Départements français Histoire des départements français. Les événements, histoire de chaque département : origine, évolution, industries, personnages historiques Histoire du département du Vaucluse (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur) Publié / Mis à jour le dimanche 31 janvier 2010, par LA RÉDACTION Temps de lecture estimé : 5 mn Histoire du département du Vaucluse (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur) Le territoire qui forme aujourd’hui le département de Vaucluse était occupé, avant la conquête romaine, par trois peuplades celtiques, les Cavares, les Voconces et les Méminiens. Les Cavares, répandus sur les bords du Rhône et de la Durance, occupaient les pays d’orange (Arausio), d’Avignon (Aouenion) et de Cavaillon. Les Voconces avaient pour capitale Vaison, au nord-est, et les Méminiens étaient fixés aux alentours de Carpentras, sur le versant méridional du mont Ventoux. Les Phéniciens pénétrèrent chez ces peuples et lièrent avec eux des relations de commerce. Plus tard, les Phocéens s’étant établis à Marseille, les Cavares devinrent les alliés de cette florissante république, dont le contact adoucit leurs moeurs et les enrichit. Cette alliance avec Marseille les entraîna dans l’alliance de Rome. Ils tentèrent, mais en vain, d’arrêter Annibal au passage du Rhône, et ils s’armèrent encore, mais inutilement, quand ils virent les vainqueurs de Carthage s’introduire au coeur de la Gaule et, dans leur pays même, porter les premiers coups à l’indépendance de la grande nation des Celtes ; car c’est tout près d’Avignon, au confluent de la Sorgues et du Rhône, que le consul Cn. Domitius Ahenobarbus, l’an 121 avant J.-C., défit complètement les Arvernes et dressa des tours chargées de trophées, contrairement, dit Florus, à l’usage des Romains, qui n’avaient point l’habitude de reprocher aux vaincus leur défaite. La protection de Rome se changea bientôt en domination. Les Cavares, les Voconces, les Méminiens furent enveloppés dans la Narbonnaise. Après la division de la Gaule en dix-sept provinces, ils furent compris dans la Viennoise. Avec les moeurs celtiques, déjà fort modifiées, disparurent les monuments mégalithiques, et l’on aurait grande peine, avec le petit nombre de médailles gauloises trouvées jusqu’ici dans la contrée, à reconstruire l’histoire de la période celtique. Rome recouvrit tout de sa civilisation et de ses monuments, et le département de Vaucluse nous en offre encore aujourd’hui de magnifiques restes. La population elle-même fut à peu près renouvelée, et par les colonies militaires que César y établit, et par le grand nombre de Romains que l’administration, le commerce les intérêts de toute sorte y attirèrent pendant la longue durée de l’empire. Dans le partage que les barbares du Ve siècle se firent de la Gaule, les bords du Rhône et de la Durance, ravagés par les Alains, les Suèves, les Vandales et les Goths, échurent aux Burgondes et furent compris dans leur royaume. Mais les Francs les leur disputèrent plus d’une fois ; Clovis y parut. Les rois d’Austrasie tinrent longtemps Avignon en leur puissance. Les Lombards se montrèrent ensuite, et furent repoussés par le patrice Mummol ; vinrent ensuite les Sarrasins, à qui Mauronte, maître de Marseille, ouvrit le pays. Charles Martel les chassa (737). Après le démembrement de l’empire carlovingien et du royaume d’Arles, fondé par Boson, l’Avignonnais et le Venaissin échurent aux comtes de Provence. C’est à tort que l’on a quelquefois regardé comme une même chose le comtat d’Avignon et le comtat Venaissin. Le Venaissin, qui ne fut érigé en comté qu’au XIVe siècle par Clément V, était un pays distinct de l’Avignonnais. Il paraît tirer son nom de Vénasque, jadis ville importante, évêché et capitale du pays avant que Carpentras lui eût ravi ce titre. Après les comtes de Provence, ce furent les comtes de Toulouse qui devinrent maîtres de ces deux pays, et ils le demeurèrent pendant plus de deux siècles. Par le traité de Meaux (1229), Raymond VII abandonna au pape tout ce qu’il possédait sur la rive gauche du Rhône. Cette cession, confirmée en 1274 par Philippe le Hardi, mit les papes en possession du comtat Venaissin. Le comtat d’Avignon ne leur appartint qu’en 1348, après que Jeanne, reine de Naples, l’eût vendu à Clément VI. Bien qu’ils eussent cessé de résider dans le pays en 1376, ils le gardèrent néanmoins jusqu’à la Révolution française, en se faisant représenter à Avignon par un vice-légat, et dans le comtat Venaissin par un ecclésiastique d’un rang moins élevé qu’on appelait recteur. Seulement, dans cet intervalle, les deux comtats furent trois fois saisis par les rois de France : la première fois par Louis XIV, de juillet,1663 à juillet 1664, à l’occasion de l’insulte faite par la garde corse du pape à l’ambassadeur de France, le duc de Créqui ; la seconde fois encore par Louis XIV, lors de ses démêlés avec Innocent XI, d’octobre 1689 à octobre 1689, en vertu d’un arrêt rendu en 1683 par le Parlement, et portant réunion de ces pays au royaume ; la troisième fois enfin, de 1768 à 1774, par Louis XV, qui voulait punir l’affront fait par Clément XIII au duc de Parme. Toujours restituées par les rois aux pontifes, ces enclaves, qui rompaient l’unité du royaume dans le Midi, ne furent définitivement ramenées dans le sein de la France que par la Révolution ; mais ce ne fut pas sans quelques difficultés. Les obstacles ne vinrent pas, comme on pourrait le croire, d’une opposition d’idées. Il semble que les Avignonnais et les Venaissinois, si longtemps soumis à la tiare, eussent dû haïr les doctrines révolutionnaires ; ce fut le contraire, ils leur ouvrirent les bras. Dès 1790, Avignon substituait les armes de France à celles de Rome et chassait le vice-légat. Quant aux Venaissinois, ils tinrent une conduite plus singulière ; ils eurent la prétention de former un petit État indépendant, qui réaliserait chez lui les réformes de la Constituante, mais sans souffrir qu’on parlât de le réunir à la France. Dès 1785, l’assemblée ordinaire du Venaissin avait songé à opérer des réformes. Mais, en 1789, l’effervescence croissant et faisant éclater des insurrections en plusieurs lieux, elle supplia le pape Pie VI de permettre la convocation des états généraux de la province, qui n’avaient pas été réunis depuis 1596. Le pape éluda, nomma une commission de réformes ; mais les Venaissinois ne se laissèrent point payer de celle monnaie, et il fallut que le légat autorisât enfin les élections ; elles se firent en avril 1790 ; l’assemblée fut formée de cent sept députés, quatorze pour le clergé, neuf pour la noblesse, quatre-vingt-quatre pour le tiers. La division des ordres était maintenue. Le 30 mai, les états généraux ouvrirent leurs séances et prirent le titre d’Assemblée représentative. L’égalité de l’impôt, l’abolition des immunités ecclésiastiques et des titres de noblesse furent adoptées ; Pie VI fut déclaré prince constitutionnel des Venaissinois. Comme Avignon voulait contrarier la révolution venaissinoise et la forcer de se confondre dans la Révolution française en l’associant à la fédération, l’Assemblée représentative forma un camp de douze mille hommes à la tour de Sabran, renouvela le serment de fidélité à Pie VI et accueillit le vice-légat fugitif. Mais toujours révolutionnaire, alors même qu’elle demeurait fidèle au pape, elle vota, malgré le veto du vice-légat, l’abolition des justices seigneuriales et une nouvelle organisation judiciaire, puis divisa le pays en quatre départements : d’Aigues, de l’Auzon, de l’Ouvèze et de Vaucluse. Cette innocente parodie de la grande Révolution française ne pouvait durer bien longtemps. Les Avignonnais envahirent le Venaissin et enlevèrent Cavaillon ; la lutte devint sanglante ; Carpentras, deux fois assiégée, opposa une héroïque résistance à Jourdan Coupe-tête, qui lui lança en vain plus de deux cent boulets rouges. Mais, malgré tout, le parti français gagnait chaque jour du terrain, même dans le pays. L’Assemblée nationale de France chargea enfin trois commissaires, Verninac Saint Maur, Lescène-des-Maisons et l’abbé Mulot, d’aller mettre fin à une lutte aussi funeste que ridicule, et, le 14 septembre 1791, un décret, rendu sur la proposition du député Camus, réunit à la France Avignon et le comtat Venaissin. Nous avons laissé de côté jusqu’ici cette partie du pays des Cavares où est située Orange. Elle fut érigée par Charlemagne en comté et donnée à Guillaume au Cornet, qui s’était distingué par sa valeur dans la guerre contre les infidèles. Ce Guillaume fut le chef de la première maison d’Orange, éteinte dans les mâles en 1185. L’héritière, Tiburge, avait épousé Bertrand, de l’illustre famille des Baux, lequel fonda la seconde maison d’Orange. C’est son fils, Guillaume V, qui échangea le titre de comte contre celui de prince d’Orange par la grâce de Dieu, auquel il joignit celui de roi d’Arles, par autorisation de l’empereur Frédéric Il (1214). La troisième maison d’Orange commença, à la fin du XIVe siècle, dans la personne de Jean de Châlons, époux de l’héritière, Marie de Baux. Cette maison est illustre, mais elle se montra généralement hostile aux rois de France. Louis Ier, fils de Jean, nommé gouverneur du Languedoc par lsabeau de Bavière, repoussa des murs d’Orange le dauphin Charles ; en 1430, il envahit le Dauphiné en compagnie du duc de Savoie ; mais il fut repoussé par le gouverneur Gaucourt, et se laissa même enlever un instant sa capitale. Guillaume VIII ne fut pas plus heureux, et, après avoir accompagné Charles le Téméraire au siège de Liège, se fit faire prisonnier par Louis XI, qui l’obligea de lui prêter l’hommage féodal (1473). Son successeur prit part aux complots du duc d’Orléans pendant la minorité de Charles VIII, et fut avec lui fait prisonnier à Saint-Aubin-du-Cormier. Enfin Philibert ler, le plus considérable par ses talents, passa dans le camp de Charles-Quint pour se venger de l’affront que lui avait fait François Ier. Celui-ci confisqua sa principauté, s’empara de sa personne et le tint captif à Bourges, jusque après le traité de Madrid. Philibert fut tué en 1530 au siège de Florence, après avoir institué son héritier son neveu, René de Nassau ; sa sœur, Claude, ayant épousé Henri, comte de Nassau. Ce René commença donc, en,1530, la quatrième maison d’Orange, Nassau Orange, la plus fameuse de toutes ; c’est de celle là que sortiront Guillaume IX, fondateur de la république des Provinces-Unies, et Guillaume-Henri, l’ennemi acharné de Louis XIV, roi d’Angleterre après la révolution de 1688. Ce dernier étant mort sans postérité la principauté d’Orange devint l’héritage de Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, qui la céda à la France au traité d’Utrecht ; il fut alors stipulé que les héritiers du prince de Nassau auraient le droit d’imposer à une partie de la Gueldre le nom de principauté d’Orange et d’en retenir le titre et les armoiries. Depuis ce temps, l’héritier présomptif du royaume de Hollande porte le titre de prince d’Orange. Quant à la véritable principauté d’Orange, détachée un instant de la couronne en faveur du prince Armand de Bourbon-Conti, elle y fut de nouveau et définitivement réunie en 1731, et fit partie de la province de Dauphiné. Lors de la division de la France en départements, en 1791, le comtat d’Avignon, le comtat Venaissin et la principauté d’Orange furent réunis pour former celui de Vaucluse. 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