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12 novembre 1437 : entrée du roi Charles VII à Paris

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12 novembre 1437 : entrée du roi
Charles VII à Paris
(D’après « Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés
jusqu’à nos jours » par Abel Hugo (Tome 4) paru en 1841
et « Journal d’un bourgeois de Paris. 1405-1449 » édition de 1881)
Publié / Mis à jour le mardi 12 novembre 2024, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Les Anglais étaient maîtres de Paris depuis qu’en 1420 Henri V, roi d’Angleterre, y avait fait son entrée, et s’était fait livrer la Bastille et le château de Vincennes, mais en avril 1436, l’armée royale avait reconquis la ville, les Anglais tentant peu après d’enlever la princesse Marguerite d’Écosse promise en mariage au fils du roi de France Charles VII

Par le traité signé à Troyes, le 21 mai 1420, entre Isabelle de Bavière, régente du royaume pendant la maladie de Charles VI, et Henri V, roi d’Angleterre, il avait été stipulé que Catherine de France, fille d’Isabelle, épouserait Henri V (ce qui fut exécuté un mois après), et qu’après la mort de Charles VI, la couronne de France passerait à Henri V, qui prit dès lors le titre de régent et d’héritier du royaume. Aussi, lorsque Charles VII monta sur le trône après la mort de Charles VI son père, la partie du royaume qui lui obéissait était si peu considérable qu’il n’était, pour ainsi dire, que le roi titulaire de la France.

Le souverain assistait, à Vienne en Dauphiné, à l’assemblée générale des états du Languedoc, lorsqu’il reçut la nouvelle de la soumission de Paris (13 avril 1436). Afin de se rapprocher de la capitale, il se rendit aussitôt à Bourges, où, pendant son séjour dans le mois de mai 1436, il rendit plusieurs ordonnances pour l’organisation de sa nouvelle conquête.

Entrée des troupes du roi de France à Paris le 13 avril 1436. Peinture de Jean-Simon Berthélémy (1787)
Entrée des troupes du roi de France à Paris le 13 avril 1436. Peinture de Jean-Simon Berthélémy (1787)

Il fit mettre sous scellé les chambres et greffes du parlement, la chambre des chartes, la sainte Chapelle, la chambre des comptes et le trésor. Il nomma des commissaires pour l’expédition des causes les plus pressées ; il confirma les privilèges de l’Université ; il fixa le cours des monnaies anglaises qui se trouvaient en circulation dans les pays reconquis.

Six mois après seulement (6 novembre), Charles renvoya à Paris les membres du parlement, de la cour des comptes et des monnaies, qui s’étaient établis à Poitiers pendant que la capitale était aux mains des Anglais, et il les réunit à ceux de leurs collègues qu’il fit entrer dans la nouvelle organisation. Cependant, les Languedociens s’étant plaints de l’extrême éloignement où ils se trouveraient désormais de la cour suprême de justice, il leur promit, en 1437, qu’il établirait un autre parlement en Languedoc.

De Bourges, le roi se rendit à Tours pour assister au mariage du dauphin Louis, qui devint plus tard Louis XI. Le dauphin n’avait que cinq ans lorsqu’on avait conclu son futur mariage avec Marguerite, fille de Jacques Ier, roi d’Écosse. Le contrat, signé à Perth le 19 juillet 1428, avait été ratifié à Chinon le 30 octobre. Le douaire de la dauphine, fixé à douze mille livres par le contrat, avait été porté à quinze mille livres par la ratification.

Pendant les huit années qui s’étaient écoulées depuis la signature du contrat jusqu’au temps où la princesse d’Écosse passa en France, les Anglais avaient fait tous leurs efforts pour rompre le mariage. Ils avaient offert au roi d’Écosse de jurer une paix éternelle avec lui, et de lui céder plusieurs places importantes. Jacques avait convoqué les états de son royaume : le clergé avait hésité ; la noblesse avait rejeté les propositions des Anglais.

Le roi d’Écosse avait alors envoyé Marguerite en France avec les ambassadeurs de Charles VII, et les Anglais avaient mis plusieurs vaisseaux en mer pour l’enlever ; mais la princesse était parvenue à aborder La Rochelle, faisant son entrée à Tours le 24 juin 1436. Elle avait alors treize ans ; le dauphin n’en avait pas encore quatorze. L’archevêque de Tours lui donna une dispense, et l’archevêque de Reims, Regnault de Chartres, chancelier de France, fit la cérémonie du mariage (25 juin 1436).

Après le mariage de son fils, le roi ne se rendit pas immédiatement à Paris : il alla à Lyon, et revint ensuite à Tours, où il paraît qu’il eut à s’occuper des intérêts de René d’Anjou, son beau-frère, à qui l’empereur Sigismond venait d’adjuger, comme suzerain, le duché de Lorraine, et qui, par la mort de son frère aîné Louis III, avait hérité du titre de roi de Sicile.

Charles VII présida le 31 mars 1437 à Montpellier, les états du Languedoc. Il marcha ensuite contre l’Espagnol Rodrigo de Villandrade, chef d’une bande d’écorcheurs, qu’il força à se retirer dans la Bresse, sur les terres de l’Empire. Il vint ensuite assiéger Montereau, ville forte qui était encore au pouvoir des Anglais. Ce siège dura six semaines. La ville fut prise d’assaut, et le roi, sa bannière à la main, monta un des premiers sur le rempart où, la ville étant prise, il créa et arma de sa main plusieurs chevaliers. Quinze jours après, le château, où s’étaient réfugiés les débris de la garnison, capitula.

De Montereau, Charles VII vint à Melun, et de là à Paris, où il fit son entrée solennelle le 12 novembre 1437. « On luy fist, dit le Journal d’un bourgeois de Paris, aussi grand feste comme on povoit faire à Dieu ; car à l’entrée de la bastide Sainct-Denys par où il entra tout armé au cler, et le dalphin, jeune d’environ dix ans [le dauphin avait alors en fait quatorze ans accomplis], tout armé comme son père le roy ; et à l’entrée les bourgeois luy mirent ung ciel [dais] sur sa teste comme on a à la Sainct-Sauveur à porter Nostre-Seigneur ; et ainsi le portèrent jusques à la porte aux Paintres [cette porte qui, dans le principe, faisait partie de l’enceinte de Philippe Auguste, s’élevait près de l’impasse du même nom, à l’intersection des rues actuelles de Turbigo et aux Ours prolongée ; devenue fausse porte après la construction de l’enceinte de Charles V, elle fut dégarnie de ses tours, puis démolie vers 1535] dedens la ville.

« Et entre ladite porte et la bastide avoit plusieurs beaux mistères [genre dramatique mettant en scène des sujets religieux], comme à la porte des Champs avoit anges chanstants ; et à la fontaine du Ponceau Sainct-Denys, moult de belles choses qui moult longues seroient à raconter ; devant la Trinité, la manière de la passion, comme on fist pour le petit roy Henry [Henri VI, roi d’Angleterre], quant il fust sacré à Paris, comme davant est dit.

« A la porte aux Paintres aussi, et devant Chastelet, et devant le Pallays, senon que depuis ladicte porte aux Paintres tout fut tendu à ciel jusques à Nostre-Dame de Paris, se non le Grand Pont. Et quant il fust devant l’Hostel-Dieu, ou environ, on ferma les portes de ladicte église de Nostre-Dame, et vint l’évesque de Paris, lequel apporta ung livre sur lequel le roy jura, comme roy, qu’il tendroit loyalement et bonnement tout ce que bon roy faire devoit. »

Entrée de Charles VII à Paris le 12 novembre 1437. Enluminure extraite des Les Vigiles de la mort de Charles VII par Martial d'Auvergne (manuscrit français n°5054 de la BnF datant de 1484)
Entrée de Charles VII à Paris le 12 novembre 1437. Enluminure extraite des Les Vigiles de la mort
de Charles VII
par Martial d’Auvergne (manuscrit français n°5054 de la BnF datant de 1484)

Charles VII arriva devant Notre-Dame à quatre heures de l’après-midi, et fut reçu par l’évêque Jacques du Châtelier, qui lui adressa l’allocution suivante : « Très cher roy, nostre souverain et droicturier seigneur, les saincts très chrestiens roys de France, vos prédécesseurs, qui tant ont hnouré et amé Dieu et l’Église, si ont acoustumé que, après leur unccion et sacre en leur premier joyeux advènement en ceste vostre cité, ilz viennent premier à l’église, et devant qu’ilz entrent en ladicte église, ilz doivent faire premier le serment à l’Église, et ainsi le devez faire en ensuivant les sainctes voyes et bons propos de vos prédécesseurs, et est le serment tel. » Après cette exhortation le roi, étendant la main sur les saints Évangiles, s’exprima en ces termes : « Ainsi comme mes prédécesseurs l’ont juré, je le jure. » Ce cérémonial accompli, Charles VII fit son entrée solennelle dans la cathédrale et vint baiser les saintes reliques.

Le Journal d’un bourgeois de Paris nous apprend encore que le roi « vint loger au Palays pour celle nuyt ; et fist on moult grant joie celle nuyt comme de bassiner, de faire feus en my les rues, dancer, menger, et boyre et de sonner plusieurs instruments. »

Après l’entrée de Charles VII à Paris, il s’opéra dans le caractère de ce roi un changement que les historiens du temps n’ont ni expliqué ni même souligné. « Jusqu’alors, écrit l’historien Jean de Sismondi (1773-1842), Charles avait paru incapable d’attention, d’intérêt à ses propres affaires, d’activité, de sacrifice de ses aises ou de ses plaisirs : dès à présent, au contraire, nous le verrons montrer une ferme volonté de rétablir l’ordre dans son royaume, d’en chasser ses ennemis, de sacrifier son repos, ses plaisirs à son devoir, et une intelligence remarquable dans le choix des moyens pour arriver à son but. Charles VII, né le 21 janvier 1403, avait alors trente-six ans accomplis ; il en avait régné dix-sept avec une faiblesse dégoûtante, au point d’être signalé, et par les Français et par les étrangers, comme l’homme qui perdait la monarchie ; il en régna encore vingt-deux comme son restaurateur. »

 
 
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