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5 octobre 816 : sacre de Louis le Pieux, premier roi sacré à Reims

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5 octobre 816 : sacre de Louis le Pieux,
premier roi sacré à Reims
(D’après « Louis le Pieux et son siècle »
(par Jean-Marie-Félicité Frantin), Tome 1 paru en 1839)
Publié / Mis à jour le vendredi 4 octobre 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Charlemagne, couronné empereur dans Rome, mais sans l’onction, avait semblé craindre pourtant que l’Église romaine n’acquît un privilège sur l’inauguration du nouveau César. Plus tard, il n’avait consulté que ses vassaux pour transmettre à son fils le titre d’empereur qui lui avait été déféré à lui-même par le pape Léon III au nom du peuple romain.

En ordonnant à ce fils de prendre de ses propres mains la couronne impériale sur l’autel d’Aix-la-Chapelle, il avait en quelque sorte affranchi ce diadème que Charlemagne reçut jadis du pontife romain dans la basilique du Vatican. Par là il annonçait à Louis qu’il devait se revêtir d’un pouvoir indépendant. C’est ainsi qu’il avait corrigé en quelque sorte le vice de sa propre élection, et prévenu la périlleuse erreur que les prétentions pontificales ou la superstition populaire pouvaient faire naître sur l’origine de la puissance temporelle et sur les droits primitifs de la souveraineté.

Grande leçon que ce prince si habile et tout à la fois si religieux avait donnée à son fils en mourant. C’était le dernier effort de sa prévoyance et de son génie sublime, comme si sa vue perçante eût reconnu d’avance le danger qui menaçait son trône du fond de ce sanctuaire où résidait un pouvoir sacré qu’il avait élevé. Cette salutaire leçon, Louis l’oublia tellement qu’il voulut bientôt remettre en question les droits de son élection libre, tenir une seconde fois de l’Église ce qu’il avait acquis du suffrage unanime de ses vassaux et du choix de son père.

Charlemagne et son fils Louis le Pieux

Charlemagne et son fils Louis le Pieux

L’Église ne refusa point le don que le prince voulait lui faire ; elle s’en créa bientôt une prérogative. Ainsi l’exercice de ce double droit usurpé des deux parts impliqua une évidente contradiction. Les princes voulaient confirmer l’élection des évêques et du pape ; les pontifes prétendirent exercer cette même prérogative sur les couronnes.

L’empereur Louis, instruit du départ prochain d’Étienne IV (pape depuis le 12 juin 816), ordonna à son neveu Bernard de lui servir d’escorte. A mesure que le pape avançait, d’autres délégués venaient lui faire honneur et préparer ses logements. D’Aix-la-Chapelle, Louis se rendit à Reims pour y attendre son arrivée. A l’approche du pontife, Hildebalde, archichapelain du palais, Théodulfe, évêque d’Orléans, et Jean, archevêque d’Arles, allèrent à sa rencontre avec une suite de clergé, tous revêtus des ornements sacerdotaux.

L’Empereur s’avança enfin à un mille du monastère de Saint-Remi. Le prince et le pape, en s’apercevant, descendirent de cheval. Louis se prosterna trois fois jusqu’à terre devant Étienne, nouveaux honneurs que Charlemagne n’avait point rendus à Adrien Ier ; et se relevant à la troisième génuflexion, il salua le pontife par ces mots : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Le pape répondit : « Béni soit le Seigneur notre Dieu qui nous a donné de voir de nos yeux un second David. »

Ils s’embrassèrent et se dirigèrent vers l’église du monastère. Étienne y entra, soutenu sur la main de l’Empereur, tandis que le clergé entonnait solennellement le cantique de saint Ambroise. Le prince et le pontife restèrent longtemps prosternés en prières devant l’autel. Puis Étienne se leva, et haussant la voix avec son clergé, il adressa à Louis les acclamations usitées envers l’Empereur. Ils entrèrent dans l’intérieur du monastère où le pape exposa au prince les motifs de son voyage. Il bénit le pain et le vin en sa présence, et les lui offrit. L’Empereur rentra ensuite dans la cité, et le pape resta dans le monastère qui lui était assigné pour quartier.

Le lendemain, l’Empereur convia le pontife et lui servit un splendide banquet. Le troisième jour de son arrivée, le pape reçut lui-même le monarque à son logis et à sa table ; il lui offrit de riches présents, ainsi qu’à la reine Hermengarde, aux seigneurs francs et aux officiers du palais. Enfin, le jour suivant, qui était un dimanche, Étienne célébra une messe solennelle. Au milieu de cette cérémonie, il sacra empereur le roi Louis, en présence du clergé et de tout le peuple, et lui mit sur la tête un diadème orné de pierreries qu’il avait apporté avec lui. Il couronna également l’impératrice Hermengarde, et la salua du nom d’Augusta.

L’Empereur à son tour offrit des présents plus magnifiques au pape. Ils se donnèrent de vifs et réciproques témoignages d’amitié, et traitèrent, disent nos annales (Eginhard), les différents points qui concernaient l’avantage de l’Église. Après quoi, le pape, ayant obtenu du prince toutes ses demandes, pensa à son retour. Il rappela les exilés qui avaient fui en France pour des délits commis envers l’Église romaine ou contre son prédécesseur Léon III. Il les ramena dans Rome, donnant ainsi à la France et à l’Italie une preuve manifeste de sa générosité et de sa clémence. L’Empereur fit reconduire Étienne jusqu’à Rome par ses officiers ; lui-même prit la route du palais de Compiègne où il reçut une double ambassade des Slaves Abotrites et du califat d’Espagne qui envoyait solliciter la paix. Il y séjourna environ vingt jours et retourna à sa résidence d’Aix-la-Chapelle.

Ainsi se passèrent les conférences de Reims. Tel fut l’acte remarquable par lequel Louis le Pieux abdiqua en quelque sorte dans le monastère de Saint-Remi le don que son père lui avait fait sur l’autel d’Aix-la-Chapelle. II sembla même, qu’à l’exemple de son aïeul Pépin, Louis n’avait appelé en France le pontife romain que pour qu’il lui donnât l’onction à la face de son peuple ; car les historiens ne nous rendent point compte de ce qui se traita en ce voyage pour l’utilité de l’Église et du Saint-Siège.

 
 
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