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Coutumes et traditions. Mariage dans le Mantois. Région parisienne. Autour de Paris. Banlieue de la capitale

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Mariage (Le) dans le Mantois
au XIXe siècle
(D’après « La Tradition », paru en 1887)
Publié / Mis à jour le mardi 9 avril 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Le Mantois est presque encore la banlieue de Paris et, cependant, les vieilles coutumes y ont longtemps résisté aux influences des moeurs parisiennes. A la fin du XIXe siècle encore, les jeunes gens plantaient des mais à la porte de leurs fiancées, et il n’était pas rare de voir les noces conduites par un violoneux tout enrubanné

A la mairie, institution moderne, rien qui rappelle les vieux usages ; les mariés et leurs invités y vont seuls. Les commères attendent sous le porche de l’église. Dès le commencement de la messe, elles envahissent les bas-côtés, épient curieusement les époux et tirent une foule de pronostics de leurs moindres faits. Au moment où le mari passe au doigt de sa femme l’alliance bénite, elles sont là, le cou tendu, et elles rient malicieusement : la mariée a plié son doigt, l’anneau a passé l’ongle à peine, elle sera la maîtresse.

La sortie de l’église se fait au milieu du plus grand désordre : parmi les curieuses, c’est à qui verra de plus près la mariée ; les gamins se bousculent autour de la table sur laquelle est servi le vin d’honneur, et à l’instant où la mariée parait sur le seuil de l’église, maints pétards sont tirés : ces démonstrations bruyantes ne déplaisent pas à nos fortes villageoises, et si le bruit de la poudre les émeut un peu d’abord, elles en rient crânement lorsque la fumée se dissipe. On boit alors à la prospérité du ménage, et c’est un beau spectacle de voir invités et curieux faire trêve à leurs remarques malignes — ce mot, dans le Mantois, est le synonyme de méchantes, mordantes — pour porter les toasts les plus chaleureux. Dans certains villages, la mariée brise son verre après avoir bu : autant de morceaux, autant d’années de bonheur. On peut juger de quel coeur le verre doit être lancé sur le pavé.

Pendant ce temps, quelques jeunes gens se sont rendus à la maison de la mariée et ont déposé un balai en travers de la porte. Si la jeune épouse passe le seuil sans relever le balai, elle est en butte aux quolibets de tous les invités : ce sera une mauvaise ménagère. Le balai est toujours relevé et cependant les bonnes ménagères sont assez rares. Le repas de noces se fait dans la grange décorée de feuillage et de fleurs ; les mariés, placés côte à côte, boivent dans le même verre, touchant symbole de la profonde communion qui doit régner entre eux.

Au dessert on apporte les objets donnés comme cadeaux de noces aux jeunes époux ; le plus grand cérémonial est réservé aux cadeaux burlesques. On présente à la mariée une marmite, une mouvette, un biberon, jusqu’à un vase de nuit muni de son petit balai. Et la joie la plus bruyante éclate devant la confusion de la pauvrette, qui doit entendre les plus grosses plaisanteries.

Les coutumes varient étrangement d’un village à l’autre. Il est, à quelques kilomètres au nord de Mantes, un petit village, Saint-Martin-la-Garenne, où les coutumes relatives au mariage avaient, au XIXe siècle également, un caractère tout à fait local et présentaient un cachet d’originalité très remarquable.

Les habitants de Saint-Martin, pays vignoble, passaient pour de fameux buveurs. L’homme partait le matin pour la vigne et ne dépassait pas le premier cabaret où il passait joyeusement la journée tandis que la femme, en jupon court et en grandes guêtres, s’éreintait dans la côte. Le matin du mariage, les jeunes gens mettaient en perce les trois ou quatre feuillettes qui devaient servir à désaltérer les noceux ; puis, munis chacun d’une bouteille et d’un verre, ils se répandaient dans le village, versant à boire à tous ceux qu’ils rencontraient : piètre noce que celle où l’on n’avait pas goûté de vin.

A la sortie de l’église, deux hommes s’avançaient vers la mariée, et, croisant leurs mains, ils la portaient en chaise du roi jusqu’à une petite chapelle bâtie au croisement des deux routes. — Quel rapport y avait-il entre cette chapelle élevée en souvenir d’une malheureuse victime d’un meurtre, et la singulière cérémonie qu’on y allait faire ? — Arrivée à là chapelle, la mariée, toujours assise sur les bras des deux hommes, jurait « de ne jamais aller chercher son mari au cabaret. »

Revenue chez ses parents, la mariée trouvait dans la cour une table dressée sur laquelle, pour tout service, se trouvaient un saladier, une soupière pleine de bouillon et une cuiller percée. La mariée goûtait au bouillon, puis la cuiller passait de main en main. Chaque invité goûtait ainsi le bouillon à tour de rôle et déposait une pièce de monnaie dans le saladier. Cette manière de donner le cadeau de noces produisait souvent une somme assez rondelette. La cuiller percée était certainement un symbole. Peut-être voulait on montrer à la jeune épouse avec quelle rapidité l’argent coule dans un ménage sans ordre ?

Dans tout le Mantois, les réjouissances du mariage donnaient lieu à une foule de farces retombant presque toutes sur les nouveaux époux. Ce n’est en effet qu’au prix de mille ennuis — quelquefois même cela va jusqu’au porte-monnaie — que les mariés peuvent se retirer dans leur chambre. La mariée quitte d’abord le bal ; sa mère protège la retraite, mais il faut souvent capituler à la porte de la chambre, ses compagnes veulent l’entraîner et quand le marié est venu la rejoindre, souvent après avoir payé son passage aux jeunes gens, tout n’est pas fini. Le lit plein de crin coupé ou de gros sel, est à refaire, quelque farceur est caché dans la ruelle ou dans l’armoire, et dans ce moment où ils auraient besoin de calme, leurs craintes sont éveillées à chaque instant par la malice de leurs invités.

Mais le violoneux accorde son instrument, les jarrets fatigués retrouvent leur vigueur et pendant qu’on danse dans la grange, les mariés... disent leur prière.

 
 
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