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7 novembre 1766 : mort de Jean-Marc Nattier, peintre de la cour de Louis XV

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7 novembre 1766 : mort de Jean-Marc
Nattier, peintre de la cour de Louis XV
(D’après « Le nécrologe des hommes célèbres de France », paru en 1768)
Publié / Mis à jour le mardi 7 novembre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Les talents qui le distinguèrent dans son art furent une touche légère, un coloris suave et brillant, une composition également gracieuse et spirituelle. Son pinceau, sans cesser d’être fidèle, ajoutait même à la beauté et embellissait jusqu’à la laideur.

Jean-marc Nattier naquit à Paris le 17 mars 1685 de Marc Nattier, peintre de portrait de l’Académie royale, et de Marie Courtois qui eut un talent particulier pour la miniature et fut élève du célèbre Le Brun ; mais étant devenue paralytique à l’âge de vingt-deux ans, ce triste état consuma insensiblement le peu de fortune des deux époux.

Jean-Marc Nattier eut pour parrain Jean Jouvenet, un des grands peintres de son temps. Son père, qui aimait son art, lui fit apprendre à dessiner de très bonne heure à l’Académie, où il remporta le premier prix du dessin à l’âge de quinze ans.

Après avoir destiné les batailles de Le Brun et obtenu la petite pension des élèves de l’Académie du temps du célèbre Mansart, il demanda l’agrément de dessiner la Galerie du Luxembourg. Ces dessins furent très applaudis et présentés par Mansart à Louis XIV, qui en parut si content qu’il accorda au jeune Nattier la permission d’achever les dessins de la Galerie avec privilège de les faire graver par les plus habiles maîtres. Ce prince daigna même encourager ses heureuses dispositions par ces paroles : « Continuez, Nattier, et vous deviendrez un grand homme. » Le jeune artiste finit cette entreprise avec tout le succès possible, et en donna un volume au public, en 1710.

Jean-Marc Nattier. Peinture de Louis Tocqué (fin des années 1740)

Jean-Marc Nattier. Peinture de Louis Tocqué (fin des années 1740)

Depuis la mort de son père, arrivée en 1705, ses progrès commençant à le faire distinguer entre les élèves de l’Académie, le duc d’Antin lui fit proposer par Jouvenet, en 1709, d’aller remplir, en qualité de pensionnaire du roi, une place vacante à l’Académie de France établie à Rome ; ce qu’il ne put accepter, étant alors fort occupé à Paris. Ce fut dans la suite un vrai sujet de regret pour lui.

Quelque temps après, les maîtres peintres, cette communauté d’ouvriers qui ne devraient point avoir le droit de troubler les opérations du génie, jaloux de la réputation de notre artiste, voulurent saisir ses ouvrages, ce qui le pressa de se présenter à l’Académie royale où il fui fut agréé en 1713, sur le morceau que les maîtres peintres lui avaient demandé, et qui fut placé dans leur chapelle.

En 1715, la mort qui enleva Louis XIV à la France parut avoir frappé du même coup les arts et les talents. Consternés de cette perte, la plupart des artistes se dispersèrent, dans les diverses contrées de l’Europe, et Nattier se vit proposer de se rendre auprès du tsar de Russie Pierre le Grand, qui lui fit d’abord peindre une partie de sa cour et lui ordonna un tableau représentant la bataille de Pultava. Content de ces ouvrages, il l’envoya à La Haye pour y peindre l’Impératrice Catherine. Dans cet intervalle, le tsar vint à Paris, et l’Impératrice charmée de son portrait, en écrivit à ce prince avec tant de marques de- satisfaction, qu’il fut curieux de le voir. Nattier eut ordre de l’apporter à Paris, et quoiqu’il n’y eût encore que la tête d’achevée, le tsar en fut si content qu’il l’envoya aussitôt chez le sieur Boitte, peintre en émail.

Ce portrait faisant beaucoup de bruit, le jour que le Duc d’Antin donna à souper au tsar, il fut exposé sous un dais dans la salle du festin. Le lendemain, ce prince envoya son grand-maréchal dire à Nattier de venir commencer son portrait. Il en témoigna la même satisfaction. Sur le point de partir pour la Russie, Pierre le Grand lui fit demander quand il comptait le rejoindre ; mais sans lui proposer, d’ailleurs, aucune condition. Comme il fallait se décider sur-le-champ, un ami lui représenta le tort qu’il se serait d’aller ainsi se sacrifier dans un pays encore barbare, lui citant de fâcheux exemples qui le décidèrent à ne point partir. Il refusa donc. Le tsar, piqué, partit le regardant de mauvais œil, et pour se venger de son refus, fit enlever le portrait de la tsarine qui avait été porté par ses ordres chez un peintre en émail. Ce portrait ne fut jamais, ni entièrement achevé, ni payé.

Ayant perdu l’idée de s’expatrier, Nattier se pressa de finir son tableau de réception pour l’Académie, où il fut reçu en 1718. Ce tableau représente les noces de Phinée, au moment où Persée présente la tête de Méduse. L’académie rendant justice à ses talents, le nomma depuis professeur. En 1720, le système de Law lui fit éprouver des pertes réelles. On lui conseilla de vendre ses dessins de la Galerie du Luxembourg à Law, et de tenter la fortune par la voie des actions. Il ne fut point heureux. Le renversement du système lui fit perdre en un jour tout le fruit des travaux de sa jeunesse, et il eut le chagrin de ne plus entendre parler de ces mêmes dessins, qu’il regarda comme perdus. Après cette déroute de fortune, Jean-Marc Nattier prit le parti de se borner au genre du portrait, dans lequel il avait déjà acquis une grande réputation. Il fit celui du maréchal de Saxe en pied, et celui du duc de Richelieu, de même grandeur.

On lui proposa plusieurs mariages, entre lesquels il se détermina, en 1724, pour Mlle de la Roche, fille de Pierre de la Roche, mousquetaire du roi. Le système n’avait pas moins dérangé sa fortune que celle de Nattier. Il n’eut donc pour tout bien qu’une femme charmante, à la vérité, jeune, belle, remplie de grâces et de talents, qui l’eut rendu heureux si la faiblesse de sa santé ne lui avait pas toujours fait craindre de la perdre. Après lui avoir donné plusieurs enfants et avoir langui beaucoup d’années, elle mourut en 1742, dans le temps où la réputation de son mari était dans tout son éclat.

Tout ce qu’il y eut de grands à la cour du roi, employèrent le pinceau de Nattier, qui, pour varier ses occupations, reprenait quelquefois le genre de l’histoire, qu’il n’avait abandonné qu’à regret. Devenu veuf en 1742, il se livra tout entier à l’éducation d’un fils et de trois filles qui lui restaient. Ce fils annonçait les plus heureuses dispositions pour être un jour un grand peintre ; mais étant allé à Rome pour étudier les savants modèles, il eut le malheur de se noyer dans le Tibre, à l’âge de vingt-deux ou vingt-trois ans. La fille aînée de Nattier fut mariée à Tocqué, peintre du roi et conseiller de l’Académie royale. Sa seconde fille épousa Brochier, alors secrétaire d’ambassade auprès de l’Infant duc de Parme. La troisième épousa, en 1763, halle, peintre du roi, ancien professeur de l’Académie royale et dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi.

Détail d'un portrait de Victoire de France (cinquième fille de Louis XV) par Jean-Marc Nattier (1751)

Détail d’un portrait de Victoire de France (cinquième fille de Louis XV) par Jean-Marc Nattier (1751)

Jean-Marc Nattier fut reçu, en 1759, à l’Académie du Danemark. L’année suivante, le roi lui accorda une pension de 500 livres. En 1761, il tomba dangereusement malade d’une hydropisie. Malgré les espérances que lui donnaient les médecins, il ne se flatta jamais de guérir. Un accident qui augmenta son mal le fixa pour toujours dans son lit. Alors, pour se rapprocher des secours de ses filles, il se défit de son cabinet et se fit transporter dans une maison qu’occupait alors Challe, qui depuis devint son gendre. Il passa encore près de cinq années dans des douleurs continuelles, qu’il soutint avec le plus grand courage mais qui terminèrent enfin sa vie, le 7 novembre 1766. Il était âgé de quatre-vingt-deux ans.

Ses mœurs furent douces, la bonté et l’humanité en firent la base. Il était père tendre et bon ami ; d’une sincérité et d’une intégrité très rare, d’une humeur égale et complaisante. Peu courtisan, ce qui l’éloigna des récompenses que l’on accorde plus souvent à l’importunité qu’au mérite, il ne sut jamais, de son propre aveu, tirer avantages des occasions qu’il eut d’augmenter sa fortune et d’avancer celle de sa famille. La peinture et la lecture firent le charme de la vie de cet homme né studieux.

Son heureux talent l’attacha aux portraits, quoiqu’il eût prouvé par des compositions très ingénieuses qu’il eût pu tenir un rang distingué parmi les plus habiles peintres de son temps. Ses draperies, qui marquaient exactement le nu, quoique souvent voltigeantes, étaient touchées d’une façon particulière et qui lui était propre. Sa manière de dessiner au crayon noir et blanc, était fine, spirituelle, et extrêmement terminée. Elle rendait parfaitement l’effet des tableaux. Il est aisé d’en juger par les belles estampes gravées sur ses dessins, et singulièrement par celle de Louis XIV, faite par Drevet.

 
 
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