, était monté sur un superbe cheval blanc, il l’accompagnait dans son costume simple, et sur une petite haquenée noire. Cette modestie n’était au fond qu’un déguisement de l’orgueil. Ce fut trois ans après que, dans une nouvelle expédition en France, le prince conclut avec le dauphin le traité de Brétigny. Toutes les provinces dont la cession composait la rançon du monarque français furent réunies par Edouard III à la Guyenne, pour composer la principauté d’Aquitaine, dont le prince Noir reçut l’investiture en récompense de ses services et de ses exploits, sans autre tribut que la redevance annuelle d’une once d’or à l’Angleterre.

En 1363, le prince Noir fixa sa résidence à Bordeaux, et trois années s’écoulèrent pour lui dans une inaction, dont il s’empressa de sortir, lorsqu’il fut imploré par Pierre le Cruel, roi de Castille, que son frère naturel, Henri de Transtamare, avait chassé du trône. Après avoir obtenu le consentement de son père, il entra dans la Navarre à la tête d’une armée de trente mille hommes. Les bandes mercenaires, qu’on appelait alors grandes compagnies, avaient été amenées par Duguesclin sous les drapeaux de Henri. Mais telle était la renommée du prince Noir qu’elles abandonnèrent le capitaine breton pour se ranger du côté des Anglais. Malgré cette défection, les forces de Henri étaient encore supérieures à celles du protecteur de son frère : une bataille s’engagea entre les deux armées près de Najara.

Mais il était dans la destinée du prince Noir de vaincre toujours avec des troupes inférieures en nombre à celles qu’il avait à combattre. Il n’était pas moins dans la générosité de son âme de rendre sa victoire clémente et humaine. Le caractère de Pierre le Cruel rendit pour lui cette tâche et plus difficile et plus nécessaire. Il empêcha, dit-on, ce monarque frénétique d’assassiner de sang-froid tous les prisonniers. Au reste, il ne tarda pas à se repentir d’avoir travaillé à la restauration d’un prince indigne du trône et en horreur à ses sujets. Pierre ne paya ses bienfaits que par l’ingratitude, et refusa même de s’acquitter envers les troupes anglaises des conventions arrêtées pour la solde et pour les vivres. Edouard fut obligé, pour ramener ses soldats en Guyenne, de vendre sa propre vaisselle. Mais cet embarras imprévu n’altéra point son désintéressement naturel, et ce fut à cette époque même qu’il laissa Duguesclin maître de fixer lui-même sa rançon.

Au reste ce guerrier élevé au-dessus de son siècle par sa magnanimité, en partageait les préjugés despotiques. S’il honorait un ennemi pris les armes à la main, il ne se faisait point scrupule d’opprimer par des impôts arbitraires le peuple des provinces soumises à son autorité. Les habitants de l’Aquitaine, foulés par des taxes nouvelles, firent entendre des plaintes qui ne furent pas écoutées. Ils s’adressèrent alors au roi de France Charles V, qu’ils regardaient comme le seigneur suzerain.

Charles, qui répara par sa politique, dit Voltaire, les malheurs que les guerres avaient causés à la France, ne négligea pas ce prétexte pour se rappeler à l’affection des provinces qu’il avait été obligé de céder. Il fit ajourner à la cour des pairs le fils d’Edouard III, au moment où le héros commençait à être attaqué de la maladie dont il mourut. Il lui écrivit ces propres mots : « De notre majesté royale et seigneurie, nous vous commandons que viengniez en notre cité de Paris en propre personne, et vous montriez et présentiez devant nous en notre chambre des pers, pour ouïr droit sur lesdites complaintes et griefs émeus par vous, à faire sur votre peuple qui clame à avoir et ouïr ressort en notre cour. » Ce mandement fut porté, non par un huissier du parlement de Paris, mais par un envoyé du roi lui-même, au sénéchal de Toulouse, commandant et page de la noblesse. Ce sénéchal fit porter l’ajournement par un chevalier nommé Jean de Chaponval, assisté d’un page.

« Oui, répondit fièrement Edouard, j’irai à Paris, mais ce sera à la tête de soixante mille hommes. » On ne peut dire quel eût été le résultat de l’exécution de cette menace, et comment la France eût échappé au malheur de devenir une province anglaise, si une hydropisie, dont les premiers symptômes s’étaient manifestés dans l’expédition d’Espagne, n’eût enlevé le prince Noir à l’âge de quarante-six ans. De son mariage avec Jeanne, fille du comte de Kent, il laissa un fils, qui, sous le nom de Richard II, monta sur le trône d’Angleterre, pour en descendre ignominieusement.

 
 
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