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Histoire du costume, costumes anciens : hommes sous Charles VII quinzième siècle (XVe)

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
XVe siècle (Costumes des hommes au),
sous le règne de Charles VII
(D’après un article paru en 1847)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Les temps de guerre civile et d’invasion étrangère ne sont pas propices au règne de la mode. Depuis que les Anglais eurent pris pied en France par la victoire d’Azincourt, depuis surtout que les Bourguignons, soutenus par eux, eurent organisé dans les villes le massacre des Armagnacs, leurs adversaires politiques : chacun, au lieu de se faire beau, ne chercha plus qu’à se dissimuler. On serra ses riches habits, on enfouit ses bijoux et son or. Paris offrait surtout l’image de la désolation. La plupart des hôtels, dévastés par les massacreurs restaient tout grand ouverts et sans maîtres. Dans les rues, au lieu des brillantes cavalcades qui les encombraient naguère, on ne rencontrait plus que des bandes de malheureux qui étaient venus des environs se jeter à refuge dans la ville.

Le 31 juillet 1419, une alerte fut causée à la porte Saint-Denis par l’approche d’une trentaine de personnes qui accouraient en désordre, les unes couvertes de sang, les autres jetant de grands cris, et toutes donnant les signes d’une extrême terreur. Laissons parler un témoin de la pitoyable scène dont cette apparition fut le prélude : « On les arrêta à la porte et on leur demanda l’occasion d’où si grande douleur leur venait ; et ils se prirent à larmoyer, en disant : Nous sommes de Pontoise, qui a été ce matin pris par les Anglais ; et puis ont tué ou blessé tout ce qu’ils ont trouvé en leur chemin ; et bien heureux s’estime qui a pu échapper de leurs mains, car jamais Sarrazins ne firent pis aux chrétiens qu’ils ne font. Et ainsi qu’ils le disaient, ceux qui gardaient la porte, tournant leurs visages du côté de Saint-Lazare, voyaient venir grande tourbe d’hommes, femmes et enfants, les uns estropiés, les autres dépouillés. Tel portait deux enfants entre ses bras ou dans une botte ; et étaient les femmes les unes sans chaperon, les autres en un pauvre corset ou même en chemise ; et de pauvres prêtres n’avaient aussi que leur chemise ou un surplis pour unique vêtement, la tête découverte ; et tous mouraient de peur, de faim et de chaud. Et n’est nul si dur de coeur qui, voyant leur grand déconfort, se fût tenu de pleurer. »

Est-il besoin d’ajouter que sous un tel régime il n’y avait plus ni industrie ni commerce ? Non seulement les fabricants étrangers avaient cessé d’envoyer sur nos marchés tant d’objets de luxe pour lesquels nous étions leurs tributaires ; mais les nationaux, privés des matières premières, ne pouvaient produire qu’à des prix exorbitants les articles de la plus vulgaire consommation. De là les lamentations de ce même auteur parisien que nous venons de citer : « L’an 1420, dit-il, fut le très cher temps de tout, et de vêture encore plus que d’autre chose. Drap de 16 sous en valait 40 ; serge, 16 sous ; chausses et souliers, encore plus que devant ; et pourtant, en l’an 1418, une paire de souliers d’homme s’était vendue 8 sous, et une paire de patins 8 blancs. Pareillement l’aune de bonne toile valait 12 sous ; l’aune de futaine, 16 sous. »

La souffrance était la même partout : à Rouen, dont les Anglais venaient de s’emparer, à Troyes, où le roi et la reine vivaient comme oubliés de leurs sujets ; à Bourges et à Tours, où Charles VII, encore dauphin, s’essayait à régner sous le nom de régent. Les Flandres cependant travaillaient et prospéraient. Le duc de Bourgogne avait tout fait pour mettre ces contrées hors des atteintes de la guerre, et il avait réussi. Son fils recueillit les fruits de sa prévoyance. Plus les autres princes français allèrent s’appauvrissant, plus Philippe le Bon augmenta ses revenus et plus il fut à même de déployer de magnificence autour de sa personne. Sa cour devint le séjour du bon ton : il n’y eut plus de toilettes prisées en France que celles dont les échantillons venaient de Bruxelles ou de Gand.

Jeune dame et damoiseau. D'après une tapisserie de la cathédrale de Berne

Jeune dame et damoiseau. D’après une
tapisserie de la cathédrale de Berne

Les monuments figurés de 1420 à 1440 étant d’une rareté extrême, il faut chercher dans les auteurs des descriptions pour y suppléer. Les textes heureusement ne manquent pas. Un des plus explicites que l’on possède est l’article 12 du réquisitoire dressé contre Jeanne d’Arc, article où est exposé le crime dont elle s’était rendue coupable, au jugement des ecclésiastiques, en s’habillant en homme, malgré le Deutéronome et le concile de Chalcédoine.

« Renonçant tout à fait aux habits de son sexe, ladite Jeanne s’est fait couper les cheveux à la manière des varlets, et s’est mise à porter chemise, braies, gippon, chausses longues d’une seule pièce attachées audit gippon par vingt aiguillettes, souliers à haute semelle lacés par dehors, robe écourtée à la hauteur du genou, chaperon découpé, houseaux et bottes collantes, longs éperons, épée, dague, et enfin tout l’attirail d’un homme d’armes. »

Et dans l’article qui suit :
« Non seulement elle s’autorise du commandement de Dieu et de ses saints pour porter ce vêtement dissolu, prohibé par la loi divine, abominable à Dieu et aux hommes ; mais elle prétend encore avoir obéi aux injonctions du ciel en s’affichant d’autres fois par la pompe de vêtements enrichis d’or et de fourrures, en mettant par-dessus ses courtes hardes des tabards et des surtouts fendus sur les flancs : fait notoire s’il en fut, puisque le jour où elle fut prise elle avait sur le corps une huque en drap d’or ouverte de tous les côtés. »

On ne saurait désirer une énumération plus complète des pièces qui composaient l’habit d’un gentilhomme en 1429 ; la petite et la grande tenue y sont décrites tour à tour. Si on en compare les détails à ceux du costume porté vingt ans auparavant , on y remarquera peu de changements notables. La plus grande différence, et on peut dire le plus grand progrès, consiste dans la suppression de la houppelande, qui a été remplacée par une jaquette froncée du corsage et de la jupe : c’est la pièce que l’accusateur de Jeanne d’Arc appelle « robe écourtée à la hauteur du genou. »

Le gippon, signalé comme servant à attacher les chausses, était le gilet rond à manches, ou veste de dessous, qui existait déjà du temps de Charles VI avec la dénomination de pourpoint. Quant au tabard, c’était un surtout en forme de dalmatique, à la mode des housses en usage sous Charles V. Les Anglais avaient pris ce vêtement des Français vers 1390 ; ils le rapportèrent, en 1415, baptisé d’un autre nom. La huque était une blouse courte, sans ceinture, sans manches, ou avec manches larges qui ne descendaient pas plus bas que le coude ; elle servait également de pardessus d’été, ou de cotte d’armes.

Ce costume, dégagé dans une limite raisonnable et gracieux d’ensemble, fut gâté par les perfectionnements qu’on chercha à y apporter. Le plus laid de tous fut l’application de carcasses énormes sous les manches du pourpoint, carcasses destinées à faire paraître les épaules plus larges ; on appelait cela des mahoîtres. Les mahoîtres différaient des gigots que nous avons vu porter aux femmes, en ce qu’ils bouffaient dans la direction verticale et semblaient ainsi faire monter jusqu’à la hauteur du menton l’articulation supérieure des humérus.

Page, seigneur, messager et varlet. D'après la même tapisserie

Page, seigneur, messager et varlet.
D’après la même tapisserie

Le chapeau étant devenu la coiffure dominante à l’exclusion du chaperon, on voulut multiplier dessus les agréments, et pour cela on le chargea des mêmes accessoires qui s’étaient maintenus sur le chaperon comme derniers vestiges de sa forme primitive. Tantôt c’était une crête d’étoffe éclatante ou une guirlande en franges de soie, cousue par le travers d’un castor noir ; tantôt c’était une touaille ou pièce volante, bizarrement découpée, que l’on cousait au bord du chapeau pour la rabattre sur la forme. Les affiquets, ou ornements en orfèvrerie et joaillerie, n’étaient pas d’un meilleur goût. Voici le détail d’une décoration mise à un chapeau de Charles VII en 1458 :

« Deux gros canons de fil d’or de Florence (graine d’épinard) pour faire deux boutons garnis de grosses houppes, pour mettre et attacher à une chaînette d’or pendant à un cordon ou ceinture d’or faite à charnières, pour mettre alentour d’un chapeau couvert de tripes de soie verte. »

Le mémoire d’où cet article est tiré date d’une époque où la France, réparée par la paix, commençait à ressaisir le sceptre dont la Bourgogne l’avait dépossédée. Tours et Bourges, villes préférées du roi, soutenaient très bien la concurrence avec Bruxelles et Bruges, et les jeunes gens des deux cours luttaient à qui innoverait, c’est-à-dire dépenserait le plus en matière de modes. Les moralistes d’antichambre les excitaient à ce jeu. Un poète nommé Michault a rimé à l’usage des fils de famille un manuel de conduite, où il les engage très sérieusement à pratiquer ce qu’il appelle la variance en habits. « Ayez l’oeil à changer de mise, leur dit-il ; un jour soyez en bleu, un autre en blanc, un autre en gris. Aujourd’hui portez robes longues, comme un docteur de faculté ; demain il vous faudra toutes pièces rognées et étroites. Qu’aux souliers ronds succèdent les souliers à bec pointu, à ceux de cordouan ceux de basane, aux empeignes couvertes les empeignes découpées, etc., etc. Surtout ne faites pas garenne de vos habits. On vous les apporte ; donnez-les le soir, et tôt faites-vous-en commander d’autres. »

C’est en voyant le résultat de ces beaux enseignements que Philippe de Commines disait que les seigneurs de son temps n’étaient instruits qu’à faire les fous en paroles et en habits. Le monument d’où sont tirées les figures que nous donnons à nos lecteurs date de 1440 à 1450. On observera les mahoîtres et les chapeaux à touaille sur le second sujet. On remarquera que le damoiseau représenté dans l’autre porte de ces patins qui furent l’accompagnement de la chaussure dès 1420, comme il résulte de l’un des textes allégués ci-dessus.

 
 
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