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Lieux d'histoire : Royat (Puy-de-Dôme), ville d'eaux, Chamalières : églises, bains, sources thermales, légendes

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Lieux d’Histoire
Origine, histoire de nos villes, villages, bourgs, régions, châteaux, chapelles, moulins, abbayes, églises. Richesses historiques de France
Royat et Chamalières (Puy-de-Dôme) :
églises, sources thermales, légendes
(D’après « Revue de l’art chrétien » paru en 1863)
Publié / Mis à jour le lundi 22 avril 2013, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 

L’histoire de Royat est paisible et calme comme ses belles solitudes, et certainement les créneaux de son église ne furent qu’un ornement de luxe, comme l’épée sous Louis XV ; car le bruit des révolutions était étouffé par le murmure de ses cascades et du vent à travers ses arbres séculaires. Aussi la prière vint-elle y chercher le recueillement et la paix, et une nouvelle retraite y fut fondée pour les femmes Arvernes, au VIIe siècle.

Royat. Cascade de la Tiretaine

Royat. Cascade de la Tiretaine

Cette fondation est attribuée, par quelques historiens, à l’évêque Prejectus, et par d’autres, à Bonitus (saint Bonnet), son successeur. La légende rapporte qu’une femme nommée Blanda vint du fond de la Grande-Bretagne, sur la réputation de sainteté de l’évêque d’Auvergne, afin qu’il pût, par ses prières, lui faire recouvrer la vue : ce qu’il obtint en effet ; et, après sa guérison, il la plaça à la tête du monastère de Royat. On le nommait alors, d’après les anciens titres, Rubiacum, et le ruisseau qui passe à ses pieds, Scateon (petit ruisseau sous terre) ; maintenant c’est Tiretaine, bien loin des réminiscences grecques.

On ne sait par quelles vicissitudes cet asile de saintes vierges devint une dépendance de la puissante abbaye de Mozat. Il est probable qu’après la violente dispersion des monastères au IXe siècle, une colonie de moines bénédictins vint défricher ces solitudes et relever les ruines de l’église ; quelques familles errantes se fixèrent autour d’elle, et le village se forma. Les comtes d’Auvergne eurent quelques droits ou prétentions sur cette commune ; mais le prieuré fut jusqu’à la Révolution dépendant de l’abbaye de Mozat, dont les abbés étaient seigneurs et prieurs de Royat.

Malgré cette suzeraineté, l’esprit communal jeta de profondes racines dans ce village ; on voit, dans d’anciens titres, ses consuls défendre leurs droits et faire diverses transactions, soit avec Clermont, soit avec le seigneur-abbé. Cependant, les plus importantes de ces transactions, celles qui concédèrent à la ville de Clermont une partie des sources d’eau vive, furent faites par les seigneurs-abbés, comme possesseurs du fonds.

C’est à Royat qu’il faut chercher la vivante tradition de ces pieux pèlerinages qu’accomplissait au Moyen Age toute une population reconnaissante. Vers 1631, l’Auvergne fut ravagée par une peste cruelle ; la jolie vallée de Royat n’en fut point exempte ; le village était décimé par le fléau, qui ne cessa ses ravages qu’a la suite d’un vœu fait à Notre-Dame-d’Orcival. Depuis cette époque, la population de Royat ne manque pas de l’accomplir, en se rendant chaque année en pèlerinage à Orcival. Rien n’est plus touchant et plus pittoresque à la fois, que le tableau du retour des pèlerins ; on voit leur longue file se dérouler autour des sentiers sinueux et étroits de la montagne ; les vêtements des femmes, les bannières flottantes se détachent en couleurs diaprées sur la verdure des arbres et des prairies ; le chant des cantiques arrive par saccades, suivant les caprices du vent ; il semble, comme disait Chateaubriand, entendre la voix des anciens jours ; enfin, la pieuse troupe arrive aux abords du village, où elle est reçue avec une vive joie par les enfants et les vieillards, qui n’auraient pu supporter la fatigue d’une marche de dix heures.

Le voyageur qui voudra satisfaire ses goûts archéologiques devra, en se rendant de Clermont à Royat, visiter quelques monuments que nous allons indiquer. L’antique muraille dite des Sarrasins est placée au milieu des jardins des Sables, et le peuple auvergnat, qui a gardé probablement un rude souvenir de l’invasion sarrasine, ne manque jamais d’attribuer aux Sarrasins, si ce n’est à César, tous les monuments portant un caractère d’antiquité qu’il ne peut comprendre. Ce lien est désigné dans d’anciens titres sous le nom de Château des Sarrasins.

Or, on sait que ces peuples n’eurent guère le temps de construire, et ne s’occupèrent au contraire qu’à renverser. Les antiquaires ont avec raison attribué ce reste de fortifications aux Romains. Son revêtement en petit appareil, lié par des bandes en briquetage, rappelle en effet leur manière de construire ; des contreforts circulaires, en forme de tourelles, rompent d’une manière pittoresque la monotonie de cette muraille. Elle se trouve adossée aux restes insignifiants de l’ancien château qui provient de la maison de Lafayette.

Au milieu des magnifiques cultures maraîchères qui alimentent non seulement Clermont, mais toute la partie montagneuse de l’Auvergne, s’élève une ancienne église ou chapelle. Sa façade, assez bien conservée, présente le caractère des édifices de transition du XIIe au XIIIe siècle, et la croix ancrée, sculptée sur le tympan de la porte, permettrait de supposer qu’elle dépendait de quelque ordre militaire ; mais en l’absence de titres certains, on petit croire avec raison que c’est l’emplacement de l’ancien Oratoire de Sainte-Croix, construit dans le faubourg de Chamalières, par Genès, comte d’Auvergne ; puis devenu la chapelle Notre-Dame de Beaurepaire, dépendance de la cathédrale, et plus connue sous le nom de Chapelle de Saint-Fiacre, patron des jardiniers de Clermont. A la suite des troubles de 1841, ce petit édifice a beaucoup perdu de son caractère pittoresque ; on a cru devoir le fortifier. C’est, du reste, le seul échantillon d’art militaire qui existe dans la division.

L'église de Royat

L’église de Royat

Quant à Chamalières, qu’on doit visiter avant d’arriver à Royat, le temps et les révolutions l’ont dépouillé de son importance féodale et religieuse, et le progrès des machines lui a presque entièrement enlevé son unique industrie, les papeteries, dont la réputation fut grande au commencement de ce siècle. Voici ce que l’histoire nous a laissé sur cette localité. Les monastères étaient, sous la domination des Barbares récemment soumis au christianisme, les seuls asiles où pouvaient se réfugier les restes de la civilisation romaine ; la position des femmes, à cette époque, devenait surtout affreuse, livrées qu’elles étaient à toutes les violences des sauvages conquérants. Elle excita vivement la sollicitude de l’évêque Prejectus (saint Priest). Il avait alors pour ami le fils du sénateur Gundolenus (Genès), comte d’Auvergne, qui, se trouvant sans postérité, fonda, de concert avec Helidia son épouse, et d’après les conseils de Prejectus, les premiers couvents de femmes qui aient existé en Auvergne, dont l’un à Chamalières (Cameleria), vers 665. Ces asiles, placés sous la direction d’une illustre patricienne, Gundiliana, se remplirent promptement de pieuses et nobles Arvernes.

Les églises et les couvents furent nombreux dans ce faubourg de la vaste cité gallo-romaine, et ils durent subir la même fortune jusqu’à la dernière invasion normande. Aussi, ce faubourg contenait cinq églises ou oratoires, dont on attribue, peut-être à tort, la fondation au même comte d’Auvergne. C’étaient Saint-Sauveur, Sainte-Acarie, Saint-Paul, à l’usage des religieuses, Sainte-Cécile pour les moines, et l’oratoire Sainte-Croix. Une seule église a résisté, mais non sans mutilation, à toutes les tempêtes qui ont renversé les autres : cette église, qui fut celle du monastère de femmes, devint plus tard une collégiale. Le chapitre était composé, dès le commencement du XIIIe siècle, de douze chanoines et d’un doyen. Elle sert aujourd’hui d’église paroissiale, sous l’invocation de sainte Thècle. Les reliques de cette célèbre disciple de saint Paul y étaient, en effet, disposées. La châsse qui les contenait fut ouverte et vérifiée en 1684, par l’archevêque de Paris, qui voulait s’en faire concéder une partie pour l’oratoire des religieuses de Sainte-Thècle. On trouva dans ce reliquaire une plaque de plomb contenant l’authentique, gravé en caractères du VIIe ou VIIIe siècle.

Chamalières a été un patrimoine des dauphins d’Auvergne. Ils avaient leur sépulture dans une abbaye de l’ordre des Prémontrés, fondée par le comte d’Auvergne Guillaume V, dit le Grand, en 1150. L’église de cette abbaye était à Saint-André ; elle a été détruite. On montrait encore, au XIXe siècle, dans le village, les restes d’une tour carrée, appelée vulgairement Tour des Sarrasins ; elle faisait partie, d’après les Mémoires de du Tillet, du château fortifié des comtes d’Auvergne, et plus tard des dauphins.

La terre de Chamalières vint au roi par la confiscation des biens du connétable de Bourbon ; il rendit le duché de Montpensier, Mercœur et Combrailles, aux parents du connétable ; mais il retint Chamalières, qui fut engagé à la reine Catherine de Médicis, en 1554, et vint, par l’échange de Sédan, à la maison de Bouillon, qui l’a possédé jusqu’à la Révolution. Les archéologues s’arrêtent avec intérêt pour étudier l’église de Chamalières, qui, à travers ses reconstructions modernes, offre quelques détails curieux. Elle n’a conservé de l’époque de sa fondation, au VIIe siècle, que deux fûts de colonne en marbre de couleur, qui servent è former la séparation de l’ancien narthex avec la nef. Les chapelles absidales et les bas-côtés de la nef, datent de la première reconstruction de l’église, du XIe au XIIe siècle. On admire à l’extérieur de jolies colonnettes byzantines et des chapiteaux du même temps, fort délicatement sculptés. Le chœur et la voûte sont des reconstructions de la fin du XVIIe siècle. Le clocher, ou plutôt le campanile actuel, est moderne.

Il est peu d’artistes qui, passant à Chamalières, n’aient voulu dessiner son ormeau bi-séculaire, ombrageant une vieille croix et une partie de la place. C’était un de ces arbres déjà rares en Auvergne, qui furent plantés par les ordres de Sully, dans toutes les communes de France, comme témoins commémoratifs de la pacification du royaume. Cet arbre n’existe plus que sur tous les albums pittoresques.

Saint-Mart est le nom véritable du territoire où se trouvent les sources thermales des bains de Royat et qui s’étend de l’autre côté du ruisseau jusqu’aux premières rampes du Puy de Chateix. Ce petit coin de terre eut comme le reste de l’Auvergne sa légende et son histoire, qu’on nous permettra de raconter avec Grégoire de Tours. Un noble Arverne, nommé Martius, doué de tous les avantages que pouvaient donner l’éducation et la civilisation romaines, fatigué bientôt de son contact continuel avec les barbares Franks qui venaient de conquérir l’Auvergne, se retira dans une solitude près de la ville, au pied des rochers, où il se construisit lui-même une humble retraite. C’était au commencement du VIe siècle. Mais bientôt d’autres Arvernes se réunirent à lui, et il fonda un des premiers établissements religieux de la province. Sa réputation fut si grande, qu’on ne le nommait plus que le Monastère arverne.

L'église de Chamalières

L’église de Chamalières

Un monastère, à cette époque, ne devait être qu’une vaste villa romaine, où ces nobles vaincus réunissaient les souvenirs de leur existence passée, et cherchaient, en attendant un monde meilleur, dans l’étude de la prière commune, un adoucissement aux peines de celui-ci.

Belleforest dit, en parlant des ruines qu’il a vues à Saint-Mart : « Ce prieuré de Saint-Mart porte face de grande antiquité, et faut que ce fût jadis quelque palais de seigneur, depuis converti en église, veu que les masures et reliques des bâtiments en font assez preuve ». Ceci viendrait à l’appui de notre assertion, et prouverait l’importance d’un édifice qui, après onze siècles et tous les ravages qui se sont succédé, depuis les premières invasions jusqu’à la guerre d’extermination de Waifer, duc d’Aquitaine, et de Pépin, conservait encore un caractère de magnificence qui frappait le voyageur.

Le monastère et ses dépendances devaient s’étendre de chaque côté du ruisseau, et barrer, pour ainsi dire, la vallée ; mais sa fondation eut lieu au pied de la montagne de Chateix : c’est là que s’est conservé le débris le plus important que décrit Belleforest, et qui était devenu un simple prieuré appartenant aux Bénédictins de Saint-Alyre de Clermont. Il ne reste plus de tout cela que quelques souvenirs incertains, un aqueduc fort ancien longeant le ruisseau, et une petite chapelle reconstruite au XVIIIe siècle par les derniers religieux de Saint-Alyre.

La légende rapportée par Grégoire de Tours, raconte plusieurs miracles et traits de la vie de saint Mart ; nous n’en citerons qu’un : un voisin du monastère, autant engagé par la patience du saint, que poussé par l’esprit du mal, venait habituellement dévaster le jardin. Une nuit qu’il avait fait ample provision de légumes et des meilleurs fruits, il lui fut impossible de retrouver l’issue par laquelle il était entré. Saint Mart, doué du don de seconde vue, s’en aperçut, appela le jardinier, et le prévint qu’un bœuf venait d’entrer dans le jardin, mais qu’il n’avait pas encore fait de mal. Le religieux rencontra, en effet, le voleur empêtré dans des broussailles, et faisant des efforts inutiles pour se sauver ; mais, tout rempli dé l’esprit du saint abbé, il dit au voleur : « Mon ami, n’ayez point peur, notre maître m’a commandé de vous venir assister ». En effet, il le dégagea, lui mit son sac chargé sur ses épaules, et lui ouvrit la porte, en disant : « Allez en paix et ne revenez plus ici ».

L’église de Royat s’élève, comme tout le village qu’elle domine, sur la coulée de Lave, au pied de laquelle jaillissent des sources. D’un côté, le volcan dénudé de Gravenolle ; de l’autre, les montagnes granitiques couvertes d’arbres et de verdure, et dans le fond le Puy-de-Dôme forment, avec le vieux monument, un ensemble de lignes des plus heureux. Fondée au VIIe siècle, reconstruite au Xe, elle fut sur-exhaussée et fortifiée vers la fin da XIIe. On boucha alors les fenêtres cintrées des trois branches de la croix, pour les éclairer par des rosaces à six lobes dans le style de l’époque, et l’on remplaça sa modeste corniche par une couronne de mâchicoulis. Le clocher, aussi crénelé, qui dominait l’édifice, fut renversé en 1793, et la façade dénaturée. La crypte pratiquée sous le chœur est divisée en trois nefs par deux rangs de colonnettes ; une source sort de terre dans un des côtés.

En quittant cette admirable grotte, on escalade plutôt qu’on ne monte une ruelle étroite qui aboutit sur la place du village. Son plus bel ornement est maintenant une croix gothique, taillée dans la lave, et restaurée par les soins de la Société française pour la conservation des monuments. Cette croix renversée par l’orage révolutionnaire, puis cachée dans une grange, fut plus tard relevée, mais avec toutes ses mutilations, dans une rue latérale à l’église ; le pied était enterré dans un massif de maçonnerie qui avait remplacé le piédestal ; les branches transversales avaient été dépouillées de leurs anciens ornements et raccourcies sans proportion. Ce petit monument est généralement connu sous le nom de Croix des Apôtres, parce qu’en effet elle est ornée de douze petites statuettes représentant les disciples de Jésus superposés sur les quatre faces de l’arbre de la croix, et portant chacune l’attribut bien connu qui sert à les caractériser.

 
 
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