Exposition D'Artagnan et les mousquetaires du roi. Aux sources du mythe

D’Artagnan et les mousquetaires, dont la silhouette est reconnaissable entre toutes, occupent une place à part dans la culture populaire. Ils ont acquis le statut de mythe planétaire grâce au génie littéraire d’Alexandre Dumas et aux innombrables adaptations, notamment cinématographiques, des Trois Mousquetaires et de ses deux suites, Vingt ans après et Le vicomte de Bragelonne. Si leurs aventures doivent beaucoup à l’imagination et à la plume d’Alexandre Dumas et de son collaborateur Auguste Maquet, les personnages de d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis sont inspirés de personnages historiques dont les archives gardent la trace.

C’est à l’histoire du véritable d’Artagnan et à celle des mousquetaires du roi, de leur création en 1622 à leur première suppression en 1775 puis à leur disparition définitive en 1815, qu’est consacrée cette exposition.

Affiche de l’exposition D’Artagnan et les mousquetaires du roi. Aux sources du mythe

Charles de Batz de Castelmore, comte d’Artagnan (vers 1610/1615-1673), est l’un de ces cadets de Gascogne qui fondent leurs espoirs sur leur bravoure au combat et sur les appuis à la cour pour s’élever dans la carrière des armes. Si ses premiers états de service sont très mal connus (seul le rôle d’une revue de 1633 atteste de sa présence aux mousquetaires), on sait que la protection du cardinal Mazarin lui permet de gagner la confiance du jeune Louis XIV jusqu’à se voir confier le commandement des mousquetaires de la garde du roi.

Cette compagnie a été créée en 1622 par Louis XIII, en armant de mousquets une troupe à cheval armée de carabines instituée dans les années 1590. Elle prend place au sein de la garde du souverain, à côté d’unités plus anciennes comme les gardes du corps, les Cent-Suisses, les gendarmes et chevau-légers de la garde, les gardes françaises et gardes suisses. Il faut distinguer à cet égard les « mousquetaires à cheval de la garde du roi » des simples mousquetaires, soldats armés du mousquet, c’est-à-dire de l’arme à feu individuelle la plus répandue au XVII^e siècle, qui constituent une part importante de l’infanterie du temps.

Mousquetaires de la première compagnie. Lithographie extraite de Infanterie
et gardes françaises (Tome 3) par Jacques-Antoine Delaistre, paru en 1721

Supprimée en 1646 au cours de la minorité de Louis XIV, la compagnie des mousquetaires est reformée en 1657 avant d’être restructurée et étoffée dans le cadre de la réorganisation par Louis XIV de sa Maison militaire, dont il veut faire le fer de lance de sa puissance militaire. Les deux compagnies de mousquetaires du roi constituent dès lors des troupes d’élites qui jouent un rôle de premier plan dans les guerres de conquête du Roi-Soleil.

Au faîte de sa carrière, en 1667, d’Artagnan est nommé capitaine-lieutenant de la première compagnie, dont Louis XIV est capitaine en titre. Sont présentés des documents exceptionnels comme le contrat de mariage de d’Artagnan, ou encore les lettres autographes qu’il écrit depuis Lille dont il est nommé gouverneur en 1672.

Les mousquetaires font partie des troupes de la Maison du roi qui accompagnent Louis XIV durant ses campagnes militaires mais deviennent également des troupes d’élite. Véritables professionnels de la violence répondant avec le plus parfait mépris du danger à la confiance du roi, les mousquetaires acquièrent une réputation d’invincibilité dans le cadre de la guerre de siège. Bien que celle-ci connaisse sous l’influence de Vauban des perfectionnements qui en diminuent le coût humain et assurent une progression méthodique et sûre, la prise d’une place n’en nécessite pas moins des assauts qui sont le théâtre d’une grande violence. Les mousquetaires se spécialisent dans ces phases critiques où peut s’exprimer la bravoure individuelle.

Mousquetaires de la deuxième compagnie. Lithographie extraite de Infanterie
et gardes françaises (Tome 3) par Jacques-Antoine Delaistre, paru en 1721

En déployant une riche iconographie et en présentant aussi bien des documents d’archives que des armes et uniformes, elle remet en contexte l’évolution du corps des mousquetaires du roi et de ses missions, de la garde du souverain à la répression des révoltes ou à la garde des prisonniers politiques, dont Nicolas Fouquet est le plus connu. L’exposition éclaire notamment le rôle des mousquetaires au combat, particulièrement lors des sièges. Elle explique enfin la genèse de l’œuvre d’Alexandre Dumas qui s’est inspiré des Mémoires de Monsieur d’Artagnan, ouvrage apocryphe publié en 1700 par le romancier Gatien de Courtilz de Sandras.

Grâce à une scénographie mettant en valeur la diversité des pièces présentées, dont certaines prêtées par le musée de l’Armée, les Archives nationales ou la Bibliothèque de Versailles, elle invite ainsi à redécouvrir la vie de ces hommes dont l’histoire n’a rien à envier aux péripéties traversées par leurs doubles de fiction.

Renseignements pratiques
Exposition D’Artagnan et les mousquetaires du roi. Aux sources du mythe
Château de Vincennes — Service historique de la Défense — Avenue de Paris — 94300 Vincennes
Jusqu’au 13 janvier 2024
Site Internet : https://www.defense.gouv.fr/sga/actualites/culture-decouvrez-lexposition-dartagnan-mousquetaires-du-roi-aux-sources-du-mythe
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