Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 25 avril DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

16 janvier 69 : assassinat de l'empereur Galba

Vous êtes ici : Accueil > Éphéméride, événements > Janvier > 16 janvier > 16 janvier 69 : assassinat de (...)
Éphéméride, événements
Les événements du 16 janvier. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
16 janvier 69 : assassinat de l’empereur Galba
Publié / Mis à jour le vendredi 20 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Une sorte de légitimité environnait, dans la famille des Césars, une puissance fondée sur la force des armes. Quand cette famille, qui s’était décimée elle-même, se fut éteinte avec Néron, les usurpateurs se succédèrent en foule. « Galba, Othon, Vitellius ne firent que passer, » dit Montesquieu. Mais le passage de Galba laissa une trace profonde, et Tacite nous en apprend la raison. Le premier il divulgua le secret de l’Empire, en montrant que les empereurs pouvaient se faire ailleurs qu’à Rome. A compter de ce moment les titres de César et d’Imperator furent une marchandise dont les soldats réglèrent arbitrairement le cours.

Issu d’une race illustre, non moins ancienne que Rome, et dont la gloire remontait aux commencements de la république, Galba n’apportait au pouvoir qu’une de ces réputations formées dans les seconds rangs, et qui s’éclipsent au premier. Major privato visus, dum privatus fuit, et omnium consensu capax imperii, nisi imperasset

Consul sous Tibère, envoyé par Caligula dans la Germanie, nommé par Claude proconsul d’Afrique, il obtint les honneurs du triomphe, et fut décoré des trois grands sacerdoces, que jusqu’alors on n’avait conférés qu’à trois personnages différents. La simplicité de la vie privée, dans laquelle sa prudence lui conseilla de rentrer, le sauva des fureurs de Messaline et des vengeances d’Agrippine : Néron lui confia le gouvernement d’Espagne ; Galba, déjà vieux, s’y distingua par sa justice et sa sévérité accoutumées. Devenu suspect à l’empereur, à cause de ses services, c’est là qu’il attendait la mort, et qu’il reçut la nouvelle de son élévation. (voy. 9 Juin 68.) Les grands peintres n’ont pas manqué à cette apparition rapide d’un vieillard de soixante-douze ans, qui ne fit qu’essayer le trône du monde. Corneille a surpassé Tacite lui-même en énergie et en concision de style, lorsqu’il nous représente la brièveté d’une puissance, que « e partagèrent trois favoris, appelés par dérision Pédagogues.

Je les voyais tous trois s’empresser sons un maître,
Qui, chargé d’un long âge, a peu de temps à l’être,
Et tous trois à l’envi s’empresser ardemment
A qui dévorerait ce règne d’un moment.

Icélus, Laco, Vinius, tels étaient les membres de ce triumvirat subalterne, dont l’infamie accablait Galba du profond mépris qui s’attache à la faiblesse. C’est sous leurs funestes auspices qu’il se rendit à Rome : sa marche fut lente et ensanglantée ; des proscriptions, des massacres signalèrent son entrée dans la capitale. Sa renommée d’avarice l’y avait devancé : il la confirma par un mot, glorieux dans toute autre bouche que la sienne. Les soldats réclamaient les libéralités (qu’on leur avait promises ; Galba répondit qu’il choisissait ses soldats, et qu’il ne les achetait pas. Le reste de sa vie, dit Tacite, ne répondait pas à cette sévérité de principes.

Le vieil empereur ne tarda pas à voir que son âge était un sujet de reproche et de risée dans une ville habituée à la jeunesse de Néron, et jugeant du mérite de ses chefs, comme en juge le vulgaire, par la grâce et par la beauté du corps. Dans les premiers jours de l’année 69, des lettres de Belgique annoncèrent que les légions de Germanie, infidèles à leur serment, demandaient un autre empereur, en laissant toutefois au sénat et au peuple romain la faculté de le choisir. Cette nouvelle hâta l’exécution d’un projet depuis longtemps conçu par Galba : il adopta Pison et le désigna pour son successeur. Vinius, les soldats et l’ancienne cour s’étaient déclares pour Othon, jeune efféminé, dans lequel ils espéraient voir renaître le fils d’Agrippine, dont il avait été l’ami. Les présages célestes et les fautes du vieil empereur favorisèrent les vues ambitieuses du nouveau prétendant.

La cérémonie de l’adoption avait eu lieu le quatrième jour des ides de janvier ( 10 janvier ). Le tonnerre, la pluie, et le morne silence des soldats la rendirent triste et lugubre. Les courriers de Germanie redoublaient les alarmes : on parlait d’y envoyer Pison à la tête des députés du sénat. Pendant ce temps Othon cultivait la révolte, répandait de l’argent, et mettait en œuvre tous les moyens qu’il avait eu l’art de se procurer d’avance.

Le dix-huitième jour des calendes de février (15 janvier) Galba offrait un sacrifice devant le temple d’Apollon : Othon y assistait avec lui. L’affranchi Onomaste vint prévenir ce dernier que l’architecte l’attendait avec les entrepreneurs. C’était le signal du complot. Othon s’éloigne sous le frivole prétexte de l’achat d’une maison qu’il croit vieille, et qu’il veut faire examiner. Un si grossier artifice, un si faible mensonge, voilà les commencements d’un empire !

Le crédule Galba continuait son sacrifice, en fatigant de ses prières les dieux d’un empire qui déjà n’était plus le sien, lorsqu’on lui annonce qu’un sénateur vient d’être enlevé et porté dans le camp par les soldats. Bientôt on nomme Othon. Quelques instants se passent en délibérations et en incertitudes : le bruit se répand qu’Othon a péri : c’était un bruit trompeur. Le nouvel empereur prodiguait les caresses aux soldats, leur tendait les mains, les suppliait, leur donnait des baisers, enfin descendait jusqu’aux dernières bassesses pour s’élever au rang suprême.

Galba, prêt à marcher au-devant du péril, avait envoyé Pison vers le camp, dans l’espérance que le grand nom de ce jeune homme et sa faveur récente pourraient obtenir un heureux ascendant. Mais Pison, épouvanté des clameurs séditieuses, vint rejoindre l’empereur dépossédé, qui s’approchait du Forum, et errait ça et là poussé par les flots de la multitude. A la vue des troupes d’Othon, le peuple déserte le Forum : Galba reste seul dans une litière ; bientôt il en tombe auprès du lac Curtius, renversé par la précipitation des hommes qui le portaient. « L’admiration ou la haine, dit Tacite, racontèrent bien diversement ses dernières paroles. Les uns disent qu’il demanda humblement quel était son crime, et qu’il s’engagea à payer en peu de jours les sommes promises. Le plus grand nombre assure qu’il présenta de lui-même sa tête aux meurtriers, en les exhortant à frapper, s’ils croyaient que ce fût pour le bien de l’Etat. »

Pison et Vinius reçurent la mort presqu’en même temps. Otlion contempla leurs têtes sanglantes ; mais ses regards s’attachèrent de préférence sur celle de Pison, son rival et son ennemi.

Galba périt dans la soixante-treizième année de son âge, après un règne de sept mois. Dès que les circonstances le permirent, le sénat lui décréta une statue, que l’on plaça dans la partie du Forum où il avait succombé. Vespasien abolit le décret et la statue, parce qu’il soupçonnait Galba d’avoir expédié d’Espagne en Judée des émissaires chargés de l’assassiner. Cette action n’était digne ni du caractère, ni de la politique du père de Titus, qui, au lieu de se venger d’un mort sur la foi d’un soupçon, devait respecter, comme une expiation publique, comme une grande leçon, les honneurs rendus à un général et à un empereur, si criminellement trahi, si lâchement égorgé par ses soldats.

Galba fut le dernier des empereurs d’une origine antique et illustre : il n’eut pour successeurs que des hommes nouveaux. Avant lui quatre empereurs avaient employé plus d’un demi-siècle à éteindre tous les grands noms, tes hommes distingués qui avaient pu se soustraire à leur barbare système ne cherchaient qu’à cacher dans l’obscurité de leur vie la périlleuse splendeur de leur race.

Quand il ne nous resterait des ouvrages de Tacite que le règne de Galba, ce seul fragment attesterait encore un peintre inimitable, et sans égal dans l’ancienne Rome. Mais l’éloquence qu’il prête, au sujet de l’adoption de Pison, à l’avare empereur, dont les discours pleins de sécheresse et de brièveté avaient tant déplu aux soldats et au sénat lui-même, fait ressortir plus que jamais l’invraisemblance des brillants mensonges que les écrivains romains ont introduits dans l’histoire : aujourd’hui le génie même n’excuserait pas une pareille faute. —P.-F. Tissot.

 
 
Même section >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !