22 mars 1421 : bataille de Beaugé

Henri V, roi d’Angleterre, était repassé dans ses Etats, après avoir pris le titre de régent et d’héritier du royaume de France, en conséquence du traité signé à Troyes en 1420, par lequel il fut stipulé que Catherine de France épouserait Henri V, et qu’après le mort de Charles VI la couronne de France passerait au monarque anglais et non au dauphin (futur Charles VII).

Il avait laissé le duc de Clarence, son frère, lieutenant-général de Normandie. Ce prince, rempli de courage, brûlait de mériter, par quelque exploit avantageux, l’honneur que son frère lui avait fait de lui confier, malgré sa jeunesse, le commandement d’une armée et d’une province. Il rassembla ses troupes, traversa le Maine, et vint mettre le siège devant Angers. La prise de cette place ouvrait aux Anglais l’entrée du Poitou, de la Touraine, de l’Orléanais, que le dauphin eût été contraint d’abandonner, pour se réfugier aux dernières extrémités de la France méridionale.

La bataille du Vieil Baugé, par Martial d’Auvergne

La Fayette, Narbonne et Ventadour, joints aux Ecossais, commandés par Bukam, s’avancèrent jusqu’à Beaugé, entre la Loire et le Loir, d’où ils envoyèrent défier le prince anglais. Le défi fut accepté. Clarence, guidé par son impétuosité, arriva le lendemain matin en présence de l’armée française, qu’il croyait surprendre. Les Anglais combattirent avec le même courage que la victoire avait couronné dans les plaines d’Azincourt ; mais Henri V n’était plus à leur tête. Le duc de Clarence avait sa valeur, mais non son génie. A peine se donna-t-il le temps de ranger son armée en ordre de bataille.

Il se fit, de part et d’autres, des prodiges de valeur. Dans cette furieuse mêlée, Clarence perdit la vie de la main de Bukam. Les ennemis, après avoir disputé la victoire, prirent la fuite, laissant 2500 hommes d’armes étendus sur le champ de bataille. Une perte si considérable ne leur permettant plus de continuer le siège, ils reprirent la route de Normandie, emportant avec eux le corps du duc de Clarence. Cette victoire fut très importante. Elle rassura le dauphin et encouragea les Français.