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12 septembre 1940 : découverte de la grotte à peintures préhistoriques de Lascaux

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12 septembre 1940 : découverte
de la grotte à peintures préhistoriques
de Lascaux (Dordogne)
(D’après « La Croix » du 1er octobre 1940
et « Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres » d’octobre 1940)
Publié / Mis à jour le samedi 11 septembre 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Dès la fin septembre 1940, les journaux ne tarissaient pas de commentaires sur les merveilleuses découvertes faites par de jeunes garçons dans les grottes de Montignac et suscitant l’intérêt de plusieurs préhistoriens français de renommée internationale, parmi lesquels l’abbé Breuil et le chanoine Bouyssonie

Le 1er octobre 1940, le journal La Croix publiait un article adressé à ce sujet par le chanoine Jean Bouyssonie, dont la compétence en la matière faisait autorité, au même titre que celle de son frère et du préhistorien Henri Breuil.

Bouyssonie explique que Léon Laval, instituteur en retraite à Montignac, excitait quelques jeunes gens de l’endroit à chercher, dans les plateaux calcaires de la région, les grottes naturelles qui mériteraient une exploration.

Le 12 septembre 1940, quatre des plus hardis avisèrent une ouverture sur le plateau de Lascaux et, après l’avoir agrandie, se glissèrent sur un cône d’éboulis. Ils se trouvèrent dans une salle assez haute d’environ 30 mètres dle long sur 10 de large, et, à la lueur d’une lampe électrique, virent, à leur grande surprise, sur la paroi blanche, de grande animaux peints, soit en rouge, soit en noir. Ils continuèrent dans divers couloirs et trouvèrent d’autres figurations du même genre. Enthousiasmés, Ils allèrent porter la nouvelle à Léon Laval, qui d’abord resta sceptique.

Peintures rupestres de la grotte de Lascaux à Montignac (Dordogne). Timbre émis le 16 avril 1968. Création de Claude Durrens

Peintures rupestres de la grotte de Lascaux à Montignac (Dordogne).
Timbre émis le 16 avril 1968. Création de Claude Durrens

Heureusement se trouvait à Montignac un peintre de talent, Maurice Thaon, ami de l’abbé Breuil et qui avait visité avec ce maître les grottes de Font-de-Gaume et de La Mouthe. Il va voir la grotte et se convainc tout de suite de l’importance qu’elle présente. Rapidement il prend quelques croquis et se rend en hâte à Brive, où l’abbé Breuil faisait un séjour à l’école Bossuet. L’effet de ces croquis fut, on peut le dire, magique.

Dès le lendemain, 21 septembre, accompagné des préhistoriens l’abbé Jean Bouvssonie et le docteur Cheynier, de Terrasson, Henri Breuil se rendait à Montignac, où il avait convoqué Denis Peyrony, correspondant des Beaux-Arts et futur directeur de la circonscription préhistorique en 1942.

Ce fut une première étude rapide, mais décisive. Dans ces couloirs tortueux, qui ici et là s’élargissent en salles ou s’enfoncent en puits, plus de 100 figures peintes et admirablement conservées et visibles, rapporte Jean Bouyssonie, représentent des bœufs, des chevaux et des cerfs, plusieurs bisons, un rhinocéros, un carnivore (ours ou glouton), deux félins (des lions probablement), un bras humain, dont la main est cernée de rouge, un oiseau sur un piquet, un homme très sommairement indiqué et qui paraît avoir été tué par le rhinocéros.

Cette évocation d’un drame de jadis, poursuit Boussonie, est peinte au fond d’un puits, l’homme entre le rhinocéros, l’oiseau sur un piquet et un bison qui tourne la tête. Sur le corps de plusieurs bêtes, des flèches semblent évoquer une chasse laborieuse. Des signes en forme de peigne, de hutte de paille, etc., sont placés ici et là. Quelque chose de nouveau, ce sont des blasons, rectangles plus hauts que larges, divisés par des bandes, les unes verticales, les autres horizontales, avec des couleurs diverses dans chacune des petits rectangles ainsi formés.

Tantôt, le contour seul de l’animal est peint, tantôt toute la surface ; dans ce second cas, le corps a un aspect pommelé, peut-être parce qu’on avait placé plusieurs taches épaisses de couleur que l’on étendait ensuite comme une estompe.

Les peintures sont parfois reprises et restaurées. Dans d’autres cas, une nouvelle fresque recouvre plus on moins complètement l’ancienne. La gravure vient, ici et là, compléter la peinture, mais d’innombrables dessins gravés couvrent de grandes surfaces, malheureusement assez friables. Il faut, écrit Jean Bouyssonie, avoir visité ce sanctuaire en compagnie de l’abbé Breuil, qui garde, en une mémoire visuelle impeccable, toutes les autres représentations des grottes ornées de France et d’Espagne. Cela lui permet de rattacher aux divers styles préhistoriques la technique de ces oeuvres.

Au moment de la découverte, l’abbé Breuil attribue les oeuvres au Périgordien — 20 000 à 30 000 ans avant notre ère —, mais une datation estimée par la suite à partir d’études réalisées sur les objets découverts dans la grotte attribuera ces peintures au Magdalénien ancien — 10 000 à 15 000ans avant notre ère. Il y a encore quelques faiblesses, note Bouyssonie : ainsi les bœufs, les cerfs ont la tête vue de profil, les cornes et les bois vus de face. Mais c’est déjà du grand art et on peut avoir la même joie que si l’on venait de découvrir une centaine de tableaux d’un primitif génial, dont on n’aurait encore connu que quelques oeuvres.

Grand aurochs de la salle des Taureaux au sein de la grotte de Lascaux

Grand aurochs de la salle des Taureaux au sein de la grotte de Lascaux

Le 28 septembre 1940, le préfet de la Dordogne vint conférer avec l’abbé Breuil, Denis Peyrony, le comte de Chalup et des notabilités de l’endroit, sur les mesures à prendre pour assurer la préservation de ce trésor à la fois scientifique et artistique, et concilier tous les droits en jeu en cette affaire. D’ailleurs, ici et là, signale le chanoine Bouyssonie, s’ouvrent des galeries peu accessibles, mais très prometteuses, et il importe de ne rien négliger pour la parfaite mise en valeur de cette merveilleuse découverte.

Lors de la séance du 11 octobre 1940 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, l’abbé Breuil faisait lui-même part en ces termes de la découverte de la grotte :

Vers la mi-septembre 1940, explique-t-il, plusieurs jeunes gens de Montignac, MM. Ravidat, Marsal, Queroy, Cuencas et Estregil, poussés à l’exploration des cavités souterraines des environs par M. Laval, instituteur en retraite, débouchaient un trou pénétrant verticalement, sur le plateau situé à l’est du bourg ; on le tenait obstrué pour éviter que du bétail y tombât, et seulement un terrier communiquait au fond avec une cavité dans laquelle les jeunes explorateurs se glissèrent.

Après être descendus sur la pente d’un éboulis, ils découvrirent que les retombées de la voûte de la première salle étaient ornées de magnifiques fresques se prolongeant dans le diverticule qui y faisait suite. M. Estregil en prit quelques croquis qu’il soumit à M. Laval, et qui tout d’abord laissèrent celui-ci sceptique. Sur ces entrefaites, M. Maurice Thaon, jeune homme très sportif et bon dessinateur, que je connais depuis son enfance et auquel, peu de jours avant, j’avais fait visiter les grottes ornées de Font-de-Gaume et de La Mouthe, aux Eyzies, fut conduit à la grotte par les jeunes inventeurs. Il y prit des croquis précis et quelques décalques qu’il m’apporta à Brive et qui, avec ses descriptions, me convainquirent de l’importance exceptionnelle de la découverte.

Je me rendis aussitôt à Montignac, où M. Laval, M. Parvau, régisseur de la propriétaire, la comtesse Emm. de La Rochefoucauld, et divers notables, me firent le meilleur accueil, et j’y convoquai M. D. Peyrony, délégué du Ministère des Beaux- Arts. Un examen de trois jours me permet d’adresser à l’Académie un premier rapport.

La grotte, dans son état actuel, se compose, à l’entrée, d’une salle ovale (20 m x 10 m) que prolonge un diverticule ; c’est là que, dans la deuxième moitié de la salle et son prolongement, s’accumulent, principalement sur la retombée des voûtes, plus de 80 sujets peints. Un bien plus petit nombre subsiste dans une galerie de droite, peu étendue, donnant accès à une haute salle en forte pente. Celle-ci aboutit, à gauche, à une galerie en haute nef qui se rétrécit ensuite en une fente-couloir souvent très resserrée.

Henri Breuil. Timbre émis le 17 octobre 1977 dans la série Personnages célèbres. Dessin de René Quillivic

Henri Breuil. Timbre émis le 17 octobre 1977 dans la série
Personnages célèbres. Dessin de René Quillivic

Au delà de la salle élevée, s’ouvre un puits d’environ 10 m, donnant, à l’opposé, accès par escalade à des galeries rampantes à peine entrevues jusqu’ici. Des gravures, généralement superposées aux peintures de la haute nef, se poursuivent presque seules dans la galerie tortueuse ; leur nombre et leur finesse ne m’en ont pas permis encore un déchiffrement suffisant.

Les peintures sont de dimensions oscillant de 0 m30 à près de 5 mètres. Elles appartiennent à des techniques différentes, se superposant ou se restaurant fréquemment.

1° Une seule petite main cernée de rouge, avec son bras, rappelle les mains au patron de l’Aurignacien. — 2° Des tracés linéaires fins, rouges, de chevaux et de cerfs sont rares. — 3° De plus grands contours rouges, linéaires, larges et baveux, avec remplissage de taches espacées, figurent un cheval et un bison assez grands ; il y a aussi de grands taureaux et cerfs, recouverts et résorbés par d’autres images. — 4° Des figures petites et moyennes, à tracé linéaire, rouge ou noir ou bistre, ou mélange de ces teintes, sont plus ou moins remplies de bistre ou de rouge assez transparent, formé d’un pommelage très estompé. Souvent des touches noires postérieures s’y mêlent, et signalent des points anatomiques ou restaurent le contour. De très nombreux petits chevaux, souvent fort poilus et de nombreux cerfs, à perspective tordue des ramures, en font partie, ainsi qu’un ours (?). — 5° Des figures moyennes, en rouge d’aspect uni, en réalité pommelé diffus, représentent des chevaux et des bœufs à petites cornes et aux formes légères. — 6° Des traits noirs unis ou pommelés les restaurent fréquemment ou figurent seuls des animaux analogues. — 7° Deux bœufs cernés de larges bandes noires baveuses. — 8° Des têtes de cerfs sont tracées en traits noirs fins. — 9° D’énormes taureaux à grandes cornes, dont le plus grand atteint environ 5 mètres, sont tracés en larges bandes noires ; la couleur envahit les membres, les cornes et une partie de la tête, mais seules de grosses ponctuations espacées occupent l’intérieur, limitées à la tête le plus souvent. Ni renne, ni mammouth.

Outre les figures d’animaux, poursuit Henri Breuil, d’assez nombreux signes s’observent : rectangles barrés en long et en travers, pectiniformes à 5 branches, sortes de damiers à gros carreaux remplis de couleurs plates diversement agencées semblables à des blasons, lances ou sagaies à une barbelure, flèches à empenne unilatérale.

Le fond du puits possède un groupe plus exceptionnel : à gauche un rhinocéros noir s’éloigne au petit pas : au centre, en rouge, un homme semi-schématique gît à côté d’une sagaie et d’un propulseur : à droite un bison bistre à contours noirs, le contemple et semble perdre ses entrailles comme un cheval de corrida éventré. Il s’agit probablement de la figuration d’un drame préhistorique. Près de l’homme, un oiseau est perché sur un piquet.

Bien que les gravures réservent encore mainte surprise, mentionnons, avec des cerfs et chevaux nombreux, des bœufs et des bisons, deux lions et, semble-t-il, des paillotes analogues à celles d’Altamira. Nombreuses sont les figures portant des flèches magiques.

 
 
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