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15 novembre 1647 : entrée du duc de Guise dans Naples

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15 novembre 1647 : entrée du duc
de Guise dans Naples
Publié / Mis à jour le mardi 13 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

L’insurrection de Naples ne fut point apaisée par la mort de Mazaniello (16 juillet 1647). Le 5 octobre suivant, un fournisseur nommé Genaro Annesso, excita une nouvelle révolte. En vain don Juan d’Autriche, fils naturel du roi d’Espagne, Philippe IV, fut envoyé pour rétablir l’ordre ; les Napolitains lui opposèrent une résistance opiniâtre. Dans le même mois, ils se constituèrent en république, et publièrent un manifeste par lequel ils exposaient les motifs qui les avaient décidés à secouer le joug de l’Espagne.

Henri II, duc de Guise, connu par son imprudence et sa témérité, était alors à Rome ; il conçut le projet insensé de se joindre à ces rebelles, dans l’espoir d’obtenir la couronne de Naples. Ayant demandé des secours au cardinal Mazarin, on lui promit une flotte ; mais, impatient de tenter son entreprise, le duc ne l’attendit pas, il partit de Rome presque seul sur une felouque napolitaine ; et après avoir couru mille dangers, il pénétra enfin dans Naples. Il raconte dans ses Mémoires la manière dont il fut reçu :

« L’on ne peut, dit-il, exprimer la joie de tout ce peuple, ni les respects et témoignages d’affection que les Napolitains me rendirent. On m’adorait, on m’idolâtrait, et l’on brûlait de l’encens au nez de mon cheval. Ce qui me parut extraordinaire et de bon augure, ce fut que, parmi cette multitude innombrable de gens amassés pour me voir, il n’y eut pas une seule personne de blessée, de plus de mille coups de canon qui furent tirés des châteaux, du port, des vaisseaux et des galères. »

On conduisit ensuite le duc de Guise près de Genaro Anuesso : ce général du peuple lui dit qu’il était très content de le voir, et que, sans son arrivée, probablement il aurait été livré aux Espagnols, et pendu le lendemain. Sa fortune, observe le duc de Guise, ne recula l’exécution de ce supplice que de six ou sept mois. Ce prince qui, sans doute, se repentait déjà d’être venu à Naples, fait le portrait du chef de la populace révoltée : « C’était, dit-il, un petit homme de fort méchante mine, les yeux enfoncés dans la tête, les cheveux noirs qui lui découvraient de grandes oreilles, la bouche fort fendue, la barbe rase qui commençait à grisonner ; le son de sa voix était fort enroué ; ne pouvant dire deux paroles de suite sans hésiter ; continuellement rempli d’inquiétude, le moindre bruit le faisait tressaillir. Ce tyran populaire, qui avait si peu de fermeté, était accompagné d’une vingtaine de gardes dont la mine n’était pas plus relevée que la sienne. »

Son costume était fort grotesque, et le duc de Guise nous en donne la description. « Il avait, dit-il, un collet de buffle, des manches de velours cramoisi, des chausses d’écarlate, un bonnet de toile d’or qu’il eut assez peine d’ôter en me saluant. Sa ceinture était de velours rouge et garnie de trois pistolets de chaque côté : il ne portait point d’épée ; mais en récompense il tenait un gros mousqueton dans la main. »

Le duc de Guise lui demanda à dîner. « Genaro, poursuit ce prince, me fit des excuses sur la méchante chair qu’il me ferait, n’osant, de peur d’être empoisonné, se servir pour cuisinier que de sa femme, aussi maladroite à ce métier qu’à faire la personne de qualité. Elle apporta le premier plat, habillée d’une robe de brocard bleu, en broderie d’argent, avec une chaîne de pierreries, un beau collier de perles, des pendants d’oreille de diamants, toutes dépouilles de la duchesse de Matallone ; et en ce superbe équipage, il la faisait beau voir faire la cuisine, laver les plats, et se divertir l’après-dînée à blanchir et à étendre du linge. »

La manière dont Genaro logea le duc de Guise n’est pas moins singulière : craignant toujours d’être assassiné, il voulut absolument que ce prince couchât avec lui ; plusieurs fois dans la nuit, il s’éveilla en sursaut, pressant le duc dans ses bras et le conjurant de le défendre. La description de la chambre à coucher de Genaro est fort curieuse. « Il me conduisit, dit le prince, dans sa cuisine, où je trouvai un lit fort riche de brocard d’or, et au pied, dans un berceau, un petit esclave noir âgé de deux ans, tout couvert de petite vérole. Force vaisselle d’argent et de vermeil qui était en pile au milieu de la place, plusieurs cassettes à demi-ouvertes dont sortaient des chaînes, des bracelets, des perles et autres pierreries, quelques sacs d’argent, et d’autres de sequins à demi-répandus, des meubles fort riches, et quantité de beaux tableaux jetés confusément, faisaient assez voir combien il avait profité dans les pillages des maisons des personnes les plus riches et les plus qualifiées de la ville. On voyait de l’autre côté de la cuisine, en grande quantité, toutes les choses qui y peuvent être nécessaires, et qui avaient été pillées en différents endroits, avec toute sorte d’armes, le tout dans une extraordinaire confusion. Les présents et les contributions qu’il recevait tous les jours, de gibier, de volailles, de chair salée, et de toutes les choses que l’on peut manger, en tapissaient les murailles. »

L’éducation de ce chef du peuple, qui aspirait modestement a être prince souverain, répondait à sa naissance et à son caractère ; Genaro ne savait pas lire. Le duc de Guise, comme on le pense, fut fort embarrassé avec un pareil compagnon : cependant il fit assembler le peuple dans l’église du Dôme, et prit la qualité de général des armées et de défenseur du royaume de Naples et de sa liberté. Quelques jours après on le nomma duc de Naples pour sept ans, et son collègue Annesso fut dépouillé de l’autorité.

L’élévation du duc de Guise ne dura pas longtemps : le roi d’Espagne, en donnant un successeur au duc d’Arcos, vice-roi, contre lequel la révolte avait éclaté, apaisa le peuple, et la paix fut entièrement rétablie le 6 avril de l’année suivante. Le duc de Guise prit la fuite ; mais il fut arrêté à Gaëte, et transféré en Espagne où il resta prisonnier pendant quatre ans. Ainsi finit une des entreprises les plus extravagantes qui aient jamais été tentées.

 
 
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