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20 juin 451 : défaite d'Attila, chef des Huns, dans les plaines de Champagne

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Éphéméride, événements
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20 juin 451 : défaite d’Attila,
chef des Huns, dans les plaines
de Champagne
(D’après « Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés
jusqu’à nos jours » par Abel Hugo (Tome 1) paru en 1836)
Publié / Mis à jour le mardi 20 juin 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Le 14 juin précédent, les Huns venaient de faire irruption dans la ville d’Orléans, les habitants fuyant de toutes parts pour éviter le pillage et la mort, quand soudain étaient apparues les enseignes romaines et des troupes amies se précipitant sur les Barbares : c’étaient les soldats du général romain Aétius, du roi des Francs Mérovée et du roi des Wisigoths Théodoric, les troupes romaines ayant pu traverser la Gaule méridionale sans encombre, tant Attila, assuré de la terreur de son nom, s’inquiétait si peu d’observer leurs mouvements

Une semaine après avoir subi, le 14 juin précédent, un revers devant Orléans, Attila, surnommé le fléau de Dieu, s’arrêta dans les champs Catalauniques, appelés aussi plaines Mauritiennes. Certains historiens les situent aux environs de Châlons-en-Champagne, cependant que d’autres privilégient les environs de Troyes. « Ces plaines, longues de cent lieues gauloises, et larges de soixante-dix, dit l’historien de langue latine Jornandès — qui vécut au VIe siècle —, offraient un champ de bataille favorable a sa nombreuse cavalerie. » Il résolut d’y venger l’affront qu’il venait d’éprouver devant Orléans. C’était dans ces mêmes champs Catalauniques que l’armée de l’empereur des Gaules, Tétricus, avait été vaincue en 274 par l’empereur romain Aurélien.

Le généralissime romain Aétius, le roi des Wisigoths Théodoric et le roi des Francs Mérovée suivirent le roi des Huns Attila. Ce dernier, inquiet du succès d’une si importante journée, interrogea ses devins. Ils lui répondirent que les entrailles des victimes ne promettaient pas la victoire, mais que le chef de l’armée ennemie périrait dans le combat. Attila s’en réjouit, pensant que la prédiction regardait Aétius, et dès lors ne balança plus à combattre.

De gauche à droite : Flavius Aetius, généralissime de l'armée de l'Empire d'Occident ; Mérovée, roi des Francs saliens (lithographie de François-Séraphin Delpech) ; Théodoric Ier, roi des Wisigoths

De gauche à droite : Flavius Aetius, généralissime de l’armée de l’Empire d’Occident ;
Mérovée, roi des Francs saliens (lithographie de François-Séraphin Delpech) ;
Théodoric Ier, roi des Wisigoths

Malgré sa superstition, il ne croyait pas assez à l’infaillibilité des augures pour perdre entièrement l’espérance de la victoire. Il résolut d’ailleurs de n’engager l’action que quand le jour serait déjà fort avancé, afin de se réserver, en cas de défaite, une ressource dans l’obscurité de la nuit. La nuit qui précéda la bataille fut employée par les deux armées à prendre des positions avantageuses pour combattre le lendemain.

Pendant ces divers mouvements, deux corps nombreux, l’un de Francs et l’autre de Gépides (peuple germanique proche des Goths), se rencontrèrent, et combattirent avec tant de fureur que quinze mille hommes furent tués dans cette rencontre. Une colline qui s’élevait entre les deux armées fut aussi le théâtre d’un combat opiniâtre. Attila voulait s’en emparer ; mais Thorismond, fils de Théodoric, s’avança à la tête des Wisigoths, et, malgré la vive résistance des Huns, réussit à occuper ce poste.

Au point du jour, Attila, voyant ses soldats étonnés du double échec qu’ils avaient essuyé pendant la nuit, assembla ses principaux officiers, leur donna ses instructions pour la bataille ; et, afin d’exciter leur courage, leur adressa un discours dont voici les traits principaux :

Attila, chef des Huns

Attila, chef des Huns

« Méprisez ce ramas d’ennemis désunis de mœurs et de langage, associés par la peur. — Précipitez-vous sur les Alains et les Goths, qui font toute la force des Romains ! — Le corps ne se peut tenir debout quand les os en sont arrachés. Courage ! que la fureur accoutumée s’allume ! Le glaive ne peut rien contre les braves avant l’ordre du destin. Celte foule épouvantée ne pourra regarder les Huns en face. — Si l’événement ne me trompe, voici le champ qui nous fut promis par tant de victoires. — Je lancerai le premier trait à l’ennemi : quiconque oserait devancer Attila au combat est mort. »

Le roi barbare rangea ensuite son armée en bataille. Avec les Huns, il se plaça au centre ; les Ostrogoths, commandés par Valamir, formèrent l’aile gauche ; les Gépides, aux ordres d’Ardaric, prirent poste à l’aile droite avec les autres Barbares : ce fut sans doute de ce côté que se rangèrent les Francs aux ordres de Clodebald, frère de Mérovée. Dans l’armée opposée, Aétius, avec les Romains et les Gaulois, se plaça à l’aile gauche ; Théodoric, suivi des Wisigoths, forma l’aile droite ; Mérovée, avec les Francs, se plaça au centre, où se rangèrent aussi les Alains aux ordres de Sangiban, dont la fidélité était suspecte, les Burgondes, commandés par Gondioc, les Bretons armoricains, et enfin les Lètes et les auxiliaires étrangers saxons, alemans, sarmates, etc.

Attila donna le signal de la bataille. Le centre de son armée enfonça le centre de l’armée d’Aétius et prit en flanc la cavalerie des Wisigoths, violemment ébranlée par ce choc. Le brave Théodoric, à cheval au milieu des siens, les animait du geste et de la voix, lorsque atteint d’un javelot lancé par un officier ostrogoth nommé Andage, il tomba au milieu des files ondoyantes des cavaliers, qui l’écrasèrent sous leur irrésistible flux et reflux. Dans le tumulte de l’action, les Wisigoths ne s’aperçurent pas de la chute de leur roi, et continuèrent à combattre avec la même ardeur. Après avoir enfoncé les Ostrogoths, qu’ils avaient en face, ils prirent à leur tour les Huns en flanc, et les chargèrent avec une telle impétuosité qu’ils les obligèrent à se retirer dans leur camp derrière les lignes de chariots qui en formaient les retranchements, et qu’Attila se hâta de couvrir de frondeurs et d’archers pour en défendre les approches.

L'invasion des Huns. Dessin d'André Rossignol (1960)

L’invasion des Huns. Dessin d’André Rossignol (1960)

Cependant les Gaulois, les Burgondes et les Francs avaient rivalisé de courage avec les Romains, et la bataille était gagnée sur tous les points. Il est difficile, néanmoins, de se rendre compte des détails que renferme à ce sujet Jornandès. On voit que la valeur personnelle du guerrier eut plus de part à la victoire que le talent du général. Chacun des chefs et chacun des soldats combattit en quelque sorte isolément et pour son compte, ne pouvant connaître, dans l’immense champ de bataille, ni tous ses auxiliaires ni tous ses ennemis.

La bataille dura une partie de la nuit. Aétius, séparé de ses alliés, et ne sachant ce qu’ils étaient devenus, erra longtemps dans l’obscurité parmi les fuyards de l’armée ennemie : il ne put rejoindre le camp romain que fort avant dans la nuit. Thorismond, qui, de la colline dont il s’était emparé, était descendu à temps pour prendre une part décisive au combat, fut emporté par la mêlée, et se trouva au milieu de la nuit égaré dans la plaine. Telle était l’obscurité, que, croyant regagner son camp, il vint donner, avec le petit nombre d’hommes qui l’avaient suivi, contre les chariots, remparts mobiles des vaincus. Les Huns se crurent attaqués : une mêlée nocturne eut lieu ; Thorismond, blessé à la tête, fut renversé, et, sur le point de périr comme son père, foulé aux pieds des chevaux ; mais, secouru à temps, il se releva, remonta sur son coursier et revint a son camp.

« Cette bataille, dit l’historien des Goths, fut effroyable, sans miséricorde, sans quartier. Celui qui pendant sa vie fut assez heureux pour contempler de pareilles choses et qui manqua de les voir, se priva d’un spectacle miraculeux. » Les vieillards du temps de l’enfance de Jornandès se souvenaient encore qu’un petit ruisseau, coulant à travers ces champs héroïques, grossit tout à coup, non par les pluies, mais par le sang, et devint un torrent. Les blessés se traînaient à ce ruisseau pour y étancher leur soif, et buvaient le sang dont ils l’avaient formé : cent soixante-deux mille cadavres couvrirent la plaine. Quelques auteurs disent même qu’il y eut trois cent mille morts.

Bataille des champs Catalauniques. Lithographie Liebig de 1900

Bataille des champs Catalauniques. Lithographie Liebig de 1900

Les deux armées, incertaines du résultat de la journée, soucieuses des périls du lendemain, passèrent la nuit sous les armes. Attila, étonné de la grandeur de ses pertes, semblait n’avoir plus aucune espérance ; il s’attendait à voir, au lever du soleil, les Romains, renversant ses chariots, faire irruption dans son camp. La prédiction de ses devins était présente à sa pensée ; il crut que le terme de sa vie était arrivé, et songea dès lors à ne point tomber vivant entre les mains des vainqueurs. Il fit dresser au milieu de son camp, en guise de bûcher, un énorme monceau de selles, sur lequel il se plaça, prêt à y mettre le feu, afin d’y périr au moment où les Romains forceraient ses retranchements.

Enfin le jour parut : les Romains, voyant Attila immobile dans son camp, se réjouirent de leur victoire ; mais ils n’osèrent pas la rendre complète en attaquant les Barbares, et ils se bornèrent à les tenir bloqués.

L’absence de Théodoric avait jeté les Wisigoths dans la consternation. Son fils le fit chercher sur le champ de bataille : le cadavre du roi fut enfin trouvé sous un monceau d’autres cadavres. Ses funérailles eurent lieu en présence des Huns. Les Wisigoths victorieux chantaient les exploits du petit-fils d’Alaric, et mêlaient à leurs sanglots des cris guerriers. Au milieu de la pompe funèbre, Thorismond, l’aîné des fils de Théodoric, fut proclamé roi. Théodoric avait régné trente-deux ans avec gloire, et s’était rendu aussi cher aux Wisigoths que redoutable aux Romains.

Aétius, après s’être servi des Wisigoths et des Francs pour arrêter Attila, ne songeait plus qu’à les éloigner, craignant que deux alliés tels que Thorismond et Mérovée ne voulussent recueillir le fruit de la victoire et ne s’unissent pour arracher à l’empire romain tout ce qui lui restait encore de puissance dans la Gaule. Il conseilla donc au nouveau roi de retourner promptement dans ses États, où il avait laissé plusieurs frères en âge de régner, et qui, en son absence, pouvaient être tentés de s’emparer de la couronne. Il employa le même artifice auprès de Mérovée, et lui fit craindre que Clodebald n’essayât de s’emparer du territoire des Francs.

 
 
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