Éphéméride, événements Les événements du 15 janvier. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique 15 janvier 1724 : abdication de Philippe V, roi d’Espagne Publié / Mis à jour le vendredi 20 novembre 2009, par LA RÉDACTION Temps de lecture estimé : 3 mn L’abdication de Philippe V fut l’un des événements du XVIIIe siècle dont on parla le plus ; aucune des grandes péripéties de la guerre de la Succession n’avait produit une telle sensation en France ; et cependant quelle fut la cause, quels furent les résultats de la détermination bizarre d’un prince pour lequel l’Europe avait été eu feu, qu’on avait placé sur le trône au prix de tant de sang, et qui en descendait comme par caprice, pour y remonter bientôt poussé par une intrigue ? Il n’est pas de période plus déplorable dans l’histoire de la Péninsule que le règne du petit- fils de Louis XIV. On peut aisément s’en convaincre en lisant les nombreux mémoires du temps, qui nous en font connaître les moindres détails. Le jeune roi avait été fort mal élevé, quoi qu’en puissent dire les admirateurs de son grand-père. Formé comme à double fin dans les principes du pouvoir absolu, il se faisait un devoir de l’obéissance servile aux volontés du chef vaniteux de sa famille, et un droit incontestable du despotisme sur ses sujets ; il fut, en conséquence, durant les premières années de son règne, l’esclave couronné du cabinet de Versailles, et le tyran des Espagnols, dont il anéantit les derniers privilèges. Libertin par tempérament, continent par bigoterie, il passa pour avoir des mœurs sévères, et cependant on le vit, esclave des deux épouses qu’il prit successivement, ne pas attendre pour s’unir à la seconde que les cendres de la première fussent tout-à-fait refroidies ; aussi le cardinal Albéroni disait-il de ce monarque qu’il ne lui fallait qu’un prie-dieu et une autre chose qu’il désignait énergiquement. On eût pu ajouter qu’un joug ne lui était pas moins nécessaire, soit pour l’imposer durant quelques instants d’énergie, soit pour s’y soumettre lui-même durant les neuf dixièmes de son existence. Une intrigante célèbre, madame des Ursins, et le père Daubenton, l’asservirent long-temps à leurs moindres caprices. L’on aurait peine à concevoir le degré d’abjection où la camariste et le confesseur avaient réduit leur maître, si les mémoires de Saint-Simon n’eussent transmis à la postérité un tableau unique en son genre de l’intérieur du monarque, et de la manière dont il y vécut avec ses épouses, partageant entre les voluptés du lit, et des prières en tête-à-tête, tout le temps que ne dérobaient point aux affaires d’état les puérilités de la plus ridicule étiquette. « On trouverait difficilement, dit l’historien de la maison de Bourbon, en Espagne, une époque où dans les deux derniers siècles les intérêts et la prospérité de la nation espagnôle fussent sacrifiés aussi souvent à des vues particulières, aux passions et aux préjugés du souverain. » Et cependant Philippe eut ses apologistes, qui, osant comparer son abdication à celle de Dioclétien et de Charles-Quint, l’attribuèrent aux lumières d’un esprit détrompé, qui savait enfin apprécier ce qu’elle vaut la pesante vanité des grandeurs humaines. D’autres trouvent la source d’une pareille détermination dans les attaques d’une sorte d’hypocondrie dont le roi était tourmenté au point qu’habituellement taciturne, il demeurait quelquefois des mois entiers au lit, sans souffrir qu’on lui parlât et qu’on lui fît même la barbe. Il fallut une fois, pour le décider à se raser, après une longue retraite entre ses draps, qu’on se servît du musicien Farinelli, dont le crédit, dans la pauvre tête royale, l’emportait sur celui de tous les ministres. On s’arrangea de façon à ce que l’histrion italien, chantant dans l’antichambre du monarque, fût entendu. Ravi aux accents mélodieux dont son oreille était frappée, Philippe V fit appeler Farinelli, favori de la reine, qui lui avait fait sa leçon, et, le serrant entre ses bras, il lui dit : « Demande-moi la grâce que tu voudras ; quoi que ce soit, je te l’accorderai. » Les courtisans s’attendaient à la demande d’un duché, ou de quelque grosse pension. « Je voudrais, répondit Farinelli, que votre majesté daignât se lever, faire sa toilette, et expédier un grand nombre d’affaires qui demeurent en souffrance depuis qu’elle reste au lit. » Le roi exauça sur-le-champ les désirs du chanteur. Tel était l’homme qui, par ennui seulement, se décida tout-à-coup à quitter Madrid et à se retirer à Saint-Ildefonse, palais fastueux, orné de magnifiques jardins qu’il avait fait construire à grands frais pour rivaliser avec Versailles, à la base septentrionale de la Sierra de Guadarrama, non loin de Ségovie. Son abdication fut sanctionnée par les actes publics les plus éclatans ; les grands corps de l’Etat furent appelés à constater que le prince des Asturies ne prenait la couronne qu’en vertu d’une renonciation libre, approuvée de la nation. Charles-Quint n’avait pas mis moins de pompe en pareille circonstance ; le roi Ferdinand VII n’y a pas mis tant de façons avec son père Charles IV. Retiré à Saint-Ildefonse, Philippe V ne demeura point étranger aux affaires ; il était descendu du trône dans un accès d’ennui ; un accès d’activité lui fit nommer, en abdiquant, un ministère dont la reine faisait agir les secrets ressorts. Quelques courtisans, dupes de la comédie qui se jouait, marquèrent au nouveau roi un attachement loyal en le poussant à faire diverses réformes à travers les horribles abus accumulés durant le règne de son père. Louis inclinait vers les améliorations ; il songeait à retrancher de l’exorbitante pension que s’était réservée Philippe V, et commençait à secouer le joug de l’ancienne cour, lorsqu’il mourut, ayant régné peu de mois. L’ancien monarque accourut avant que le trépas de son fils fut connu, et s’empara, pour ainsi dire, du trône, comme il y avait renoncé, c’est-à-dire sans plan arrêté et comme par caprice. Il fut, durant son second règne, aussi indolent, aussi irrésolu qu’il l’avait été durant le premier, toujours le jouet de quelque ministre, de son confesseur et de sa femme. Il voulut plusieurs fois encore abdiquer ; mais la reine, qui tenait au sceptre, le surveillait avec tant de sollicitude qu’il ne put désormais communiquer seul avec les grands corps de l’Etat : il paraît même que ce fut dans le seul but de le voir isolé qu’elle le conduisit à Séville, où ses accès d’abdication finirent par lui passer. Sous ce prince, né Français, élevé à la cour de Louis XIV, l’inquisition, dont il acheta l’appui par toute sorte d’égards, brûla quinze cent soixante-quatorze individus, en condamna sept cent quatre-vingt-deux à mort par contumace, et onze mille sept cent trente aux galères ; total, depuis 1700 à 1746, c’est-à-dire dans un siècle où nous avons vécu, quatorze mille soixante-seize victimes. — Bory-de-st-vincent. Même section > voir les 13 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? Magazine d'Histoire de France N° 44 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 43 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 42 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) 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