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15 novembre 1591 : exécution des magistrats Brisson, Larcher et Tardif

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15 novembre 1591 : exécution des
magistrats Brisson, Larcher et Tardif
par les Seize
Publié / Mis à jour le lundi 12 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Les Seize étaient une espèce de ligue composée de plusieurs hommes qui s’étaient distribués dans les seize quartiers de Paris, et qui avaient partagé entre eux l’administration des affaires et la direction de la révolte des Parisiens contre Henri IV.

Barnabé Buisson

Barnabé Buisson

Quelques mois après la journée des Barricades (12 mai 1588), et quelques jours seulement après l’assassinat du duc de Guise (23 décembre 1588), le 16 janvier 1589, le parlement de Paris subit une épuration violente. Le premier président, de Harlay, les présidents de Thou et Pothier, une soixantaine d’autres magistrats et plusieurs membres des cours inférieures furent enfermés à la Bastille, comme coupables de royalisme. Cent vingt-six conseillers, moins courageux, jurèrent, sur le crucifix, fidélité à la ligue, et consentirent à siéger, sous la présidence de Barnabé Brisson, président à mortier.

Brisson était probe et vertueux, mais faible et timide ; en même temps qu’il acceptait mission des Seize et des ligueurs, il rédigeait en secret, par devant notaires, une protestation contre le serment qu’il venait de prêter en public. Cette protestation aurait dû être signée de la plupart des parlements, ligueurs par crainte, royalistes par conviction. Pour colorer et justifier son manque de courage et d’énergie, et pour s’excuser de ce qu’il ne se joignait pas au parlement de Tours ; Brisson insinuait et faisait insinuer vaguement, en lieu sûr, qu’il ne demeurait à Paris que par calcul et par politique, et qu’il y servait mieux le roi que partout ailleurs.

Cette interprétation a été favorablement accueillie par quelques écrivains ; l’Estoile déclare, dans le journal de Henri III, que « Barnabe Brisson avait les fleurs de lis bien avant gravées dans le cœur. » Il était difficile que cette disposition du premier président ne se révélât pas, malgré sa prudence, par ses actes et ses paroles, et ne le mît pas en opposition avec les ligueurs fanatiques. Aussi leur était-il depuis longtemps suspect, lorsqu’un accident vint changer leurs soupçons en certitude.

Un procureur de la ville, nommé Brigard, accusé d’intelligences avec les royalistes, fut déféré au parlement : le parlement, jugeant sous l’influence de Brisson, osa renvoyer l’inculpé absous. Les Seize comptaient sur une victoire ; désappointés, ils tournèrent toute leur colère contre le premier président, qui la leur avait arrachée, et un complot s’organisa contre lui. L’acquittement de Brigard ne doit cependant être considéré que comme un prétexte ; la cause réelle, c’était l’opinion de Brisson ; ce qui le prouve, c’est que Tardif, conseiller au Châtelet, tout à fait étranger à l’affaire de Brigard, fut frappé avec le président.

Le complot, dirigé par ce Bussy-le-Clerc, que ses fureurs ont rendu célèbre, fut habilement mené. Un assassinat ne convenait pas, il fallait une sorte d’exécution légale, et cependant un arrêt de mort contre Brisson n’était pas facile à obtenir des autorités compétentes ; quelques membres du conseil de l’Union conservaient encore des sentiments de justice et de modération. Bussy et ses affidés préparèrent les choses de loin : ils habituèrent le conseil à délivrer des blancs-seings à une commission de douze individus qu’ils avaient fait nommer pour expédier les affaires urgentes.

Lorsqu’ils eurent gagné la confiance du conseil, en ne faisant servir ces premiers blancs-seings qu’à l’usage pour lequel ils avaient été accordés, ils en extorquèrent facilement un dernier, sous un prétexte quelconque, et le remplirent aussitôt d’une condamnation à mort contre le premier président, Brisson, contre Larcher, conseiller au parlement, et Tardif, conseiller au Châtelet, soupçonnés l’un et l’autre de royalisme. Par cette supercherie, l’arrêt fatal semblait émané du conseil même de l’Union.

Brisson fut attiré et entraîné au petit Châtelet : la corde, le bourreau, le prêtre l’attendaient ; on lui lut sa sentence, et on lui déclara qu’il fallait mourir. Préoccupé des pensées de toute sa vie, le magistrat invoqua les formes, ce qui excita les rires de tous les assistants : alors, comme il était très érudit en jurisprudence, et qu’il aimait la science d’un amour tendre, il pria qu’on respectât, après lui, un ouvrage de droit qu’il avait commencé, et qu’il appelait une tant belle œuvre. Cette seconde requête ayant provoqué une nouvelle explosion d’hilarité, Brisson se confessa et s’abandonna au bourreau. Au moment où il rendait le dernier soupir, arrivaient Larcher et Tardif, et l’un des assassins s’apprêtait à leur donner lecture de leur sentence, mais dès qu’ils eurent aperçu le corps de Brisson, ils demandèrent qu’on les fît mourir aussitôt sans autres formalités, ce qui leur fut accordé.

Après avoir été un but, la mort de Brisson, de Larcher et de Tardif, devait devenir un moyen dans le projet des conjurés. Ils espéraient que ce meurtre de trois royalistes échaufferait le peuple et produirait une émeute, dont ils comptaient profiter pour faire main basse sur les modérés, et se mettre en pleine possession de toute la ville. Les corps des trois magistrats furent donc exposés, avec grand appareil, tandis que des émissaires parcouraient la foule pour la remuer ; mais comme elle blâmait au lieu d’applaudir, on enleva les dépouilles mortelles, après deux jours d’exposition, et on leur donna la sépulture. Mayenne n’était pas homme à approuver de pareils excès, contraires d’ailleurs à sa politique ; il en tira une vengeance éclatante : quatre des principaux assassins furent pendus par le même bourreau, qui avait exécuté Brisson, et qui fut lui-même pendu par un de ses confrères, après avoir fait justice de ses complices.

 
 
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