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1er août 1799 : mort de l'inventeur et industriel Jacques-Étienne Montgolfier

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1er août 1799 : mort de l’inventeur
et industriel
Jacques-Étienne Montgolfier
(D’après « Notice sur Joseph et Étienne Montgolfier,
inventeurs des aérostats » paru en 1883
et « Biographie nouvelle des contemporains ou Dictionnaire historique
et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française,
ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs
ou leurs crimes » (Tome 14) paru en 1827)
Publié / Mis à jour le vendredi 2 août 2019, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Inventeur dont l’esprit méthodique s’accordait avec le génie de son frère Joseph, Étienne Montgolfier accrut considérablement la notoriété de la papeterie familiale, laissant en outre son nom au célèbre aérostat qui émerveilla le public de sa région natale avant de séduire Louis XVI et les Parisiens

Jacques-Étienne Montgolfier naquit à Vidalon-lès-Annonay, en Ardèche, le 6 janvier 1745, au sein d’une famille manufacturière et connue depuis longtemps par son habileté dans l’art de la fabrication du papier. Tous ceux qui en faisaient partie n’étaient guère occupés, dès leur enfance, qu’à rechercher de nouveaux moyens d’industrie, soit mécaniques, soit chimiques, pour accélérer et pour accroître le perfectionnement de leurs travaux. Étienne Montgolfier joignit à cette éducation, pour ainsi dire naturelle et commune, qui le dirigeait vers les sciences, une instruction particulière qu’il vint acquérir à Paris, où il fut envoyé pour ses études, et où il fut placé au collège de Sainte-Barbe, d’où sont sortis tant d’hommes du premier mérite.

Il s’y distingua par de rapides progrès dans les sciences exactes, et se destinant à l’état d’architecte, devint au sortir du collège élève de Soufflot, et se livra d’une manière exclusive à l’architecture théorique et pratique. Tout l’argent qu’il pouvait épargner sur la faible pension que son père, déjà chargé de famille, lui faisait tenir, ainsi que le prix des dessins et plans qu’il fut bientôt chargé de faire, était employé à acheter des instruments de mathématiques et des livres, ou à faire des expériences.

Jacques-Étienne Montgolfier. Gravure du XIXe siècle

Jacques-Étienne Montgolfier. Gravure du XIXe siècle

On lui confia la construction de l’église du village de Faremoutiers, dont il avait donné le plan. Réveillon, qui dirigeait une grande manufacture de papiers à Paris, au faubourg Saint-Antoine, avait aussi une propriété dans ce village, et y fit la connaissance du jeune architecte, dont il sut bientôt apprécier tout le mérite. Une étroite amitié s’établit entre eux. Réveillon le chargea de donner les plans d’une nouvelle manufacture qu’il voulait établir, et les ayant approuvés, le chargea encore de les faire exécuter. Plusieurs années après, il lui abandonna ses beaux jardins du faubourg Saint-Antoine, pour y faire ses expériences aérostatiques.

La mort d’un frère aîné fit rappeler Montgolfier dans la maison paternelle, pour prendre la direction de la grande fabrique de papiers d’Annonay. Moins aventureux dans ses expériences que son frère Joseph, et trop habile mathématicien pour procéder sans de rigoureux calculs, il obtint cependant d’importantes améliorations, et rendit son établissement florissant. Le papier d’Annonay devint célèbre par ses soins et par ses découvertes. Il sut en partie deviner et bientôt s’approprier entièrement les procédés des ateliers anglais et hollandais — longtemps nos rivaux dans ce genre de création —, jusqu’alors inconnus en France ; inventa des formes pour le papier grand-monde, fit le premier du papier vélin, perfectionna les colles et les séchoirs, et enrichit ainsi sa patrie de découvertes utiles.

Son frère, Joseph Montgolfier, qui fut le compagnon de sa gloire, s’associait à toutes ses méditations, était le dépositaire de toutes ses pensées, et lui communiquait toutes les siennes : c’était un homme supérieur, mais un peu bizarre dans ses conceptions ; il avait moins de savoir et moins d’instruction que son frère, mais il avait, plus que lui peut-être, ce génie qui, jusqu’à un certain point, peut se passer de science et qui invente ce qu’il ne sait pas : ainsi Joseph, par exemple, n’avait jamais appris que l’arithmétique et il faisait, de mémoire et sans écrire un seul chiffre, des calculs qui auraient effrayé les plus habiles calculateurs, bien qu’ils pussent y appliquer toutes les formules de leur science. Toutefois, ses idées avaient besoin d’être rectifiées par un esprit juste, méthodique et éclairé par l’étude, comme était celui d’Étienne : on peut dire qu’ils ne faisaient qu’un seul homme à eux deux ; et que l’un était toujours la faculté supplémentaire de l’autre : c’est ce qui explique comment la découverte qui les a rendus si célèbres, et même les découvertes, car ils en ont fait plusieurs que la brièveté de leur vie ne leur a pas permis de compléter toutes, appartiennent bien réellement à tous les deux.

La réputation d’Étienne était déjà établie, quand ses méditations sur l’ouvrage de Priestley, communiquées à son frère Joseph, les conduisit tous deux à l’invention des aérostats. Depuis cette époque, sa destinée se trouva si étroitement liée à celle de ce frère, que l’histoire du premier devient en grande partie celle du second. Ils firent toutes leurs expériences en commun ; ils essayèrent, pour gonfler les premiers ballons, plusieurs combustibles, plusieurs substances aériformes plus légères que l’air atmosphérique, telles que l’eau réduite en l’état de vapeurs, le fluide électrique, le gaz inflammable ; ils firent des globes de papier, de toile, de taffetas ; essayèrent enfin le premier grand aérostat aux Célestins, près d’Annonay, et répétèrent cette expérience en public dans Annonay même, le 4 juin 1783, devant les députés aux États particuliers du pays, qui y étaient rassemblés, et un grand nombre de spectateurs.

Elle fut couronnée du plus heureux succès. Un globe de toile doublé de papier, de trente-cinq pieds de diamètre, préparé par eux, portant avec lui un braise renflammé, employé à continuer dans son intérieur la raréfaction de l’air atmosphérique qui le remplissait, et emportant aussi un mouton, s’éleva à une très grande hauteur, et redescendit au bout de quelque temps, à plus de trois quarts de lieue du point de départ, sans que l’animal qu’il avait enlevé eût éprouvé le moindre accident, et lui-même la moindre avarie.

Expérience des frères Montgolfier effectuée le 19 septembre 1783 devant le roi Louis XVI et la cour, avec un ballon de 1 000 m3 qui monte à 600 mètres et parcourt 3,5 kilomètres

Expérience des frères Montgolfier effectuée le 19 septembre 1783 devant le roi Louis XVI
et la cour, avec un ballon de 1 000 m3 qui monte à 600 mètres et parcourt 3,5 kilomètres

Ce fut Étienne qui, engagé par son frère et tous ses amis, se chargea d’exposer à Paris leur découverte commune, dont ils espéraient de plus, à cette époque, pouvoir tirer parti pour l’exploitation des beaux bois des montagnes du Vivarais. Et il fut accueilli avec enthousiasme. Les expériences furent faites en présence de la famille royale, à Versailles et au château de la Muette. Deux courageux amis des sciences s’associèrent à sa gloire en devenant les premiers navigateurs aériens qu’eût encore offerts l’espèce humaine ; l’un était le marquis d’Arlandes, l’autre était Pilâtre de Rozier. Partis des jardins de la Muette, ils traversèrent la Seine, et allèrent descendre paisiblement au delà de Paris, près de la route de Fontainebleau.

Étienne fut présenté à la cour ; Louis XVI le décora du cordon de Saint-Michel, donna à son frère Joseph une pension de 1000 livres, et des lettres de noblesse à leur vieux père. Mais il manquait à leur merveilleuse invention le complément qui pouvait seul lui donner une grande influence sur toutes les combinaisons humaines, l’art de se diriger dans les airs. Les frères Montgolfier en firent le sujet de leurs études et de leurs essais ; ils ne le jugeaient pas impossible, et quelques combinaisons physiques et mécaniques qu’ils se proposaient de tenter, leur paraissaient pouvoir atteindre à ce but ; mais il fallait de nombreuses expériences, nécessairement dispendieuses, et leur fortune était médiocre.

Sous la direction de Faujas de Saint-Fond, une souscription fut ouverte et bientôt remplie, dont le produit fut employé à faire frapper deux médailles en honneur de cette découverte, la première de 18 lignes, la seconde de 22, portant l’effigie des deux frères, et rappelant les diverses ascensions. Accueilli partout avec enthousiasme, Montgolfier fut surtout sensible aux témoignages d’estime et d’amitié que lui valurent, non moins que ses talents ou le bonheur de sa découverte, son caractère honorable.

Admis dans l’intimité de Lavoisier, du vertueux duc de la Rochefoucault, de Condorcet, de Boissy-d’Anglas, il ne cessa depuis d’entretenir des relations avec ces hommes distingués. Étienne trouva dans sa célébrité l’avantage de faire apprécier par les hommes les plus honorables et les plus illustres de la fin du XVIIIe siècle, ses qualités personnelles, et d’en être chéri et honoré. C’était un grand titre de recommandation auprès de Malesherbes, que d’en être aimé. L’illustre Lavoisier, Bailly, tous les membres de l’Académie des sciences, dont il fut le correspondant, le placèrent parmi leurs amis, s’honorèrent d’en porter le titre, et lui accordèrent une estime qu’il ne cessa jamais de mériter et d’obtenir. Il était impossible, en effet, d’être meilleur sous tous les rapports ; d’être plus modeste, plus simple, plus généreux ; de posséder une âme plus pure, d’être plus véritablement homme de bien.

La Révolution vint interrompre les travaux auxquels Étienne de Montgolfier se livrait avec son frère, et pour lesquels ils avaient amassé à grands frais des matériaux considérables. Ils avaient construit un aérostat en soie, d’une très grande capacité et d’une forme lenticulaire, qui, en s’élevant et s’abaissant à volonté, par l’augmentation ou la diminution de la chaleur, se rapprochait plus ou moins rapidement d’un point déterminé.

Montgolfier ne prit aucune part aux troubles politiques, se retira dans sa manufacture, poursuivant le cours de ses recherches et perfectionnant sans cesse ses produits. C’est à cette époque, et peu de temps avant le règne de la Terreur, qu’Étienne et Joseph inventèrent le bélier hydraulique. Ils rendirent tous deux de grands services à plusieurs personnes menacées ou poursuivies, dans le midi de la France, pendant les orages de la Révolution. Étienne fut lui-même dénoncé plusieurs fois, et n’échappa que par l’affection et le dévouement des nombreux ouvriers qu’il employait, à une arrestation qui, à cette époque, et surtout dans la contrée qu’il habitait, était toujours accompagnée d’un danger imminent pour la vie même. Cette considération, de même que la vénération qui environnait son père, âgé alors de plus de 90 ans, le défendirent ainsi contre les effets de la délation et de l’arbitraire.

Joseph-Michel Montgolfier. Gravure du XIXe siècle

Joseph-Michel Montgolfier. Gravure du XIXe siècle

Il avait été nommé, dès les premiers temps de la Révolution, l’un des administrateurs de son département, et s’illustra par son zèle pour le bien de son pays, son courage, sa fermeté et son inaltérable justice. Il fit regretter, par son honorable conduite, qu’on ne l’eût pas appelé à servir son pays sue un plus brillant théâtre. Il eut le bonheur cependant de voir luire le 9 thermidor marquant la fin de la Terreur, et de retrouver du calme et une sécurité parfaite après la chute du parti de Robespierre : mais il n’en jouit que cinq années.

Atteint depuis quelque temps d’une maladie au cœur, il se rendit à Lyon avec sa famille ; il y reconnut bientôt toute l’inefficacité des secours de la médecine, et pressentant lui-même sa fin prochaine, pour ne point donner à sa femme et ses enfants le triste spectacle de sa mort, il prétexta un voyage indispensable, partit seul pour Annonay, et succomba, ainsi qu’il l’avait prévu, avant d’y arriver.

Ce fut à Serrières, le 1er août 1799, qu’il mourut, laissant de bien vifs regrets à ses nombreux amis comme à son frère Joseph, plus âgé que lui. Ce dernier lui survécut plusieurs années, mais resta toute sa vie inconsolable de la perte du fidèle compagnon de ses travaux, et de cet autre modèle de l’amitié fraternelle.

 
 
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