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11 mars 1878 : le phonographe de Thomas Edison est présenté à l’Académie des sciences

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11 mars 1878 : le phonographe
de Thomas Edison est présenté
à l’Académie des sciences
(D’après « Le Rappel » du 14 mars 1878, « Le Constitutionnel » du 14 mars 1878,
« Le Correspondant » paru en 1878 et « Le téléphone, le microphone
et le phonographe » (par Théodose du Moncel) paru en 1878)
Publié / Mis à jour le lundi 11 mars 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Une des personnes présentes à la séance de démonstration en France du phonographe de Thomas Edison rapporte que jamais on n’avait vu la docte Académie ordinairement si froide, se livrer à un épanchement si enthousiaste, et si quelques membres incrédules par nature crièrent à la mystification par un habile ventriloque, la démonstration fut concluante et couronnée d’applaudissements

Depuis quelques mois, le phonographe de Thomas Edison occupait tous les esprits scientifiques : l’appareil, non seulement enregistrait les diverses vibrations déterminées par la parole sur une lame vibrante, mais reproduisait encore la parole d’après les traces enregistrées.

La première fonction de cet appareil n’était pas le résultat d’une découverte nouvelle. Depuis bien longtemps, les physiciens avaient cherché à résoudre le problème de l’enregistrement de la parole, et en 1856, Édouard-Léon Scott de Martinville avait combiné un instrument bien connu des physiciens sous le nom de phonautographe qui résolvait parfaitement la question.

Le phonographe, inventé en 1877 par Thomas Edison. Gravure (colorisée ultérieurement) du XIXe siècle
Le phonographe, inventé en 1877 par Thomas Edison.
Gravure (colorisée ultérieurement) du XIXe siècle

Mais si la seconde fonction de l’appareil d’Edison n’avait pas été réalisée ni même posée par Édouard-Léon Scott, un autre Français, Charles Cros, avait en avril 1877 dans un « pli cacheté » déposé à l’Académie des sciences, décrit un instrument au moyen duquel on pouvait obtenir la reproduction de la parole d’après les traces fournies par un enregistreur du genre du phonautographe. Le brevet de Thomas Edison dans lequel le principe du phonographe est indiqué pour la première fois, ne date que de juillet 1877, et encore ne s’appliquait-il qu’à la répétition des signaux Morse.

Toutefois, l’invention de Thomas Edison résidait dans la feuille métallique mince sur laquelle les vibrations se trouvent inscrites, et c’est grâce à cette feuille ayant permis de clicher directement les vibrations d’une lame vibrante, que le problème de reproduction de la voix a pu être résolu. Edison fit fonctionner son appareil pour la première fois en décembre 1877 et déposa une demande de brevet américain pour son phonographe à feuille d’étain le 15 décembre 1877, demande suivie le 19 décembre du dépôt d’un brevet français pour les phonographes à bandes de papier.

Ce n’est pas Thomas Edison lui-même, mais un de ses compatriotes, le Hongrois Théodore Puskas qui, au nom de l’inventeur, conduisit le phonographe à l’Académie des sciences de Paris. L’appareil avait été placé sur une table devant le bureau. Gros comme un accordéon, il mesurait 80 centimètres de long et était large de 20 centimètres.

Le phonographe était d’apparence assez simple : une plaque de fondation en fonte supporte un cylindre horizontal en cuivre, terminé à un bout par une manivelle, à l’autre par un volant. Au-dessus, tout près de ce cylindre, est disposé un tronc de cône creux renversé pareil à un gobelet d’escamoteur. Enfin, autour de ce même cylindre est enroulée une feuille de papier d’étain. L’instrument ainsi mis sous les yeux de l’Académie des sciences était l’appareil primitif de l’inventeur, et non celui qu’il avait depuis perfectionné.

La présentation était conduite sous la présidence du physicien Théodose du Moncel. Monsieur Puskas s’assit devant la table, et fit tourner la manivelle en même temps qu’il parlait dans le tronc du cône : « The phonograph presents his respects to the Academy of science » (Le phonographe présente ses respects à l’Académie des sciences). Ayant dit cela, il ramena la manivelle en arrière, lui faisant défaire tout le chemin parcouru et remettant enfin les choses dans la position où elles étaient au commencement de l’expérience. Dès lors, le phonographe était prêt à répéter ce qu’on venait de lui dire.

Pour ce faire, il n’y avait qu’à faire marcher la manivelle dans le même sens et du même pas que lorsqu’on le lui avait dit. Ainsi fit notre académicien, et pendant qu’il le fit : « The phonograph presents his respects to the Academy of science », dit la machine. Les académiciens, pour mieux voir et mieux entendre, s’étaient levés, avaient quitté leurs places ; le public également. En entendant la machine répéter avec une intonation exacte la phrase précédemment enregistrée, les académiciens éclatèrent de rire et crurent à une plaisanterie.

Mais l’honorable Théodose du Moncel leur dit d’un ton très sérieux : il n’y a ni supercherie ni fraude, l’invention est certaine et vous êtes en présence d’un phénomène scientifique des plus curieux. Alors les académiciens renouvelèrent les expériences.

Thomas Edison avec son premier phonographe amélioré en 1877. Peinture d'Abraham Archibald Anderson (1889)
Thomas Edison avec son premier phonographe amélioré en 1877.
Peinture d’Abraham Archibald Anderson (1889)

Un académicien suggéra au représentant de Thomas Edison l’idée de demander au phonographe s’il parlait français. Et Monsieur Puskas de prononcer, en français, les mots suivants : « Monsieur le phonographe, parlez-vous français ? — Oui, Monsieur ». L’accent était très marqué, et la machine répéta : « Môssieu le phonographe, parlez-vôo français ? — Oui, môssieu ».

La ressemblance entre la voix de l’appareil et celle de Monsieur Puskas était telle qu’un académicien très sceptique ne put s’empêcher de dire à demi-voix : « Mais le représentant de M. Edison est ventriloque ! » De fait, la voix sortant de l’appareil rappelait beaucoup celle d’un ventriloque. Néanmoins, le public applaudit, les académiciens de même, et c’était la première fois qu’on le leur voyait faire.

Théodose du Moncel, qui ne s’était jamais servi de l’appareil, fut alors prié de prendre la place de Théodore Puskas. Il n’appliqua pas les lèvres assez près du porte-voix, et la phrase s’inscrivant mal, elle fut naturellement mal reproduite. Il avait dit : « L’Académie remercie M. Edison d’avoir envoyé son phonographe » ; la machine répété : « L’aca... mercie... dison... envoyé son... nographe ». Cette inexactitude même dans la reproduction convainquit l’assistance qu’il n’y avait aucune supercherie sous jeu, et les applaudissements se mêlèrent aux rires de la grave assemblée.

 
 
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