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1er mai 1891 : massacre des ouvriers de Fourmies

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1er mai 1891 : massacre des ouvriers
de Fourmies
(D’après « Le Petit Journal » du 4 mai 1891, « Le Petit Parisien. Supplément
littéraire illustré » du 17 mai 1891 et « La Presse » du 5 mai 1891)
Publié / Mis à jour le mercredi 1er mai 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Après cet événement, qui vit à Fourmies, ville industrielle du nord de la France, la mort de 10 personnes dont 2 enfants — 35 autres étant blessées — lorsque la police ouvrit le feu sans sommation durant le rassemblement des employés du secteur textile luttant pour la journée de huit heures et la hausse des salaires, la manifestation du 1er mai s’enracinera dans la tradition du mouvement ouvrier

Fourmies est à cette époque une ville de 15000 habitants, située non loin de la frontière belge, aux confins des départements du Nord, de l’Aisne et des Ardennes, dans ce pays de Thiérache, si pittoresque, si accidenté et si riant. Construite dans le fond de l’étroite vallée de la petite Helpe et n’ayant ainsi pu s’étendre que dans un sens, la ville est à proprement parler une longue rue allongeant pendant quelques kilomètres ses deux façades de maisons de briques proprettes et élégantes au possible. Un tramway à vapeur court à l’époque d’un bout à l’autre de cette rue, de nombreuses ramifications de la voie ferrée desservant la plupart des manufactures où s’exerce l’industrie du pays : le peignage et la filature de la laine.

Il y a alors à Fourmies une quarantaine de fabriques dont quelques-unes n’occupent pas moins de cinq cents personnes, tant hommes que femmes et enfants. Les grandes usines sont fort disséminées, et par conséquent difficiles à protéger en cas de troubles. Cette circonstance explique pourquoi la municipalité a cru devoir réclamer l’assistance de la troupe en vue de la journée du 1er mai.

Les événements de Fourmies, d'après les photographies de M. Perron. Gravure illustrant la couverture du Petit Parisien. Supplément littéraire illustré du 17 mai 1891
Les événements de Fourmies, d’après les photographies de M. Perron. Gravure illustrant
la couverture du Petit Parisien. Supplément littéraire illustré du 17 mai 1891

Depuis quelques semaines, en effet, la population ouvrière de Fourmies, bien tranquille d’ordinaire, était fortement travaillée par des agitateurs venus du dehors. Des grèves partielles avaient éclaté, et l’on craignait que le 1er mai ne servît de prétexte aux meneurs pour empêcher, par la force, les ouvriers qui voulaient travailler de se rendre à l’atelier.

Eut-elle raison, la municipalité, eut-elle tort de s’effrayer ? Le fait est que les ouvriers sont alors exaspérés contre le maire, qui a cru devoir prendre l’initiative des mesures préservatrices ayant abouti à la catastrophe qui eut lieu ce jour-là. Dans la matinée, les ouvriers en grève avaient manifesté, et plusieurs arrestations avaient été opérées, occasionnant quelques collisions entre les manifestants et la gendarmerie, ce qui avait décidé le sous-préfet d’Avesnes à envoyer des troupes à Fourmies.

Sur la place de l’Église, on avait ainsi massé une centaine de soldats du 84e, auxquels dans l’après-midi vinrent se joindre d’autres du 145e venus de Maubeuge. Les manifestants, n’ayant pas perdu espoir de délivrer leurs camarades arrêtés, on vit vers cinq heures douze cents hommes armées de gourdins, gesticuler sur la place en poussant des cris : « Ce sont nos frères qu’il nous faut ! À bas les patrons ! À mort ! »

À un certain moment, une formidable poussée se produisit ; l’hôtel de ville, le bureau de police sont presque envahis. Les agents et les gendarmes, pour effrayer les agresseurs, déchargent leurs revolvers en l’air pendant que les soldats croisent la baïonnette. L’excitation de la foule ne fait que s’accroître ; une grêle de pierres, de briques, de projectiles de tous genres pleut sur les soldats.

Il est alors six heures du soir ; les grévistes font mine de se retirer ; puis, après s’être concertés, ils font une retour offensif et une véritable bataille s’engage derrière l’église. Le commandant ordonne d’apprêter les armes. Les soldats tirent par escouade. Les salves retentissent et les balles sifflent au milieu d’un tumulte épouvantable, des cris de rage et de douleur. Gendarmes, ouvriers, soldats luttent pour ainsi dire corps à corps ; mais force devait rester à l’armée et les manifestants se dispersent en s’enfuyant dans toutes les directions.

Un spectacle épouvantable s’offrit alors aux regards. Une vingtaine d’hommes gisaient sur le sol dans des mares de sang et de boue. Il était plus de sept heures du soir. Quand on put se rendre compte de la situation, on releva sept cadavres et une douzaine de blessés dont six très grièvement. Dire l’émoi qui se produisit est chose impossible.

Les ouvriers indiquèrent n’avoir rien entendu des sommations qu’on aurait bien dû faire précéder d’une sonnerie de clairon ou d’un roulement de tambour. Car à cet égard, le règlement du 23 octobre 1883 fixant le règlement sur le service des places, était formel :

« Cas où les troupes doivent faire usage de leurs armes. Sommations

« Art. 178. — En cas de troubles et en dehors des circonstances spécifiées par l’art. 74, dans lesquelles les troupes sont l’objet d’une agression et doivent se défendre par tous les moyens possibles, elles ne peuvent faire usage de leurs armes pour le rétablissement de l’ordre, que dans les conditions ci-après, déterminées par la loi du 7 juin 1848.

« Lorsqu’un attroupement s’est formé sur la voie publique, le maire ou l’un de ses adjoints, à leur défaut le commissaire de police ou tout autre agent ou dépositaire de la force publique, revêtu de l’écharpe tricolore, se rend sur es lieux de l’attroupement.

« Un roulement de tambour ou une sonnerie de clairon annonce l’arrivée du magistrat.

« Si l’attroupement est armé, le magistrat lui fait sommation de se dissoudre et de se retirer.

« Si cette première sommation reste sans effet, une seconde sommation, précédée d’un roulement de tambour ou d’une sonnerie de clairon, est faite par le magistrat.

« En cas de résistance, l’attroupement es dissipé par la force.

« Si l’attroupement est sans arme, le magistrat, après le premier roulement de tambour ou la première sonnerie de clairon, exhorte les citoyens à se disperser ; s’ils ne se retirent pas, trois sommations sont successivement faites.

« En cas de résistance, l’attroupement est dissipé par la force. »

Le 1er mai 1891 à Fourmies. L'abbé Margerin, entouré de ses deux vicaires, arrête le feu. Gravure de M. de Parys. Gravure illustrant la couverture du Soleil du Dimanche du 17 mai 1891
Le 1er mai 1891 à Fourmies. L’abbé Margerin, entouré de ses deux vicaires, arrête le feu.
Gravure de M. de Parys. Gravure illustrant la couverture du Soleil du Dimanche du 17 mai 1891

De temps immémorial, le 1er mai se célébrait dans l’arrondissement d’Avesnes où l’on avait conservé la coutume de planter le mai. Les jeunes gens offraient aux jeunes filles travaillant dans le même établissement qu’eaux des cadeaux consistant en bijoux, fleurs naturelles ou artificielles. On plantait devant la porte de chaque manufacture un arbre orné de drapeaux et dans les branches duquel on plaçait, le soir, des lanternes vénitiennes. Les choses s’étaient encore passées de la sorte l’année précédente, la gracieuse coutume du mai s’étant trouvée plus en honneur que jamais.

Au moment où la fusillade éclata, un incident des plus émouvants se produisit. Le premier coup était à peine tirée que la porte du presbytère s’ouvrit soudain. Le curé de Fourmies, l’abbé Margerin, et ses deux vicaires, au risque d’être tués eux-mêmes, se précipitèrent entre les soldats et la foule en suppliant d’arrêter le feu. La voix de ces prêtres courageux fut entendue. Instinctivement les fusils s’abaissèrent pendant que l’ordre de cesser le feu était donné, et tandis que la foule effrayée se retirait en jetant encore des cailloux, les prêtres se portèrent au secours des malheureux blessés, quelques mourant ayant pu recevoir l’absolution in extremis.

 
 
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