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Molière : l'enfance du futur dramaturge

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Personnages : biographies
Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...)
Molière (Jean-Baptiste Poquelin) :
l’enfance du futur dramaturge
(D’après « La Jeunesse moderne : amuse et instruit », paru en 1905)
Publié / Mis à jour le mercredi 12 juin 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Né tout contre les Halles, quartier où la saillie florissait de temps immémorial, et issu d’une famille de bonne bourgeoisie, Jean-Baptiste Poquelin se trouve, dès son plus jeune âge, placé de manière à embrasser des yeux toutes les classes, depuis la Cour, où ses parents sont employés et où il sera introduit lui-même, jusqu’aux artisans et aux gens de métier qui travaillent pour son père

De père en fils, depuis plusieurs générations, les Poquelin sont marchands dans la draperie, la mercerie ou la tapisserie. C’est en plein cœur de Paris, rue Saint-Honoré, entre le Louvre et les Halles, qu’est, en 1622, leur confortable magasin, à l’enseigne des « Cinges ». Le quartier est populeux, plein d’aristocratiques demeures —notamment le célèbre hôtel de Rambouillet — et animé par le voisinage du grand marché.

Le père Poquelin, Jean (1595-1669), est loin d’être un lourd boutiquier. Il a une riche clientèle de grands seigneurs auxquels il vend des meubles fort confortables. Il s’est fait connaître à la Cour par maintes expertises, et sa corporation l’a délégué souvent en qualité « d’honorable homme ». Madame Poquelin, née Marie Cressé, est une nature d’élite, une femme d’ordre, intelligente et bonne bourgeoise.


Molière enfant à la foire Saint-Germain. Gravure de Victor-Armand Poirson (1859-1893)
extraite de Molière : sa vie et ses ouvrages, avec une notice sur le théâtre
et la troupe de Molière
, par Louis Moland (1887)

Un fils leur naître le 15 janvier 1622, prénommé Jean-Baptiste. Tant mieux, pense le père, il continuera la tradition et sera tapissier aussi. En attendant, c’est un enfant délicat qui a besoin de mille soins. Sa maman l’élève avec tendresse, et, inquiète de sa santé, l’empêche d’aller à l’école. Elle-même lui donne l’éducation première. Mais elle meurt trop tôt, en 1632, laissant trois orphelins d’autant plus à plaindre que Jean Poquelin, vite consolé, se remaria au bout de dix mois.

que va devenir Jean-Baptiste ? Il est encore fort ignorant et, livré à lui-même, badaude fort dans le quartier avec les petits garçons de son âge. Il aime tant regarder les passants, converser avec les marchands, observer les scènes de la rue ! Mais ce qu’il aime plus encore, c’est d’aller voir les saltimbanques du Marais et du Pont-Neuf. Il s’attarde devant les tréteaux, s’intéresse aux boniments des charlatans, se passionne pour les exploits de Scaramouche, de Belle-Rose, de Gautier-Garguille.

Ce goût est encouragé par son vieux grand-père, ancien marchand de grains, qui l’a pris en affection et chaque dimanche l’emmène à la foire Saint-Germain. Jean-Baptiste, ravi, s’émerveille de ces spectacles et en a la tête pleine.

Il faut travailler pourtant. À huit ans, il a été à l’école primaire. Ce n’est pas assez. Le père Poquelin est ambitieux. Le bonhomme, en effet, vient de succéder à son frère dans l’importante charge de « tapissier de la maison du roi ». Et, devenu ambitieux, il décide que son fils, au lieu de travailler dans la boutique comme apprenti, suivra les cours d’un collège. Il choisit le plus riche de tous, le collège de Clermont (devenu Louis-le-Grand) où les jésuites instruisent les fils de la plus haute aristocratie. L’enfant a notamment comme camarade le jeune prince de Conti.

Jean-Baptiste est un petit élève studieux et docile dont les maîtres n’ont qu’à se louer. Avec l’âge, son intelligence se développe, curieuse, toujours en quête d’informations. Il prend en affection toute particulière un de ses maîtres, et non des moindres, Gassendi, le célèbre philosophe, qui groupe volontiers chez lui ses élèves préférés. Jean-Baptiste en est avec Chapelle et Cyrano de Bergerac. Ce sont les meilleurs camarades du jeune garçon. Ensemble, le dimanche, ils font quelque peu les fous dans les environs de Paris, aimant à s’attarder dans les guinguettes de la banlieue, pour philosopher. Gassendi, d’ailleurs, leur a donné l’exemple en proclamant qu’il n’y a rien de mieux sur terre que la métaphysique et le vin muscat.

Mais ils ne se bornent pas là. Jean et Cyrano s’entendent pour composer, eux aussi, des bouts de comédie, comme ils en ont vu jouer à la foire. Les études se poursuivent cependant. Après la philosophie, Jean-Baptiste Poquelin apprend le droit, il veut avoir son diplôme d’avocat. Le voilà devenu un grand et beau jeune homme. Que va-t-il faire dans la vie ? Son père voit sa route toute tracée : être tapissier comme lui, mais tapissier instruit, presque gentilhomme, et, après lui, tapissier du roi.

Jean-Baptiste a dix-neuf ans. Il part à Lyon marier un ami et surtout voir du pays. Il y rencontre une famille de comédiens avec lesquels il se lie, les Béjart, qui ont une charmante jeune fille, Madeleine. Avec eux, il pousse plus loin le voyage, excursionnant jusqu’à Grenoble, en une troupe joyeuse. Mais l’argent se dépense vite ; pour en retrouver, les Béjart organisent dans les grandes villes, notamment à Lyon, des représentations de comédie et même de ballet. Jean-Baptiste tient un bout de rôle et, comme il lui faut un nom de théâtre sur l’affiche, il inscrit celui de Molière.


Molière et sa troupe. Chromolithographie publicitaire de la fin du XIXe siècle

À ce moment la nouvelle se répand que le roi Louis XIII en personne va commander une expédition en Roussillon. Toute la cour s’y transportera à sa suite, et le jeune « Molière » a une idée de génie : il demande respectueusement à son père de remplir, en son lieu et place, à la cour, pendant ce voyage, les fonctions de tapissier du roi. Et c’est ainsi que Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, à la suite de Richelieu et de Louis XIII, se promène dans toutes les villes du Midi.

Mais il rêve à son tour d’écrire des pièces et il faut une organisation plus stable, à Paris. Il revient donc. Son père s’émeut, lui dépêche un de ses anciens maîtres de pension afin de le faire changer de résolution. Jean-Baptiste, après avoir écouté les représentations de cet ambassadeur, réplique par une si agréable peinture de la vie de théâtre, qu’il séduit celui qui voulait le convertir et l’enrôle dans sa troupe.

Celle-ci s’organise tout à fait en 1643. Des statuts très sérieux sont établis et elle s’installe dans un humble local de jeu de paume de la rue actuellement appelée Mazarine sous le nom de l’Illustre Théâtre. Cette troupe, dont Molière sera bientôt, en même temps que le principal acteur, le principal auteur, deviendra, un jour, notre glorieuse Comédie-Française, et le fils du tapissier écrira, au cours d’une vie toute d’art et de travail, mais malheureusement trop tôt fauchée, une suite d’admirables chefs-d’œuvre de comédie, éternellement admirés, comme Tartufe, l’Avare, le Misanthrope, les Femmes savantes, triomphants aujourd’hui plus que jamais.

 
 
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