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Napoléon à table et Napoléon cuisinier

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Anecdotes insolites
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Napoléon à table
et Napoléon cuisinier
(D’après « Le Figaro : supplément littéraire du dimanche », paru en 1892)
Publié / Mis à jour le jeudi 16 avril 2020, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
On ignore la simplicité presque rustique de la table de Napoléon Ier, ce qui cependant n’empêchait pas l’Empereur d’apprécier la cuisine au point de vue diplomatique. Ainsi, si aux Congrès d’Aix-la-Chapelle, de Laybach et de Vérone, il ordonna à son cuisinier, le célèbre Carême, de mettre toutes les ressources de son art au service de la diplomatie impériale, Napoléon était ordinairement « irrégulier dans ses repas et mangeait vite et mal », selon Brillat-Savarin.

« Mais là se retrouvait aussi cette volonté absolue qu’il mettait à tout, ajoute l’illustre gastronome. Dès que l’appétit se faisait sentir, il fallait qu’il fût satisfait ; et son service était monté de manière qu’en tout lieu et à toute heure on pouvait, au premier mot, lui présenter de la volaille, des côtelettes et du café. La veille de son départ pour Boulogne, l’Empereur travailla pendant plus de trente heures, tant avec son conseil d’Etat qu’avec les divers dépositaires de son pouvoir, sans autre réfection que deux très courts repas et quelques tasses de café. »

Napoléon, qui fut l’un des hommes les plus complets et les plus universels qui aient fixé l’attention du monde, voulut, au fort de sa puissance, savoir si le métier de cuisinier faisait partie de sa fécondité de ressources. Le baron de Méneval nous le montre ainsi à l’œuvre à côté de Marie-Louise au château des Tuileries :

« La réminiscence d’un goût puisé dans la familiarité de la vie domestique qu’elle avait menée dans sa jeunesse, lui (l’impératrice Marie-Louise) inspira un jour l’envie de faire une omelette ; elle fait apporter dans son appartement tout ce qui lui est nécessaire. Pendant qu’elle est occupée de cette importante opération culinaire, l’Empereur entre sans être annoncé, soit que le hasard l’amenât, soit que, prévenu par quelque avis officieux, il voulût se donner le plaisir de surprendre l’Impératrice. Celle-ci, un peu troublée de cette visite inattendue, cherchait à lui dérober la vue de ses préparatifs.

« — Que fait-on donc ici ? dit l’Empereur ; je sens une singulière odeur, comme de friture.

« Puis, passant derrière l’impératrice, il découvre le réchaud, la casserole d’argent dans laquelle le beurre commençait à fondre, le saladier et les œufs.

« — Quoi, dit-il, vous faites une omelette ? Bah ! vous n’y entendez rien ; je veux vous montrer comment on s’y prend.

« Il se fait apporter un tablier de cuisine, et se met à l’œuvre avec l’Impératrice qui lui servait d’aide. L’omelette faite, restait le plus difficile, c’était de la retourner ; mais Napoléon s’était donné plus de talent qu’il n’en avait ; car, quand il s’agit de faire sauter l’omelette, il ne la jeta que par terre ; obligé d’avouer son inexpérience, il remit à l’Impératrice les insignes du métier, et la laissa recommencer sa cuisine. »

Napoléon Ier, Marie-Louise d'Autriche et leurs fils Napoléon II

Napoléon Ier, Marie-Louise d’Autriche et leurs fils Napoléon II

Cet essai malheureux est le seul moment que la table ait fait perdre à Napoléon. S’il lui avait été possible de faire manger quelqu’un à sa place, il aurait passé procuration au premier venu. La table ne fut pour lui qu’une corvée, une nécessité indispensable. Le déjeuner lui prenait de dix à douze minutes, et le dîner une demi-heure au plus ; encore était-ce le moment où il recevait M. Barbier, conservateur de la Bibliothèque, lequel le mettait au courant de tous les livres qui paraissaient, et lui en signalait les pages les plus intéressantes.

Napoléon mangeait avec beaucoup d’appétit le peu qui lui suffisait. Dès qu’il avait apaisé la nature, il se sauvait, comme on fuit le feu. II n’avait de goût pour aucun des mets épicés ou recherchés ; sauf le gigot et les côtelettes de mouton, il était indifférent à toute espèce de viande ; de tous les légumes, il n’estimait que les haricots en salade. Il ne buvait jamais plus d’une demi-bouteille de vin, fort humecté d’eau, qu’il aimait très fraîche sous tous les climats ; c’était du vin de Chambertin qu’on lui versait en tout temps et partout, à l’île d’Elbe, à Paris et dans tous ses voyages les plus éloignés ; quelquefois, mais rarement, il se permettait un verre de champagne qui avait la vertu de l’égayer. Une tasse de café terminait chacun de ses deux repas.

Même à Sainte-Hélène il ne consacra pas plus de temps, et ne fit pas plus d’honneur à la table, quoique les journées lui parussent bien longues, et les soirées surtout insupportables. Son ordinaire, qu’il partageait avec sa petite cour de captivité, se composait d’un potage, de deux plats de viande, d’un plat de légumes et d’une salade ; le vin clairet remplaça le chambertin ; il recourait au champagne pour s’exciter l’appétit. Jamais il ne se plaignait de la mauvaise qualité des fruits et des légumes ; les viandes passées, presque pourries, ne lui répugnaient pas.

Son tempérament s’accommodait mieux des privations que des jouissances physiques. Son corps se serait contenté de la grotte, de la cruche d’eau et du pain de six mois des Pères du désert. Toute sa vie ne fut que le commentaire de ce principe, que 3 francs suffisent au nécessaire de l’homme.

 
 
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