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Roi Louis Ier le Pieux ou le Débonnaire (Aquitaine, empereur d'Occident), carolingien. Naissance, mort, couronnement, règne. Carolingiens

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Rois, Présidents
Biographie des rois, empereurs, présidents français. Vie des souverains, faits essentiels, dates-clés. Histoire des règnes
Louis Ier le Pieux
(ou le Débonnaire), ou Lodewig
(né en 778, mort le 20 juin 840)
(Roi d’Aquitaine : règne 781-814. Empereur d’Occident : règne 814-840)
Publié / Mis à jour le jeudi 4 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 8 mn
 

Surnommé le Débonnaire, empereur, fils de Charlemagne et d’Hildegarde, sa seconde femme, il naquit à Chasseneuil près de Poitiers, en 778, fut fait roi d’Aquitaine par son père à l’âge de trois ans, et envoyé aussitôt vers les peuples de ce royaume, dont il adopta le costume, la langue et les usages, afin de les attacher à la domination française.

Louis reçut une éducation brillante ; il savait le latin et le grec ; la nature lui avait donné une figure heureuse, une force corporelle extraordinaire ; il était religieux, libéral, brave, d’une probité scrupuleuse ; ses mœurs furent exemplaires ; mais, d’un caractère faible et indécis, il ne montra, dans les premières années de son gouvernement, qu’une impuissance extrême à faire le bien et une facilité déplorable à laisser faire le mal : dès lors il laissa avilir son autorité en renvoyant absous Chorson, duc de Toulouse, qui avait souscrit une capitulation honteuse.

Charlemagne, indigné, fit venir le duc et le roi à Aix-la-Chapelle. Le premier fut condamné à mort par l’assemblée des grands ; mais l’empereur commua sa peine, et fit au jeune monarque une sage et ferme réprimande, afin de lui donner une idée plus juste de la dignité royale. Dans le même temps, Charlemagne se vit obligé de rétablir les finances du royaume d’Aquitaine, que Louis avait laissé dissiper par ses favoris. Ainsi l’on doit avouer que les vertus qui distinguaient ce monarque, fort honorables d’ailleurs, étaient peu faites pour le trône.

Louis le Débonnaire (814-840)

Louis Ier le Débonnaire (814-840)

Les défauts de son caractère, si funestes même dans le souverain d’un petit royaume, le furent bien davantage lorsqu’il devint le maître d’un grand empire. Cependant il est juste de montrer combien étaient difficiles les circonstances dans lesquelles il parvint à cette éminente dignité, ou, pour mieux dire, l’époque où il fut accablé de ce pesant fardeau. Plus son empire était grand, plus il avait d’ennemis à redouter, et plus il aurait été nécessaire de conserver l’unité du pouvoir ; mais non seulement les lois de Charlemagne autorisaient le partage du royaume, elles appelaient encore les assemblées de la nation à prononcer sur tous les intérêts de l’État, même sur l’ordre de succession au trône.

Ces assemblées étaient composées de deux ordres entre lesquels il existait la plus vive opposition d’intérêts et de vues. La noblesse, qui avait été longtemps le seul ordre politique du royaume, et qui n’avait appuyé l’usurpation des maires du palais que dans l’espoir de se rendre indépendante, souffrait avec une extrême impatience que le clergé fût devenu un ordre politique qui s’arrogeât la suprématie et qui prétendît disposer de la couronne.

Les nobles préféraient la multiplicité des royaumes comme plus favorable à leurs prétentions, et consacré d’ailleurs par l’usage. Les évêques, assez éclairés pour sentir qu’une grande domination ne se conserve qu’à l’appui d’une autorité indivisible et absolue, appuyaient toutes les mesures qui tendaient à l’unité du trône. C’est entre la noblesse et le clergé réunis dans les mêmes assemblées avec des droits égaux et des projets différents, c’est au milieu des efforts faits par tous les peuples conquis pour recouvrer leur liberté, que Louis le Débonnaire fut appelé à gouverner et la France et l’empire.

Proclamé empereur en 814, il signala le commencement de son règne par la permission qu’il accorda aux Saxons, transportés par Charlemagne dans les pays étrangers, de retourner tans leur patrie. La reconnaissance que ces peuples lui témoignèrent fit qu’il n’eut jamais à se repentir de cet acte de clémence ; mais, à la même époque, il déploya, dans d’autres circonstances, une sévérité peut-être inutile et qui n’était pas dans son caractère.

A peine Charlemagne avait-il cessé de vivre que Louis obligea ses sœurs à se retirer dans des couvents, afin d’éviter les intrigues du palais ; qu’il fit crever les yeux à plusieurs de leurs amants, et qu’il consacra à la vie religieuse les derniers fils de Charlemagne, dont les factieux pouvaient s’appuyer pour causer du trouble dans l’État. Il ne déploya pas moins de fermeté contre le pape Pascal Ier, qui, ayant osé se faire sacrer sans avoir obtenu, suivant l’usage, l’agrément de l’empereur, encourut toute sa disgrâce. Ce monarque menaça même les Romains des plus terribles châtiments si jamais ils se portaient à de semblables attentats.

Ainsi, loin de renoncer au droit de confirmer les papes, Louis le consacra tellement que, plusieurs années après, Grégoire IV ne voulut pas être installé sans que l’empereur eût confirmé son élection. Bernard, petit-fils de Charlemagne et roi d’Italie, avait pris les armes en 818 dans l’espoir de se faire empereur : Louis marcha contre lui à la tête d’une armée nombreuse. Bernard, intimidé, vint se jeter aux pieds de son oncle, et prouva, par cette démarche précipitée, qu’il était plutôt l’instrument que l’auteur de cette révolte. Il fallait sauver ce monarque qui n’avait que vingt ans, et punir ses complices : Louis les confondit tous dans la même condamnation, ils eurent les yeux crevés ; la plupart périrent des suites de ce supplice.

Plus tard, les évêques, qui ne pardonnaient pas à l’empereur d’avoir voulu les rappeler aux mœurs de leur état profitèrent des scrupules et des remords que lui inspirèrent tous ces actes de cruauté, pour l’humilier à son tour, et ils le poussèrent à paraître couvert d’un cilice, comme pénitent, dans l’assemblée d’Attigny, où il s’exprima avec l’humilité d’un sujet et dégrada la majesté du trône. Averti par son bon sens des mauvais conseils que lui donnaient les évêques, il porta sa confiance vers les seigneurs ; mais il lui fut aussi impossible de satisfaire les prétentions des nobles que celles du clergé.

Dans son dépit contre ces deux ordres, il se livra à des hommes qu’il avait tirés du néant, et son favori Adbelard fut l’arbitre de toutes ses actions. Alors les évêques et les nobles, oubliant leur animosité réciproque, s’unirent, profitèrent des divisions qui régnaient dans la famille impériale, et se servirent des enfants de l’empereur pour venger leurs injures personnelles.

Louis le Débonnaire avait trois fils, Lothaire, Pepin et Louis ; Lothaire fut fait roi d’Italie et associé à l’empire (Lothaire Ier), Pepin eut le royaume d’Aquitaine (Pépin Ier d’Aquitaine), et Louis celui de Bavière (Louis II le Germanique). Mais l’empereur, devenu veuf, épousa Judith de Bavière, dont il eut un fils connu sous le nom de Charles le Chauve. Voulant aussi laisser un royaume à cet enfant, il lui fallut revenir sur le partage déjà fait : les trois frères, qui n’avaient jamais été d’accord entre eux, s’entendirent alors pour prendre les armes, et Louis le Débonnaire, maître de la moitié du monde, se trouva sans appui contre ses enfants.

En 821, sept ans après la mort de Charlemagne, il avait avili la royauté par une confession publique des torts du gouvernement ; en 830, on enlève sa femme, et après l’avoir accusée sans la moindre preuve de toutes sortes de désordres, on la jette dans un couvent, on la force de prendre le voile, et dans une assemblée où il n’ose monter sur son trône que lorsque tous les assistants l’en conjurent, il approuve tout ce qui a été dit et fait contre lui.

Mais la division se met bientôt parmi ses fils : les mécontents, trompés dans leurs espérances, lui rendent son épouse et l’empire. En 833, les fils de Louis se liguèrent de nouveau contre lui. Contraints de se soumettre à la force des armes, ils venaient de lui jurer une fidélité inviolable, lorsque la jalousie, l’ambition et surtout la haine de leur belle-mère les réunirent encore en armes près de Rothfeld, entre Bâle et Strasbourg. Le pape Grégoire IV ne craignit pas de se rendre au camp de ces rebelles, et de les aider des foudres de l’Église, dont il menaça tous ceux qui ne se déclareraient pas contre l’empereur.

Il alla ensuite comme négociateur dans le camp du monarque, qui, après lui avoir reproché d’être venu eu France sans sa permission, entra néanmoins avec lui en pourparler. Pendant ce colloque, les émissaires des princes agissaient auprès des soldats de l’empereur ; et au moment où le pontife prit congé de lui, l’empereur se vit entièrement abandonné, et déjà il entendait des cris de mort autour de sa tente.

Ce malheureux prince prit alors le parti le plus désespéré, celui de se mettre dans les mains de ses enfants, avec sa femme et son fils. Il montra dans cette circonstance le calme d’une résignation héroïque, et parut se souvenir une fois qu’il était fils de Charlemagne. « Dans l’indigne état où m’a réduit votre perfidie sacrilège, dit-il à ses enfants, je suis tranquille sur ce qui me regarde ; résigné à tout, je ne crains rien. Mais les promesses que vous avez tant de fois faites et tant de fois violées en ce qui concerne l’impératrice et son jeune fils, puis-je enfin m’y fier ? Les voilà ces deux objets de ma tendresse, qui doivent l’être de vos égards : je m’en sépare ; je vous les livre. Princes, souvenez-vous de ce que vous devez à leur rang et à leur sang. »

Des paroles aussi touchantes firent peu d’impression sur ces enfants dénaturés. Judith fut confiée au roi de Bavière, qui la relégua dans une forteresse de la Lombardie ; et Lothaire, après s’être fait proclamer empereur, emmena à sa suite son malheureux père jusqu’à Soissons, où il le fit enfermer dans le couvent de Saint-Médard, lui ôtant le jeune Charles, qu’il envoya à l’abbaye de Prüm dans les Ardennes.

Il fit ensuite prononcer sa déposition par une diète, ou plaid général, convoquée au château de Compiègne. Les archevêques Agobard, de Lyon, et Ebbon, de Reims, se firent les instruments de ce fils dénaturé. Réunis à d’autres évêques, ils déclarèrent que Louis, ayant laissé dépérir l’héritage du très grand empereur Charles son père, et scandalisé l’Église en mille manières, avait été déposé par un juste jugement de Dieu, et qu’il devait se retirer dans un cloître.

Cet arrêt fut notifié à Louis dans l’abbaye de Saint-Médard. Là, prosterné sur un cilice, tenant un papier où ses crimes étaient écrits, ce prince fut obligé de s’accuser devant le peuple d’avoir usé du gouvernement que Dieu lui avait confié ; d’avoir scandalisé l’Église par son indocilité ; d’avoir fait marcher ses troupes en carême ; enfin d’être cause de tous les maux qui désolaient l’empire.

Après cette honteuse cérémonie, on le déclara pour jamais interdit de toutes ses fonctions ; on lui ôta ses armes, on le dépouilla de ses habits impériaux, on le revêtit d’un habit de pénitent ; il fut chassé de l’église et enfermé dans une cellule pour le reste de ses jours. Après ces odieux attentats, Lothaire, craignant sans doute que sa victime ne vint à lui échapper, la traîna encore à sa suite jusqu’à Aix-la-Chapelle, où il tint son malheureux père toujours étroitement enfermé.

Enfin sa cruauté finit par révolter contre lui ceux-là mêmes qui avaient concouru à la satisfaire ; et ses frères, Louis de Bavière et Pépin, se rendant à leur devoir, marchèrent de concert pour délivrer leur père. Lothaire n’osa pas les attendre ; il se réfugia à Vienne en Dauphiné, laissant Louis à Saint-Denis, où l’on se rendit aussitôt en foule pour le prier de reprendre la couronne. La révolution fut complète : tous les actes du parlement de Compiègne furent annulés ; on rappela la reine, et Louis remonta sur le trône, pour pardonner encore à Lothaire et à tous ses ennemis.

Mais il ne devait pas jouir longtemps de son triomphe, auquel la faiblesse de son esprit et de sa santé ne lui permit pas d’ailleurs de prendre beaucoup de part. Le dernier acte de son autorité fut de déclarer le fils de Judith roi de toute la France méridionale et occidentale, à peu près telle qu’elle est aujourd’hui.

Ce prince mourut le 20 juin 840, à l’âge de 62 ans, dans une île du Rhin, au-dessus de Mayence, lorsqu’un de ses fils, Louis de Bavière, qui avait concouru à le rétablir, s’était de nouveau révolté contre lui. Ses dernières paroles furent : « Je lui pardonne, mais qu’il sache que c’est par lui que je meurs. » Depuis plus d’un mois il ne prenait, dit-on, plus d’autre nourriture que le pain et le vin de l’eucharistie. Ses forces morales s’étaient extrêmement affaiblies avec ses forces physiques ; et dans ses derniers moments il donna réellement des preuves d’absence.

Louis laissa l’empire à deux pas de sa ruine, le domaine affaibli par la dissipation des terres, l’autorité suprême avilie par la subordination à l’aristocratie épiscopale, qui, après avoir rendu des services durant la première dynastie, était devenue factieuse et usurpatrice. Le malheur de Louis fut de ne pouvoir se décider entre le choix de deux principes, celui de la succession par primogéniture, qui pouvait seul conserver l’unité de l’empire, et celui du droit égal des enfants à l’héritage paternel, consacré par le vieux droit germanique. Louis prit un moyen terme, en associant Lothaire à l’empire, et donnant à ses cadets des royaumes séparés, mais dépendants de l’empereur.

Cette imprudente division amena la chute de l’empire de Charlemagne, et prépara la séparation de nationalités qui n’étaient plus retenues que par un lien purement personnel. Cette séparation fut la cause de violents déchirements ; le pouvoir central périt tout entier non seulement à Aix-la-Chapelle, siège de l’empire, mais encore dans chacun des nouveaux royaumes qui, fondés à l’abri de la couronne impériale, voulurent se maintenir malgré elle.

Le clergé et la noblesse, qui n’avaient pu réussir à maintenir à leur profit l’unité de l’empire franc, réussirent à se saisir du pouvoir dans les Etats démembrés. Louis se mit à dos le clergé en voulant le réformer. Ce clergé ignorant et ambitieux, qui comptait dans son sein un grand nombre d’hommes de guerre et beaucoup de prélats qui n’avaient pas même lu l’Évangile, et étaient incapables d’en comprendre le texte, ce clergé prépara ainsi avec les comtes et les leudes l’avènement du système féodal.

L’administration de la justice s’était corrompue entre les mains des missi. La faiblesse de l’empereur était incapable de combattre tant de difficultés ; il eut le tort de faire une folle opposition aux projets de Wala, homme supérieur, allié par le sang à la famille impériale, et qui, impuissant à faire le bien à la cour de Charlemagne, s’était d’abord retiré dans le cloître. Wala voulait que l’empereur prît des serviteurs plus intègres, et qu’il laissât au clergé et au peuple leurs droits respectifs.

Plus fait pour être clerc qu’empereur, Louis possédait une connaissance approfondie du latin et avait aussi appris le grec ; il associait son goût pour la littérature ecclésiastique à des habitudes toutes monastiques ; il faisait sans cesse de riches aumônes et des actes d’humilité, aussi le peuple l’appelait-il le roi-prêtre.

Louis montra toujours beaucoup d’éloignement pour le luxe, et ses règlements sur le costume des ecclésiastiques et des guerriers sont nos premières lois somptuaires : il interdit aux uns et aux autres les robes de soie et les ornements d’or et d’argent. Sous le règne de ce prince, la France commença à perdre une partie de ses conquêtes ; les Saxons revinrent dans leur pays ; les Danois se montrèrent plus hardis dans leurs courses maritimes ; les Sarrasins reprirent courage ; et c’est de cette époque que date le royaume de Navarre.

 
 
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