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13 décembre 1935 : mort du chimiste Victor Grignard, prix Nobel de Chimie 1912

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13 décembre 1935 : mort du chimiste
Victor Grignard,
prix Nobel de Chimie 1912
(D’après « Victor Grignard : 6 mai 1871 - 13 décembre 1935 »,
paru en 1936)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 décembre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
À sa mort, il n’existe en France aucun chimiste dont les titres scientifiques et honorifiques soient aussi nombreux et aussi variés que ceux de Victor Grignard, docteur ès sciences à 30 ans et prix Nobel de Chimie 1912 pour la découverte d’un réactif ayant permis de grandes avancées dans le domaine de la chimie organique

Né à Cherbourg (Manche) le 6 mai 1871, fils d’un ouvrier de cette ville qui termina sa carrière comme chef d’atelier à l’arsenal, il fut boursier au lycée de cette ville. Ses professeurs, ayant reconnu ses aptitudes exceptionnelles, voulurent le pousser aux grandes études. Mais ses ambitions étaient humbles. Il postula l’Ecole Normale de l’enseignement spécial qui existait alors à Cluny, et y entra par concours à l’Ecole en 1889. Lors de la suppression de cette institution en 1891, Grignard, ne sachant où s’orienter et ayant le goût de la chimie, vint à Lyon comme étudiant à la Faculté des sciences où il acquit le grade de licencié ès sciences mathématiques et celui de licencié ès sciences physiques.

Nommé préparateur de chimie générale à cette même Faculté en 1894, il devenait chef de travaux pratiques quatre ans plus tard et, en 1901, avec sa thèse sur les Combinaisons organomagnésiennes mixtes — travail remarquable qu’il avait effectué dans le laboratoire et sur les conseils de son maître, le Professeur Philippe Barbier — il acquérait le grade de docteur ès sciences physiques. Nommé maître de Conférences de chimie à la Faculté des sciences de Besançon, en 1905, il revenait l’année suivante à la Faculté des sciences de Lyon pour y remplir d’abord les fonctions de maître de Conférences, puis celles de professeur-adjoint (1908).

En 1909, il quitta de nouveau Lyon comme chargé du cours de chimie organique à la Faculté des sciences de Nancy et l’année suivante devenait professeur titulaire à cette même Faculté. En 1919 il revenait définitivement à Lyon pour occuper la Chaire de Chimie générale laissée vacante par la mise à la retraite de son ancien maître, Barbier.

Deux ans après, le Conseil d’administration de l’Ecole de Chimie de Lyon le désignait pour diriger cet Institut. A la même époque, Grignard était élu membre du Conseil de l’Université et, en 1929, après la mort de Ch. Depéret, ses collègues, à l’unanimité, le choisirent comme Doyen de la Faculté des sciences de Lyon, charge qu’il assumait encore à la veille de la grave opération chirurgicale qu’avait rendue nécessaire le mal auquel il devait succomber le 13 décembre 1935. Tels sont, réduits à leur aride aspect, les états de service officiels de Grignard.


Timbre émis en 1971 pour le centenaire de la naissance de Victor Grignard

Beaucoup d’autres personnes peuvent présenter des états de services analogues, mais lors de sa disparition il n’existait en France, et peut-être dans le monde, aucun chimiste dont les titres scientifiques et honorifiques soient aussi nombreux et aussi variés que ceux qu’avait à son actif Victor Grignard.

Son activité ne se limitait pas uniquement aux questions de science pure ou d’enseignement. Il en réservait également une grande part aux questions intéressant la Défense nationale. A l’âge de vingt et un ans, il avait, comme étudiant, fait une année de service militaire, conformément à la loi en vigueur à l’époque. Lors de la mobilisation de 1914, bien que déjà titulaire du prix Nobel pour la chimie depuis deux ans, il fut affecté comme caporal de territoriale à la garde des voies ferrées de Cherbourg.

Cette « utilisation des compétences » ne choquait alors aucunement, elle répondait à notre conception démocratique. Les étrangers, y compris les Allemands, en restèrent stupéfaits. Heureusement, cette erreur ne fut pas de longue durée ; dès le milieu de l’année 1915, Grignard fut d’abord attaché à la Direction du matériel chimique de guerre pour devenir bientôt directeur d’un laboratoire de recherches sur les gaz de guerre puis, à la demande de l’Académie des sciences, il fut chargé du contrôle des gaz asphyxiants allemands. Par la suite, il fut nommé membre de la Commission de l’Azote et de la Commission des Fumigènes ; enfin, du 30 mai 1917 au 1er février 1918, il fut chargé d’une mission scientifique aux Etats-Unis pour coordonner les recherches et les fabrications relatives aux explosifs et gaz asphyxiants.

La guerre finie, il fut mis à la tête de deux laboratoires lyonnais rattachés au Ministère de la guerre, à savoir celui de la Section Technique des Études et Expériences Chimiques (S.T.E.E.C.), qu’il dirigeait depuis l’année 1920, et celui du Comité Scientifique des Poudres et Explosifs qu’il dirigeait depuis quatre ans.

Un pareil amoncellement de titres et d’honneurs venus de partout à la cadence que font ressortir tes dates précitées donne une idée de la notoriété du savant et du prix qu’on attachait à ses conseils. Nous ne résumerons pas ici, même très sommairement, les résultats auxquels ont conduit ses retentissants travaux, car nous ne pouvons pas plus donner un aperçu d’une œuvre scientifique de cette envergure que nous ne pouvons donner un aperçu d’une belle œuvre d’art.

Rappelons simplement que les recherches que Grignard effectua ou dirigea personnellement ont fait l’objet de plusieurs centaines de notes ou mémoires et que l’utilisation des composés organomagnésiens qu’il a découverts a donné lieu à plusieurs milliers de publications réparties dans le monde entier. Sur tout le globe terrestre il n’est en effet pas un chimiste organicien qui n’ait eu l’occasion de faire appel aux composés de ce genre pour réaliser quelques synthèses et l’on peut ajouter qu’aucune autre méthode chimique n’a été l’objet d’une aussi vaste généralisation.

Disons quelques mots sur l’homme qu’il était en tant que titulaire de la Chaire de Chimie générale de la Faculté des sciences de Lyon. Lorsqu’en 1919 il y prit la succession de Philippe Barbier, on sentit immédiatement qu’on avait en lui un chef de nature droite, d’une étonnante modestie et d’une extrême bienveillance. Aussi ne tarda-t-il pas à conquérir la respectueuse estime des personnes qui avaient affaire à lui et qui lui témoignaient un dévouement sans limites. Travailleur infatigable, méticuleux au suprême degré, ses leçons étaient faites avec une clarté et une conscience inégalables. Aux examens, il interrogeait toujours très longuement les candidats, non pas dans le but de les faire trébucher, mais de peur de ne pas leur permettre de donner la mesure de leurs connaissances, et lors de la délibération finale il avait toujours en réserve des trésors d’indulgence.

Au laboratoire, il mettait à la disposition de chaque travailleur toutes les ressources de son service. On le trouvait toujours prêt à donner un éclaircissement ou une explication et l’on aimait sa franchise, même quand elle paraissait parfois un peu cassante. D’ailleurs, il avait horreur de faire acte d’autorité et préférait donner des conseils plutôt que des ordres. Foncièrement équitable et bon, son unique désir était de voir régner la bonne entente et la concorde parmi tous tes gens qui l’entouraient. Il était tellement préoccupé d’éviter les heurts et les froissements, tellement soucieux de se montrer juste, que, même lorsqu’il était accablé de besogne, il écoutait avec une inlassable patience les gens qui sollicitaient un avis ou un appui. Plus dur pour lui-même que pour les autres, il ne savait ni se ménager, ni refuser un service.

Alors qu’il était déjà trop absorbé par ses fonctions de professeur et de doyen, par toutes les commissions dont il faisait partie et qui l’entraînaient à de fréquents voyages à Paris, il n’hésita pas, quelques années avant sa mort, à se surcharger encore en acceptant de diriger et avec quelle conscience la publication d’un grand Traité de chimie organique comportant une quinzaine de gros volumes dont deux seulement étaient parus lors de sa disparition, trois autres étant à peu près achevés.

Cette ardeur au travail, cette bonté d’âme, cet altruisme exagéré ne sont pas pour rien dans son décès : en se privant des quelques moments de repos dont il aurait eu besoin après son dur labeur quotidien dans une atmosphère souvent insalubre, Grignard courut au-devant de la mort qui le guettait sur la brèche.

 
 
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