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12 février 1713 : Charles XII, roi de Suède, livre un combat près de Bender, et est fait prisonnier

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12 février 1713 : Charles XII, roi de Suède, livre un combat près de Bender, et est fait prisonnier
Publié / Mis à jour le lundi 22 mars 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Après la bataille de Pultawa (voy. 8 Juillet 1709), Charles XII devint l’hôte du sultan Achmet III : des intérêts communs unissaient alors la Porte et la Suède contre le czar Pierre. Après le traité du Pruth (voy. Ier Aout 1711), Charles ne fut plus qu’un hôte incommode, dont on tâcha de se débarrasser. Il fallut employer la force ; car, dans sa retraite de Varnitza, Charles ne se croyait pas moins roi qu’à Stockholm.

Charles avait près de lui trois cents Suédois, débris de sa fidèle garde. Lorsque l’ordre définitif du grand-seigneur et le festwa du muphti lui eurent été notifiés par le bâcha de Bender, « Obéis à ton maître, si tu l’oses, s’écria-t-il, ne pouvant plus maîtriser sa colère, et sors de ma présence. » Le bâcha indigné s’en retourna au grand galop, contre l’usage des Turcs, et rencontrant Fabrice, l’envoyé de Holstein, il lui dit, toujours en courant : « Le roi ne veut point écouter la raison : tu vas voir des choses bien étranges. » En effet, on vit un roi s’obstiner à risquer sa vie plutôt que d’accepter des conditions raisonnables, se défendre dans une masure comme dans une citadelle fortifiée, et livrer un combat avec quarante hommes, tant officiers que domestiques, comme il l’aurait fait avec une armée de quarante mille. Inflexible à toutes les sollicitations, à toutes les prières, Charles renvoya, sans les voir, les soixante janissaires qui étaient venus pour négocier avec lui, en les menaçant, s’ils ne se retiraient, de leur faire couper la barbe.

Les vieillards, remplis de l’indignation la plus vive, s’en retournèrent en criant : « , Ah ! la tête de fer ! puisqu’il veut périr, qu’il périsse ! » Ils vinrent rendre compte au bacha de leur commission, et apprendre à leurs camarades à Bender l’étrange réception qu’on leur avait faite. Tous jurèrent alors d’obéir à l’ordre du bâcha sans délai, et eurent autant d’impatience d’aller à l’assaut, qu’ils en avaient eu peu le jour précédent.

L’ordre est donné dans le moment : les Turcs marchent aux retranchements ; les Tartares les attendaient déjà, et les canons commençaient à tirer. Les janissaires d’un côté, et les Tartares de l’autre, forcent en un instant ce petit camp : à peine vingt Suédois tirèrent l’épée ; les trois cents soldats furent enveloppés et faits prisonniers sans résistance. Le roi était alors à cheval, entre sa maison e t son camp, avec les généraux Hord, Dardoff et Sparre : voyant que tous les soldats s’étaient laissé prendre en sa présence, il dit de sang-froid à ces trois officiers : « Allons défendre la maison ; nous combattrons, ajouta-t-il en souriant, pro aris et focis. »

Aussitôt il galope avec eux vers cette maison, où il avait mis environ quarante domestiques en sentinelle, et qu’on avait fortifiée du mieux qu’on avait pu.

Ces généraux, tout accoutumés qu’ils étaient à l’opiniâtre intrépidité de leur maître, ne pouvaient se lasser d’admirer qu’il voulût de sang-froid, et en plaisantant, se défendre contre dix canons et toute une armée ; ils le suivirent avec quelques gardes et quelques domestiques, qui faisaient en tout vingt personnes.

Mais, quand ils furent à la porte, ils la trouvèrent assiégée de janissaires ; déjà même près de deux cents Turcs ou Tartares étaient entrés par une fenêtre, et s’étaient rendus maîtres de tous les appartenons, à la réserve d’une grande salle où les domestiques du roi s’étaient retirés.

Cette salle était heureusement près de la porte par où le roi voulait entrer avec sa petite troupe de vingt personnes ; il s’était jeté en bas de son cheval, le pistolet et l’épée à la main, et sa suite en avait fait autant.

Les janissaires tombent sur lui de tous côtés ; ils étaient animés par la promesse qu’avait faite le bâcha de huit ducats d’or à chacun de ceux qui auraient seulement touché son habit, en cas qu’on pût le prendre. Il blessait et il tuait tous ceux qui s’approchaient de sa personne. Un janissaire qu’il avait blessé lui appuya son mousqueton sur le visage : si le bras du Turc n’avait fait un mouvement causé par la foule, qui allait et qui venait comme des vagues, le roi était mort ; la balle glissa sur sou nez, lui emporta un bout de l’oreille, et alla casser le bras au général Hord, dont la destinée était d’être toujours blessé à côté de son maître.

Le roi enfonça son épée dans l’estomac du janissaire ; en même temps ses domestiques, qui étaient enfermes dans la grande salle, en ouvrent la porte : le roi entre comme un trait, suivi de sa petite troupe ; on referme la porte dans l’instant, et on la barricade avec tout ce qu’on peut trouver. Voilà Charles XII dans cette salle, enfermé avec toute sa suite, qui consistait en près de soixante hommes, officiers, gardes, secrétaires, valets de chambre, domestiques de toute espèce.

Les janissaires et les Tartares pillaient le reste de la maison, et remplissaient les appartements. « Allons un peu chasser de chez moi ces barbares, » dit-il, en se mettant à la tête de son momie ; il ouvrit lui-même la porte de la salle, qui donnait dans son appartement à coucher ; il entre, et fait feu sur ceux qui pillaient.

Les Turcs, chargés de butin, épouvantés de la subite apparition de ce roi qu’ils étaient accoutumés à respecter, jettent leurs aunes, sautent par la fenêtre ou se retirent jusque dans les caves. Le roi, profitant de leur désordre, et les siens animés par le succès, poursuivent les Turcs de chambre en chambre, tuent ou blessent ceux qui ne fuient point, et en un quart-d’heure nettoient la maison d’ennemis.

Le roi aperçut, dans la chaleur du combat, deux janissaires, qui se cachaient sous son lit ; il en tua un d’un coup d’épée ; l’autre lui demanda pardon en criant Amman. « Je te donne la vie, dit le roi au Turc, à condition que tu iras faire au bâcha un fidèle récit de ce que tu as vu. » Le Turc promit aisément ce qu’on voulut, et on lui permit de sauter par la fenêtre, comme les autres.

Les Suédois étant enfin maîtres de la maison, refermèrent et barricadèrent encore les fenêtres. Ils ne manquaient point d’armes ; une chambre basse, pleine de mousquets et de poudre, avait échappé à la recherche tumultueuse des janissaires : on s’en servit à propos. Les Suédois tiraient à travers les fenêtres, presque à bout portant, sur cette multitude de Turcs, dont ils tuèrent deux cents en moins d’un demi-quart-d’heure.

Le canon tirait contre la maison ; mais les pierres étant fort molles, il ne faisait que des trous, et ne renversait rien. : Le kan des Tartares et le bâcha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d’occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison, pour obliger le roi à se rendre. Ils firent lancer sur le toit, contre les portes et contre les fenêtres, des flèches entortillées de mèches allumées : la maison fut en flammes en un moment ; le toit, tout embrasé, était près de fondre sur les Suédois. Le roi donna tranquillement ses ordres pour éteindre le feu. Trouvant un petit baril plein de liqueur, il prend le baril lui- même, et, aidé de deux Suédois, il le jette à l’endroit où le feu était le plus violent. Il se trouva que ce baril était rempli d’eau-de-vie ; mais la précipitation, inséparable d’un tel embarras, empêcha d’y penser. L’embrasement redoubla avec plus de rage : l’appartement du roi était consumé ; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d’une fumée affreuse, mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins ; la moitié du toit était abîmée dans la maison même ; l’autre tombait en dehors, en éclatant dans les flammes.

Un garde, nommé Walberg, osa, dans cette extrémité, crier qu’il fallait se rendre. « Voilà un étrange homme, dit le roi, qui s’imagine qu’il n’est pas plus beau d’être brûlé que d’être prisonnier. » Un autre garde, nommé Rosen, s’avisa de dire que la maison de la chancellerie, qui n’était qu’à cinquante pas, avait un toit de pierre et était à l’épreuve du feu, qu’il fallait faire une sortie, gagner cette maison, et s’y défendre. « Voilà un vrai Suédois, » s’écria le roi ; il embrassa ce garde, et le créa colonel sur-le-champ. « Allons, mes amis, dit-il, prenez avec vous le plus de poudre et de plomb que vous pourrez, et gagnons la chancellerie, l’épée à la main. »

Les Turcs, qui cependant entouraient cette maison tout embrasée, voyaient avec une admiration mêlée d’épouvante que les Suédois n’en sortaient point ; mais leur étonnement fut encore plus grand lorsqu’ils virent ouvrir les portes, et le roi et les siens fondre sur eux en désespérés. Charles et ses principaux officiers, étaient armés d’épées et de pistolets : chacun tira deux coups à là fois à l’instant que la porte s’ouvrit ; et dans le même clin d’œil, jetant leurs pistolets et s’armant de leurs épées, ils firent reculer les Turcs de plus de cinquante pas. Mais, le moment d’après, cette petite troupe fut entourée : le roi,, qui était en bottes, selon sa coutume, s’embarrassa dans ses éperons et tomba ; vingt et un janissaires se jettent aussitôt sur lui ; il jette en l’air son épée pour s’épargner la douleur de la rendre. Les Turcs l’emmènent au quartier du bâcha, les uns le tenant sous les jambes, les autres sous les bras, comme on porte un malade que l’on craint d’incommoder.

Au moment où le roi se vit saisi, la violence de son tempérament, et la fureur où un combat si long et si terrible avait dû le mettre, firent place tout-à-coup à la douceur et à la tranquillité. Il ne lui échappa pas un mot d’impatience, pas un coup d’œil de colère. Il regardait les janissaires en souriant, et ceux-ci le portaient en criant Allah ! avec une indignation mêlée de respect ; ses officiers furent pris au même temps, et dépouillés par les Turcs et par les Tartares.

De Bender, Charles fut conduit à Démotica, où il passa deux mois dans son lit, feignant d’être malade ; enfin, le Ier octobre 1714, il prit la résolution de retourner dans ses États, (voy. cette date ; voy. aussi 11 décembre 1718, Mort de Charles XII. )

 
 
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