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4 juillet 1465 : ordonnance imposant la présence de lanternes dans les rues

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4 juillet 1465 : ordonnance imposant
la présence de lanternes dans les rues
(D’après « Revue de Paris », paru en 1854
et « L’art de vérifier les dates des faits historiques,
des chartes, des chroniques, etc. » (Tome 6), paru en 1818)
Publié / Mis à jour le mardi 4 juillet 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Ce n’est que bien récemment que l’on a su mettre en œuvre, dans les grandes villes de l’Europe, les mesures de sûreté nécessaires à leur police intérieure. Au début du XVIIIe siècle, Paris était encore mal éclairé pendant la nuit.

Quelques chandelles placées dans de mauvaises lanternes, et disposées dans un petit nombre de rues, ne peuvent en effet être présentées comme preuve de l’existence, à cette époque, d’un éclairage public. Les récits du temps, ont suffisamment fait connaître les dangers que présentaient alors, dès les premières heures de la nuit, les rues de la capitale, désertes, obscures et infestées de voleurs. Ce n’est pas par une amplification poétique que Boileau a dit dans sa sixième satire :

Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, au prix de Paris, un lieu de sûreté.
Malheur donc a celui qu’une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d’une rue.
Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés :
La bourse ! il faut se rendre !...

Le mot de La Fontaine aux voleurs qui le débarrassaient de son manteau : « Messieurs, vous ouvrez de bonne heure » ; l’idée plaisante de l’abbé Jean Terrasson (1670-1750), qui datait la décadence des lettres de l’établissement des lanternes, attendu, disait-il, qu’avant cette époque, chacun rentrait de bonne heure de peur d’être assassiné, ce qui tournait au profit de l’étude ; tout cela prouve bien que les efforts tentés jusqu’à cette époque pour veiller à la sécurité de la ville n’avaient porté que bien peu de fruits. Il suffit de parcourir les nombreux règlements de police qui appartiennent aux derniers siècles, pour reconnaître que ce genre de mesures n’avait pas été négligé ; mais des difficultés insurmontables avaient paralysé le zèle des magistrats.

Une rue au Moyen Age

Une rue au Moyen Age

On lit sous cette date, dans la Chronique de Louis XI : « Le mercredi 4 juillet, fut publié, et fait savoir par les carrefours de Paris, que en chacun hôtel d’icelle ville, y eût sur la fenêtre une lanterne et une chandelle ardente durant la nuit ; que chacun ménage qui avait chien l’enfermât en sa maison, et ce sur peine de la hart. » Chaque bourgeois de Paris fut obligé d’illuminer sa croisée ; mais cette ordonnance ne fut jamais bien observée.

Les premiers essais de l’éclairage public commencèrent à Paris en 1524, lorsque des bandes incendiaires jetaient le désordre et l’effroi dans plusieurs villes du royaume. Le 24 mai 1524, le tiers de la ville de Meaux fut détruit par un incendie allumé par des malfaiteurs. C’est pour prévenir un semblable désastre qu’un arrêt du parlement, du 7 juin de cette année, ordonna de nouveau aux bourgeois de Paris de mettre des lanternes à leur fenêtre et de tenir chaque soir, près de leur porte, un seau rempli d’eau :

« Pour éviter, est-il dit dans cet acte, aux périls et inconvénients du feu qui pourraient advenir en cette ville de Paris, et résister aux entreprises et conspirations d’aucune boutefeux étant ce présent en ce royaume, qui ont conspiré mettre le feu en bonnes villes de ce dit royaume, comme jà [déjà] ils ont fait en aucunes d’icelles villes ; la cour a ordonné et enjoint derechef à tous les manants et habitants de cette ville, privilégiés et non privilégiés, que par chacun jour ils aient à faire le guet de nuit... Et outre icelle cour enjoint et commande à tous les dits habitants et chacun d’eulx qu’ils aient à mettre à neuf heures du soir à leurs fenêtres très répondantes sur la rue une lanterne garnie d’une chandelle allumée en la manière accoutumée, et que un chacun se fournisse d’eau en sa maison afin de remédier promptement au dit inconvénient si aucun en survient. »

En 1525, une bande de voleurs appelés mauvais garçons commença d’exercer à Paris des pillages que l’autorité demeurait impuissante à réprimer. Elle détroussait les passants, battait le guet, volait les bateaux sur la rivière, et, à la faveur de la nuit, se retirait hors de la ville avec son butin. A ces brigands se joignaient des aventuriers français, des bandes italiennes et corses, troupes mal payées, qui ne vivaient que de vol et désolaient Paris et ses environs sans que l’on pût mettre un terme à leurs ravages.

Premiers réverbères à chandelles

Premiers réverbères à chandelles (1667)

Le 24 octobre 1525, le parlement fit publier de nouveau l’ordonnance des lanternes et du guet, « pour les aventuriers, gens vagabonds et sans aveu qui se viennent jeter en cette ville. » Par une nouvelle ordonnance du 16 novembre 1526, il fut enjoint « que, en chacune maison, y eut lanternes et chandelles ardentes comme il fut fait l’an passé, pour éviter aux dangers des mauvais garçons qui courent la nuit par cette ville. » Un lieutenant criminel de robe courte frit institué en même temps pour juger les coupables pris en flagrant délit.

Malgré l’ordonnance des lanternes, en dépit du lieutenant criminel et de sa robe courte, les mauvais garçons continuèrent à désoler la ville, et l’on dut prendre de nouvelles mesures pour essayer de réprimer ces désordres. Par un arrêt rendu le 29 octobre 1558, la chambre du conseil donna au guet de Paris une organisation nouvelle. On ordonna que dans toutes les rues où le guet était établi, un homme veillerait avec du feu et de la lumière, « pour voir et escouter de fois à autre » ; il fut en même temps prescrit, qu’au lieu des lanternes que chaque habitant était tenu, avant cette époque, de placer à sa fenêtre, il y aurait au coin de chaque rue un falot allumé depuis dix heures du soir jusqu’à quatre heures du matin.

« Ordonne la dite chambre, qu’en la maison où se devra faire le guet, y aura un homme veillant dans la rue ayant feu et lumière par devers lui, pour voir et écouter de fois à autre s’il apercevra ou ouïra aucuns larrons ou voleurs, effracteurs de portes et huis, et à cette fin aura une clochette que l’on puisse ouïr par toute la rue, pour d’icelle sonner et éveiller les voisins quand il apercevra ou ouïra aucuns larrons et voleurs, effracteurs de portes et huis. Et sera tenu celui qui fera le guet à la maison de l’autre côté de la rue, lui répondre de sa clochette, et ainsi les uns aux autres de rue en rue et de quartier en quartier, afin s’il est possible de surprendre les dits larrons et voleurs et les mener en justice. A cette fin permet à chacun habitant, à faute de sergent, les mener en prison ou autres lieux, pour les représenter à justice le lendemain... Plus ordonne la dite chambre que au lieu des lanternes que l’on a ordonné aux dits habitants mettre aux fenêtres, tant en cette dite ville que faubourgs, y aura au coin de chacune rue ou autre lieu plus commode, un falot ardent depuis les dix heures du soir jusque à quatre heures du matin, et où les dites rues seront si longues que le dit falot ne puisse éclairer d’un bout à l’autre, en sera mis un au milieu des dites rues, et plus suivant la grandeur d’icelles, le tout à telle distance qu’il sera requis et par l’avis des commissaires quarteniers [chefs d’un quartier] dixainiers [chefs de dix maisons], de chacun quartier, appelés avec eux deux bourgeois notables de chacune rue pour aviser aux frais des dits falots. » Par un nouvel arrêt du parlement, rendu quinze jours après, ce règlement fut modifié, et l’on enjoignit de substituer des lanternes aux falots suspendus au coin des rues.

Mais tous ces règlements paraissent avoir rencontré des difficultés qui rendirent leur application impossible. Aussi les Parisiens accueillirent-ils comme une innovation des plus heureuses, la création d’un service composé d’un certain nombre d’individus que l’on nommait porte-flambeaux ou porte-lanternes, et qui se chargeaient, moyennant rétribution, de conduire et d’éclairer par la ville les personnes obligées de parcourir les rues pendant la nuit.

C’est un certain abbé Laudati de Caraffa qui avait créé cette entreprise, après avoir obtenu du roi, au mois de mars 1662, des lettres patentes qui lui en accordaient le privilège. Le 26 août 1665, le parlement enregistra ces lettres, en réduisant à vingt ans le privilège qui était perpétuel, « aux charges et conditions que tous les flambeaux dont se serviraient les commis seraient de bonne cire jaune, achetés chez les épiciers de la ville ou par eux fabriqués et marqués des armes de la ville. » Ces cierges étaient divisés en dix portions, et l’on payait cinq sous chaque portion pour se faire escorter dans les rues. Les porte-lanternes étaient distribués par stations, éloignées chacune de cent toises ; on payait un sou marqué pour la distance d’un poste à l’autre. Pour se faire éclairer en carrosse, il fallait payer aux porte-lanternes cinq sous par quart d’heure ; à pied, on payait seulement trois sous pour le même espace de temps.

Marchand de lanternes au début du XVIIIe siècle. Gravure de Bouchardon

Marchand de lanternes au début du XVIIIe siècle. Gravure de Bouchardon

A une époque où l’éclairage public était si imparfait encore, l’entreprise de l’abbé de Caraffa dut rendre d’incontestables services en assurant au passant attardé quelque sécurité dans sa marche nocturne. On ne peut d’ailleurs tenir le fait en doute, d’après le témoignage d’une personne digne d’être écoutée en pareille matière, le sieur Desternod, poète gentilhomme, qui nous avoue avec franchise qu’il avait le projet de voler les passants ; et j’aurais, nous dit-il, exécuté ce projet, « si l’on ne m’eût cogneu du brillant des lanternes ».

C’est le succès de cette entreprise particulière qui amena l’établissement de l’éclairage public de la capitale. Lorsque Louis XIV eut arrêté l’organisation de la police de Paris, créé par son édit un lieutenant de police, et appelé La Reynie à ce poste, l’organisation générale de l’éclairage fut un des premiers actes de ce magistrat. Le 2 septembre 1667, parut l’ordonnance bien souvent citée, qui prescrit d’établir des lanternes dans toutes les rues, places et carrefours de Paris.

 
 
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