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1er juillet 1413 : Pierre des Essarts, surintendant des finances, est exécuté pour malversation dans l’administration des deniers publics

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1er juillet 1413 : exécution de
Pierre des Essarts, surintendant des finances
Publié / Mis à jour le samedi 30 juin 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Ce seigneur français était un de ceux qui passèrent en Ecosse, au secours du roi de ce pays, contre les Anglais. Fait prisonnier dans un combat, en 1402, et plus tard de retour en France, il s’attacha au duc de Bourgogne, et obtint, par l’entremise de ce prince, les places de prévôt de Paris, de grand-bouteiller, de grand-fauconnier, de grand-maître des eaux et forêts, de trésorier de l’épargne et de surintendant des finances. Outre ces charges, il était encore gouverneur de Nemours et de Cherbourg.

Devant l’incapacité du roi Charles VI à gouverner depuis 1393 (Bal des Ardents au cours duquel il perdit la raison), la reine Isabeau de Bavière avait présidé un conseil de régence. L’assassinat en 1407 du frère du roi, Louis d’Orléans, sur ordre du duc de Bourgogne Jean sans Peur, sonne la début d’une guerre civile, la France se divisant en deux partis : les Armagnacs, partisans du duc d’Orléans, et les Bourguignons, partisans du duc de Bourgogne.

C’est dans ce contexte agité que les États généraux, convoqués au commencement de l’année 1413, fournissent l’occasion au duc de Bourgogne Jean sans Peur qui cherche à diminuer l’autorité royale, de s’allier à une faction populaire regroupant des bouchers de la Grande boucherie de Saint-Jacques, corporation mal intégrée à la bourgeoisie parisienne et dont le chef de file était l’écorcheur Simon Caboche — d’où l’appellation de Cabochiens.

Les Etats s’assemblèrent au milieu d’une grande fermentation : on ne voyait dans la noblesse et dans le clergé que les partisans de la maison de Bourgogne : la députation du Tiers-Etat n’était composée que de factieux. Eustache de Pavilly, religieux carme, fut chargé de parler au nom du peuple. D’après les inspirations du duc de Bourgogne, il se déchaîna contre le Dauphin (futur Charles VII) et les princes d’Orléans : il attaqua les financiers, et porta l’accusation la plus grave contre Pierre des Essarts, dont les relations avec la cour de Melun étaient connues. Il lui reprocha son avidité, qui lui faisait réunir les places de prévôt de Paris, de grand bouteillier, de grand fauconnier, de grand-maître des eaux et forêts, de gouverneur des villes de Cherbourg et de Montargis, de trésorier de l’épargne, et de surintendant des finances.

Gibet de Montfaucon

Gibet de Montfaucon

Il l’accusa d’avoir dilapidé les fonds publics, et notamment de s’être approprié quatre millions. Il paraît, par la procédure qui fut faite quelque temps après, que des Essarts n’avait pas profité de cette somme alors très considérable, mais qu’il s’était trouvé obligé de la remettre au duc de Bourgogne sans observer les formalités nécessaires. Quoi qu’il en soit, l’accusé prit la fuite, se réfugia dans Cherbourg, y reconnut l’autorité du Dauphin, et devint l’un de ses partisans les plus zélés. D’après ses conseils, ce prince eut l’audace de rentrer dans Paris, quoique la faction populaire y dominait.

Tandis que le duc de Bourgogne hésitait encore à déchaîner le peuple contre ses ennemis, des Essarts, arrivé secrètement de Cherbourg, s’introduisit dans la Bastille et s’en empara. Aussitôt le trouble se répand dans la ville, les hommes paisibles frémissent, et les factieux se soulèvent, bien sûrs d’être secondés par un chef puissant. Les bouchers forment deux grandes troupes : l’une, commandée par Caboche, investit la Bastille, et somme des Essarts de se rendre. L’autre, sous les ordres de Jean de Troyes, va planter la bannière de la ville devant le Louvre, où demeurait le Dauphin.

Le prince paraît à une fenêtre, et la foule lui crie d’éloigner ceux qui le corrompent. Son chancelier requiert Jean de Troyes de les nommer : il en donne la liste, et le chancelier voit en frémissant qu’il est à la tête des proscrits. Abreuvé d’humiliations, il se retire, et l’on arrête les serviteurs les plus fidèles du Dauphin, parmi lesquels on remarquait le duc de Bar, de La Rivière, et Jean de Wailly. Le duc de Bourgogne était alors auprès du jeune prince, qui lui reprocha son indigne conduite. « Monseigneur, lui répondit froidement le duc , je me justifierai quand votre colère sera passée. »

Cependant des Essarts paraissait décidé à tenir dans la Bastille jusqu’à la dernière extrémité. Le duc de Bourgogne lui fit conseiller de rendre cette forteresse, qui ne pouvait être secourue ; et traitant ensuite directement avec lui, il le flatta d’obtenir un pardon absolu, et de recouvrer son ancienne faveur. Des Essarts voyant l’avilissement où était tombé le Dauphin, et se fiant aux promesses qu’on lui faisait, ouvrit les portes de la Bastille. Aussitôt il fut arrêté, et enfermé au châtelet. Le duc de Bourgogne eut l’air de ne pouvoir s’opposer à la fureur des factieux, qui établirent une commission pour juger le prisonnier.

On refusa d’entendre ses justifications, et il fut condamné au dernier supplice. En y marchant, il parut conserver l’espoir que le duc de Bourgogne le sauverait : et ce ne fut que sur l’échafaud qu’il comprit enfin que l’homme auquel il avait tout sacrifié l’abandonnait entièrement. Pierre des Essarts eut la tête tranchée, et son corps fut porté à Montfaucon, où il avait fait mettre, trois ans auparavant, celui de Montagu, son prédécesseur, dont le sort aurait dû lui servir d’avertissement et d’exemple — il avait été condamné à mort en octobre 1409. Le duc de Bourgogne, son protecteur, lui rappelait souvent cet exemple. « Des Essarts, lui disait-il, Montagu a mis vingt-deux ans à se faire couper la tête ; mais au train dont vous allez, je vois que vous n’y en mettrez pas trois. »

Peu s’en fallut qu’Antoine des Essarts, son, frère, enveloppé dans sa disgrâce, n’essuyât la même fin tragique ; mais ayant eu le bonheur d’échapper au supplice, il en eut tant de joie, qu’il fit élever cette statue colossale de Saint-Christophe, qu’on voyait autrefois dans l’église Notre-Dame. « On peut juger, dit Villaret, de la frayeur qu’eut Antoine, par la grandeur de son ex-voto ».

 
 
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