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Roi Pépin le Bref (Pépin III), carolingien. Naissance, mort, couronnement, règne. Carolingiens

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Rois, Présidents
Biographie des rois, empereurs, présidents français. Vie des souverains, faits essentiels, dates-clés. Histoire des règnes
Pépin III le Bref
(né vers 715, mort le 24 septembre 768)
(Maire du palais de Neustrie en 741, et d’Austrasie en 747.
Roi des Francs : règne 751-768.)
Publié / Mis à jour le mardi 2 février 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Second fils de Charles Martel, il partagea la France avec son frère aîné Carloman en 741, et prit sous son gouvernement la Neustrie, la Bourgogne, l’Aquitaine et quelques autres provinces, sans se donner et sans recevoir le titre de roi.

La mort de Charles Martel ayant paru aux grands de l’Etat et aux peuples tributaires de la France une occasion favorable pour secouer le joug de l’autorité, Pépin, dont la politique a mérité de passer en proverbe, sentit qu’il fallait raffermir le pouvoir à l’aide d’un nom consacré, et d’accord avec Carloman, il éleva sur le trône un prince du sang de Clovis, Childéric III, surnommé l’Insensé. A l’abri de ce fantôme royal, il exigea une soumission qu’il aurait alors vainement réclamée pour lui-même.

Pépin le Bref (751-768)

Pépin le Bref (751-768)

Les Allemands, les Bavarois, les Gascons, qui s’étaient révoltés, furent vaincus, promirent fidélité, et se révoltèrent encore, étant encouragés par des seigneurs français qui voulaient aussi se rendre indépendants, et même par un frère de Pépin, nommé Griffon, qui se plaignait de n’avoir eu qu’une part trop faible dans l’usurpation du royaume. Pépin passa donc sa vie à la tête des armées, et comme la petitesse de sa taille le livrait aux railleries des guerriers, dans un temps où le courage reposait tout entier sur la force corporelle, il fit des actes de bravoure qui mériteraient d’être taxés de témérité s’ils n’avaient pas eu pour but de lui attirer le respect des soldats.

Quoique Childéric III ne prêtât que son nom au gouvernement, ce nom gênait l’ambition de Pépin, et lorsque Carloman, son frère, abandonnant ses Etats pour se consacrer à la vie monastique, l’eut rendu seul maître de la France, il résolut d’achever l’usurpation méditée depuis un siècle par sa ramille. Son premier soin fut d’apaiser le clergé, qui avait été dépouillé d’une grande partie de ses biens par Charles Martel ; il eut besoin de beaucoup d’adresse pour réussir, parce que ces biens avaient été donnés aux guerriers, auxquels on ne pouvait les reprendre sans exciter un mécontentement nouveau.

Quand il eut mis les évêques dans son parti, il flatta le pape par une soumission si grande qu’on aurait peine à le concevoir si le motif n’en était connu. Le pape voulait se soustraire aux caprices des empereurs de Constantinople et sauver Rome de la domination des Lombards, maîtres de l’Italie ; il n’avait d’espérance que dans les Français, dont il sollicitait les secours depuis longtemps : cette position du chef de la chrétienté bien établie, on sentira pourquoi Pépin trouva prudent de se faire un cas de conscience de l’usurpation et de la soumettre au pape. Ayant obtenu une réponse telle qu’il la désirait, il enferma Childéric III dans un monastère, monta sur le trône en 751, et fut sacré à Soissons par saint Boniface, évêque de Mayence, du consentement des seigneurs et du clergé, qui prit alors un rang politique dans l’Etat.

Le titre de roi, si désiré par Pépin, n’accrut pas son pouvoir : on peut même affirmer qu’il le diminua ; car la royauté, qui, sous la première dynastie, était un droit attaché à la naissance, une succession transmise de Clovis conquérant à ses descendants, devint élective comme la mairie du palais, et resta de plus à la merci des évêques, par l’influence desquels elle venait d’être accordée.

Le pouvoir du monarque fut d’autant plus faible que depuis longtemps les maires du palais, pour se faire des partisans, avaient laissé les seigneurs changer en propriétés personnelles les domaines sur lesquels reposaient la solde de l’armée, les récompenses dues aux braves, et préparé le morcellement de la France tel qu’on le vit sous le régime féodal. Sans doute, cette diminution du pouvoir se fit peu remarquer pendant le règne de Pépin le Bref et celui de Charlemagne ; mais elle ne cessa de se faire sentir sous leurs faibles successeurs, jusqu’à l’élévation de la troisième dynastie.

En 754, le pape Etienne II vint lui-même solliciter en France les secours dont il avait le plus pressant besoin ; il sacra de nouveau Pépin le Bref, qui, par reconnaissance, passa en Italie à la tête d’une armée nombreuse pour combattre Astolphe, roi des Lombards. Cette première expédition ne fut pas décisive : Pépin ne se rebuta point, et la seconde fois qu’il passa en Italie, il dicta la paix en vainqueur et donna en propriété l’exarchat de Ravenne au saint-siège.

Ainsi ce roi établit le premier le pouvoir temporel des papes, comme il avait le premier reconnu en eux le droit d’interpréter la volonté du ciel sur la disposition des couronnes. Au reste, Pépin ne s’appauvrissait pas en élevant les papes jusqu’à la souveraineté ; car il disposait en leur faveur d’une principauté qui appartenait aux empereurs de Constantinople, et c’est ainsi que tous les États de l’Europe moderne se sont formés des débris de l’empire.

Il n’est pas sans intérêt de remarquer qu’au moment où le pape devenait souverain en Italie aux dépens de l’empire, les Sarrasins commençaient à s’approcher de Constantinople dans le dessein de s’en emparer. De son côté, Pépin était attaqué par les barbares du Nord, qui cherchaient dans des climats plus heureux les richesses que leur refusait la nature, et se battaient pour le pillage, en attendant qu’ils trouvassent l’occasion de former des établissements ; on les verra reparaître sous Charlemagne et ses successeurs, assiéger Paris, occuper les plus belles provinces, sans que les Français, éclairés par tant de désastres, s’aperçoivent qu’ils ne sont faibles contre des ennemis qu’ils méprisaient autrefois qu’à proportion de l’affaiblissement du pouvoir royal.

Pépin, toujours vainqueur et toujours agité, mourut d’hydropisie à Saint-Denis, où il fut enterré le 24 septembre 768, à l’âge de 54 ans. Il partagea la France entre ses deux fils, Carloman et Charles, depuis appelé Charlemagne ; mais les dispositions qu’il avait faites furent modifiées par les seigneurs, dont le consentement était nécessaire en tout depuis que l’usurpation avait anéanti les coutumes apportées dans les Gaules par les Francs ; aussi ne doit-on pas s’étonner si les assemblées de la nation vont toujours en se multipliant jusqu’au triomphe du régime féodal : là ou il n’y a plus ni lois réputées ni coutumes établies, il faut bien faire parler les hommes.

Un bel esprit du temps de saint Louis a trouvé admirable de mettre sur le tombeau du fondateur de la seconde dynastie des rois de France : Pépin, père de Charlemagne ; c’est son moindre titre à la gloire. Il fut brave, libéral, actif comme l’avaient été ses aïeux ; mais il l’emporta sur tous les rois de sa dynastie par l’art de connaître les hommes, de juger les circonstances ; et par cette souplesse d’esprit qui, chez les ambitieux, s’unit naturellement au besoin de dominer, Charles Martel fut plus grand que lui, parce qu’il méprisa des grandeurs tout ce qui ne s’obtient pas par le courage et la fermeté du caractère : Charlemagne crut nécessaire d’imiter la politique de Pépin, et peut-être ne s’aperçut-il pas que les moyens par lesquels on fonde un empire ne sont pas toujours ceux qui aident à le conserver.

 
 
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