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Chandeleur : entre coutumes et croyances

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Chandeleur : entre coutumes
et croyances
(D’après « La Tradition », paru en 1904)
Publié / Mis à jour le jeudi 2 février 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
La fête de la Chandeleur, qui aujourd’hui n’est plus chômée en France, a pour objet de rappeler la présentation, au Temple, de l’enfant Jésus né quarante jours plus tôt la nuit de Noël, et la purification de la Sainte-Vierge. Son nom lui vient des cierges bénits qu’on y portait en procession à l’église.

Le pape Gélase (472) jugeant plus sage de christianiser un usage païen que d’essayer de le détruire, l’aurait substitué, d’après Bède le vénérable, moine et historien anglais du VIIe siècle, aux antiques Lupercales romaines, ou, d’après d’autres auteurs, aux fêtes de Proserpine et de Cérès, qui se célébraient à la même époque et où l’on portait aussi des torches allumées.

Aujourd’hui, la Chandeleur n’est plus fêtée que par l’Église catholique, le 2 février, et les paysans chez qui se sont encore conservées les traditions ancestrales. Et ces traditions ont quelque chose de curieux que nous voulons raconter.

C’est une des superstitions et des coutumes de la vieille France qu’à la Chandeleur on fait des crêpes dans l’âtre du laboureur et que chacun doit retourner la sienne. « À la Chandeleur, dit Abel Hugo, si les paysans ne faisaient point de crêpes, leur blé de l’année serait carié. Et celui qui retourne sa crêpe avec adresse, qui ne la laisse pas tomber dans les cendres, ou qui ne la rattrape point dans la poêle, sous la forme navrante de quelque linge fripé, celui-là aura du bonheur — de l’argent, cette forme tangible du bonheur — jusqu’à la Chandeleur de l’année suivante. »

Crêpes de la Chandeleur

Crêpes de la Chandeleur

Qu’elle est jolie, cette coutume des crêpes. Le laboureur de France, qui bat sa farine pour en faire de légères pâtes dorées qu’il retourne avec soin afin que son blé de la moisson prochaine soit bon et dense, se doute-t-il qu’il rend, comme le firent ses ancêtres perdus dans la nuit des siècles, un hommage à la blonde Cérès ? Que de traditions de ce genre dans nos mœurs et qui — devenues inexplicables aujourd’hui — subsistent encore, en dépit des années et des révolutions ! Il y a l’atavisme des coutumes comme il y a l’atavisme des tempéraments, des caractères et de la chair.

Depuis que la Chandeleur existe, il y a eu des parties de crêpes homériques. Nous en connaissons du temps de Henri II et aussi du XVIIIe siècle qui seraient toutes intéressantes à raconter. Citons seulement cet exemple qui doit, il le faut, passer à la postérité :

Avant de partir pour la campagne de Russie, Napoléon, fêtant la Chandeleur, faisait une partie de crêpes. Arriva son tour de « tenir la queue de la poêle ».

— Si je retourne celle-ci, dit-il, je gagnerai la première bataille !

Et la crêpe se retourna ronde comme une lune.

— Si je retourne cette autre, je gagnerai la deuxième !

Et encore la crêpe tournoya comme un louis d’or. La troisième fit de même ; quant à la quatrième, comme un torchon boueux, elle roula dans la cendre. Celle-là, c’était la Bérézina ! Peut-être, durant l’incendie de Moscou, qui éclairait ses premiers revers, l’empereur se rappela-t-il la quatrième crêpe du palais des Tuileries.

Dans nos campagnes, on fait encore bénir le jour de la Purification un cierge neuf. On l’allume et on essaie de le rapporter « tout clairant » à la maison : s’il ne s’éteint pas, c’est un heureux présage, et celui qui le tient est sûr de ne pas mourir dans l’année.

Le cierge de la Chandeleur passe pour le plus précieux des talismans contre les sortilèges et les maléfices. Quand un animal domestique est malade, on fait couler trois ou quatre gouttes du cierge dans son breuvage. On l’allume pour conjurer la foudre lorsque l’orage gronde. On l’allume aussi pour bénir les premiers communiants et les fiancés avant leur départ pour l’église ; de même lorsque le prêtre vient administrer les derniers sacrements à un mourant.

La fête de la Chandeleur est aussi consacrée aux amoureux. Les jeunes filles et jeunes garçons qui veulent savoir ce que l’avenir leur réserve, font une neuvaine à la chapelle de la Vierge. Le dernier jour écoulé, le jeune homme, une fois endormi, verra en rêve celle qui sera son épouse, et inversement. Dans la Haute-Saône, les fiancés devaient se rendre, le 2 février, à la source la plus voisine pour y échanger des gâteaux. Toutes ces coutumes, dont le sens symbolique échappe souvent, remontent à la plus haute antiquité. Enfin, les proverbes nous affirment que, s’il fait beau le jour de la Chandeleur, l’hiver reprendra pendant quarante jours.

 
 
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