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Histoire du costume, costumes anciens : Culotte. Vêtement masculin qui couvre depuis la ceinture jusqu'aux genoux

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
Culotte (La) tiendra-t-elle ou
faudra-t-il qu’elle disparaisse ?
(D’après « Dictionnaire de la conversation et de la lecture », paru en 1854)
Publié / Mis à jour le mercredi 6 mars 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 
 
 
Ce vêtement masculin qui couvre depuis la ceinture jusqu’aux genoux et que la pruderie anglaise défend de nommer, cet inexpressible, comme on dit au bord de la Tamise, était à l’usage des anciens Gaulois, chez qui il avait la forme d’un caleçon, et portait le nom de broek, d’où les Romains firent bracca, les Français braie, brayette et braguette. Lampridius, Vopiscus, Ammien-Marcellin, parlent de ce haut de chausses, qui donna occasion d’appeler la Gaule Narbonnaise Gallia braccata.

Depuis, la culotte a subi de nombreuses révolutions, sous le rapport de la forme et de la matière. Pendant longtemps, les bas furent attachés à la braie. L’usage de les séparer s’établit en même temps que celui de distinguer la veste du justaucorps ; grande et importante révolution, qui paraît appartenir au seizième siècle. Sous François Ier, les hauts de chausses n’allaient qu’au-dessus du genou, et l’on peut en prendre une idée dans la description de celui de Gargantua par Rabelais.

Pendant le règne de Charles IX, ils étaient extrêmement bouffants, ornés de bandes ou tailladés, et d’une forme tout à fait indécente. Les chausses ou bas couvraient les deux tiers de la cuisse, et demeuraient fixés en dessous de la trousse par des canons de rubans de différentes couleurs. A la braguette s’attachait un cornet ou tuyau qui remplaçait ce qu’on appela depuis le pont-levis, et sur lequel le luxe trouvait moyen de s’exercer d’une façon toute particulière. Les anciens portraits de Henri III montrent que son haut de chausses était extrêmement court, mais que les canons, aujourd’hui partie intégrante de la culotte, couvraient complètement les cuisses jusqu’au dessous du genou.

Les culottes, du temps de Henri IV, s’élargirent, s’enflèrent et se couvrirent d’une multitude de rubans et d’aiguillettes. Celles qu’on portait au commencement du règne de Louis XIII, étaient aussi fort larges et descendaient jusqu’au-dessous du genou, où elles s’attachaient avec des rubans, dont les extrémités formaient des rosettes ; elles se boutonnaient des deux cotés en dehors, depuis la hanche jusqu’en bas. M. de Paulmy, initié à toutes ces coutumes, remarque que, pendant la minorité de Louis XIV, l’usage des grandes culottes subsista encore quelque temps, et que peu à peu on s’accoutuma à les porter très-étroites et seulement serrées par d’élégantes jarretières, d’abord au-dessus du genou, sur le bas même ; ensuite au-dessous, le bas rentré dans les canons. La culotte fut assujettie sur les reins successivement par des lacets, de boucles et des bretelles. Le velours et le salin en formaient l’étoffe ordinaire au temps de Louis XV.

Mme Geoffrin, en femme expérimentée, donnait chaque année une culotte de velours à chacune de ses bêtes (c’était le sobriquet dont elle gratifiait les gens de lettres qui composaient son cercle habituel). Un des amis de cette dame, l’abbé Galiani, de folâtre mémoire, appelait son cher marquis aux culottes mouillées ce bon M. de Croismare, qui donna créance entière à la fable de La Religieuse de Diderot. Ces sobriquets étaient alors du ton de la bonne compagnie.

Vers cette époque, la dynastie de Hanovre, qui régnait en Angleterre, et qui voulait mettre à la raison les montagnards d’Ecosse, crut trouver pour cela un moyen infaillible, en leur ordonnant de porter des culottes. L’ordre parut tyrannique aux compatriotes de Walter Scott ; ils tirent tout ce qu’ils purent pour l’éluder, et les moins récalcitrants, fidèles à la lettre des règlements, portèrent leurs culottes au bout d’un bâton. Sans doute que les révolutionnaires de 1789 attachaient aussi à ce vêtement des idées de dépendance, puisque les plus intrépides champions de la liberté adoptèrent le nom de sans-culottes, expression heureuse, que l’on consacra dans le calendrier de la république par l’institution des sans-culottes ! Plusieurs de ces Pulilicola, devenus courtisans de l’empire, ne se firent pas prier pour reprendre la culotte, qui, malgré les empiétements du pantalon doctrinaire, garde son caractère monarchique. Voilà où en est notre siècle. La culotte tiendra-t-elle ou faudra-t-il qu’elle disparaisse après avoir été inutilement restaurée ? L’avenir a seul le mot de ces mystères : attendons !

La culotte a été chantée plus d’une fois par les poètes. Parmi les fabliaux publiés par Barbazan et Méon, et dont Legrand d’Aussy a fait des extraits, on lit celui des Braies du Cordelier. Ce sujet a été bien souvent reproduit, ainsi que l’observait l’ex-inspecteur général des études Noël, qui conserva toujours une innocente prédilection pour l’érudition érotique. Le Brache di son Griffone est un des plus jolis contes de Casti : il y a joint la naïveté de La Fontaine à la finesse de Voltaire. Avant lui, un poète de l’Allemagne, Luticius Cordus, avait tourné en vers latins cette anecdote tant soit peu grivoise, recueillie à ce titre par Henri Estienne, dans son Apologie pour Hérodote, dans les Nouvelles de François Sacchetli, de Sabadino et de Masuccio de Salerne, ainsi que dans les Lettres Juives du marquis d’Argens et le Passe-Partout de l’Église romaine. Le chevalier de la Tour, faisant un conte de morale à ses filles, n’oublie pas la même historiette, mise eu œuvre plusieurs fois sous le titre de la Culotte de saint Raymond de Pennojort. Le fond de tous ces récits semble être pris du neuvième livre des Métamorphoses d’Apulée. Mais dans cet auteur c’est d’une tunique et non d’une culotte qu’il est question.

On appelait autrefois culottes d’Aristote l’espèce d’épitoge que portaient sur l’épaule gauche les docteurs ès-arts, quand ils étaient en robe. Tout le monde sait ce que c’est qu’une culotte de bœuf ou de pigeon, la culotte d’un pistolet, la culotte de chien, la culotte de Suisse, etc. A plusieurs époques les femmes ont voulu porter la culotte, non pas cette culotte figurée dont le sexe barbu a fait un insigne de sa prétendue prééminence : peu de femmes se sentent la force de la porter celle-là et parfois, convenons en, il faut bien que la femme la revête, si l’on veut qu’il y en ait une dans le ménage ; mais tout simplement ce vêtement à jambes qu’on nomme encore caleçon ou pantalon.

La lutte pour la culotte

La lutte pour la culotte

Lorsque le beau sexe a l’esprit de cacher ses empiétements sous une jupe, les hommes ne trouvent rien à dire ; seulement ce que ce sexe jaloux ne peut supporter, c’est que ce vêtement nécessaire accuse au grand jour des formes arrondies. Les bloomérigtes se sont au milieu du XIXe siècle soulevées contre cette prétention du monopole des culottes, et l’on a vu des femmes se promener à Londres portant une espèce de veste justaucorps ou caraco, ouvert sur la poitrine, laissant voir un gilet boutonné, avec des manches plates, une jupe très-courte, des pantalons très larges au genou, serrés à la cheville, bouffant sur des bottes hongroises, et une coiffure tenant le milieu entre le chapeau d’homme et le chapeau de femme. Il y en avait qui portaient la veste brodée et le col rabattu ; d’autres, des souliers de maroquin avec des boucles.

Nous avions eu à Paris en 1848 des Vésuviennes, qui portaient aussi la culotte, et les bals masqués nous ont toujours offert des titis féminins fort bien culotté ». Les plus hardies des réformistes de Londres se mirent un jour en campagne, essayant de la propagande à la mode britannique, en cabriolet, se faisant descendre dans Piccadilly, se promenant dans le parc, et y distribuant de petits papiers, faisant appel aux mères, aux femmes et aux filles. Elles fondèrent même une société qui siégea a l’Institut Littéraire, près de Fitzroy-Square, où les Chartistes se réunissaient autrefois. Une dame Dexier, qui paraissait être à la tête de la ligue, expliqua une lois en séance publique la nécessité et l’utilité de la réforme du costume des femmes :

« On conviendra, dit-elle, que la toilette des femmes rentre entièrement dans le domaine de la femme. Et cependant, tout ce qui s’écarte de l’usage est regardé avec méfiance. Il fut un temps où une femme à la mode était obligée de s’amasser des édifices sur la tête. A une autre époque, elles se sont soumises à étendre leur circonférence naturelle avec des paniers qui les empêchaient de passer par les portes. Il était réservé à la nation anglaise de pousser à l’extrême l’absurdité d’un costume qui sacrifie annuellement des milliers des plus belles œuvres de la nature. Je veux parler de cette mode infernale des corsets.... Parlerai-je des longues jupes un jour de pluie ? C’est un vrai panorama vivant ; cela nous donne plus de mal à porter qu’un baby.

Et notez bien que c’est aussi incommode par le beau que par le mauvais temps ; car, par un beau jour, nos longues jupes balaient la poussière. Qu’est-ce qui nous prive du libre exercice de nos membres ? Nos jupons. Mous ne pouvons pas nous aller promener librement dans la campagne. Pourquoi ne pourrions-nous pas sauter une haie sans l’assistance d’un mari ou d’un amant ? N’avons-nous pas assez d’élasticité dans notre constitution ? Figurez-vous Vénus offerte à l’admiration des hommes avec des formes soutenues par de la baleine ! La difformité est une conséquence de la civilisation. Les femmes grecques d’aujourd’hui portent des pantalons, et les Italiennes des jupons courts. Tout notre mal vient de ce que nous empruntons nos notions de la beauté aux anciens. Nous en sommes toujours aux Grecs et à leurs imitateurs les Romains.

Les femmes de la Géorgie, de la Circassie et de l’Inde, la moitié des femmes du monde n’ont jamais vu que des pantalons ; et je suis bien sûre de n’être pas toute seule à en porter. En Amérique, on se demande de quel droit les hommes portent seuls des culottes. En Chine, ce sont les hommes qui portent des robes, et les femmes des pantalons... On pourra m’accuser de hardiesse ; mais la hardiesse n’est pas l’immodestie. Il y a des personnes qui se trouvent mal devant une araignée et qui avaleraient un chameau. J’en appelle à tout homme qui a eu l’occasion de marcher derrière une femme un jour de grand vent, et je lui demande si notre toilette actuelle a droit au monopole de la décence. Jusqu’à l’Age de quatorze ans, le costume qu’on appelle immodeste est très bien porté ; mais le lendemain on le trouve inconvenant. Il est temps que les principes de philosophie qui caractérisent notre époque, soient appliqués à la toilette. Je pourrais prouver au besoin que le costume des hommes est absurde... »

A toutes ces belles choses que répondre ? Cedant arma togea. Que les hommes s’inclinent devant les jupes ! Cependant la réforme n’a pas eu de succès. Il faut tant de temps pour détruire les abus !

 
 
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