Les Gaulois à l'oeil nu, par Dominique Garcia

Gaulois. Le mot apparaît atemporel. Dès qu’il surgit, les images se bousculent : guerrier valeureux ou espiègle, tabac âcre et cervoise artisanale, esprit rebelle ou licencieux, statue commémorative et tableau pompier, nationalisme outré et patrimoine de proximité...

Le terme recouvre des sens divers, patriotiques souvent, mais il apporte, chose singulière, peu d’informations rigoureuses sur ces Celtes devenus Gaulois. À notre insu, de manière pernicieuse, mais aussi rassurante, il entretient un imaginaire et nous entraîne dans un univers qui nous paraît familier. Notre part de Gaulois. Avec ses charmes et ses disgrâces, il vit donc sa vie de doxa et accompagne l’évolution de notre nation ; cela pourrait suffire.

Les Gaulois à l’œil nu, par Dominique Garcia. Éditions du CNRS

Mais qui sait vraiment ce que le passé nous réserve ? Or, depuis quelques décennies, l’anthropologie sociale et surtout la recherche archéologique de terrain ont permis de préciser sensiblement la nature des « vrais » Gaulois. D’inédites « archives du sol » sont recueillies lors des recherches réalisées sur des lieux patrimoniaux : des fouilles d’ « intérêt national », a-t-on justement pu dire. Alésia, Bibracte, Ensérune, Gergovie, Glanum, Lattara ou Vix sont quelques-uns de ces hauts lieux de mémoire. Mais d’autres « gisements », plus modestes et menacés par l’aménagement du territoire (constructions de routes, de centres commerciaux, d’immeubles...), livrent des résultats considérables, grâce à l’archéologie dite préventive.

Dans cet ouvrage, Dominique Garcia et Jeremy Perrodeau dépouillent les Gaulois de leurs oripeaux pour en dresser un portrait documenté, vivant et malicieux. Grâce à l’archéologie et à l’histoire, ils nous entraînent à travers les forêts défrichées, les sanctuaires et les cités, sur les traces de peuples captivants. Pasteurs, cultivateurs, orpailleurs, nos Gaulois sont aussi citadins, commerçants et artisans. Sur la « terre du couchant », comme les Grecs la nommaient, ils vivent, échangent, créent avec tous les peuples de l’espace européen. Les découvertes des trente dernières années valent bien un nouveau tour de Gaule, le voici.