Personnages : biographies Vie, oeuvre, biographies de personnages ayant marqué l’Histoire de France (écrivains, hommes politiques, inventeurs, scientifiques...) D’Artagnan (Qui fut le véritable)inspirant Alexandre Dumaspour ses Trois Mousquetaires ? (D’après « Revue encyclopédique », paru en 1894) Publié / Mis à jour le lundi 1er juin 2020, par Redaction Temps de lecture estimé : 6 mn Où l’on apprend que le véritable d’Artagnan, dans les mémoires duquel Alexandre Dumas puisa de quoi nourrir son imagination, s’appelait Charles Baatz de Castelmore et, né en 1611 ou 1612, fut « galant et querelleur jusqu’au jour où Mazarin l’attacha à sa personne ». Emblématique du courtisan du temps, il fut volage mais finit par se marier la cinquantaine venue avec une demoiselle qui, « jalouse à l’excès, le quitta au bout de quelque temps pour se retirer dans un couvent » Les d’Artagnan, ou mieux d’Artaignan, sont une branche de la maison gasconne de Montesquiou Fézenzac. En 1608, Françoise de Montesquiou, fille de Jean de Montesquiou, seigneur d’Artaignan, épousa Bertrand de Baatz, seigneur de Castelmoron ou Castelmore. De cette union naquirent deux fils : 1° Paul de Baatz, qui mourut en 1712, âgé de plus de cent ans, et qui fut gouverneur de Navarreins ; 2° Charles de Baatz, qui prit, ainsi que son frère, le nom maternel de d’Artagnan pour se distinguer de son père, appelé communément le comte de Castelmore. C’est ce dernier qui figure au premier plan dans le célèbre roman des Trois Mousquetaires. Notons que d’Artagnan est le nom d’une localité des environs de Vic-en-Bigorre, voisine d’Athos et d’Aramitz ; on sait que Dumas désigne ainsi deux des inséparables compagnons de son héros ; quant au troisième, Porthos, il avait un fils de ce nom, châtelain béarnais d’Autevielle. Château de Castelmore à Lupiac (Gers), demeure natale de Charles de Batz Charles de Baatz de Castelmore, comte d’Artagnan, naquit en 1611 ou 1612. Sans fortune, il vint de bonne heure à Paris, où il se fit remarquer, malgré les édits, par son attitude courageuse dans de nombreux duels. Entré comme cadet dans la compagnie des gardes, il débuta dans la carrière des armes en assistant au siège d’Arras, en 1640 ; de là, il suivit en Angleterre le comte d’Harcourt, chargé de négocier une transaction entre Charles Ier et les parlementaires. Envoyé au siège de Gravelines (1644), il endossa à son retour la casaque de mousquetaire et se distingua au siège de Bourbourg (1645). En 1646, Mazarin, qui était avec le roi à Amiens, demanda à M. de Troisville deux mousquetaires sûrs, qu’il pourrait attacher à sa personne : d’Artagnan, désigné par son chef, entra donc au service du cardinal. Celui-ci, qui voulait donner à son neveu, le duc de Nevers, la charge de Troisville, mais qui ne pouvait décider celui-ci à la résigner, prit le parti de supprimer les mousquetaires, et indemnisa le capitaine-lieutenant en lui donnant le gouvernement de Foix. Mazarin, qui avait remarqué la finesse du jeune Béarnais, l’employa à diverses missions secrètes et le récompensa en le nommant lieutenant aux gardes. D’Artagnan, croyant avoir à se plaindre de l’avarice du cardinal, feignit de vouloir le quitter et mit sa lieutenance en vente ; pour le retenir, Mazarin consentit à lui donner, moyennant 20000 livres, un brevet de capitaine aux gardes (1654). Il le chargea alors d’aller en Angleterre pour s’y renseigner de visu sur la situation du Protecteur, dont le fils aurait été un parti très sortable pour Hortense Mancini ; mais, avant d’offrir sa nièce, le cardinal voulait être certain que la puissance du Protecteur était solidement établie. La république d’Angleterre ayant sombré, d’Artagnan fut choisi encore par le cardinal pour proposer la malheureuse Hortense à Charles Ier, avec une dot considérable. Inutile d’ajouter qu’il échoua dans ces deux négociations, quelque habileté qu’il y eût déployée. Charles de Baatz (Batz) de Castelmore, comte d’Artagnan Entre chacune de ces missions, le capitaine aux gardes avait assisté à différents sièges, à de nombreux combats, et s’y était distingué par son brillant courage. En 1657, les mousquetaires ayant été rétablis, d’Artagnan en fut nommé le sous-lieutenant, et comme le duc de Nevers, capitaine-lieutenant, ne s’occupait point de sa compagnie, il en fut le véritable chef. Aussi quelque temps après la mort de Mazarin, Louis XIV lui donna-t-il la charge de l’incapable neveu du cardinal (1667). Moins de quatre mois, après, au moment de partir pour la campagne de Flandres, il fut promu au grade de brigadier. Enfin, en 1672, lors de la déclaration de guerre à la Hollande, d’Artagnan devint maréchal de camp. A Maëstricht, au mois de juin 1673, il tombait pour ne plus se relever. « Pendant- qu’on travaillait à la descente du fossé, le roi commanda pour cette action ses mousquetaires, qu’il fit soutenir par un détachement de divers corps, le tout sous les ordres de M. de Monmouth, fils naturel du roi d’Angleterre et lieutenant général de jour. M. d’Artagnan était à leur tête : tout plia si fort devant lui qu’en moins d’une demi-heure il se vit maître de l’ouvrage. » (Quincy, Histoire militaire du règne de Louis le Grand). Bientôt les assiégés reprirent le dessus ; ce voyant, d’Artagnan s’élança avec une telle fougue qu’il ne s’arrêta que lorsque les balles l’eurent renversé. Pour achever la biographie de d’Artagnan, il est indispensable d’ajouter que nul n’eut autant d’intrigues nobles ou vulgaires, faciles ou dangereuses, immorales presque toujours. Galant et querelleur jusqu’au jour où Mazarin l’attacha à sa personne, il devint alors un ambitieux ; sous Louis XIV, il fut le type du gentilhomme et du courtisan du temps. Volage autant qu’homme du monde, il se maria pourtant, ayant passé la cinquantaine, avec « demoiselle Anne-Charlotte de Chaulay », qui, jalouse à l’excès, le quitta au bout de quelque temps pour se retirer dans un couvent. Louis XIV et la reine, le dauphin et Mme de Montpensier tinrent sur les fonts baptismaux les deux enfants issus de cette union tardive : par cette marque d’honneur, le .roi en-tendait récompenser le courage vraiment extraordinaire du Gascon. C’est d’Artagnan qui avait procédé à l’arrestation de Fouquet. Henry d’Aramitz, qui inspira le personnage d’Aramis Deux cousins germains de d’Artagnan ont acquis quelque notoriété : le premier est Pierre de Montesquiou, maréchal d’Artagnan (1640 (?)-1725), qui commanda à Malplaquet, comme lieutenant-général, une partie de l’infanterie et reçut son bâton de maréchal à la suite de cette malheureuse journée ; le second est Joseph de Montesquiou, comte d’Artagnan (1650-1729), capitaine-lieutenant des mousquetaires, lieutenant général des armées du roi, gouverneur des ville et château de Nîmes. Mémoires de M. d’Artagnan Le roman des Trois Mousquetaires, d’Alexandre Dumas, a donné une certaine. notoriété aux Mémoires de M. d’Artagnan, contenant quantité de choses particulières et secrètes, qui se sont passées sous le règne de Louis le Grand (en 3 volumes parus en 1701). Si l’on en croyait Quérard et ses Supercheries littéraires dévoilées, les Trois Mousquetaires ne seraient presque qu’un honteux plagiat. Les Mémoires de d’Artagnan ont un intérêt propre, quoiqu’ils soient moins amusants que le roman de Dumas : ils ont été publiés, non par leur auteur, mais par un anonyme qui s’est trouvé, nous assure-t-il, en possession de ces papiers, et qui s’est contenté d’y mettre de l’ordre, n’ajoutant çà et là que ce qu’il fallait pour la clarté du récit. L’anonyme n’est autre, comme on le sait, que le fameux Gatien des Courtilz de Sandras, auteur d’une foule de « Mémoires » du même genre ; cependant, à quelques particularités curieuses on pourrait croire que l’ouvrage a un fond véridique. La supercherie, si c’en est une, est par moments assez habile pour faire illusion. Les Mémoires commencent vers 1654, un peu avant le siège d’Arras par les maréchaux de Chaulnes, de Châtillon et de La Meilleraye. Le jeune d’Artagnan, alors âgé de seize ou dix-sept ans au plus, petit cadet de Béarn, si pauvre que ses parents n’ont pu lui donner, au départ, qu’un bidet de 22 francs avec 10 écus dans sa poche pour faire son voyage, vient chercher fortune à Paris, où un autre cadet de Béarn, M. de Troisville, était capitaine de la compagnie des mousquetaires du roi. Dès les premières pages il montre ce caractère aventurier et querelleur qu’Alexandre Dumas a si bien su mettre en relief, et c’est là le plus grand emprunt que le romancier ait fait au livre qu’on l’accusa d’avoir plagié : trouvant un type original esquissé à grands traits, il l’a développé avec le plus rare talent. Ses parents, qui lui ont donné si peu d’argent, ont été moins chiches de conseils. « Ils me remontrèrent, raconte-t-il, que je prisse bien garde à ne jamais faire de lâcheté, parce que si cela m’arrivait une fois, je n’en reviendrais de ma vie. Ils me représentèrent que l’honneur d’un homme de guerre, profession que j’allais embrasser, était aussi délicat que celui d’une femme, dont la vertu ne pouvait jamais être soupçonnée que cela ne lui fît un tort infini dans le monde, quand elle trouverait après cela moyen de s’en justifier ; que je savais bien le peu de cas que j’avais toujours entendu faire de celles qui passaient pour être de médiocre vertu ; qu’il en était de même des hommes qui témoignaient quelque lâcheté ; que j’eusse toujours cela devant les yeux, parce que je ne pouvais me le graver trop avant dans la cervelle. » Muni de ce viatique, il a tout de suite un duel, près d’Orléans, avec un gentilhomme qui regarde de travers son piteux équipage : on le bâtonne, on lui casse son épée, on le fourre en prison, et il ne sait jamais ce qu’est devenu son bidet de 22 francs, pas plus que son linge. Telle est son entrée dans la vie. A Paris, où il fait tout de suite connaissance, en se présentant à M. de Troisville, avec les fameux mousquetaires Porthos, Athos et Aramis, il se trouve aussitôt engagé dans une rencontre plus sérieuse de quatre contre quatre avec des gardes du cardinal de Richelieu, et c’est naturellement lui qui décide la victoire en se débarrassant le premier de son adversaire, ce qui lui permet d’aller secourir ses amis en péril : telles étaient alors les lois du duel. Une autre rencontre qu’il a, au sortir d’un jeu de paume, avec un garde du cardinal, manque de devenir une affaire d’Etat en brouillant Louis XIII et son premier ministre ; d’Artagnan se croit perdu, et il a une audience du roi, qui lui donne 50 louis : c’est le commencement de sa fortune. Ses aventures se poursuivent, mêlées de duels, de faits d’armes et d’amourettes qui sont la partie anecdotique la plus amusante des trois volumes : il a d’abord une hôtelière, dont le mari essaye de l’assassiner ; puis une Anglaise dont il a blessé le frère en duel et qui veut se venger de lui en le laissant sécher de désirs pour elle : on sait qu’un des principaux personnages des Trois Mousquetaires est la fameuse Milady, type achevé de perversité féminine. Alexandre Dumas Si Dumas en a pris l’idée dans les Mémoires de d’Artagnan, il y a considérablement ajouté, et l’épisode où elle joue le plus grand rôle, l’envoi de d’Artagnan en Angleterre par Anne d’Autriche à la recherche d’un collier de diamants, don de Louis XIII, qu’elle a imprudemment mis au cou du duc de Buckingham, est dû tout entier à l’imagination de l’écrivain. D’Artagnan se rend bien en Angleterre, et plusieurs fois, mais pour de tout autres motifs. Parmi ces histoires d’amour, il en est une qui mérite d’être notée, c’est le mariage manqué du héros avec Mme de Miramion, si célèbre depuis par sa charité et ses fondations pieuses. Au moment où elle allait épouser l’ancien mousquetaire, devenu gentilhomme de la chambre du cardinal Mazarin, Bussy-Rabutin l’enlève ; d’Artagnan la délivre, aidé de sept ou huit de ses amis, et comme il croit que ce coup d’éclat lui a décidément gagné le cœur de la belle, il est tout surpris de lui entendre dire qu’après un tel scandale elle ne veut plus se marier et qu’elle se consacre à la religion. C’est un épisode délicat et qui peint admirablement tout un côté des mœurs de l’époque. Ajoutons toutefois que l’histoire, en rapportant le rapt tenté par Bussy-Rabutin, a négligé de faire mention de d’Artagnan. Ainsi que la plupart des documents de ce genre, les Mémoires de d’Artagnan ne peuvent pas être lus avec une foi complète ; mais ils offrent des détails véridiques d’une certaine importance, non seulement sur les faits d’armes des dernières années de Louis XIII et des premières du règne de Louis XIV, mais, ce qui est plus précieux, sur toutes les petites intrigues de la cour ; c’est ce qui les rend si intéressants. Même rubrique > voir les 165 ARTICLES Saisissez votre mail, et appuyez sur OKpour vous abonner gratuitement Vos réactions Prolongez votre voyage dans le temps avec notreencyclopédie consacrée à l'Histoire de France Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne ! Numéro ? Magazine d'Histoire de France N° 44 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 43 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) Magazine d'Histoire de France N° 42 (traditions, légendes, fêtes, métiers, personnages...) 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