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Histoire de France par Jacques Bainville. La régence et Louis XV. Partie 2

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Histoire de France
L’Histoire de France par Jacques Bainville : 2000 ans d’Histoire de notre pays, des Gaulois jusqu’au début du XXe siècle. Événements, contexte historique.
La régence et Louis XV
(Chapitre 14 - Partie 2/3)
(par Jacques Bainville)
Publié / Mis à jour le dimanche 10 juillet 2011, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 9 mn
 
 
 
En général, les historiens reprochent à Louis XV son indolence et son apathie. Il est vrai qu’il n’imposa pas toujours sa volonté, même quand il avait raison, et il était sensé. Pourtant, et c’est en quoi il diffère de Louis XVI, il ne doutait pas de son autorité et il l’a montré en plusieurs occasions.

Les historiens regrettent donc en somme qu’il n’ait pas exercé le pouvoir d’une manière aussi personnelle que son arrière-grand-père. Peut-être ne réfléchit-on pas que les circonstances au milieu desquelles Louis XV atteignit sa majorité ne ressemblaient pas à celles de 1660. Le besoin de commandement que l’on ressentait alors n’existait plus. Ce qui dominait, au contraire, c’était l’esprit critique. La vogue des institutions anglaises, développée par Montesquieu et par Voltaire, favorisée par les essais de réforme de la Régence, commençait. Autant la situation avait été nette et simple à l’avènement de Louis XIV, autant la tâche du gouvernement redevenait difficile.

C’est cependant par un acte d’autorité que débuta Louis XV, à seize ans, lorsqu’il renvoya le duc de Bourbon, à peu près comme Louis XIII avait secoué la tutelle de Concini. Le jeune roi avait donné sa confiance à son précepteur Fleury, évêque de Fréjus. Choix heureux : ce sage vieillard dirigea les affaires avec prudence. Il y eut, pendant quinze ans, une administration intelligente, économe, qui remit les finances à flot et rétablit la prospérité dans le royaume, prouve qu’il n’était pas condamné à la banqueroute depuis la guerre de succession d’Espagne et le Système de Law. De tout temps, la France n’a eu besoin que de quelques années de travail et d’ordre pour revenir à l’aisance et à la richesse. Notre éclatante civilisation du dix-huitième siècle ne s’expliquerait pas sans cette renaissance économique qui fut singulièrement aidée par les traditions bureaucratiques que le siècle précédent avait laissées. Il ne faut pas dire trop de mal des bureaux : leurs abus ne les empêchent pas d’être indispensables. Orry, dont le nom est resté obscur, fut un digne successeur de Colbert dans la gestion des deniers publics. D’Aguesseau, qui est illustre, continua l’œuvre législative que Colbert avait commencée, et, pour une large part, ses ordonnances ont été reproduites par le Code civil, car la Révolution a continué au moins autant qu’elle a innové.

Appliqué au relèvement de la France, Fleury, au-dehors, évitait les aventures. Il n’avait pas de grandes vues de politique européenne mais un sens assez juste de l’utile et du nécessaire. Le point noir de l’Europe, à ce moment-là, c’était la succession d’Autriche qui se présentait d’ailleurs autrement que la succession d’Espagne. L’Empereur Charles VI, n’ayant que des filles, se préoccupait de laisser ses États héréditaires à l’archiduchesse Marie-Thérèse et il cherchait à faire signer et garantir ses dispositions testamentaires, sa « Pragmatique sanction », par toutes les puissances. En France, un parti déjà nombreux représentait que la maison d’Autriche était l’ennemie du royaume, que nous n’avions pas intérêt à la perpétuer et que l’occasion de l’abattre définitivement ne devait pas être perdue. On était antiautrichien au nom de la tradition et des principes de Richelieu. Ainsi naissait, sur une question de politique étrangère, une controverse qui devait dégénérer en conflit, un conflit qui, un jour, deviendrait fatal à la monarchie elle-même.

Fleury se contentait de surveiller les événements et de déjouer les intrigues qui pouvaient mettre la paix en danger, tout en refusant de signer la « Pragmatique sanction » de Charles VI pour échapper à des difficultés intérieures et peut-être en calculant aussi qu’il tenait l’empereur par l’espoir de sa signature. Quelle que fût sa prudence, Fleury, qui était accusé de pusillanimité par l’opinion publique, comme Louis-Pbilippe le sera cent ans plus tard, se vit, bien malgré lui, obligé d’intervenir en 1733, lorsque l’indépendance de la Pologne fut en danger. La France a toujours eu besoin d’un allié qui pût prendre l’Allemagne à revers, et la Suède, qui avait rempli cette fonction au dix-septième siècle, s’en était d’autant plus détournée qu’elle était aux prises avec la Russie rénovée par Pierre le Grand : l’apparition de la puissance russe a été dans le système européen le principe de bouleversements dont la France a eu à souffrir. L’intangibilité et l’alliance de la Pologne étaient alors des préceptes que la politique française a retrouvés depuis 1918 et qui lui ont causé d’immenses embarras au dix-huitième siècle. Ce ne fut donc pas pour soutenir le beau-père de Louis XV que Fleury intervint en faveur de Stanislas contre la candidature au trône de Pologne de l’électeur de Saxe, mais parce que l’indépendance de la Pologne était menacée à la foi par l’Empire et par la Russie qui voulaient imposer Auguste III. Seulement on s’aperçut vite qu’il n’était pas facile de défendre la Pologne, prise entre les Allemands et les Russes, si elle n’était pas capable de se défendre elle-même : Plélo périt dans sa vaine tentative pour délivrer Dantzig. Nous fûmes réduits à une diversion contre l’Empire dans laquelle le parti antiautrichien se jeta avec joie, Villars, cet ancêtre, et le chevalier de Belle-Isle, petit-fils de Fouquet, étant les plus ardents. Fleury modéra tant qu’il put ces vieux et ces jeunes fous. Déjà la cause de Stanislas était perdue, les Polonais n’ayant pas su rester unis en face des envahisseurs. Fleury avait eu soin de limiter les risques et de ne pas rendre la guerre générale, en obtenant la neutralité de l’Angleterre par l’engagement de ne pas attaquer les Pays-Bas. Il ne songea plus qu’à sortir de ce mauvais pas avec profit et il négocia le traité de Vienne (1738), par lequel il garantissait le Pragmatique. En échange, et à titre de dédommagement, Stanislas, évincé de Pologne, recevait la Lorraine qui, à sa mort, retournerait à la couronne de France, tandis que le duc François de Lorraine, pour épouser Marie-Thérèse, renonçait à ses droits sur le duché. C’était la solution élégante et avantageuse de plusieurs difficultés à la fois. Jusqu’alors on n’avait pas trouvé le moyen de réunir cette province française et, malgré de perpétuels conflits avec les princes lorrains, malgré une occupation, même prolongée, de leur territoire, la monarchie n’avait jamais voulu annexer la Lorraine par la violence et contre le vœu de ses habitants.

La raison exigeait qu’on s’en tînt là et tel était le sentiment de Fleury, légitimement fer d’avoir atteint ces résultats en évitant la médiation intéressée de l’Angleterre. Mais, en France, le parti antiautrichien se plaignait qu’il eût trop cédé à l’Autriche et regrettait qu’au lieu de brèves campagnes sur le Rhin et en Italie une armée n’eût pas été envoyée jusqu’en Bohême. Le ministre des affaires étrangères Chauvelin était le plus belliqueux des austrophobes. Fleury, pour pouvoir signer la paix de Vienne, avait obtenu de Louis XV la disgrâce et le renvoi de Chauvelin. Ce fut le premier épisode de ce grand conflit d’opinions. Il avait été bien réglé et sans dommages pour la France.

Les deux hommes les plus importants de l’Europe, à ce moment-là, Fleury et Walpole, étaient pacifiques tous deux. On pouvait donc penser que, quand l’empereur mourrait, sa succession se réglerait sans encombre. On ne comptait pas avec les forces qui travaillaient à la guerre.

Walpole fut débordé le premier. L’Angleterre, qui ne cessait de développer son commerce, convoitait âprement les colonies espagnoles. L’Espagne s’étant mise en défense contre une véritable expropriation, les négociants et les armateurs anglais s’exaspérèrent, le Parlement britannique les écouta et Walpole céda, préférant, selon un mot connu, une guerre injuste à une session orageuse. La guerre maritime durait depuis un an entre l’Angleterre et l’Espagne qui, du reste, se défendait avec succès, et la France, demeurée neutre, commençait à comprendre qu’elle était menacée derrière les Espagnols et qu’il serait prudent de s’armer sur mer, lorsque l’empereur Charles VI mourut au mois d’octobre 1740. Il avait eu, lui aussi, une illusion semblable à celle de Walpole et de Fleury. Il avait cru que des actes notariés suffiraient à garantir l’héritage de sa fille et la paix. Tout se passa bien d’abord. Seul l’électeur de Bavière, qui prétendait à la couronne impériale, élevait une contestation, lorsque, sans avertissement, violant toutes les règles de la morale publique, le roi de Prusse envahit une province autrichienne, la Silésie.

Depuis le jour où l’électeur de Brandebourg avait pris le titre de roi, la Prusse avait grandi dans le silence. Frédéric-Guillaume, le Roi-Sergent, avait constitué à force d’application, d’organisation et d’économie un État et une armée solides. Son fils Frédéric II, qui venait de lui succéder, avait donné le change sur ses ambitions par une jeunesse orageuse, l’étalage de ses goûts pour notre littérature et le soin qu’il avait pris de conquérir une véritable popularité parmi les Français en protégeant et en flattant nos écrivains et le plus célèbre de tous, Voltaire. Frédéric II passait pour un prince éclairé, ami du progrès et des idées qu’on appelait nouvelles et dont la vogue continuait à se répandre. Son coup de force, qui aurait dû soulever l’indignation, fut accueilli au contraire par des applaudissements parce qu’il était dirigé contre l’Autriche, toujours considérée comme l’ennemie traditionnelle de la France.

À ce même moment, Fleury, malgré sa prudence, se voyait obligé d’intervenir dans la guerre anglo-espagnole dont le développement menaçait nos intérêts maritimes de la manière la plus grave. Belle-Isle et les antiautrichiens lièrent habilement les deux affaires. Ils diront que l’Autriche était l’alliée des Anglais, que l’heure de la détruire était venue et qu’en la frappant on frapperait l’Angleterre. Ce raisonnement omettait deux choses : la mer et la Prusse. Mais Frédéric II passait pour un de ces princes allemands qui avaient été jadis, comme le Bavarois ou le Palatin, nos associés contre les Impériaux. De plus il était sympathique. Le courant devint si fort en faveur de l’alliance prussienne et de la guerre que Fleury, vieilli, fatigué, craignant, s’il résistait, de perdre le pouvoir comme Walpole l’avait craint, finit par céder. Louis XV céda lui-même. Il eut tort puisqu’il n’approuvait pas cette guerre et disait qu’il eût été préférable pour la France de « rester sur le mont Pagnotte », c’est-à-dire de regarder les autres se battre et de se réserver. Il voyait juste : par malheur pour nous, il n’imposa pas son avis. C’était peut-être de l’indolence, peut-être aussi le sentiment que la monarchie, diminuée depuis la Régence, n’était pas assez forte pour combattre l’entraînement général.

On entra ainsi, en 1741, dans une guerre continentale dont le premier effet fut de nous détourner de la guerre maritime où, de concert avec l’Espagne, nous pouvions porter à l’Angleterre des coups sensibles qui l’auraient peut-être arrêtée dans sa poursuite de l’hégémonie, car, à sa grande déception, ses escadres insuffisamment organisées avaient subi de mortifiants échecs. Mais, en France, tout était à l’entreprise d’Allemagne que Fleury, du moins, s’efforça de limiter, préoccupé surtout que l’Angleterre n’entrât pas dans ce nouveau conflit, l’expérience de la succession d’Espagne ayant appris ce que coûtait une guerre de coalitions à laquelle l’Angleterre était mêlée.

Cependant on s’indignait de la prudence de Fleury. Elle semblait sénile. Les Français eurent l’illusion, habilement entretenue par Frédéric, qu’ils étaient les maîtres de l’Europe. Pendant la première année de leur campagne, tout réussit au maréchal de Belle-Isle, qui conduisit ses troupes jusque sous les murs de Vienne, remonta en Bohême et s’empara de Prague par une escalade hardie. En janvier 1742, notre allié l’électeur de Bavière fut élu empereur à Francfort et ce fut en France un cri de triomphe : enfin la couronne impériale était enlevée à la maison d’Autriche ! On se réjouissait au moment où la fragilité de ces succès allait apparaître. Marie-Thérèse n’avait pas plié devant les revers. Elle avait pour elle les plus guerriers de ses sujets, les Hongrois. Elle savait qu’elle pouvait compter sur l’Angleterre. Elle avait déjà négocié avec Frédéric, compagnon peu sûr pour la France et qui ne songeait qu’à tirer son épingle du jeu en consolidant ses profits. Trois semaines après le couronnement du nouvel empereur, la Bavière fut envahie par les Autrichiens : elle n’était plus qu’un poids mort pour nous. En même temps, les Anglais se préparaient à intervenir activement en faveur de l’Autriche, et le roi de Prusse, peu soucieux d’encourir leur inimitié, se hâta d’accepter le marché que lui offrait Marie-Thérèse, c’est-à-dire presque toute la Silésie pour prix de sa défection.

En vain Fleury avait-il conseillé la paix, dès le mois de janvier, après l’élection de Francfort. Il comprit aussitôt la gravité de la situation où nous mettait la trahison de la Prusse. Se fiant au prestige de la raison, il eut l’idée d’adresser à Marie-Thérèse une lettre confidentielle où il lui représentait qu’il n’était ni de l’intérêt de la France ni de l’intérêt de l’Autriche, de continuer la lutte. Marie-Thérèse, par rancune, commit la faute de publier cette lettre, soulevant en France l’indignation contre Fleury et contre elle-même, rendant la réconciliation plus difficile puisque son mauvais procédé, son orgueil accroissaient chez nous l’impopularité de la maison d’Autriche. Il est vrai qu’à ce moment elle comptait sur une victoire complète. Belle-Isle, isolé en Bohême, dut ramener son armée en plein hiver avec de lourdes pertes. Chevert, bloqué à Prague, capitula. Les brillants succès du début tournaient au désastre et ce fut en France un concert de récriminations qui s’adressaient à tout le monde et qui accrurent le trouble de l’opinion publique.

Le pire était que nous ne pouvions plus sortir de cette guerre. Les diversions classiques qui furent tentées, par la Suède, par l’Italie, ne réussirent pas. Au commencement de 1743, lorsque Fleury mourut, accablé de chagrin et d’années, nos affaires allaient mal. L’Angleterre avait en Allemagne une armée, constituée d’autant plus facilement que le roi George était en même temps électeur de Hanovre. Les Anglo-Hanovriens réussirent à donner la main aux Autrichiens après la bataille de Dettingen. Nos troupes durent évacuer l’Allemagne, repasser le Rhin, et, repliées sur les défenses de Vauban, protéger nos frontières.

Il y eut alors un véritable redressement de la politique française. L’échec ouvrit les yeux. La véritable ennemie de la France, ce n’était pas l’Autriche, c’était l’Angleterre, que nous finissions toujours par trouver devant nous. C’était elle l’âme des coalitions. La France s’était donc trompée en portant la guerre en Allemagne, en travaillant directement pour l’électeur de Bavière, inférieur au rôle qu’on avait conçu pour lui, et indirectement pour le roi de Prusse, perfide et dangereux. Il fallait revenir, dans les pays allemands, à nos traditions véritables, celles du traité de Westphalie, n’y paraître qu’en protecteurs des libertés germaniques et de l’équilibre, tourner nos forces contre l’Angleterre, et, pour la chasser du continent, l’atteindre là où son alliance avec l’Autriche et la Hollande l’avait installée mais la rendait vulnérable : dans les Flandres. Alors il nous deviendrait possible de liquider honorablement l’aventure et d’obtenir la paix.

Ce plan réfléchi, proposé par le maréchal de Noailles, fut accepté par Louis XV. On se prépara à l’exécuter pendant l’hiver et, au printemps, une forte armée, accompagnée par le roi, envahit la Flandre maritime et s’empara d’Ypres et de Furnes. Il est vrai que, pendant ce temps, les Autrichiens par une marche hardie, entraient en Alsace. Frédéric II, qui surveillait les événements pour tenir la balance égale entre les adversaires, craignit que l’Autriche ne dévînt trop forte. Il rompit sa neutralité et opéra une rapide diversion en Bohême. Les Autrichiens durent alors sortir d’Alsace aussi vite qu’ils y étaient entrés. C’est à ce moment que Louis XV, ayant suivi Noailles à Metz, y tomba dangereusement malade. Sa guérison causa en France un enthousiasme extraordinaire : le danger que courait le pays avait excité le sentiment national exprimé par la monarchie et rarement, dans notre histoire, a-t-on vu se manifester un loyalisme aussi ardent, signe des attaches puissantes que la royauté avait acquises sous le règne de Louis XIV : comment oublier que, cent ans plus tôt, on était à la veille de la Fronde ?

Nous étions accrochés à un coin de la Flandre, nous avions repoussé une invasion, mais les choses n’avançaient guère lorsqu’une éclaircie apparut au commencement de 1745. Charles VII, l’empereur bavarois, mourut. La couronne impériale était libre pour l’archiduc lorrain, époux de Marie-Thérèse, et une transaction devenait possible. Pour l’obtenir, il fallait poursuivre le plan de Noailles, porter l’effort en, Flandre, y battre les Anglais. Maurice de Saxe, capitaine expérimenté, un de ces Allemands d’autrefois qui servaient volontiers la France, fut mis à la tête d’une armée considérable, marcha hardiment sur Tournai, et, les Anglais ayant voulu délivrer cette place importante de la barrière hollandaise, la barrière dressée au traité d’Utrecht contre la France, furent battus à Fontenoy, en présence de Louis XV (1745). Cette victoire fameuse, presque légendaire (« Messieurs les Anglais, tirez les premiers »), suivie de plusieurs autres succès, nous donnait bientôt toute la Belgique. Louis XV entrait triomphalement à Anvers.

Les Hollandais, qui avaient de nouveau renversé la République et rétabli le stathoudérat, comme au siècle précédent, étaient mis à la raison par la prise de Berg-op-Zoom. Mais il ne nous suffisait pas d’être victorieux aux Pays-Bas. Le théâtre de la guerre était plus vaste. Nous étions battus en Italie, et, comme au seizième siècle, la Provence était envahie par les Impériaux. Frédéric II achevait ce qu’il avait à faire en Allemagne, battait les Saxons, entrait à Dresde, puis, nous trahissant de nouveau, s’arrangeait avec l’Autriche qui lui laissait la Silésie tandis qu’il reconnaissait le nouvel empereur François de Lorraine. Enfin et surtout les Anglais, maîtres de la mer, avaient pu un moment débarquer sur les côtes de Bretagne. La lutte s’était étendue aux colonies et nous nous défendions de notre mieux au Canada et aux Indes où Dupleix édifiait avec de faibles moyens une œuvre grandiose. Qu’arriverait-il donc si la guerre continuait ? Peut-être garderions-nous les Pays-Bas autrichiens. Mais alors aucune paix avec l’Angleterre ne serait possible. Nous perdrions nos colonies. Les hostilités se perpétueraient avec l’Autriche et nous savions désormais qu’il ne fallait pas compter sur Frédéric. Mieux valait liquider tandis que nous tenions des gages. Ainsi cette première guerre de Sept Ans s’acheva par une paix blanche (1748).

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