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Mont-Saint-Michel : héritage du diable et à l'origine d'une discorde avec saint Michel

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Légendes, Superstitions
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Mont-Saint-Michel (Le) : « mont de
discorde » hérité du diable
(D’après « Revue du traditionnisme », paru en 1913)
Publié / Mis à jour le lundi 21 mars 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Perdant le Mont-Saint-Michel qu’il passe pour avoir érigé de ses propres mains, le diable ne s’avoue pas vaincu : commence avec le saint une lutte pour savoir qui sera le plus... malin !

Une légende affirme que le Mont-Saint-Michel a été construit par Satan qui s’en allait à plus de dix lieues à la ronde chercher des pierres qu’il attachait avec une sangle pour les charger sur son dos. C’est tellement vrai, qu’on rencontre encore sur la lande de la Perottière, en Dingé, une pierre qu’il a laissée, parce qu’elle était trop lourde, et qui porte l’empreinte de la sangle, ainsi que de la maigre échine du mauvais esprit.

L’archange Michel, de son côté, construisit pendant un hiver, un château de glace qui était, paraît-il, une merveille. Le diable en fut jaloux et lui proposa de l’échanger contre son œuvre. Saint Michel accepta et lui fit signer de son sang un marché bien en règle. Quand le diable eut apposé sa griffe, l’archange dit au soleil de rayer (luire), ce qui fit fondre le superbe château. Le diable fut bien penaud, mais il ne voulut pas le laisser voir, espérant bientôt prendre sa revanche.

Le Mont-Saint-Michel

Le Mont-Saint-Michel

Le démon proposa un jour à saint Michel de faire du seigle de moitié. « Tu fourniras la semence, dit il, et moi j’aurai la peine d’écobuer. » L’Archange accepta. Quand le grain fut mûr, saint Michel dit au diable :

— Que veux-tu pour ta part, le bas ou le haut ?

— Je veux le bas.

Saint Michel coupa les épis et lui laissa l’écot de sorte que l’ange mangea du pain et l’autre de la paille.

Satan ne se tint pas pour battu : il proposa de faire des pommes de terre en commun. Saint Michel y consentit. Lorsque les pommes de terre furent mûres, l’Archange dit au diable :

— Que veux-tu, le haut ou le bas ?

— Tu m’as roulé l’an dernier, mais cette fois je te tiens. Je prends le haut.

Saint Michel fit sa récolte de pommes de terre et, pour sa part, le diable n’eut que les tiges et les feuilles.

Au temps jadis, les bonnes gens de Hédé coupaient leur foin avec des ciseaux de tailleur, aussi n’avançaient-ils guère en besogne. Le diable seul, qui venait par là chercher de grosses pierres pour la construction du Mont-Saint-Michel, possédait un instrument qui coupait le foin d’une prairie en un rien de temps. Mais il ne s’en servait que la nuit et refusait de le prêter.

Son outil tenait du prodige ! Il abattait le foin en andains, c’est-à-dire en ligne, ce qui permettait aussitôt qu’il était sec d’en faire des mulons. Satan promit, un jour, à un mauvais sujet de ses amis, de lui couper son foin la nuit suivante. Saint Michel en fut informé et alla piquer des dents de herse, en fer, dans le pré du particulier. Puis il se cacha dans le creux d’un vieux chêne en attendant la nuit.

Le corps tout entier disparaissait dans l’arbre et la tête seule émergeait au milieu du feuillage. Vers minuit il entendit siffler derrière une haie et vit le diable se diriger vers la prairie. Arrivé à l’échalier, Satan s’arrêta, se mit à frapper avec un marteau sur le tranchant de son outil qu’il emmancha ensuite au bout d’un grand bâton. Puis il l’aiguisa tout debout, et, enfin d’un geste régulier des bras, le fit manœuvrer au milieu du foin qui l’entourait.

Lorsque l’instrument rencontra la première dent de herse, il s’ébrécha. Satan se mit à jurer comme un beau diable et continua son travail. A la seconde dent l’outil se brisa et le diable dit : « Bon, vl’a ma faux cassée ; il va falloir la porter à la forge. » Et il s’en alla toujours en jurant, vers le bourg de Dingé.

Le lendemain, Saint Michel se rendit chez le maréchal-ferrant et lui demanda si on lui avait apporté un outil à réparer.

— Oui, répondit le maréchal, et un outil comme je n’en ai jamais vu.

— Eh bien ! tu m’en fabriqueras un semblable, et je t’expliquerai ce qu’on peut en faire.

— Bien volontiers.

Saint Michel luttant contre le dragon

Saint Michel luttant contre le dragon au-dessus du Mont-Saint-Michel

Saint Michel ne fit pas comme le diable, il prêta sa faux et apprit à tout le monde à s’en servir. Voilà comment l’usage de cet instrument est devenu familier. En voyant des faux dans toutes les mains, Satan comprit que son secret avait été découvert, et il supposa tout de suite que Saint Michel l’avait épié. Furieux, exaspéré, il alla lui proposer un duel au bâton.

— J’accepte, répondit l’Archange, mais à une condition, c’est que ce sera dans un four.

— Où tu voudras.

Et tous les deux s’en allèrent vers le prochain village. Chemin faisant, saint Michel trouva une petite mailloche en bois qui sert aux femmes à écraser le chanvre et le lin avant de le broyer. Il la mit sous son bras et continua sa route.

Arrivé près d’un four, le diable prit par un bout le frigon ou perche à enfourner le foin, et se glissa dans le four. Saint Michel l’y suivit, et pendant que son compagnon tirait sur sa perche, beaucoup trop longue pour pouvoir entrer dans le four, il lui maillochait la tête à tour de bras.

— Grâce, grâce ! s’écria Satan ou tu vas me tuer.

— Je veux bien te faire grâce, mais à la condition que tu vas quitter le pays et que tu n’y reviendras plus.

Le marché fut conclu, et depuis cette époque, on n’a jamais revu le diable dans le canton de Hédé.

 
 
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