Exposition Explorer l'infiniment...

Depuis l’Antiquité, les humains ont exploré leur environnement, pour comprendre ce qui les entoure. Cependant, la démarche exploratoire n’est pas qu’une quête curieuse. C’est également une conquête qui répond à une préoccupation le plus souvent économique ou scientifique pour asseoir son pouvoir ou améliorer les conditions de vie — voire de survie — de l’humanité.

Les hommes ont d’abord exploré à l’œil nu puis ils se sont progressivement dotés d’instruments toujours plus performants pour tenter de saisir ces mondes inconnus. Non contents d’observer, ils ont aussi cherché à atteindre ces univers, inventant des moyens toujours plus rapides pour s’y rendre et des machines de plus en plus sophistiquées pour atteindre les endroits inaccessibles.

Modèle de cloche à plongeur, avant 1814. Musée des Arts et Métiers.
© Crédit photo : Musée des Arts et Métiers-Cnam / Franck Botté

De leurs explorations, ils ont construit des représentations, cartographié les nouveaux mondes découverts et chercher à les interpréter. D’abord avec des dessins, des cartes, des globes, des modèles, aujourd’hui avec la modélisation numérique ou l’intelligence artificielle. Puis, ils ont cherché à interagir avec ces nouveaux territoires, à les domestiquer, à les circonvenir, pour en faire demain qui une planète de rechange, qui le pourvoyeur de ressources pour l’humanité, qui le réceptacle d’utopies les plus improbables.

L’ensemble se déploie au sein de la salle d’exposition temporaire du musée des Arts et Métiers, d’une surface de 500 m². Après une introduction qui pose les enjeux de l’exploration, les visiteurs parcourent cinq sections thématiques.

Infiniment loin
En s’appuyant sur l’histoire et la postérité de Jean-Baptiste Charcot, les visiteurs découvrent l’exploration de la dernière terra incognita : les régions polaires. Le parcours présente les difficultés des expéditions face au froid, aux distances, à la solitude et à l’inconnu, et décortique le fonctionnement des expéditions vu de l’intérieur.

De leur financement à leur retentissement médiatique en passant par la vie quotidienne, on y découvre un monde où se croisent disciplines, savoir-faire et enjeux scientifiques, économiques ou politiques. La section se termine sur la question de l’héritage de l’exploration, tant son versant mémoriel que scientifique, et interroge ainsi notre perception des explorateurs et défricheurs de connaissances, au-delà des mythes individuels.

Infiniment profond
À travers un dispositif original, les visiteurs sont immergés dans les grands fonds sous-marins confrontés aux conditions extrêmes. Tout en montrant comment la soif de découvrir peut constituer le socle d’innovations technologiques, cette section présente les divers secteurs d’activités dans lesquels les connaissances sous-marines ont ou auront des applications (recherche médicale, exploitation minière, réponses à la crise écologique, etc.). La première partie est consacrée à l’histoire de l’exploration des fonds marins, la deuxième met en lumière les découvertes que nous y avons fait, enfin la troisième aborde la double question de l’exploration-exploitation, avec la question éthique des ressources.

Vue de la lune, photographie obtenue à New York le 6 mars 1865.
© Crédit photo : Musée des Arts et Métiers-Cnam / Franck Botté

Infiniment ancien
Comment arrivons-nous à comprendre notre passé et celui de notre planète ? L’exploration du passé s’est longtemps arrêtée à l’horizon fixé par les textes religieux. À partir du XVIII^e siècle, des savants envisagent une chronologie du monde plus étendue, en s’appuyant sur des sciences nouvellement structurées comme la géologie. Ce changement de paradigme se poursuit au siècle suivant, explorant les prémices des civilisations antiques et au-delà, les origines de l’espèce humaine et l’histoire de la Terre, pour tenter de répondre à une question essentielle : d’où venons-nous ? Cette section met l’accent sur les techniques au service de cette remontée du temps grâce notamment à la stratigraphie et explore les différentes façons de dater la matière.

Infiniment petit
Depuis la fin du XIX^e siècle, les physiciens n’ont cessé de postuler, à partir de théories, l’existence de nouvelles particules qu’ils ont détectées parfois bien plus tard, comme le boson de Higgs. Grâce à des machines gigantesques comme celles du Cern, on peut ainsi explorer les tréfonds de la matière avec l’aide d’une particule très peu interactive, le neutrino. Mettant à mal le modèle standard de la physique, cette mystérieuse particule pourrait nous permettre de comprendre l’origine de l’absence d’antimatière.

Cette partie raconte la découverte du neutrino et des autres particules qui permettent d’expliquer les lois de la physique, et se termine par un questionnement sur le fonctionnement de notre Univers. Alors qu’on ignore à quoi ressemble un neutrino ni quelles pourraient être ses applications, des chercheurs de tous pays concentrent des moyens exceptionnels pour comprendre ce qui nous est encore inconnu.

Infiniment grand
Où en est-on de la connaissance de « l’infini spatial » et quelles sont les prochaines étapes ? Cette section passe en revue les jalons de l’exploration spatiale. De son observation à la lunette par Galilée aux missions du XX^e siècle, la Lune reste le seul objet extra-terrestre où l’humanité est allée.

La comparaison avec Mars, frontière actuelle de l’exploration physique, permet de saisir l’écart entre les deux corps célestes et les défis que cela représente. Enfin, les sondes et les exoplanètes, horizon de l’exploration spatiale, terminent le tableau. En parallèle, les visiteurs découvrent les interrogations sur ce que nous pourrions trouver ailleurs, ainsi que les fantasmes que nous nourrissons au sujet de l’exploration.

Globe terrestre, 1622. Willem Blaeu (1571-1638).
© Crédit photo : Musée des Arts et Métiers-Cnam / Franck Botté

Conçue par l’agence NC, la scénographie de l’exposition Explorer l’infiniment... exploite le découpage thématique en proposant une succession d’ambiances distinctes, avec des jeux de couleurs variés. On passe ainsi du bleu glacier de la section Loin, qui nous embarque pour une exploration des pôles, à une ambiance sombre et bleutée, propice à la découverte des abysses. Présente mais avec une élégance subtile, la scénographie fait la part belle aux collections. Dans la section Profond, les vitrines hublots transforment une cimaise en sous-marin par les ouvertures duquel les spécimens des grands fonds se dévoilent. Dans la section Loin, un podium rassemble la toile monumentale d’Étienne Blandin avec le kayak et les skis de Jean-Baptiste Charcot, créant ainsi un diorama polaire saisissant.

L’introduction se veut une plongée incisive dans le sujet. Elle est scandée par des questions courtes : Pourquoi explorer ? Comment explorer ? Qui explore ? Jusqu’où ? Des objets, volontairement interrogateurs voire un peu provocants, comme un filet à papillon ou une amphore jouxtant un baril de pétrole, apportent des éléments de réponse tout en invitant les visiteurs à se questionner sur ce qu’il sait ou croit savoir de l’exploration.

Le graphisme, réalisé par l’agence C-ALBUM, vient relier les différentes sections grâce à un parti-pris esthétique contemporain et subtil. Des jeux de trame font écho à chaque thématique et viennent se lier avec le mot-clé de chaque section, créant une récurrence renouvelée. Le graphisme se déploie sur toute la hauteur de la salle avec des bannières qui viennent autant scander l’espace qu’annoncer les ruptures d’ambiance. Les différents décors se succèdent à travers une mise en lumière réalisée par l’agence Gélatic.

Renseignements pratiques
Exposition Explorer l’infiniment...
Musée des Arts et Métiers — 60 rue Réaumur — Paris 3e
Jusqu’au 12 mai 2024
Tél. : 01 53 01 82 63
Site Internet : https://www.arts-et-metiers.net
Page Facebook : https://www.facebook.com/musee.des.arts.et.metiers