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6 juin 1813 : mort de l'architecte Alexandre-Théodore Brongniart

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6 juin 1813 : mort de l’architecte
Alexandre-Théodore Brongniart
(D’après « Biographie universelle, ancienne et moderne.
Supplément » (Tome 59) paru en 1835)
Publié / Mis à jour le mardi 6 juin 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Par la construction d’un grand nombre d’hôtels, par le dessin élégant de plusieurs jardins, enfin par son habileté dans les arts d’ornements, Alexandre-Théodore Brongniart avait acquis une certaine notoriété lorsqu’il fut chargé par Napoléon, en 1807, de la construction du palais de la Bourse de Paris, dont il ne verra pas l’achèvement mais qui marqua le sceau à sa réputation

Alexandre-Théodore Brongniart naquit le 15 février 1739, d’un père pharmacien à Paris. Ses parents le destinaient à la médecine, et sa première éducation fut dirigée dans ce sens. Mais la lente observation du médecin n’est pas trop faite pour un esprit vif, ni l’étude d’un art conjectural pour un esprit juste : celui de Brongniart était l’un et l’autre.

La culture des beaux-arts flattait bien plus son imagination ; il se décida pour l’architecture, et peut-être ne dut-elle la préférence qu’il lui donna qu’à sa liaison avec des sciences qu’il avait cultivées. Ce que la physique peut et doit apprendre à l’art de construire, Brongniart le possédait assez bien pour l’appliquer utilement : il en a donné des preuves. Il étudia l’architecture à l’école de Boullée qu’on peut appeler un des restaurateurs de son art.

Alexandre-Théodore Brongniart. Gravure réalisée d'après un tableau de François Gérard

Alexandre-Théodore Brongniart. Gravure réalisée d’après un tableau de François Gérard

En 1781 il fut élu membre de l’Académie royale d’architecture, sans aucun autre protecteur que lui-même. Entre cette époque et celle où l’ancien gouvernement nomma Brongniart architecte des affaires étrangères, de l’hôtel des Invalides et de l’École militaire, il fit plusieurs constructions remarquables, telles que le petit palais du duc d’Orléans, à la chaussée d’Antin, l’hôtel Monaco, rue Saint-Dominique, l’hôtel de Sainte-Foix, rue Basse-du-Rempart, les bains antiques du baron de Besenval, le palais de Mlle de Condé, rue de Monsieur, le pavillon de l’ordre de Saint-Lazare, etc. Ces différents travaux, dont le plus important est l’église des Capucins de la rue Sainte-Croix, annonçaient incontestablement un artiste peu commun, d’un goût pur, d’une imagination féconde, heureuse et sage.

Mais sans l’occasion, assez rare, d’élever un de ces grands monuments, les seuls où l’architecte puisse déployer tous ses moyens, l’homme de génie n’atteint pas la réputation qu’il eût méritée. Ce que Brongniart désirait plus que toute autre chose était de se voir chargé de la construction d’une salle de spectacle ; celle du théâtre de Louvois lui fut confiée.

Hôtel de Maximilien Radix de Sainte-Foix vers 1780 (démoli en 1858 et qui s'élevait sur l'emplacement actuel de l'opéra Garnier). Aquarelle extraite de Paris autrefois : Les merveilles disparues du Moyen Age à la Belle Epoque, par Christian Bénilan (2006)

Hôtel de Maximilien Radix de Sainte-Foix vers 1780 (démoli en 1858 et qui s’élevait sur
l’emplacement actuel de l’opéra Garnier). Aquarelle extraite de Paris autrefois :
Les merveilles disparues du Moyen Age à la Belle Époque
, par Christian Bénilan (2006)

Malheureusement, il rencontra, dans la conduite de cette entreprise, des obstacles dont l’art ne put triompher. La défaveur d’un terrain trop étroit, l’obligation imposée de s’accommoder à des vues mesquines et de se renfermer dans une stricte économie, ne lui permirent qu’une coupe heureuse, une distribution bien étendue, des ornements sévères. Il n’en est pas moins certain qu’à beaucoup d’égards l’intérieur de la salle de Louvois était un modèle — construite en 1791, elle fut détruite en 1825. Sous le prétexte d’une de ses réformes qui ne font qu’accroître la dépense, la place de Brongniart, aux Invalides, fut supprimée, quoiqu’elle eût été reconnue nécessaire.

Depuis longtemps, le projet d’une Bourse, demandée par le commerce, occupait Napoléon, et la table de son cabinet était couverte de plans qui ne remplissaient pas son idée, quand Brongniart présenta le sien. Bonaparte, frappé d’une composition si majestueuse et si grandement ordonnée, fit appeler l’architecte, et ne lui dit que ces mots, textuellement répétés : « M. Brongniart, voilà de belles lignes ! À l’exécution ! Mettez les ouvriers. »

L’architecte de la Bourse en posa la première pierre, le 24 mars 1808, plein de la gloire qu’il en attendait et rajeuni par cette pensée. Brongniart se promettait la satisfaction de finir ce qu’il allait commencer, et de jouir encore longtemps de son ouvrage. Il eût été plus heureux que Soufflot qui n’a point achevé Sainte-Geneviève, et non moins heureux que l’architecte de Saint-Paul de Londres qui construisit cette basilique à lui seul, et sous un seul évêque. Brongniart n’a pas eu ce bonheur, il n’a pu terminer le palais de la Bourse ; mais l’honorable continuateur de ce grand édifice ne s’est écarté ni du style ni du système général de son auteur ; et la postérité lui donna sa part des louanges qu’il mérite, sans que celle de Brongniart puisse être oubliée.

Palais de la Bourse. Gravure de Claude Chamouin (1850)

Palais de la Bourse. Gravure de Claude Chamouin (1850)

Ce fut celui ci qui dessina d’une manière si pittoresque et si naturelle le parc de Maupertuis, appartenant au marquis de Montesquiou. Depuis qu’on a senti qu’en composant un jardin il fallait substituer aux lignes géométriques les beautés de la nature et même ses caprices qui sont aussi des beautés, l’arrangement des jardins est entré dans le domaine de l’artiste ; et Maupertuis, tel que l’a disposé Brongniart, est, en ce genre, une des créations les plus élégantes.

Le préfet de la Seine s’était proposé de faire au cimetière de Mont-Louis une chapelle funéraire, et il souhaitait que l’architecture l’embellît, si cette expression est permise, d’un caractère de tristesse sans terreur, et de mélancolie religieuse. Brongniart à qui ses vues furent communiquées, comme architecte du département, ne fit pas attendre ses dessins. Une esquisse de la porte d’entrée, qu’il soumit au jugement de ses amis, offrait une image très philosophique. C’était un entassement de ruines éparses et jetées comme au hasard sur chacun des piliers, eux-mêmes à moitié détruits : mais il fut le premier à reconnaître que c’était annoncer trop poétiquement de tristes réalités. Il fit gréer un dessin plus simple, plus austère et plus grave ; et c’était celui-là qui devait être exécuté.

Telles furent les productions de cet habile architecte. Recherché dans la société, autant pour ses qualités estimables que pour les agréments de son commerce, chérie des siens, entouré des soins les plus tendres, bon père, Alexandre-Théodore Brongniart avait vieilli sans s’en apercevoir. Ses facultés n’éprouvaient pas le moindre déclin, il semblait même que le progrès des années eût perfectionné son talent.

Projet d'Alexandre-Théodore Brongniart pour le cimetière du Père-Lachaise

Projet d’Alexandre-Théodore Brongniart pour le cimetière du Père-Lachaise

L’envie qu’il méritait d’exciter le laissa tranquille : il fut préservé de ces tracasseries, de ces contradictions qui poursuivent les artistes renommés, et dont Soufflot ressentit trop l’amertume. Cependant il avait été profondément affligé de s’être vu constamment écarté de l’Institut, et de n’avoir pu obtenir de ses confrères d’être présenté par eux.

Le succès de la Bourse le vengea des dédains de la section d’architecture. Malgré cette petite contrariété il était heureux, quand l’invasion d’une humeur goutteuse l’enleva subitement aux arts et surtout à l’amour de sa famille, où le mérite est héréditaire. Il mourut le 6 juin 1813, et fut enterré au cimetière du Père-Lachaise à côté du tombeau de Delille, son ami, mort six semaines auparavant, et dont lui-même avait donné le dessein, d’après une esquisse de Robert. Le terrain du tombeau de Brongniart fut accordé en don par le corps municipal de Paris, comme un hommage à sa mémoire.

 
 
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