Le testament disparu de Léonard de Vinci à Amboise

Au printemps 1518, Léonard sent que ses forces l’abandonnent peu à peu. Les historiens nous indiquent qu’il a probablement été victime d’un AVC quelques mois auparavant, il est donc fortement diminué. Il s’agit pour lui « de mettre ses affaires en ordre », selon l’expression consacrée. Il va donc rédiger un testament, puis le déposer auprès d’un notaire d’Amboise, maître Boreau. Point de détail historique : les lois du royaume imposent qu’un testament soit rédigé en Français, et Léonard ne parlant qu’Italien, un intermédiaire a dû intervenir.

Des indications très précises pour une cérémonie voulue « marquante »
La lecture de ce testament permet de comprendre combien Léonard de Vinci avait pris le soin de préparer méticuleusement la cérémonie de ses funérailles, détaillant de manière très précise ses souhaits et le déroulement des opérations. Il souhaite être inhumé dans l’église du château, et que trois « grandes messes » et trente « basses messes » soient données pour l’occasion. Il précise aussi que 60 torches portées par 60 pauvres suivront le cortège, et que 10 livres de bougies de cire seront allumées dans 4 églises.

En avril 1518, Léonard de Vinci dépose son testament
auprès d’un notaire d’Amboise. © Crédit illustration : Araghorn

Il règle de manière très précise son héritage, accordant à son fidèle Melzi à la fois ses œuvres (la Joconde et ses autres tableaux, ses croquis et dessins), les archives de ses travaux, une grande partie de ces économies et des éléments beaucoup plus terre à terre, comme... tous ses vêtements ! Son serviteur Baptiste de Villanis hérite, lui, de tous ses meubles et ustensiles présents au Clos Lucé. Il partage aussi un jardin qu’il possède près de Milan entre ce bon Baptiste et Salay, celui qui fut le démon de son cœur.

Sous la protection du roi au-delà de la mort
Mais l’élément principal du testament demeure son souhait d’être inhumé au château royal d’Amboise. Ni noble, ni membre du clergé, Léonard de Vinci n’a — a priori — pas droit à cet honneur qui lui sera pourtant accordé par le roi François I^er.

Études du fœtus dans l’utérus. Esquisses de Léonard de Vinci réalisée vers 1511

Pourquoi cette volonté d’être inhumé ici, et non pas, par exemple, dans son village natal de Vinci, en Toscane, ou à Milan ? Eh bien, il faut imaginer que même si Léonard n’est pas réellement croyant, la « suite après la mort » demeure mystérieuse et marquée d’incertitude. Le fait d’être enterré au château royal est une manière de se mettre sous la protection du roi de France, un personnage puissant.

Un document original aujourd’hui disparu
On trouve au château royal d’Amboise un fac-similé de ce testament, reproduction la plus conforme possible de l’original. Car l’original, hélas, a disparu dans les méandres de l’Histoire. On évoque la possibilité qu’il ait été tout bonnement détruit lors d’un incendie ayant frappé l’office notarial quelques siècles plus tard.

France Bleu Touraine
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