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Exposition Paris capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours

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Patrimoine : Expos, Fêtes
Richesses du patrimoine de France : manifestations historiques, patrimoniales, gastronomiques. Expositions et fêtes : Histoire, patrimoine et gastronomie
Paris capitale de la gastronomie,
du Moyen Âge à nos jours
(Source : France Télévisions)
Publié / Mis à jour le samedi 29 avril 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Le statut de Paris comme capitale mondiale de la gastronomie est le résultat d’une histoire riche qui s’étend sur plusieurs siècles. Œuvres d’art, manuscrits, enluminures, menus orignaux, mais aussi une sélection d’arts de la table, tableaux, créations culinaires, vidéos et photographies sont à découvrir lors de cette rétrospective.

C’est à un voyage gastronomique de plus de six siècles que nous convie l’exposition Paris capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours, qui vient de s’ouvrir à la Conciergerie de Paris. Si elle n’a pas le monopole de la gastronomie, la capitale compte quelques hauts faits d’armes : le restaurant y est né, de même que la baguette ou le croissant. Paris est surtout le berceau d’un répertoire culinaire et pâtissier sans équivalent, alimentés par des savoir-faire agricoles et un « ventre », celui des Halles, transféré en 1969 à Rungis et considéré comme le plus grand marché alimentaire au monde.

Parler de gastronomie, c’est aussi parler de diplomatie, d’agriculture, de société, de commerce, des arts de la table et d’art tout court, et même d’architecture. À l’aide d’objets, de documents rares, de tableaux, de photos, de vidéos et de reconstitutions, le parcours, qui se déroule sous les splendides nefs gothiques de la Conciergerie, fait revivre tous les plaisirs du palais à la parisienne, depuis le banquet donné sur place par Charles V en 1378, jusqu’aux caprices surréalistes en pain de Salvador Dali. En guise d’amuse-bouche, voici un aperçu en sept questions de cette exposition où l’on apprend beaucoup mais où il faut aussi beaucoup lire.

Affiche de l'exposition Paris capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours
Affiche de l’exposition Paris capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours

Que mangeait-on à la table du roi Charles V au Moyen Âge ?
Lorsque le roi Charles V reçoit la visite de l’Empereur romain germanique Charles IV, dont c’est le premier séjour à Paris, il met les petits plats dans les grands. Pour le festin du 6 janvier 1378, jour de l’Épiphanie, qui se déroule au Palais de la Cité, sur les lieux-mêmes de l’exposition, c’est Taillevent alias Guillaume Tirel, qui est aux fourneaux et dirige les cuisines royales.

Lui dont le recueil de recettes, le Viandier, est sans doute le plus ancien manuscrit culinaire en langue française, régale les 800 convives avec un menu dont on peut voir le détail à l’exposition. Durant les trois services, furent servis notamment du « Civet d’huîtres », de la « Purée blanche et pois coulés », des « Anguilles sucrées à la boue », des « Viandes rôties de plusieurs sortes » et des « Chapons pèlerins à la Dodine ». On s’y délecta aussi de « Tartes sucrées bourrées à la sauce chaude », de « Figues farcies couvertes de feuilles d’or », sans oublier le très chauvin « Brouet de trois couleurs : bleu foncé, blanc et rouge ». Apétissant non ?

En quoi le restaurant, né au milieu du XVIIIe siècle, innove-t-il par rapport aux auberges ?
C’est à l’entrepreneur Mathurin Roze de Chantoiseau que l’on doit la naissance du premier restaurant, qu’il inaugure vers 1766 dans le quartier du Louvre. Jusqu’ici, l’aristocratie se nourrit à domicile, grâce à du personnel de maison ou à des traiteurs, tandis que les classes plus modestes et les étrangers fréquentent des auberges, dont l’hygiène et la réputation laissent à désirer, apprend-on à l’exposition.

Le restaurant change la donne. Il est garant de confort, de qualité des mets et de propreté. Il offre aussi, et c’est une de ses grandes innovations, un service personnalisé : le client fixe l’heure de son repas, ce qu’il va déguster (grâce aux premières cartes de menus comme on en voit à l’exposition) et avec qui. Un peu plus tard, émerge le concept de grand restaurant destiné à une élite urbaine, où l’on goûte, dans un cadre fastueux, une cuisine gastronomique, sous l’impulsion d’anciens responsables de cuisine de maisons nobles qui se sont retrouvés sans emploi au lendemain de la Révolution française. Un siècle après la naissance du restaurant, d’autres types d’établissements font leur apparition — brasseries, bouillons et bistrots — à destination d’une clientèle plus populaire.

Une vue de l'exposition. En toile de fond, un agrandissement d'une enluminure des Grandes Chroniques de France, un document daté de 1379
Une vue de l’exposition. En toile de fond, un agrandissement d’une enluminure des
Grandes Chroniques de France, un document daté de 1379. © Crédit photo : Laure Narlian / France Info

Qu’avait commandé Salvador Dali au boulanger Poilâne en 1971 ?
Jamais à court d’extravagance, le grand peintre catalan souhaita un jour offrir à sa compagne Gala une chambre tout en pain, afin, disait-il, de s’assurer que l’Hôtel Meurice, où il avait sa suite attitrée depuis des années, n’était pas infesté de souris. Pour ce faire, il commanda au célèbre boulanger Lionel Poilâne un buffet espagnol du XVIIIe siècle en pain azyme (sauf charnières en métal) de 1,65 m de haut, dont on peut voir une réplique à l’exposition (et voir en partie dans la photo ci-dessous).

L’originale était garnie de couverts, eux aussi comestibles — en cas de fringale « ça peut servir », soulignait le boulanger. Mais le maître du surréalisme lui avait aussi commandé un lit à baldaquin, un buffet ainsi qu’un lustre en pain décoré de rosettes comestibles, qui fonctionnait encore il y a quelques années chez sa fille Apollonia Poilâne. « On peut tout faire en pain », assurait Lionel Poilâne, excepté une télévision : « Là je me heurte à des problèmes techniques », expliquait l’artiste boulanger avec un sourire en coin dans un délicieux reportage télévisé consacré à cette commande hors norme.

Qui est la grande figure tutélaire de la pâtisserie moderne ?
Celui que l’on surnommait « le cuisinier des rois et le roi des cuisiniers » était Parisien et s’appelait Antonin Carême (1783-1833). Il se fit d’abord connaître à l’aube du XIXe siècle pour ses incroyables pièces montées présentées dans les vitrines de son premier employeur le pâtissier Bailly, rue Vivienne près du Palais Royal, où s’approvisionnaient les dignitaires de l’Empire. Avec des ingrédients gourmands — sucre, miel, crèmes, amandes, meringues, fruits confits — il représentait minutieusement des monuments et des paysages.

Son inspiration, cet enfant né dans une famille modeste la tenait de son autre passion : celle du dessin, qu’il étudiait dans les traités d’architecture à la Bibliothèque impériale. Ses premiers ouvrages, Le Pâtissier royal et Le Pâtissier pittoresque, sont richement illustrés, comme on peut le voir à l’exposition. Plus tard, il codifiera la grande cuisine française, et lui donnera une renommée internationale dans toutes les cours d’Europe, avant d’inspirer les futurs grands chefs comme Auguste Escoffier.

Le peintre catalan Salvador Dali et le boulanger Lionel Poilâne en 1971
Le peintre catalan Salvador Dali et le boulanger Lionel Poilâne en 1971

Quel mets français appréciait particulièrement la Reine Elizabeth II ?
Couronnée en 1952, la reine Elizabeth II effectue son premier voyage officiel en France en 1957, sous la présidence de René Coty. Au dîner, servi dans la salle des Cariatides au Louvre, en présence de 210 invités éclairés par d’énormes candélabres, la reine s’amuse, entre le Délice de pintade et les Pêches glacées, d’un mets en particulier, le Hérisson périgourdin au nid. Il s’agit d’une boule de foie gras hérissée de lamelles de truffe accompagnée d’une brioche au foie gras. À chacune de ses quatre autres visites d’État dans la capitale, elle eut chaque fois l’occasion de déguster du foie gras, mets dont on la savait particulièrement friande. Soixante-dix ans plus tard, nul foie gras ne figurait au menu du banquet, finalement annulé, qui devait être servi à Versailles fin mars pour son fils le roi Charles III.

Baguette, croissant, brioches : à quand remonte l’invention de ces spécialités parisiennes ?
Le Parisien aime le pain. Et ça ne date pas d’hier : en 1730, on comptait environ 800 boutiques de boulangers dans la capitale et ses faubourgs pour 500 000 habitants. Si la diversification des pains est notable dès le XVIIe siècle, il faut attendre 1904 pour voir apparaître pour la première fois le mot « baguette » pour qualifier ce fleuron de la gastronomie parisienne tel que nous le connaissons.

Concernant le croissant parisien en pâte feuilletée levée, la première recette remonte à 1906 et le succès de cette « viennoiserie » que le monde nous envie est patent dès 1920, nous apprend l’exposition. Quant aux brioches parisiennes joufflues et surmontées d’une tête, elles apparaissent dès le XVIIe dans la capitale et sont améliorées au siècle suivant grâce à l’usage de la levure de bière à la place du levain de pain.

Quelle cuisine étrangère était la mieux représentée à Paris au XIXe siècle ?
Bien que quelques épiceries fines permettent déjà au XVIIIe siècle d’acheter des spécialités venues du monde entier, la présence des cuisines étrangères reste très limitée dans la capitale jusqu’aux années 1920-1930. De fait, au XIXe, la cuisine étrangère la mieux représentée à Paris est l’anglaise. À l’exposition, on s’amuse d’une caricature de Daumier qui moque l’engouement des Parisiens pour celle-ci. Il est accompagné d’un article publié en 1842 intitulé « De l’invasion du rosbif en France », dans lequel l’auteur compte « pas moins de huit tavernes anglaises presque toutes nouvellement ouvertes ».

Deux planches extraites de l'ouvrage Le Livre de la pâtisserie du disciple de Carême Jules Gouffé (1807-1877) que l'on peut voir sur un écran à l'exposition
Deux planches extraites de l’ouvrage Le Livre de la pâtisserie du disciple
de Carême Jules Gouffé (1807-1877) que l’on peut voir sur un écran à l’exposition.
© Crédit photo : Laure Narlian / France Info

Et d’ironiser : « Depuis six semaines, les flâneurs du boulevard Montmartre ne connaissent plus que la cuisine anglaise avec ses dîners à trois services. Premier plat, du rosbif aux pommes de terre ; deuxième plat, du rosbif sauce piquante ; troisième plat, du rosbif aux confitures. » Dans la vitrine suivante, une caricature de l’Anglais George Cruikshank lui cloue le bec : elle met en scène trois Anglais attablés dans un restaurant parisien qui se voient présenter la note : 1 500 francs, une somme astronomique alors qu’à la même époque un beefsteak sauté aux champignons coûtait 1,50 franc aux Trois Frères provençaux...

Exposition Paris capitale de la gastronomie, du Moyen Âge à nos jours
Conciergerie — 2 boulevard du Palais — 75001 Paris
Jusqu’au 16 juillet 2023
Sites Internet : https://www.paris-conciergerie.fr/
Page Facebook : https://www.facebook.com/LaConciergerieDeParis/

Laure Narlian
France Télévisions

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