18 janvier 350 : Magnence, capitaine des gardes de l'empereur Constant, est proclamé Auguste

Deux ans avant sa mort, Constantin le Grand avait partagé son empire entre ses trois fils et ses deux neveux (voy. 9 Septembre 337) : ses fils seulement régnèrent. Constant, le plus jeune des trois, obtint l’Illyrie, l’Italie et l’Afrique : sa part s’accrut encore de celle de son frère aîné. (voy. 9 Avril 340.) Après avoir, soit par ses armes, soit par ses négociations, soit à prix d’or, écarté les Francs de ses frontières, le jeune empereur d’Occident se livrait tout entier aux plaisirs.

« Magnence, Germain d’origine, esclave affranchi, soldat robuste et ambitieux, osa prétendre à l’empire. De grade en grade il était parvenu jusqu’à celui de commandant de la garde du prince. Comme ses subordonnés trouvaient sa discipline trop sévère, ils allaient un jour lui arracher la vie, si Constant ne leur eût imposé en le couvrant de sa pourpre. Malgré la bassesse de son extraction il trouva les moyens de s’instruire ; il avait de la lecture et une sorte d’éloquence militaire : capable des plus noirs forfaits, insolent dans la prospérité, timide dans la mauvaise fortune, tel était l’homme qui conspira contre l’empereur d’Occident. L’âme du complot fut Marcellin, trésorier public, qui fournit les instruments de la sédition. Quand on eut gagné une partie de l’armée et des officiers du palais, ce trésorier, sous prétexte de célébrer, suivant l’usage, l’anniversaire de la naissance de son fils, donna une fête aux personnes les plus distinguées de la cour des Gaules, qui résidait alors à Autun. Plusieurs des convives étaient de la conjuration. Le banquet fut prolongé bien avant dans la nuit. Magnence étant sorti de la salle sans qu’on y eût fait attention, rentre escorté de gardes et avec tout l’appareil de la dignité impériale. Les conspirateurs le saluent du nom d’Auguste. La surprise, la frayeur, l’ambition contribuèrent à rendre l’acclamation unanime. Avec ce cortège il marche au palais où Constant n’était pas, s’empare du trésor, et le prodigué à ses complices. On ferma les portes de la ville, et, avant la fin de la journée, Magnence se trouva maître d’Autun et des troupes. Malgré ses précautions, la renommée porta le bruit de sa révolte jusqu’à l’empereur, qui s’amusait à la chasse dans quelque forêt voisine. »

Constant prit la fuite ; mais il fut atteint et égorgé dans sa retraite précipitée. (voy. 27 février 350.) Magnence ne jouit pas longtemps de son forfait. (voy. 11 Aout 353.)