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Vieux métiers, métier ancien : monnayeurs, battre monnaie, privilège. Ateliers monnayage. Faux monnayeurs

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Métiers anciens / oubliés
Histoire des métiers, origine des corporations, statuts, règlements, us et coutumes. Métiers oubliés, raréfiés ou disparus de nos ancêtres.
Monnayeurs
(D’après « Histoire des anciennes corporations d’arts et métiers et des confréries religieuses de la capitale de la Normandie », paru en 1850)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
La monnaie, ce morceau de métal, signe prestigieux de toute volupté, objet si séduisant pour la plupart des humains, a de tout temps fixé l’attention des princes, jaloux d’en réglementer la fabrication. Le préambule des dernières lettres-patentes accordées aux monnayeurs de France en général, nous rappelle brièvement le nom des rois qui se sont occupés de la législation du monnayage.

Louis XVI, dans son édit de 1783, s’exprimait ainsi : « Pour donner à nos officiers monnayeurs, ajusteurs, tailleresses du serment de France un témoignage public de la satisfaction que nous avons de leurs services et les faire jouir des honneurs, droits, privilèges, exemptions qui leur appartiennent en qualité de commensaux de notre maison et qui leur ont été accordés par les chartes et lettres patentes de nos prédécesseurs, notamment de Philippe le Bel, en 1296 ; de Philippe de Valois, en 1337 ; du roi Jean, en 1350 ; de Charles V, en 1365 ; de Charles VI, en 1380 ; de Charles VII, en 1427 ; de Louis XI, en 1461 ; de Charles VIII, en 1484 ; de Louis XII, en 1498 ; de François Ier, en 1514 ; de Henri II, en 1547 ; de François II, en 1560 ; de Charles IX, en 1561 ; de Henri III, en 1575 ; de Henri IV, en 1604 ; de Louis XIII, en 1616 ; de Louis XIV, en 1648, et de Louis XV, en 1756 ; nous avons lesdits privilèges, franchises, libertés et exemptions approuvés, continués et confirmés par les présentes lettres ».

Frappe de la monnaie

Frappe de la monnaie

Au temps des premiers rois de France, les monnayeurs travaillaient dans le Louvre, seul local autorisé pour la fabrication des monnaies. En 853, Charles le Chauve étendit cette permission et fonda des ateliers de monnayage dans plusieurs villes, entre autres à Rouen, où l’on voit les monnayeurs en pleine activité dès 864, ainsi que l’attestent les actes d’une assemblée tenue à Pitres.

Dès ce temps, les monnayeurs possédaient cet exorbitant privilège, que nul ne pouvait être reçu maître s’il ne descendait de la race des anciens monnayeurs, gentilshommes, commensaux de la table du roi. C’est ce qui explique comment les monnayeurs de Rouen conservèrent cet état dans leurs familles, exclusivement à toutes autres, pendant plus de neuf siècles. Cette loi ne souffrit que des exceptions rares et dans des circonstances extraordinaires.

Charles VI, en 1387, créa une charge de monnayeur en faveur d’Antheaume de Maromme, neveu de l’évêque de la ville de Bayeux. En 1420, Henri V, roi d’Angleterre, et duc de Normandie, devenu maître de Rouen, ayant besoin d’accroître les travaux du monnayage, fit rechercher les descendants des anciens monnayeurs jusqu’à la quatrième et cinquième génération. N’en pouvant découvrir en nombre suffisant, il en créa douze nouveaux. Cette enquête de Henri V nous montre comment un souverain puissant croyait devoir respecter les droits des monnayeurs de Rouen. Louis XI, en 1462, ne put créer qu’un seul monnayeur à la monnaie de Rouen, à l’occasion de son avènement au trône de France. En cas de vacation, François II, en 1545, permit aux citoyens de choisir eux-mêmes les gardes de la monnaie. Nous voyons les Rouennais usant de ce droit en 1583.

Les monnayeurs rouennais jouissaient, eux, leurs femmes et enfants, de l’exemption de tous péages, passages, pontages, tributs, subsides, emprunts et impôts. Comme signe de distinction et de reconnaissance, ils portaient une médaille d’or ou d’argent, et passaient, par ce moyen, francs de toutes impositions. Cette médaille représentait d’un côté la figure du souverain, et de l’autre un marteau, un maillet, et des tenailles dans un champ parsemé de fleurs de lys ; au-dessous on lisait cette inscription : Barriers, péagiers, pontonniers, laissez passer les monnayeurs. Excepté les cas extraordinaires de larcin, de rapt, de meurtre, ils ne relevaient que du tribunal de leur juridiction établi à l’hôtel des monnaies pour juger les méfaits des monnayeurs et tout ce qui se rattachait à la fabrication des monnaies.

Le monnayeur au XVIe siècle

Le monnayeur au XVIe siècle

Outre le général subsidiaire, les juges-gardes, le procureur du roi, le greffier, les huissiers, le corps des monnayeurs était composé de plusieurs autres agents, décorés du titre d’officiers, tels que le contre-garde, les essayeurs, les ajusteurs, les tailleresses, toujours choisies parmi les femmes ou les filles des monnayeurs. Le titre d’officiers royaux et de commensaux du palais, les mettait directement sous les ordres du roi, et par là les obligeait de se transporter d’une ville à l’autre, suivant l’exigence des travaux et selon les commandements du monarque.

D’où vint cette formule qui se rencontre en tête de leurs actes : « Nous, les monnayeurs tenants garnison et servants le roi en la monnaie de Rouen ». Les vicissitudes de gouvernement éprouvées par Rouen à plusieurs époques, obligèrent les monnayeurs de la cité à changer le module et l’empreinte de leurs pièces. Il n’en est pas de l’histoire monétaire de Normandie comme de celle de plusieurs autres contrées. Elle ne perd pas son intérêt en perdant ses princes particuliers. Au XIIIe siècle, les nombreuses malversations de Philippe le Bel, justement surnommé le faux monnayeur, causèrent dans la fabrique des monnaies les plus déplorables perturbations.

Plus tard, au milieu des désordres suscités en Normandie par Charles le Mauvais et Philippe de Navarre, après la funeste bataille de Poitiers, ces princes, au mépris des foudres de l’Église, établirent des ateliers monétaires en Normandie et contrefirent les divers types de la monnaie royale de France. En 1420, Henri V, duc de Normandie et roi d’Angleterre, organisa une active fabrication de monnaie à Rouen, fixa des modules nouveaux et défendit de faire aucunes pièces autrement qu’à son effigie.

Vinrent enfin au XVIe siècle, les troubles de la Ligue et du protestantisme, qui firent passer tour à tour l’hôtel des monnaies entre les mains des Huguenots et des Ligueurs, qui émettaient des monnaies particulières. Tous ces mouvements orageux de la politique jetèrent nécessairement beaucoup d’incertitude dans la fabrication monétaire. Les monnayeurs durent aussi quelquefois altérer le poids des pièces pour obéir aux injonctions peu scrupuleuses de quelques rois. Entre autres monnaies falsifiées, nous citerons la flourette ou fleurette, qui, de dix-huit deniers, fut réduite à deux, par les ordres même de Charles VI. C’est de là qu’est venu ce dicton proverbial à propos d’historiettes peu véridiques : Conter fleurettes.

A part ces circonstances exceptionnelles, il existait des lois très sévères contre les faux monnayeurs. On sait que le fameux Enguerrand de Marigny, intendant des finances sous Philippe le Bel, accusé de rapines et surtout d’altération des monnaies, fut pendu à Montfaucon par ordre de Louis X, en 1315. La coutume de Bretagne déclare qu’ils seront pendus et bouillis. Cet étrange supplice fut exécuté à Paris, en 1347. « Le sixième jour de mars, rapportent les registres du Parlement, furent bouillis Etienne de Saint-Germain et Henri Foinon, pour ce qu’ils avaient taillé faux coins à faire deniers d’or à l’ange ». Le pape Clément VI crut même devoir lancer les foudres de l’excommunication contre tous ceux qui falsifieraient les monnaies.

Ecu aux armes des monnayeurs de Rouen

Ecu aux armes
des monnayeurs de Rouen

Dans les premiers temps, la frappe des monnaies se faisait, sur des coins d’acier burinés, au marteau ou au mouton, semblable à celui dont on se sert pour enfoncer les pilotis dans les rivières. Cette méthode dura jusqu’au règne de Henri II. Aubry Olivier inventa, en 1553, le monnayage au moulin et au balancier.

Sous Louis XIII , Briot, tailleur général des monnaies et le célèbre Varin, apportèrent de grands perfectionnements à l’outillage monétaire. Néanmoins, le monnayage à coins libres avec gravures continua jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. C’est alors qu’une virole, figurant l’orbite et le calibre de la pièce, fut adaptée au balancier : virole bien perfectionnée depuis son premier emploi. En 1829, Thonnelier inventa des presses remarquables d’une telle activité qu’elles pouvaient fabriquer en dix heures vingt mille pièces de cinq francs.

Au milieu du XIXe siècle, le travail du monnayage ne se faisait plus qu’à Paris, où la loi d’une avide centralisation avait concentré la fabrication générale des monnaies du royaume. Rouen, malgré les énergiques protestations de ses habitants, s’était vu retirer quelque temps auparavant son ancien droit de battre monnaie. Ses antiques et magnifiques ateliers de monnayage étaient alors maintenant muets et déserts, après plus de neuf cents ans d’une glorieuse existence. Les monnayeurs de Rouen mettaient la lettre B et un mouton aux armes de la ville comme marque distinctive des pièces de leur fabrication. Ils avaient une confrérie de Saint-Eloi à l’église de Saint-Georges, où ils faisaient célébrer des messes tous les mois et à la fête du saint.

En 1746, ils supprimèrent les craquelins de la confrérie, obligeant toutefois le monnayeur qui devait en faire la dépense à les remplacer par un tribut de dix livres, avec lesquelles ils augmentèrent l’honoraire des messes et le paiement des clercs. Quelques-uns se firent inhumer dans l’église de leur confrérie, où ils construisirent de riches tombeaux. On citait comme remarquable celui de Nicolas du Val-Richer, prévôt des monnayeurs, en 1462.

 
 
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