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2 juillet 1652 : combat du faubourg Saint-Antoine entre le prince de Condé et le maréchal de Turenne

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2 juillet 1652 : combat du faubourg
Saint-Antoine entre le prince de Condé
et le maréchal de Turenne
Publié / Mis à jour le lundi 2 juillet 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Le cardinal Mazarin avait fait arrêter le prince de Condé avec le prince de Conti, son frère, et le prince de Longueville, son beau-frère. Le soulèvement de tous les ordres de l’Etat obligea bientôt le cardinal à délivrer ces illustres prisonniers ; mais le prince de Condé qui, au rapport de Bossuet, déclara dans la suite au roi « qu’il était entré innocent dans la prison, mais qu’il en était sorti coupable », ne tarda pas en effet, à montrer qu’un traitement si peu convenable à la dignité d’un prince du sang, avait laissé une plaie profonde dans une âme aussi élevée que la tienne.

Il quitta d’abord la cour, et se retira à Saint-Maur, d’où étant passé dans son gouvernement de Guyenne, il se mit à la tête des mécontents, prit les armes contre son roi, fit un traité avec les Espagnols, dont il avait été le fléau le plus terrible, tandis que Turenne, de son côté, ayant quitté ces mêmes Espagnols, venait de faire sa paix avec la cour, et commandait l’armée royale. L’épuisement des finances ne permettait ni à l’un ni à l’autre des deux partis d’avoir de grandes armées, mais de petites ne décidaient pas moins du sort de l’Etat. Il y a des temps où cent mille hommes en campagne peuvent à peine prendre des villes ; il y en a d’autres où une bataille entre sept ou huit mille hommes, peut renverser un trône ou l’affermir.

Pendant que l’armée royale était campée auprès de Gien, sur la Loire, le prince de Condé tomba avec une telle rapidité sur un corps commandé par le maréchal d’Hocquincourt, qu’il était sur le point de terminer la guerre par l’avantage le plus décisif, sans l’arrivée de Turenne qui sauva le reste de l’armée et toute la famille royale qui était à Gien, prête à tomber entre les mains du vainqueur. C’est ce qu’on appelle le combat de Bléneau, si longtemps célèbre en France.

Condé, qui ne se flattait pas de surprendre Turenne comme il avait surpris d’Hocquincourt, fit marcher son armée vers Paris, pour affermir la capitale dans son parti ; de là il commença à négocier avec la cour, qui était à Saint-Germain ; les négociations ayant été inutiles, le prince de Condé se résolut à recommencer la guerre ; il était posté à Saint-Cloud, réduit aux seules troupes qu’il avait amenées avec lui, les Parisiens ayant voulu rester neutres entre le roi et le prince. Turenne était campé en deçà de la Seine, vis-à-vis de Saint-Cloud. L’arrivée du maréchal de la Ferté, qui venait le joindre, ayant fait craindre au prince de Condé d’être enveloppé, il résolut d’aller occuper le poste de Charenton, et il passa la Seine, ayant Paris à sa droite, et n’ayant rien qui le séparât de Turenne.

Ce fut dans cette marche, que se trouvant pressé par l’armée royale, il n’eut que le temps de se jeter dans le faubourg Saint-Antoine, où se donna ce fameux combat, dans lequel ces deux généraux firent, avec si peu de troupes, de si grandes choses, que la réputation de l’un et de l’autre, qui semblait ne pouvoir plus croître, en fut augmentée. Le prince de Condé, avec un petit nombre de seigneurs de son parti, suivi de quelques régiments, soutint et repoussa l’effort de l’armée royale ; ce fut là que le duc de la Rochefoucault, si illustre par son courage et par son esprit, reçut un coup au-dessus des yeux, qui lui fit perdre la vue pour quelque temps. Un neveu du cardinal Mazarin y fut tué ; on ne voyait que jeunes seigneurs tués ou blessés, qu’on rapportait à la porte Saint-Antoine, qui refusait de s’ouvrir.

Le roi, âgé de quinze ans, contemplait le combat de la hauteur de Charonne, avec sa mère et le cardinal Mazarin ; cette journée allait être décisive contre le prince de Condé, par le secours qu’amenait le maréchal de la Ferté, si les Parisiens ne lui eussent enfin ouvert leurs portes, à la persuasion de mademoiselle de Montpensier, fille du duc d’Orléans, qui fit tirer sur les troupes du roi le canon de la Bastille, sur quoi Mazarin dit : « Elle a tué son mari » ; voulant dire que le roi qu’elle voulait épouser, ne lui pardonnerait jamais cette insulte.

C’est ici le lieu de placer le beau parallèle de Turenne et de Condé, que Bossuet nous a laissé dans la plus belle de ses oraisons funèbres : « Ç’a été, dans notre siècle, un grand spectacle de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance ; comme si Dieu, dont souvent, selon l’Ecriture, la sagesse se joue dans l’univers, eût voulu nous les montrer en toutes les formes, et nous montrer ensemble tout ce qu’il peut faire des hommes. Que de campements, que de belles marches, que de hardiesse, que de précautions, que de périls, que de ressources ! Vit-on jamais en deux hommes les mêmes vertus, avec des caractères si divers, pour ne pas dire si contraires ?

« L’un paraît agir par des réflexions profondes, et l’autre par de soudaines illuminations : celui-ci par conséquent plus vif, mais sans que son feu eût rien a de précipité ; celui-là d’un air plus froid, sans jamais rien avoir de lent ; plus hardi à faire qu’à parler, résolu et déterminé au-dedans, lors même qu’il paraissait embarrassé au-dehors. L’un, dès qu’il parut dans les armées, donne une haute idée de sa valeur, et fait attendre quelque chose d’extraordinaire, mais toutefois s’avance par ordre, et vient par degrés aux prodiges qui ont fini le cours de sa vie ; l’autre, comme un homme inspiré, dès sa première bataille, s’égale aux maîtres les plus consommés.

« L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie ; l’autre jette d’abord une si vive lumière, qu’elle n’osait l’attaquer. L’un enfin, par la profondeur de son génie et les incroyables ressources de son courage, s’élève au-dessus des plus grands périls, et sait même profiter de toutes les infidélités de la fortune ; l’autre, et par l’avantage d’une si haute naissance, et par ces grandes pensées que le ciel envoie, et par une espèce d’instinct admirable dont les hommes ne connaissent pas le secret, semble né pour entraîner la fortune dans ses desseins, et forcer les destinées.

« Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un, emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’armée le pleure comme son père, et la cour et tout le peuple gémit ; sa piété est louée comme son courage, et sa mémoire ne se flétrit point par le temps ; l’autre élevé, par les armes, au comble de la gloire comme un David, meurt comme lui dans son lit, en publiant les louanges de Dieu, et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis autant de l’éclat de sa vie, que de la douleur de sa mort.

« Quel spectacle de voir et d’étudier ces deux hommes, et d’apprendre de chacun d’eux toute l’estime que méritait l’autre ! C’est ce qu’a vu notre siècle : et ce qui est encore plus grand, il a vu un roi se servir de ces deux grands chefs, et profiter du secours du ciel ; et après qu’il en est privé par la mort de l’un et les maladies de l’autre, concevoir de plus grands desseins, exécuter de plus grandes choses, s’élever au-dessus de lui-même, surpasser et l’espérance des siens, et l’attente de l’univers : tant est haut son courage, tant est vaste son intelligence, tant ses destinées sont glorieuses ! »

 
 
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