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23 juin 1701 : mort de l'architecte Charles-Augustin d'Aviler

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23 juin 1701 : mort de l’architecte
Charles-Augustin d’Aviler
(D’après « Biographie universelle des architectes célèbres »
(par feu Alexandre Du Bois et Charles Lucas) paru en 1868
et « L’art moderne (1500-1800). Essais et esquisses »
(par Henry Lemonnier) paru en 1912)
Publié / Mis à jour le jeudi 23 juin 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Obtenant à l’âge de 20 ans une bourse d’étude à l’Académie de France à Rome, il y acquiert la connaissance des chefs-d’œuvre antiques avant de travailler comme apprenti pour le célèbre Mansart puis de publier son Cours d’architecture contenant la doctrine architecturale classique du XVIIe siècle. Élaborant les plans de la porte en forme d’arc de triomphe de Montpellier érigée à la gloire de Louis XIV, il devient architecte de la province du Languedoc et meurt à moins de 50 ans, épuisé par le labeur.

Quoique ayant laissé peu d’œuvres appréciées à leur véritable valeur par les siècles qui suivirent son existence, Charles-Augustin d’Aviler exerça une grande influence sur l’architecture française du XVIIe siècle par la publication de son Cours d’architecture (1691) dont certaines parties sont encore aujourd’hui consultées avec fruit.

C’est même à la juste notoriété que s’acquit d’Aviler, comme auteur de ce traité, que nous devons attribuer le silence de ses biographes sur les édifices dus à son talent ; en effet, Mariette, qui, dans la réédition qu’il fit en 1760 des œuvres de d’Aviler, nous a laissé une vie de cet architecte dont les biographes modernes se sont inspirés, se borne presque à dire, au sujet des monuments dont d’Aviler fut l’auteur : « Je n’entrerai pas dans le détail de tous les différents ouvrages qu’il fit en Languedoc, et particulièrement à Béziers, à Carcassonne, à Nîmes, à Montpellier et à Toulouse. » Néanmoins les renseignements biographiques que nous a conservés Mariette sur d’Aviler sont précieux par leur authenticité.

Cours d'architecture de Charles-Augustin d'Aviler. Édition de 1696

Cours d’architecture de Charles-Augustin d’Aviler. Édition de 1696

Le Cours d’architecture eut de nombreuses éditions, depuis la première qui parut en 1691, jusqu’à celle qui passe pour la meilleure de toutes et qui fut éditée par Pierre-Jean Mariette, en 1760, sous le titre de Cours d’architecture, qui comprend les ordres de Vignole, etc., et tout ce qui regarde l’art de bâtir, par le sieur d’Aviler. Outre l’Avis, la Préface, les Vies de Vignole et d’Aviler, cet ouvrage comprend des chapitres consacrés aux cinq ordres, aux portes et fenêtres, aux niches des cheminées, à la distribution des plans et à la décoration des façades, aux escaliers, à la charpenterie, à la décoration des jardins, à la matière et à la construction des édifices, etc., ainsi que des Remarques sur quelques bâtiments de Vignole, des Observations sur la vie et les ouvrages de Michel-Ange, dont le portrait se trouve même gravé par d’Aviler lui-même, et enfin une étude des Ornements qui entrent dans la décoration des édifices.

Né à Paris, en 1653, d’une famille originaire de Lorraine, Charles-Augustin d’Aviler se sentit de bonne heure une réelle vocation pour l’art dont il devait plus tard essayer de coordonner les règles et fit de brillantes études, qui attirèrent sur lui l’attention de ses professeurs. Aussi fut-il envoyé, à l’âge de vingt ans, à l’Académie de France à Rome — création alors récente, fondée en 1666 par le roi Louis XIV sur les conseils de Colbert, et destinée à fortifier par l’étude des chefs-d’œuvre de l’antiquité et de ceux de la Renaissance italienne, les jeunes artistes français, que distinguaient d’heureuses dispositions et de précoces succès dans les concours de l’Académie à Paris.

D’Aviler s’embarqua donc vers la fin de l’année 1674 avec l’architecte Antoine Desgodets (1653-1728), plus tard connu par ses relevés d’édifices antiques, et l’illustre antiquaire Jean Foy-Vaillant (1632-1706) ; mais, pris par des corsaires algériens, tous trois furent faits esclaves et d’Aviler, conduit en Tunisie, y resta seize mois avant de pouvoir se rendre à Rome. Mariette possédait même un dessin original de d’Aviler, représentant le plan et l’élévation d’une mosquée qu’il aurait construite pendant sa captivité à Tunis dans la grande rue qui conduit au Babaluc, et dont, ajoute Mariette, l’architecture est de fort bon goût.

Après cinq années passées à Rome dans l’étude des monuments de l’antiquité, d’Aviler revint à Paris où son talent de dessinateur le fit attacher au Bureau d’architecture par Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), surintendant des bâtiments du roi, et il put ainsi acquérir, près de ce grand artiste, de réelles connaissances pratiques. C’est vers cette époque (1685) que, préludant à la composition de son Cours d’architecture, il traduisit le sixième livre de l’Architecture de Scamozzi — Les cinq ordres d’architecture de Vincent Scamozzi, Vincentin, architecte de la république de Venise, tirés du VIe livre de son Idée générale d’architecture — ; mais comme ce n’était qu’un extrait d’un plus grand ouvrage et que d’autres maîtres italiens l’emportaient sur Scamozzi dans la faveur du public français, ce livre n’eut pas grand succès.

Il n’en fut pas de même du Cours d’architecture, qui parut six ans plus tard, et dont la méthode, l’étendue et le choix judicieux des exemples proposés à l’étude des élèves, justifient la faveur dont ce traité a joui en France et à l’étranger pendant un siècle et lui assignent encore aujourd’hui une des premières places dans les bibliothèques d’architecture publiques ou privées. L’ouvrage consistait presque exclusivement en un commentaire des doctrines et des œuvres de Vignole — Jacopo Barozzi da Vignola (1507-1573), architecte et théoricien italien de l’architecture de la Renaissance — ; l’auteur le déclarait dans la préface : « J’ai cru qu’il serait avantageux pour les ouvriers et pour tous ceux qui les emploient non seulement de le remettre [Vignole] au jour, avec une nouvelle traduction, mais encore d’y joindre, comme j’ai fait, des remarques qui puissent confirmer ses préceptes et en faciliter l’usage ».

À vrai dire, il ajoutait qu’il avait inséré dans son livre « beaucoup de choses », qu’on ne pratiquait pas du temps de Vignole et qu’on avait introduites pour la commodité et la décoration des édifices. Loin d’une pesante érudition, l’ouvrage se veut encyclopédique, pratique et destiné à une large diffusion. D’aviler y présente les manières de construire et le décor monumental de l’architecture française. Il y conçoit son art « comme une combinatoire de principes simples et de bon goût ».

Outre cet ouvrage — et dans le but même d’en rendre la lecture et l’étude plus faciles et plus attrayantes en ne coupant pas à tous moments son traité par une explication indispensable des mots techniques —, d’Aviler composa un véritable Dictionnaire des termes d’architecture qui, d’abord réuni à son cours, fut dans la suite revu et augmenté par Alexandre Le Blond (1677-1719), de même que Nicolas d’Orbay (1678-1742) avait été d’un heureux conseil pour le Cours d’architecture. Ce Dictionnaire forma le second volume dans les éditions postérieures à d’Aviler.

Ainsi de l’édition imprimée en 1710 sous la direction de l’architecte Le Blond. Voici, par exemple, ce qu’on lit dans la préface : « Sans rien retrancher de notre auteur, il [Le Blond] s’est contenté d’ajouter, dans les endroits où il est arrivé quelques changements, de nouveaux dessins de ce qui est présentement en usage, et il les a accompagnés de plusieurs instructions et remarques nécessaires ». Le livre est bien, en effet, celui de d’Aviler, dont il suit même la pagination, mais de temps en temps s’intercalent des pages nouvelles.

À propos des cheminées : « Les formes qu’on donne présentement aux cheminées sont moins communes et plus gracieuses ». On les cintre, dit Le Blond, on les surmonte de grandes glaces arrondies, qu’on accompagne de girandoles. Sur les « nouveaux lambris de menuiserie » : « Le blanc est présentement la couleur dont on se sert plus communément pour peindre des lambris. On en dore les filets et ornements pour les distinguer du fond. (...) Les ornements qu’on y distribue à propos concourent encore à en augmenter la richesse. On affecte aussi de donner beaucoup de légèreté [c’est un mot qui revient souvent] et de variété à tout ce qui compose les lambris. »

Ceci surtout est plein d’enseignements : « Comme il n’y a rien de changé dans la composition des corniches et entablements des façades extérieures, on s’est contenté de donner de nouveaux profils des corniches, comme elles s’exécutent aujourd’hui dans l’intérieur des appartements ». Voilà presque toute l’architecture du XVIIIe siècle. Aux ordres, aux proportions, aux dispositions et décorations extérieures classiques, les architectes ne renonçaient pas en 1710, et ils n’y renoncèrent jamais, du moins dans les édifices publics ; c’est dans l’intérieur qu’ils donnaient carrière à leur esprit d’invention et qu’ils commençaient à créer, puis bientôt qu’ils créèrent un style.

Le mérite de ce dernier ouvrage est tel que, jusqu’à l’apparition, en 1788, du Dictionnaire d’architecture de l’Encyclopédie méthodique par Quatremère de Quincy, les définitions données par d’Aviler furent adoptées par nos meilleurs dictionnaires de la langue française.

La porte du Peyrou, à Montpellier, construite selon les plans de Charles-Augustin d'Aviler

La porte du Peyrou, à Montpellier, construite selon les plans de Charles-Augustin d’Aviler

« En travaillant ainsi dans son cabinet, d’Aviler, dit Mariette, avait espéré de se faire un nom, et de se produire ensuite à Paris, à la faveur de quelque édifice de réputation ; mais, commençant à s’apercevoir que tant qu’il demeurerait attaché à Mansart et qu’il travaillerait en sous-ordre, il ne fallait pas s’en flatter, il se dégoûta de son emploi et ne balança point à accepter la proposition qu’on lui fit d’aller à Montpellier.

« Cette ville avait délibéré de faire élever à la gloire de Louis XIV une porte magnifique en forme d’arc de triomphe [appelée la porte du Peyrou, cette porte est un grand arc de triomphe percé d’une seule arcade, sans colonnes ni pilastres. Un grand entablement dorique d’une très belle proportion en fait le couronnement, et il est en outre orné de quatre médaillons en bas-relief de Bertrand, représentant la Jonction des deux mers et les Victoires de la France]. D’Orbay en avait fourni les dessins qui avaient été fort applaudis et il ne s’agissait plus que de trouver un homme intelligent pour prendre le soin de la construction ; le choix tomba sur Charles d’Aviler. Il partit en 1691 et, l’année suivante, l’arc de triomphe se trouva entièrement achevé à la satisfaction de toute la province. »

Dès lors d’Aviler fut apprécié à sa juste valeur et, protégé par Nicolas de Lamoignon de Basville (1648-1724), intendant-général du Languedoc, chargé par Jean-Baptiste-Michel Colbert de Saint-Pouange, archevêque de Toulouse, de la construction du Palais archiépiscopal de cette ville, il devint bientôt, par décision spéciale des États du Languedoc, architecte de cette province où il construisit de nombreux édifices, et, s’étant marié à Montpellier, se fixa définitivement dans cette ville. Le palais devint par la suite l’hôtel de la Préfecture, et le Guide dans Toulouse, dans son édition de 1869, rapporte que « les constructions en sont belles par leur distribution et leur régularité. La vaste cour qui précède l’entrée des bâtiments est grandiose et donne à l’édifice un aspect presque monumental. La disposition des différentes parties de l’hôtel était parfaitement appropriée à sa destination première La dimension de ; appartements et des salons de réception est peu ordinaire. Les archives du département occupent une partie de l’aile gauche et principalement l’ancienne chapelle particulière des archevêques de Toulouse. »

Mais à peine Charles-Augustin d’Aviler commençait-il à jouir du fruit de ses travaux et à voir son nom honoré de tous les artistes par suite du retentissement qu’obtenaient ses ouvrages, qu’il mourut en l’année 1700, n’étant âgé que de quarante-sept ans et dans toute la maturité de son talent.

 
 
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