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Coutumes et traditions : débuts du football en France. Ballon, origine football ou soule (melle), football association, football rugby. Clubs, équipes : premiers championnats de France

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Football en France (Débuts du)
(D’après « L’Almanach des sports » paru en 1901)
Publié / Mis à jour le mercredi 30 mai 2018, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Le football tel que nous le connaissons aujourd’hui, bien différent de la sphéristique grecque, n’entra dans la pratique de la jeunesse française qu’à la fin de 1888 ; et c’est aux potaches de l’école Monge et de l’école Alsacienne que revient l’honneur d’avoir importé en France un jeu qui, pour être venu codifié d’Angleterre, n’en était pas moins un sport né sur notre sol sous le nom de soule.

En 1901, Frantz Reichel, sportif français polyvalent, qui venait de remporter l’année précédente le titre de Champion olympique avec l’équipe de France de rugby à XV et qui présidera de 1924 à 1932 l’Association Internationale de la Presse Sportive, faisait le point sur la progression de l’engouement pour le football en France, dans l’Almanach des sports.

Selon lui, bien que le football ait pris en France d’une année à l’autre, ou plus exactement d’une saison à l’autre, une extension inattendue dans ses proportions, inattendue quant au nombre des adhérents recueillis brusquement, inattendue surtout quant au public attiré sur les terrains de rencontre, ce sport est alors bien loin encore d’avoir atteint la vogue dont il bénéficie en Angleterre ou en Amérique. Rien ne se fait en un jour, poursuit-il ; il faut laisser au temps accomplir son œuvre lente et sûre. Déjà des progrès considérables ont été accomplis, ont été constatés, et les introducteurs de l’éducation physique en France peuvent aujourd’hui contempler, avec quelque satisfaction, le chemin parcouru en vingt années d’efforts convaincus et inlassables, poursuivis avec obstination parmi l’indifférence des uns, parmi l’opposition des autres.

La soule

La soule

Les origines du football sont encore moins lointaines que celles de l’athlétisme en général. Alors que la course à pied trouvait une religion en 1881 au Racing-Club de France et en 1883, au Stade Français, le football n’entrait dans la pratique de la jeunesse française qu’à la fin de 1888. C’est aux potaches de l’école Monge et de l’Ecole Alsacienne que revient l’honneur d’avoir importé en France un jeu qui, pour être venu codifié d’Angleterre, n’en était pas moins, par ses lointaines origines, un sport né sur le sol gaulois. Je n’apprendrai probablement rien à personne, écrit Reichel, en rappelant qu’en effet le football moderne n’est autre chose que le vieux jeu français, la soule ou melle qui trouvait, sous ces deux appellations, une égale popularité en Normandie (melle) et en Bretagne (soule).

La soule était un jeu violent et brutal ; il lançait, en des jours solennels, la population mâle d’un village contre la population mâle d’un autre village voisin et rival ; le jeu consistait à porter sur le territoire de l’adversaire une sorte de ballon plein, un sac de cuir rempli de sable. C’était la soule. Tous les moyens étaient bons pour atteindre le but ; aucune prescription, aucune sanction. Le jeu révélait aussi un caractère de brutalité inouïe et, au cours de la poursuite de la soule à travers les champs et les bois, tel villageois rancunier profitait des licences du jeu pour assouvir sans risques judiciaires, une vengeance têtue. C’était d’ailleurs chose admise ; une partie de soule ou de melle était occasion à règlement de comptes.

Avec la conquête de l’Angleterre par les Normands, la soule traversa la Manche ; le jeu y prit des proportions fantastiques au point que des édits royaux durent calmer l’impétuosité des joueurs dans les rues des cités. Il fallut aller plus loin encore et les accidents se multipliant tellement, le jeu de la soule fut formellement interdit dans les rues. Dès lors, la soule tomba en désuétude ; elle ne reparut qu’au siècle dernier dans les collèges d’Eton et de Rugby qui en avaient conservé la saine tradition en la modifiant, en la codifiant, en la civilisant, chaque collège à sa façon.

Le collège de Rugby, qui possédait des pelouses, fut le créateur du Football Rugby — qui, par sa conception, rappelle exactement la soule originelle — ; le collège d’Eton, qui n’avait que des cours dallées, fut le créateur du Football Association. Le premier admet la pratique simultanée des pieds et des mains, les corps à corps individuels ou en masses dans lesquels on s’étreint, on se malmène, on se jette à terre ; le Football Association, celui d’Eton, n’admet le jeu du ballon qu’avec le pied. Un même sport, deux écoles, presque deux jeux différents.

Football Rugby Club, équipe du Stade français (1908)

Football Rugby Club, équipe du Stade français (1908)

Pendant longtemps le Football Rugby a bénéficié d’une popularité supérieure à celle de l’Association, mais à la toute fin du XIXe siècle, l’Association a gagné du terrain et peu à peu a pris l’avantage. En 1889, il existait donc deux équipes de Rugby, l’une à l’école Monge, l’autre à l’école Alsacienne. A l’occasion du Congrès international des exercices physiques, un championnat interscolaire fut créé ; cette initiative eut pour résultat de faire naître une troisième équipe, celle du sport athlétique du lycée Lakanal, équipe dont Frantz Reichel fut précisément le créateur.

Ce dernier écrit qu’ils apprirent à jouer le football de la façon suivante : « mes camarades et moi étions assis autour du sautoir de la gymnastique, et tandis que je lisais les règles, lecture suivie d’un commentaire général et hasardeux, l’un de nous avec des bouts de bois fichés dans le sable du sautoir, imaginait les hypothèses du règlement. Il s’en fallut d’un point que l’équipe du lycée Lakanal ne triomphât dans le premier championnat interscolaire. Et ce point désastreux, mon équipe le dut à l’étourderie de l’arrière Cugnier qui, très intéressé à suivre des Anglais qui proche de là s’exerçaient au cricket, ne vit que trop tard le ballon.

« Ce sont donc les scolaires et non les clubs qui ont lancé le football en France. La première équipe de cercle fut créée au Racing Club en 1890-1891. C’est à moi que revint l’honneur de la commander. Cette équipe eut d’ailleurs des débuts très glorieux puisqu’elle ne connut pas la défaite et triompha dans un match - d’où sortit l’institution du championnat de France - resté fameux, de l’équipe du Stade Français que commandait M. Heywood alors professeur au lycée Buffon ».

Telles sont les origines du football en France ; les annales de ce sport comptent donc douze petites années en 1901. Et Reichen d’ajouter que c’est peu, et c’est ce qui rend plus remarquable les prodigieux progrès faits à force d’obstination, de conviction, par nos footballeurs nationaux. On dit que le Français n’a pas d’endurance ; la qualité d’endurance le Français la possède. Il la possède, mais on ne sait pas l’utiliser. Les apôtres de l’athlétisme ont su triompher des défaillances, ont su poursuivre et faire poursuivre l’effort. Ils ont recueilli la récompense de leur énergie dans les succès qu’ont remportés au début de la saison 1900-1901 les équipes françaises sur les équipes étrangères venues d’Allemagne et d’Angleterre. Déjà l’an dernier des progrès notables avaient été constatés ; déjà l’on avait perçu dans le jeu de nos équipes un commencement certain de grande tactique. Les évolutions avaient perdu de leur décousu ; à l’incohérence des péripéties avait succédé l’indiscutable et manifeste volonté des combinaisons.

Football Association, équipe olympique (1920)

Football Association, équipe olympique (1920)

Les matches internationaux organisés à l’occasion des fêtes sportives de l’Exposition ont confirmé ces évolutions en procurant à la foule la joie toujours très appréciable et très appréciée d’assister à des victoires françaises. L’équipe allemande du Fussball’ Franckfürt d’abord, l’équipe anglaise des Mooseley-Wanderers ensuite, puis les équipes du Hong Kong Bank et du Catford Bridge ont connu la défaite, succombant chaque fois devant les équipes françaises. Les deux premières victoires furent dues à l’équipe nationale dont les éléments étaient recrutés théoriquement parmi les meilleurs joueurs des cercles parisiens.

Lors du premier match international la représentation était ainsi répartie : Racing-Club de France, 8 joueurs ; Stade Français, 4 joueurs ; Cosmopolitan-Club, 1 joueur ; Union Athlétique, 1 joueur. Une place prépondérante avait été réservée, comme on le voit, à l’équipe du Racing-Club. Cette large place avait été réservée bien nécessairement, et elle était justifiée. Le Racing-Club avait en effet terminé la saison 1899-1900 en triomphant dans le championnat de Paris, d’abord en battant le Stade Français, et dans le championnat de France ensuite en triomphant successivement du Have Athletic Club, champion du Nord, du Stade Bordelais, champion de France et du Sud-Ouest, et du Football-Club de Lyon, champion du Sud-Est. Et tandis que le Racing-Club, formé de jeunes éléments, reprenait au complet la saison 1900-1901, le Stade Français voyait son équipe se désagréger par suite de la retraite de ses vieux et célèbres joueurs.

Le capitanat de l’équipe nationale fut donné à J. Olivier, du Stade Français. Cette nomination ne fut pas sans soulever d’innombrables difficultés dont la plus grave fut de compromettre la composition de l’équipe de France par suite du forfait des racingmen qui avaient réclamé pour leur chef, le capitaine de l’équipe championne, l’honneur qui, loyalement, devait lui revenir. Les choses s’arrangèrent et grâce à cet accord le football français connut deux victoires inattendues. Bientôt suivies de deux autres victoires, mais celles-là remportées par l’équipe du Racing-Club de France sur le Hong Kong Bank et sur le Catford Bridge. Ces deux succès accusaient la forme et la supériorité du club champion ; ils affirmaient aussi les progrès accomplis.

 
 
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