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Légendes, croyances, superstitions. Colombe de la Pentecôte et du Saint-Esprit. Fin du Déluge. Noé, corbeau, diable et Satan

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Légendes, Superstitions
Légendes, superstitions, croyances populaires, rites singuliers, faits insolites et mystérieux, récits légendaires émaillant l’Histoire de France
Colombe (La) de la Pentecôte
se détourne du diable
à la fin du Déluge
(D’après « Les fêtes légendaires », paru en 1866)
Publié / Mis à jour le dimanche 15 mai 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Si la fête de la Pentecôte, célébrant le retour de l’Esprit-Saint de Jésus 50 jours après Pâques, est personnifiée par une colombe, une légende nous enseigne que cet oiseau acquit ses lettres de noblesse en résistant au diable, lorsque Noé l’eût lâchée en reconnaissance afin de s’assurer que le Déluge touchait à sa fin, car ne voyant pas revenir le corbeau qui lui, avait succombé au charme de Satan...

Dans la Bible, c’est en effet une colombe qui annonce à Noé la fin du Déluge. La colombe blanche s’oppose par sa symbolique au corbeau noir qui s’abat sur les charognes flottant sur les eaux du Déluge :

« Et il arriva, au bout de quarante jours, que Noé ouvrit la fenêtre de l’arche qu’il avait faite ; et il lâcha le corbeau, qui sortit, allant et revenant jusqu’à ce que les eaux eussent séché de dessus la terre. Et il lâcha d’avec lui la colombe, pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol ; mais la colombe ne trouva pas où poser la plante de son pied, et revint à lui dans l’arche, car les eaux étaient sur la face de toute la terre ; et il étendit sa main, et la prit, et la fit entrer auprès de lui dans l’arche. Et il attendit encore sept autres jours, et il lâcha de nouveau la colombe hors de l’arche. Et la colombe vint à lui au temps du soir, et voici, dans son bec, une feuille d’olivier arrachée. Et Noé sut que les eaux avaient baissé sur la terre. Et il attendit encore sept autres jours, et il lâcha la colombe, et elle ne revint plus de nouveau vers lui. » (Genèse, 8, 6-12)

Noé et la colombe. Extrait de la Bible historiale (XIVe siècle)

Noé et la colombe. Extrait de la Bible historiale (XIVe siècle)

Mais vous êtes-vous jamais demandé ce que faisait le diable pendant le Déluge ? Écoutez cette naïve histoire sortie du cloître, et qui raconte la vision d’un bon moine, vision si extraordinaire qu’elle fut consignée dans le registre de son monastère ; vous saurez ce que faisait le roi des maudits.

Pendant le Déluge, Satan, n’ayant plus rien à besogner sur la terre, se retira dans le coin d’un nuage très noir, le plus bas qu’il pût trouver, afin d’être proche de la terre et de s’élancer sur le premier être qui paraîtrait ; il avait avec lui comme compagnon un serpent, son ami intime (ce reptile qui ne meurt jamais symbolise l’éternité). Fatigué d’attendre, il sollicita une entrevue de Dieu et l’obtint. Le bon moine, ayant prêté l’oreille, entendit le malin esprit dire à Dieu ces paroles : « Pourquoi m’as-tu damné pour toujours, moi qui ne t’ai offensé qu’une fois, tandis que tu sauves des milliers d’êtres qui t’ont offensé si souvent ? Aujourd’hui tu les châties ; mais en même temps, tu sauves un couple de chaque espèce. Les hommes vont repeupler la terre et recommencer à t’offenser, et toi tu leur pardonneras encore. Tu pardonnes à tous, à moi jamais ! »

Dieu lui répondit : « M’as-tu demandé pardon une seule fois ? Incline-toi devant moi, repens-toi ! Ma bonté, qui est immense, te rendra le rang que tu avais parmi mes anges. » Satan refusa ; c’était un moment solennel. Si cette grande réconciliation se fût accomplie, le monde en renaissant avec Noé, le second père du genre humain, retrouvait le paradis terrestre. L’Esprit du mal retourna dans son nuage, et dès qu’il vit poindre la première aiguille d’un rocher, c’était le mont Ararat, il sauta dessus, c’est lui qui, le premier, mit le pied sur le monde ressuscité et lavé de toutes ses souillures par la colère divine.

Assis sur ce rocher, nu, la tête baissée, ses grandes ailes velues lui font comme une guérite sous laquelle il s’abrite ; à ses pieds rôde le serpent avec lequel il médite quelque machination infernale ; la nuit étend son voile noir autour d’eux ; dans les cavités des rochers résonne le clapotement lugubre des eaux vengeresses. Les yeux du roi des maudits et ceux du serpent brillent comme quatre étoiles sinistres échouées sur ce rocher, au milieu du cataclysme universel.

Pentecôte. Extrait de la Bible historiale (XIVe siècle)

Pentecôte
Extrait de la Bible historiale (XIVe siècle)

Soudain, un être vivant paraît. C’est le corbeau, lâché par Noé. Ce pilote sans expérience naviguait sur le monde englouti, conduit par la main de Dieu. Désirant savoir si bientôt enfin il toucherait terre, il hésita longtemps s’il devait prendre pour messager la colombe ou le corbeau ; il s’était enfin décidé pour ce dernier, et avait entr’ouvert la fenêtre de l’arche.

A sa vue, Satan sourit, il s’en empare, le caresse et lui dit probablement des paroles magiques ; ce qu’il y a de certain, c’est que l’oiseau mourant de faim s’acharna sur un amas des chairs pourries, tristes débris des humains réfugiés sur les plus hautes montagnes, et y demeura. Ici, la légende est d’accord avec la tradition biblique. Comme le corbeau est le premier être que vit Satan, les légendes en firent un oiseau du diable. Dans les vieux contes, nous le voyons toujours à côté de la sorcière ; il hante les carrefours maudits et les lieux de meurtre et de carnage. La sagesse des nations fit même sur lui le proverbe suivant : « Quand on prend un corbeau pour guide, on va droit au cimetière. »

La superstition lui attribua des influences secrètes sur la destinée humaine : oiseau fatidique et de mauvais augure, il eut sa légende lugubre qui traversa le Moyen Age, qui subsiste encore dans les campagnes et qu’il partage avec la pie, qui est de la même race. Un voyageur qui voit traverser sa route par une pie ou un corbeau, ou qui les voit voler à sa gauche, prévoit un malheur avant la fin de son voyage. Si quelque chose de fâcheux lui arrive, c’est la pie qui lui a jeté un sort. J’ai connu un paysan qui, imbu de ces idées saugrenues, partit un jour pour le marché vendre sa vache ; déjà il avait fait quatre lieues quand, aux portes de la ville, il rencontra deux pies. Prévoyant que son marché serait mauvais ou qu’il serait volé, il s’en retourna ; il recommença ainsi trois semaines de suite, rebroussant chemin à la vue de cet oiseau de mauvais présage. Son aventure étant connue dans le village, on lui donna le sobriquet de père Lapie, et parmi ceux qui riaient, plus d’un aurait fait de même.

Noé, impatienté de ne pas voir revenir son corbeau, lâcha sa colombe. Si le corbeau personnifie le mal qui menace les humains, la colombe, à son tour, représente le bien. Elle arriva près du rocher douce et confiante, tournoya en cherchant un arbre, et vint se reposer sur un olivier. Le diable la guettait. Le serpent se glisse le long du tronc pour l’atteindre ; déjà elle sent son souffle, déjà même elle est fascinée par son regard maudit, quand, par un effort désespéré, elle s’arrache à cette fatale influence et s’envole en emportant dans son bec une branche d’olivier. Elle voleta encore autour de l’arbre, cherchant où reposer son aile fatiguée. C’est alors qu’elle vit le corbeau fouillant dans les cadavres, et en eut horreur. Elle retourna vers Noé, lui rapportant le rameau, gage de paix entre Dieu et les hommes. Depuis ce moment, l’olivier symbolisa la paix, et la colombe toutes les vertus, surtout celle de la fidélité.

Noé et la colombe. Extrait du Psaultier de saint Louis (XIIIe siècle)

Noé et la colombe
Extrait du Psaultier de saint Louis (XIIIe siècle)

Noé débarqua sa précieuse cargaison ; depuis, la terre se peupla, et cette tradition de la colombe continua chez tous les peuples. Fait bien remarquable ! On la voit même dans la mythologie païenne représenter Vénus. Son char est traîné par deux colombes, retenues par des liens de fleurs. Jupiter, le dieu terrible du tonnerre, fut nourri par deux colombes, les êtres les plus doux de la terre. La légende antique parle d’une colombe fameuse qui s’envola du côté de Dodone, sur un chêne auquel elle donna la vertu de rendre des oracles, et qui transmit le don de prophétie à ces arbres que nous voyons en Gaule vénérés par les Druides.

Les anciens entouraient les colombes d’une telle vénération qu’ils ne les tuaient jamais. On ne laissait approcher aucun oiseau du temple de Delphes, si ce n’est la colombe. Le respect des autres peuples était tel qu’ils n’osaient ni la tuer ni la manger. Les Russes encore aujourd’hui la regardent comme sacrée, et se font scrupule de se nourrir de sa chair. La loi de Moïse ordonnait aux femmes d’apporter au Temple, lors de leur purification, une paire de colombes.

Les chrétiens continuèrent pieusement cette touchante tradition des temps primitifs. Le Saint-Esprit, sous forme de colombe, vint visiter la Vierge prédestinée dans son humble demeure, lors de la conception. Le Saint-Esprit se montra encore, sous forme de colombe, sur la tête du Christ, quand saint Jean le baptisa dans les eaux du Jourdain, et on a continué depuis à représenter l’Esprit-Saint sous cette forme. Le symbolisme savant des grands siècles de foi s’en servit à son tour, et nous la montra gravée, sur les baptistères de nos vieilles basiliques, à côté du poisson qui présente l’eau lustrale.

On la sculpta aux chapiteaux des piliers qui entourent l’endroit le plus sacré des sanctuaires. Les vierges martyres, debout aux portiques sacrés comme une garde d’honneur faisant sentinelle à la porte de la maison de Dieu, étaient aussi représentées avec une colombe qui venait voltiger autour d’elles pour rappeler au populaire illettré que leur âme, comme une colombe sans tache, reprend son vol vers le séjour des bienheureux. Ou bien d’autres fois elle est sculptée près de la tête, à droite, comme soufflant les bonnes pensées, tandis qu’on voit à gauche un diable ailé qui souffle les mauvaises, pour exprimer la dualité de la nature humaine et la lutte que toute créature sortie de la main de Dieu doit soutenir sur la terre.

 
 
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