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Vieux métiers, métier ancien : histoire cartiers, cartier

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Métiers anciens / oubliés
Histoire des métiers, origine des corporations, statuts, règlements, us et coutumes. Métiers oubliés, raréfiés ou disparus de nos ancêtres.
Cartiers
(D’après un article paru en 1867)
Publié / Mis à jour le jeudi 14 janvier 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Les cartiers furent presque toujours à l’origine confondus avec les peintres, les enlumineurs, les mouleurs de statuettes de plâtre ou de terre peinte ; mais des statuts de cartiers de Tournai, de 1480, semblent indiquer qu’ils étaient tenus dans un certain état d’infériorité ; les maîtres ne payaient que la moitié du droit auquel étaient astreints les peintres.

Du reste, jusqu’au milieu du quinzième siècle (à Augsbourg jusqu’en 1445) les cartes furent peintes, bien qu’on ait parfois prétendu que c’était le premier produit de la gravure sur bois ; Les femmes paraissent avoir exercé ce métier en aussi grand nombre, sinon en plus grand nombre que les hommes. Ces cartes peintes étant assez coûteuses, on devait se servir pendant longtemps du même jeu, ce qui expliquerait le peu d’activité de la production et le petit nombre des ouvriers.

En 1594, les cartiers de Paris n’étaient qu’au nombre de huit quand ils rédigèrent leurs premiers statuts. Au dix-huitième siècle, on les nommait papetiers-cartiers, mais dans leurs statuts ils prennent le titre de « maîtres du métier de cartiers, faiseurs de cartes, tarots, feuillets et cartons », ou « cartiers, tarotiers, feuilletiers et cartonniers. »

Les statuts des cartiers comprenaient vingt-deux articles ; remaniés sous Louis XIII et sous Louis XIV, quelques articles furent ajoutés. Pour être maître cartier, il fallait avoir boutique ouverte sur la rue ; l’apprentissage durait quatre ans ; on était tenu ensuite d’être compagnon pendant trois ans ; après ce temps on exécutait un chef-d’œuvre consistant en une demi-grosse de cartes fines ; puis, en acquittant les droits, on était reçu maître.

Comme dans la plupart des métiers, il était défendu d’avoir plus d’un apprenti, et les maîtres ne devaient pas se prêter leurs compagnons. Tous les maîtres cartiers devaient avoir une marque différente ; du reste le valet de trèfle portait toujours le nom du fabricant. Enfin, pour faire observer les règlements la communauté élisait tous les ans deux jurés. On voit que l’organisation n’était pas des plus compliquées : c’est ce que l’on constate toujours quand on a affaire à une corporation peu ancienne.

Au quinzième siècle, les cartiers portaient le nom de « carteurs ou franc-carteurs. » Dans le nord de la France et dans les Pays-Bas, où ce jeu fut toujours l’objet d’un commerce considérable, ils avaient sous leurs ordres des ouvriers appelés brunteurs ou licheurs de couleurs, des broyeurs et des ouvriers cartiers ; ces derniers seuls devaient se faire recevoir apprentis.

En France, dès que les cartes devinrent une source de revenus pour l’Etat, la production fut bornée à un très petit nombre de villes. En 1631, on n’en fabriquait que dans six villes : Rouen, Toulouse, Lyon, Thiers, Limoges et Troyes.

Il y a eu des cartes de différentes matières, en ivoire, en nacre, sous Louis XIV, époque où les cartes jouirent de la plus grande faveur ; ce qui venait sans doute du goût très prononcé que le monarque avait montré pour ce passe-temps.

Au seizième siècle, en Italie surtout, on en fit de satin brodé. Mais les cartes les plus communes ont été les cartes en papier ou plutôt en carton formé de plusieurs feuilles de papiers superposées. Le papier qui forme le dos de la carte s’appelle « cartier », et les dessins, souvent assez indistincts, qu’on y imprime, se nomment « tarotage. »

Soit que l’on usât de planche de bois ou de cuivre pour imprimer les cartes, on ne se servait pas de presse ; mais, après avoir étendu l’encre sur la planche, on y plaçait la feuille de carton, que l’on y faisait adhérer au moyen d’un tampon de drap, appelé « frotton », promené rapidement sur toute la surface du « moule » ou planche gravée. Une fois la feuille imprimée en noir, on procédait (on le fait encore aujourd’hui de la même manière) à l’« habillage » de la feuille de cartes. Au moyen d’un « patron » découpé à jour, on coloriait les figures, en se servant d’autant de patrons différents par leurs découpures qu’il y avait de teintes différentes à étendre sur les cartes. Il y en a cinq, par conséquent il faut cinq patrons. Les cartes « habillées », on procédait au lissage, opération qui se faisait au moyen d’une grosse pierre polie. Mais c’est là une opération qui a été imaginée bien postérieurement, en France très probablement ; on s’en abstient encore dans certaines parties de l’Europe.

Il va s’en dire que l’habillage au patron ne put être pratiqué qu’après l’application de l’imprimerie à la fabrication des cartes ; et même il est à peu près certain que pendant quelques années encore on les coloria au pinceau, opération fort longue, et qui ne dut pas peu contribuer à en faire un objet de luxe que peu de personnes pouvaient posséder.

Au dix-septième et au dix-huitième siècle, on allait « mouler » les cartes au bureau des finances où les planches étaient déposées. Le droit à payer était d’un denier par carte. C’est cet impôt, toujours assez élevé, qui a été la cause du trafic des cartes recoupées.

Au dix-huitième siècle, on proposait, pour ruiner le commerce des cartes défraîchies, d’abaisser le chiffre de l’imposition : « Le fermier et le cartier y trouvaient leur compte tous deux, disent les auteurs de l’Encyclopédie, car les cartes se recoupent jusqu’à deux fois sur les tables. Si, en diminuant le prix des cartes neuves, on parvenait à diminuer de moitié la distribution des vieilles cartes, celui qui fabrique et vend par jour deux cents jeux de cartes, qui par la recoupe tiennent lieu de six cents, en pourrait fabriquer et vendre trois cents. Le cartier regagnerait sur le grand nombre des jeux vendus ce qu’on lui aurait diminué sur chacun, et la ferme augmenterait sans vexer personne. » Ce moyen ingénieux ne fut pas mis en pratique. Du reste, l’usage des vieilles cartes, que l’on pouvait marquer à sa fantaisie, était trop commode pour les tricheurs pour qu’ils y renonçassent facilement ; la chose était, semble-t-il, passée dans les moeurs : au dix-septième siècle, la tricherie au jeu était bien souvent tenue pour une habileté, et, même à Versailles, on ne trouvait guère de cartes qui ne fussent marquées.

 
 
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