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Lieux d'histoire : ville de Beaucaire (Gard)

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Lieux d’Histoire
Origine, histoire de nos villes, villages, bourgs, régions, châteaux, chapelles, moulins, abbayes, églises. Richesses historiques de France
Beaucaire (Gard)
(D’après un article paru en 1840)
Publié / Mis à jour le samedi 16 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

La ville de Beaucaire est située dans le département du Gard, à 24 kilomètres de Nîmes, sur la droite du Rhône. Ce n’était d’abord qu’un château-fort que sa forme carrée fit appeler Belli-Cadrum. A l’entour s’aggloméra une bourgade dont il est mention pour la première fois, en 1067, dans un acte de partage entre Raymond et Bernard, fils de Bérenger, comte de Narbonne.

Lorsque, en 1033, le royaume d’Arles passa aux empereurs d’Occident, Beaucaire échut aux comtes de Provence ; puis, en 1125, fut cédé aux comtes de Toulouse. L’importance de sa position lui fit jouer un assez grand rôle dans notre I’histoire. Ce fut à Beaucaire que se tint, en 1172, une magnifique cour plénière, dont le but était une réconciliation projetée par le roi d’Angleterre, Henri II, entre Raymond, comte de Toulouse, et le roi d’Aragon ; les deux rois ne s’étant pas trouvés au rendez-vous, les fêtes manquèrent leur but, et cependant n’en furent pas moins célébrées avec une magnificence dont le peuple conserva longtemps le souvenir ; les seigneurs y rivalisèrent de prodigalité et de folies.

Une vue de Beaucaire pendant la foire

Une vue de Beaucaire pendant la foire

Le comte de Toulouse, d’après un contemporain, ayant fait un don de cent mille sols à Raymond d’Agout, celui-ci les distribua sur-le-champ à près de dix mille chevaliers qui assistaient aux fêtes ; un autre chevalier, nommé Bertrand Raimbaud, fit labourer tous les environs du château par douze paires de boeufs, et y fit semer trente mille sols en deniers, prenant grand plaisir à voir la foule se disputer avec acharnement cette aumône d’un nouveau genre.

Guillaume-Gros-de-Martel, dont la suite se composait de 500 chevaliers, fit apprêter tous les mets dans sa cuisine avec des flambeaux de cire ; et enfin un autre convié, Raymond de Venous, ne voulant pas rester en arrière, fit brûler trente de ses chevaux devant toute l’assemblée.

Durant la longue et sanglante guerre des Albigeois, Beaucaire eut maintes fois à souffrir des horreurs de la guerre. Lorsqu’en 1216, Raymond VII, comte de Toulouse, entreprit de reconquérir les états de son père sur les croisés, cette ville lui ouvrit ses portes, et le siège fut mis devant le château occupé par le sénéchal et les meilleurs chevaliers de Simon de Montfort. Ce dernier rassembla à la hâte quelques troupes, et vint assiéger dans Beaucaire les Provençaux qui assiégeaient le château. Alors se passèrent de merveilleux faits d’armes longuement racontés dans le poème provençal de la Croisade contre les Albigeois. Mais Simon ne put sauver son sénéchal et ses soldats qu’en les autorisant à capituler et à sortir du château sans harnois et sans armes.

En 1274, après la clôture du concile de Lyon, le pape Grégoire X se rendit à Beaucaire, où il eut une entrevue avec Alphonse, roi de Castille, qu’il détermina à renoncer à ses prétentions sur l’empire d’Allemagne. En 1390, le pape Clément VII vint s’y établir, fuyant la peste qui régnait à Avignon, et en 1413 les Bourguignons l’assiégèrent sans pouvoir lui faire abandonner le parti du roi de France.

Les guerres de religion qui désolèrent la France au seizième siècle, n’épargnèrent pas Beaucaire. « En 1561, dit la chronique, les catholiques s’armèrent contre les religionnaires et coururent dans toute la ville pendant quatre heures en criant : Aux huguenots ! et en tuèrent et blessèrent plusieurs, sans autre occasion, fors qu’ils étoient suspicionnés d’être huguenots et de la foi. » Un an après, les protestants s’emparèrent à leur tour de la ville que les catholiques reprirent la nuit suivante, mais dont ils furent chassés au point du jour, après un combat sanglant et meurtrier.

En 1632, lors de la tentative de révolte du duc d’Orléans et de Montmorency contre le cardinal de Richelieu, la ville seule resta fidèle. Les rebelles s’emparèrent du château, qui bientôt fut forcé de capituler.

Sur la place du Marché, à Beaucaire. Dessin d'Émile Laborne.

Sur la place du Marché, à Beaucaire.
Dessin d’Émile Laborne.

Mais Beaucaire doit sa grande célébrité à la foire qui s’y tient annuellement du 22 au 28 juillet, et qui est regardée comme l’une des principales de l’Europe. On ne sait pas à quelle époque remonte son institution. Au commencement du treizième siècle, les comtes de Toulouse confirmèrent pleinement les franchises dont elle jouissait déjà, et Charles VIII en fixa définitivement la durée à six jours. Les marchands commencent à arriver dans les premiers jours de juillet pour faire leurs préparatifs de logement, emmagasiner et enregistrer les marchandises. Le 22, le préfet déclare la foire ouverte.

La foire se tient dans l’intérieur de la ville et dans une vaste prairie bordée d’ormes et de platanes, qui s’étend le long du Rhône, et où l’on élève des milliers de cabanes et de tentes. Il y vient de tous pays, mais principalement de l’Espagne, de l’Italie et de l’Orient, un nombre immense de marchands. La variété infinie des costumes et la diversité des marchandises, des enseignes de boutiques, présentent le coup d’oeil le plus curieux, et dont on ne peut que difficilement se faire une idée. Chaque commerce a son quartier spécial, et il n’est pas d’objet si rare ou si commun qui ne s’y rencontre. Ainsi, Millin raconte que tandis que l’on vendait, d’un côté, des antiques de la plus grande beauté, d’un autre, à peu de distance, il vit une rue dont les murs fort épais et fort élevés n’étaient composés que d’oignons empilés les uns sur les autres. Malgré le peu de durée de la foire, il s’y fait pour 20 ou 25 millions d’affaires.

Beaucaire est encore, on doit bien le penser, le rendez-vous de charlatans de toute espèce, des saltimbanques, des animaux savants, des théâtres ambulants ; et comme il arrive presque toujours quelque décès pendant le temps que dure la foire, il y a quelque chose qui frappe l’imagination dans le spectacle offert par un cortège de deuil traversant cette foule immense, joyeuse et animée. La foire se termine le 28 juillet à minuit : les effets payables en foire sont exigibles le 27. Un tribunal de commerce, composé de douze membres, juge tous les différends qui s’élèvent pendant sa durée. La foire de Beaucaire a eu jadis bien plus d’importance encore qu’actuellement : la facilité toujours croissante des relations commerciales tend sans cesse à diminuer l’utilité de ces grands rendez-vous.

Viaduc sur le Rhône, entre Beaucaire et Tarascon. Dessin de J.-B. Laurens.

Viaduc sur le Rhône, entre Beaucaire et Tarascon.
Dessin de J.-B. Laurens.

Le pont de bateaux, qui unissait jadis Beaucaire à Tarascon, a été remplacé par un pont suspendu qui passe pour un des plus beaux ouvrages de ce genre. La largeur du Rhône, à l’endroit où le pont est établi, est de 450 mètres ; cet espace est occupé par quatre travées formées au moyen de trois piles de suspension construites dans la rivière, et laissant entre elles deux grandes travées à chaînettes entières de 150 mètres chacune. Ce pont a été livré à la circulation le 14 octobre 1829.

Le canal de Beaucaire, dont la destination principale était de dessécher d’immenses marais, avait en outre celle d’établir une prolongation directe du canal de Languedoc jusqu’à Beaucaire, et de plus, de procurer à cette dernière ville une issue vers la mer. Commencé en 1775 par les Etats de Languedoc, suspendu pendant la Révolution, il fut repris en 1805 et terminé quelques années plus tard.

Outre le pont sur le Rhône, on remarque à Beaucaire les ruines de l’ancien château, une tour nommée la Tour carrée, et quelques autres monuments anciens. C’est la patrie de Raymond VII, comte de Toulouse, et d’un évêque de Metz, Jean de Beaucaire, qui fut le précepteur du célèbre cardinal Charles de Lorraine, et qui a laissé une histoire latine des troubles arrivés sous François Il et Charles IX ; enfin, suivant quelques auteurs, le pape Urbain V était de Beaucaire. L’empereur Napoléon est l’auteur d’un opuscule fort peu connu et très curieux, intitulé le Souper de Beaucaire. Il passait par cette ville en 1793, et se trouva à souper avec plusieurs commerçants de Montpellier, de Nîmes et de Marseille, qui engagèrent avec lui une discussion assez vive sur la situation politique du midi de la France. De retour à Avignon, le jeune officier consigna ce dialogue dans une petite brochure réimprimée en 1822.

 
 
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