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Coutumes et traditions. Mariages d'autrefois en Anjou

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Mariages d’autrefois en Anjou
(D’après « Revue des traditions populaires », paru en 1893)
Publié / Mis à jour le mercredi 2 mars 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Lorsqu’un garçon et une jeune fille revenaient d’une foire, si le garçon était à la gauche de la fille et lui portait, soit son panier soit son parapluie, c’était qu’ils étaient fiancés. Du jour où un jeune homme « recherchait » une jeune fille jusqu’à celui de leur mariage, « ils s’entrecausaient », ou simplement « ils se causaient ». Une fille ne devait jamais « causer » la première, cela lui portait malheur ; malgré l’honnêteté de ce principe, soixante-dix fois sur cent c’étaient les filles qui commençaient.

Après donc s’être causé pendant plusieurs mois, le grand jour du mariage arrivait, parfois même on avançait la date fixée, et pour cause. Voici comment se déroulait encore à la fin du XIXe siècle la cérémonie.

Dès l’aurore, entre 5 et 6 heures du matin, le violoneux, le chapeau tout enrubanné, arrive à la ferme et joue quelques airs pendant que la fiancée s’habille. La toilette finie, la jeune future, accompagnée de ses deux filles d’honneur, vient embrasser ses parents, ses amis ; et si son fiancé est là elle ne doit pas lui parler. Sa mère lui met alors, devant tous, la couronne d’oranger sur la tête. Le violon joue toujours, enfin il s’arrête : toilette et embrassements sont terminés ; les carrioles s’avancent, il faut partir.

La mère commence à s’émotionner, une bonne mère doit soupirer ; que va devenir sa fille ? Qu’est-il, ce garçon ? Elle l’a pourtant connu depuis plusieurs mois, voire même une année ou deux ; mais cela ne fait rien, elle doit soupirer et se plaindre. C’est la coutume. Dans la première carriole montent le violoneux, la future, son père et sa mère, dans la seconde les garçons et les filles d’honneur, dans la troisième le marié et ses parents, mais cavaliers et cavalières restent ensemble tant que dure la noce.

Le violon donne le signal du départ, grince tout le long du parcours et se tait à la porte de la mairie. Une fois mariés civilement les jeunes époux se rendent à l’église précédés du violoneux. Là, amis, parents, jeunes comme vieux, tous font mille et mille remarques. Si la mariée butte en entrant dans l’église elle sera malheureuse ! Si elle accroche sa robe elle aura difficilement des enfants : ils mourront ou ils tourneront mal. Les cierges, placés en face de chaque époux, brûlent-ils également, le ménage vivra longtemps et sera très uni. Le cierge qui brûlera le plus rapidement indique que le conjoint près duquel il est placé, mourra plus vite que l’autre, et s’il vient à s’éteindre il mourra dans l’année. Pensées gaies pour un mariage, dira-t-on, que diable voulez-vous, c’est la coutume ici ! Voilà l’évangile, attention ! Est-ce la mariée qui va se lever la première ? La mère, dites-lui de se lever si a veut avoir un gas pour son premier.

Mariage à Béhuard (Maine-et-Loire)

Mariage à Béhuard (Maine-et-Loire)

La messe finie, la bénédiction nuptiale donnée, on se hâte d’interroger la mariée pour savoir si son nouvel époux, en lui passant l’anneau conjugal au doigt, l’a poussé jusqu’au « bout » ou bien s’il ne l’a laissé qu’à la première phalange : question importante pour les commères ; dans le premier cas la jeune femme sera malheureuse ; dans le second elle sera la maîtresse au logis, elle portera la culotte, elle sera heureuse enfin !

Après l’église, le cabaret : on y court pour boire à la santé des nouveaux mariés et pour danser le premier quadrille, dit quadrille d’honneur ; puis toute la noce s’en retourne dîner. Le repas fini, les danses commencent : elles n’ont aucun caractère : tantôt c’est une bourrée, tantôt c’est un quadrille, souvent une polka et très rarement une valse. C’est l’affaire du musicien de diriger le bal, aussi lui faut-il un bras infatigable, une voix retentissante et une tête solide, car il boit dur et sec pour se donner du nerf et de l’entrain. À la fin des danses, le soir, chacun lui donne quelques sous : ce sont ses petits bénéfices.

Un jeune homme profite toujours des noces pour causer à une fille et entre chaque danse vous les voyez assis l’un près de l’autre ; le garçon passe son bras autour de la taille de sa cavalière, la pince, la chatouille, lui fait des agaceries pour lui montrer combien il serait heureux de causer un peu après le souper.

Du dîner au souper les danses continuent et ne cessent que pour laisser reposer les jambes, boire le cidre ou le vin à plein verre. Le souper est servi d’habitude à 7 heures et dure deux grandes heures ; le plus long c’est le dessert, car chacun veut chanter un couplet, une chanson en l’honneur des époux ; après ce déluge de chants, les garçons et les filles d’honneur font le tour de la table en offrant aux hommes une prise de tabac, aux femmes des dragées et des bonbons secs, puis, se posant devant les époux tous les quatre, ils entonnent la chanson de la mariée ; celle-ci baisse les yeux, tend la main à son mari qui la garde dans la sienne tout le temps que dure la chanson.

Inutile de dire que les expressions à double entente sont toujours soulignées, surtout celle-ci :

Gardez bien votre pigeon,
Madame la mariée,
Un voleur à la maison
Pour le prendre est arrivé.

La noce sortie de table à grands cris, les jeunes bien entendu, réclament le violon ; le malheureux ne marche plus, il tangue, le vent le fait virer de bord à chaque pas, enfin il monte sur son tonneau et fait danser le premier quadrille. À la fin il est plus ferme, son jeu est moins embrouillé, la fraîcheur du soir lui fait du bien. Alors il se prépare à jouer son grand morceau : l’accompagnement de la chanson du coucher, c’est la chanson de la mariée dont l’air est différent.

Tous ceux qui peuvent pénétrer dans la chambre nuptiale le font avec ardeur, ce sont surtout les garçons et les filles. Alors les mariés se déshabillent aux grincements du violon et aux chants des filles et des garçons d’honneur. La mariée aidée de ses deux amies retire sa robe, son jupon de dessus, son corsage, ses souliers et met sur ses épaules nues un simple mouchoir ; de son côté le marié enlève ses vêtements et reste avec son pantalon et sa chemise. La mariée approche alors de son futur maître qui lui enlève la couronne d’oranger et la coiffe : tout le monde sort et l’on passe dans une pièce voisine pour trinquer au bonheur des époux.

Sitôt que le couple est seul il prend à la hâte — car c’est peu poli d’être longtemps — les vêtements de travail, puis vient dire bonsoir aux parents et aux amis. Il se retire ensuite dans sa chambre, ferme sa porte à double tour et se couche ; mais les pauvres époux ne pensent pas que leurs jeunes invités veulent encore s’amuser et rire ; on tape à la fenêtre, il faut l’ouvrir.

Alors cinq ou six jeunes fous apportent un saladier rempli de vin chaud dans lequel trempent des rôties liées les unes aux autres par un fil (c’est la soupe au lait bretonne). L’embarras des époux excite les rires, les jeux de mots ; puis tous se retirent, laissant enfin tranquille le couple abreuvé de vin chaud et assoiffé d’amour.

Les vêtements de noces portent le nom de « nocial ». Le nocial ne se met que dans les grandes fêtes : à Pâques, à Noël, aux processions et aux mariages. Quand le nocial s’use, la vie de son propriétaire ne sera pas de longue durée ; c’est pour cette raison que tous le ménagent.

 
 
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