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20 novembre 1741 : mort du cardinal Melchior de Polignac, littérateur et homme d’Etat

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20 novembre 1741 : mort du
cardinal Melchior de Polignac, littérateur
et homme d’Etat
Publié / Mis à jour le lundi 19 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

La maison de Polignac est une des plus anciennes de l’Auvergne, et tire son nom de l’ancien château de Polignac, situé dans le Velay, sur une vaste roche autrefois consacrée à Apollon, et où ce dieu avait un temple, dont on voit encore quelques restes : de là, le nom d’Apollinaris, d’où s’est formé par corruption celui de Polignac.

L’homme le plus célèbre que cette maison ait produit dans les derniers temps, a été le cardinal Melchior de Polignac :

Ce cardinal qui sur un nouveau ton
En vers latins fait parler la sagesse,
Réunissant Virgile avec Platon,
Vengeur du ciel et vainqueur de Lucrèce.

C’est ainsi que Voltaire, dans le Temple du Goût, parlait du cardinal de Polignac, en ne l’envisageant que du côté du goût et des talents littéraires. Mais ce cardinal n’est pas moins distingué par ses talents politiques et par les négociations importantes dont il fut chargé.

Melchior de Polignac

Melchior de Polignac

En 1710, il fut envoyé avec le maréchal d’Huxelles, à ce congrès de Gertruydemberg, si humiliant pour la France ; il ouvrit les conférences avec zèle, et les rompit avec noblesse : « Messieurs, disait-il aux plénipotentiaires hollandais, en voyant leur insolence dans ce congrès, vous parlez bien comme des gens qui ne sont pas accoutumés à vaincre. » Parler avec dignité, c’était tout ce qu’il pouvait faire alors. Il fit bientôt davantage au congrès d’Utrecht. Là, cette Hollande, auparavant si fière et si inflexible, se voyant destituée de l’appui de l’Angleterre, et sentant sa faiblesse, s’humilia autant qu’elle avait voulu humilier la France, et l’abbé de Polignac écrivait : « Nous prenons la figure que les Hollandais avaient à Gertruydemberg, et ils prennent la nôtre : c’est une revanche complète. »

Les Hollandais s’apercevant qu’on avait des secrets pour eux, voulurent menacer les ministres français de les faire sortir de leur pays : « Non messieurs, répondit l’abbé de Polignac, nous ne sortirons pas d’ici, nous traiterons chez vous, nous traiterons de vous et nous traiterons sans vous. » A la mort de Louis XIV, le cardinal de Polignac fut éloigné des affaires. Ses liaisons avec le duc et la duchesse du Maine, le firent exiler en 1718, à son abbaye d’Anchain, d’où il ne revint qu’en 1721. Le roi le nomma dans fa suite à l’archevêché d’Auch, et le fit commandeur de ses ordres. Il remplaça Bossuet dans l’Académie française, en 1704 ; il fut aussi membre honoraire de l’Académie des belles-lettres et de celle des sciences.

Le plus beau de tous ses titres littéraires est son poème de l’Anti-Lucrèce. C’est un excellent ouvrage de raisonnement et de poésie. On en a retenu plusieurs traits tels que celui-ci, qui demande grâce ingénieusement pour l’austérité du sujet :

Pieridum si forte lepos, ausfera canentes
Deficit, eloquio victi, re vincimus ipsa.

Le poète compare l’homme voluptueux, toujours inquiet au sein des plaisirs, avec un malade qui se retourne dans son lit, cherchant le repos sans pouvoir le trouver : Quaesivit strato requiem, ingemuitque negata.

On ne pouvait imiter plus heureusement le vers de Virgile sur Didon expirante : Quaesivit caelo lucem, ingemuitque reperta.

Voici à quelle occasion ce poème fut entrepris. L’abbé de Polignac avait connu Bayle en Hollande. Il désira savoir de lui à quelle secte du protestantisme il était particulièrement attaché. Bayle répondit d’abord d’une manière générale. Mais pressé de se déclarer plus ouvertement : « Monsieur, dit-il avec impatience, je suis protestant dans toute la force du mot ; car, au fond de mon âme, je proteste contre tout ce qui se dit et tout ce qui se fait. » L’abbé de Polignac remarqua que dans le cours de l’entretien Bayle faisait à tout moment des citations et des applications de Lucrèce à l’appui de ses idées ; il se mit à lire ce poète, et entreprit de le réfuter. « Il perdit beaucoup de temps et de vers, dit Voltaire, à combattre toute la mauvaise physique de Lucrèce. C’est employer de l’artillerie pour détruire une chaumière. »

Le duc de Bourgogne et le duc du Maine avaient traduit en partie l’Anti-Lucrèce : Bougainville le traduisit en entier, et mit à la tête une belle et savante préface ; ce fut son titre littéraire. Orateur français, orateur latin, poète, physicien, mathématicien, l’abbé de Polignac fut encore un antiquaire consommé. Etant à Rome, il sut qu’un particulier, faisant bâtir une ferme entre Frascati et Grotta-Ferrata, s’était trouvé arrêté en creusant les fondations, par des restes d’anciens murs fort épais. Le cardinal conjectura, en examinant l’emplacement, que c’était la maison de Marius ; il fit fouiller, et sa conjecture fut justifiée par un fragment d’inscription concernant le cinquième consulat de Marius.

Le cardinal de Polignac n’ignorait point que, pendant les guerres civiles qui troublèrent les plus beaux jours de la république romaine, le parti qui prévalait ne manquait jamais de jeter dans le Tibre toutes les statues et les trophées élevés à l’honneur du parti opposé. Quelquefois on les brisait, ou on les mutilait auparavant ; mais pour l’ordinaire on les y jetait dans leur entier. Le cardinal de Polignac avait imaginé de détourner, pendant quelques jours, le cours du Tibre, et de faire creuser le lit du fleuve l’espace de trois quarts de lieue. Toutes les dispositions étaient déjà faites, lorsque la mort du pape Benoît XIII vint déranger l’exécution de ce projet.

 
 
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