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16 novembre 1703 : mort du prédicateur Jules Mascaron

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16 novembre 1703 : mort du
prédicateur Jules Mascaron
Publié / Mis à jour le mercredi 14 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Jules Mascaron, né à Marseille en 1634, entra fort jeune dans la congrégation de l’Oratoire : il s’acquit bientôt une grande réputation dans la chaire, et après avoir paru avec éclat dans plusieurs villes de province, il vint déployer ses talents dans la capitale. Lorsqu’il prêcha son premier carême à Versailles, les courtisans se plaignant à Louis XIV de la liberté avec laquelle l’orateur chrétien attaquait les désordres de la cour : « Il a fait son devoir, dit le roi, c’est à nous de faire le nôtre. »

Le roi le nomma à l’évêché de Tulle en 1671. Au dernier sermon que Mascaron prêcha avant de partir pour son évêché, il fit ses adieux à la cour. Le roi lui dit : « Dans vos autres sermons, vous nous avez touchés pour Dieu ; dans le sermon d’aujourd’hui, vous nous avez touchés pour Dieu et pour vous. »

L’évêque de Tulle passa en 1678 à l’évêché d’Agen, peuplé de calvinistes ; mais il eut la consolation, en mourant, de n’en laisser qu’un très petit nombre dans l’erreur. Il parut pour la dernière fois à la cour en 1694, et y recueillit les mêmes applaudissements que dans les jours les plus brillants de sa jeunesse. « Monsieur d’Agen, lui dit Louis XIV, il n’y a que votre éloquence qui ne vieillit pas. »

Ses Oraisons funèbres ont été recueillies en un vol. in-12. Mascaron tient quelque chose du caractère de Bossuet et de Fléchier, sans pourtant leur ressembler entièrement. Il a beaucoup d’élégance et beaucoup de noblesse ; mais il est moins orné que l’un et moins sublime que l’autre. « L’éloquence de Mascaron, dit l’abbé Desfontaines, est fort différente de celle de Fléchier et de Bossuet. Il n’a ni l’élégance de l’un ni la force de l’autre ; plus nerveux, plus élevé, moins délicat, moins poli que le premier, aussi sublime que le second, moins judicieux que l’un et l’autre. L’oraison funèbre de M. de Turenne est son chef-d’œuvre, et celle du chancelier Séguier est assez belle : les autres sont fort défectueuses, et peuvent à peine se lire. »

Comme Fléchier et Mascaron ont tous deux célébré la mémoire de Turenne, on ne saurait mieux connaître leur génie particulier qu’en choisissant dans chacune des deux oraisons un endroit où les deux auteurs avaient la même pensée à développer. Il s’agit de faire voir combien M. de Turenne faisait paraître de piété et de religion au milieu même des combats et des victoires ; écoutons d’abord Fléchier :

« Qu’il est difficile, Messieurs, d’être victorieux et humble tout ensemble. Les prospérités militaires laissent dans l’âme je ne sais quel plaisir touchant, qui la remplit et l’occupe toute entière. On s’attribue une supériorité de puissance et de force ; on se couronne de ses propres mains ; on se dresse un triompha secret à soi-même ; on regarde comme son propre bien ces lauriers qu’on cueille avec peine, et qu’on arrose souvent de son sang ; et lors même qu’on rend à Dieu de solennelles actions de grâces, et qu’on pend aux voûtes sacrées de ses temples des drapeaux déchirés et sanglants qu’on a pris sur les ennemis, qu’il est dangereux que la vanité n’étouffe une partie de la reconnaissance, qu’on ne mêle aux vœux qu’on rend au Seigneur, des applaudissements qu’on croit se devoir à soi-même, et qu’on ne retienne au moins quelques grains de cet encens qu’on va brûler sur les autels !

« C’est en ces occasions que M. de Turenne se dépouillant de lui-même, renvoyait toute sa gloire à celui à qui seul elle appartient légitimement. S’il marche, il reconnaît que c’est Dieu qui le conduit et qui le guide ; s’il défend des places, il sait qu’on les défend en vain si Dieu ne les garde ; s’il se retranche, il lui semble que c’est Dieu qui lui fait un rempart pour le mettre à couvert de toute insulte ; s’il combat, il sait d’où il tire toute sa force ; et s’il triomphe, il croit voir dans le ciel une main invisible qui le couronne. »

Voyons à présent la même pensée développée par Mascaron :

« Ne pensez pas, Messieurs, que notre héros perdit à la tête des armées et au milieu des victoires ses sentiments de religion. Certes, s’il y a une occasion au monde où l’âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le Dieu des autres hommes ; et rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur. Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, le progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus ni Dieu ni elle-même.

« C’est alors que les impies Salmonées osent imiter le tonnerre de Dieu, et répondre par les foudres de la terre aux foudres du ciel. C’est alors que les sacrilèges Antiochus n’adorent que leurs bras et leurs cœurs ; et que les insolents Pharaons, enflés de leur puissance, s’écrient : C’est moi qui me suis fait moi-même. Mais aussi la religion et l’humilité paraissent-elles jamais plus majestueuses, que lorsque dans ce haut point de gloire et de grandeur, elles retiennent le cœur de l’homme dans la soumission et la dépendance où la créature doit être à l’égard de son Dieu ! »

 
 
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